Dès les premières images, les premières notes de la magnifique BO de David Lang, on croit percevoir des échos de l’œuvre de Fellini, de Greenaway, de Resnais, mais « YOUTH » s’affirme rapidement comme un film totalement personnel, unique en son genre et d’une beauté aussi profonde que singulière.
Dans le décor d’un hôtel de cure dans les Alpes suisses, sorte d’antichambre de la mort et plateforme où se télescopent passé, présent et avenir, deux octogénaires amis de jeunesse, un chef d’orchestre et un réalisateur, se retrouvent pour la dernière fois. Le premier (Michael Caine) se laisse doucement glisser vers la vieillesse et l’abandon, le second (Harvey Keitel) se bat encore pour tourner son film-testament, entouré de jeunes auteurs. L’un et l’autre vont être rattrapés par leur passé et vont devoir affronter l’ultime ligne droite de leur existence.
Paolo Sorrentino trouve le juste équilibre entre le film « arty » hermétique et l’émotion la plus pure, un peu à la manière d’Alejandro González Iñárritu pour son sublime « BIRDMAN ». Pour peu qu’on pénètre dans cet univers clos, beau et décadent, triste et joyeux, on ressortira de « YOUTH » sur un petit nuage, comblé et revigoré.

MICHAEL CAINE, HARVEY KEITEL ET RACHEL WEISZ
À 82 ans, Caine parvient encore à se renouveler et à trouver un de ses plus beaux rôles. Prima donna égoïste, père distant, hanté par son amour perdu, il est tout simplement magistral. Son tandem inattendu avec un Harvey Keitel fragile et émouvant, fonctionne superbement (« Tu disais que les émotions sont surévaluées », dit-il à Caine. « Mais au bout du compte, c’est tout ce que nous possédons »). Rachel Weisz en fille frustrée et épouse bafouée n’a peut-être jamais été plus belle et touchante. Paul Dano est excellent en avatar de Johnny Depp, jeune star agréable mais sonnant le creux. Jane Fonda apparaît dans deux séquences d’une terrible cruauté en diva décatie à la langue acérée.
« YOUTH » est parsemé d’images sublimes (Miss Univers véritable statue de Mayol vivante, entrant nue dans la piscine de l’hôtel, Caine « dirigeant » un troupeau de vaches dans la montagne comme il le ferait d’un orchestre), de séquences terribles (Weisz, enduite de boue disant enfin ses quatre vérités à son père, les « retrouvailles » dans une chambre d’hôpital vénitienne, le concert final). C’est une mosaïque esthétisante mais souvent bouleversante à laquelle il faut s’abandonner complètement pour en tirer tout le suc. À une ou deux pétouilles près, comme ces séquences « rêvées » pas nécessaires, un chef-d’œuvre.
lemmy
15 janvier 2016 at 11 h 54 min
Ce film qui a été très critiqué est effectivement une mosaïque. Si on est pris dedans, on est happé. Sinon il peut y avoir rejet (le côté « esthétisant »). Happé, je fus. Il m’a semblé qu’il y avait une ou deux séquences trop explicatives (quand Caine retrouve un personnage que je ne dois pas « spoiler ») ou sur l’art cinématographique. C’est un film à voir qui reste et qui veut être revu. Un de mes films de 2015. Quant aux acteurs, que dire ? Outre les comédiens chevronnés, Paul Dano est particulièrement excellent et le moment où il parle à une jeune « fan » est fort. Mention spéciale à « Maradona » 🙂
J’avais déjà beaucoup apprécié le précédent film de Sorrentino, « La grande bellezza », qui est peut-être encore plus marquant. Donc deux films à revoir.
Claude
15 janvier 2016 at 12 h 11 min
Tout à fait d’accord avec Fred : un « sans-faute » avec peut-être une mention particulière à Harvey Keitel dont la prestation me paraît devoir surpasser encore celle qu’il donne avec le « Holy smoke » ou la « Leçon de piano » de Jane Campion .
Un acteur qui ne s’est jamais fourvoyé à ma connaissance .
Thomas Pacull
15 janvier 2016 at 12 h 40 min
La plus belle affiche de l’année
Seb1878
15 janvier 2016 at 16 h 31 min
RACHEL WEISZ…
walkfredjay
15 janvier 2016 at 16 h 39 min
Oui, oui…
JICOP
15 janvier 2016 at 16 h 57 min
J’allais l’ecrire . Rhaaaaaaaa lovely !!!!
walkfredjay
15 janvier 2016 at 20 h 32 min
Et aurais eu bien raison. N’est-ce pas, Marc ?
Marc Provencher
15 janvier 2016 at 20 h 43 min
« N’est-ce pas, Marc ? »
Marc: (Dans un filet de voix tremblante) – C’est donc b-b-b-bel et bien Rachel Weisz qu’on aperçoit de, euh, dos ?
walkfredjay
15 janvier 2016 at 20 h 47 min
Hélas, non ! C’est miss Univers (dans le film) et on ne la voit pas que de dos. NE ME DIS PAS QUE TU N’AS PAS VU CE FILM ITALIEN ??? PAS TOI !!!! 😮
Marc Provencher
15 janvier 2016 at 20 h 50 min
Ben, euh… on attend toujours que ça sorte. Nous sommes dans le « domestic market » : il n’y a que des films américains, ici ! (Et quelques films québécois et un ou deux films français).
walkfredjay
15 janvier 2016 at 22 h 09 min
Un film italien 1) excellent 2) avec Rachel Weisz ! Tu vas être obligé de le commander chez nous, je le crains…