Tourné entre deux grands classiques de Robert Aldrich, « QU’EST-IL ARRIVÉ À BABY JANE ? » et « 12 SALOPARDS », « LE VOL DU PHÉNIX » ne bénéficie pas de la même réputation et il est souvent oublié quand on se remémore la carrière du grand réalisateur iconoclaste.
Il faut dire qu’un huis clos dans le désert d’une durée de 140 minutes peut faire peur. Car au fond, le film se passe presque entièrement autour de la carcasse d’un appareil échoué dans les sables et décrit les efforts des survivants du crash pour reconstruire un avion à partir des décombres du précédent. Le scénario prend son temps, trop parfois, mais à mesure que le suspense augmente parce que l’eau diminue, que des personnages disparaissent, on est de plus en plus immergé dans l’action – ou la non-action, c’est selon – et en empathie avec les protagonistes, échantillon d’Humanité pas toujours très reluisant, mais esquivant habilement le cliché. Ainsi le pilote campé par James Stewart n’est qu’un vieux ronchon entêté et moyennement compétent. Lors d’une confrontation, l’ingénieur allemand (Hardy Krüger) lui balance qu’il fait « de la bêtise une vertu » ! Son copilote est un alcoolique bègue (Richard Attenborough), et ses passagers forment un groupe hétéroclite de crétins insolents (Ian Bannen, formidable), d’officiers psychorigides (Peter Finch), de maniaco-dépressifs (Ernest Borgnine en roue-libre, qui disparaît assez vite) ou d’illuminés (Dan Duryea). À noter que le personnage le plus ignoble, le soldat couard et écœurant joué par Ronald Fraser sera un des rares à s’en sortir ! Encore un pied-de-nez aux clichés de la part d’Aldrich… On reconnaît également George Kennedy et Gabriele Tinti dans des rôles anecdotiques. Clairement trop long et – par essence – trop statique et bavard, « LE VOL DU PHÉNIX » porte néanmoins la griffe du « gros Bob » et contient quelques répliques étrangement prémonitoires sur ce vieux monde dont hériteront les « petits génies de l’informatique ».
Seb
28 mars 2016 at 9 h 28 min
Vraiment pas d’accord: un grand Aldrich pour moi, les 140 minutes passent comme une lettre à la poste et la tension ne relâche pas un instant. Je suis surpris qu’on puisse s’ennuyer face à la qualité du dialogue et la mise en scène qui évite justement les écueils du huis-clos, sans parler du casting somptueux qui pourrait déjà à lui seul constituer un parfait passe-temps ! Du grand cinéma d’aventures à l’ancienne.
walkfredjay
28 mars 2016 at 9 h 46 min
J’aime le film et je n’ai pas dit que je m’y suis ennuyé. Juste que je n’ai pas trouvé la durée toujours justifiée. Mais ça reste du bon Aldrich. Et… Ce n’est que mon avis ! 🙂
Seb
28 mars 2016 at 9 h 57 min
Pour moi c’est plutôt une gageure (réussie) de tenir sur une durée aussi conséquente avec un postulat somme toute simple. En tout cas, je n’ai pas eu un seul moment la sensation de « remplissage » !
Claude
28 mars 2016 at 12 h 34 min
Grand cinéma d’aventures et pas seulement … Un « classique » .
Corey
29 mars 2016 at 1 h 40 min
Une fois n’est pas coutume, j’ai préféré le remake avec Dennis Quaid, malgré son casting moins prestigieux.
Seb1878
29 mars 2016 at 9 h 17 min
Un peu dur le Sieur Walk…
Un classique et un film important pour moi aussi (bon, j’adore les films de Bob…).
Pour les spécialistes du Nouvel Hollywood (Cf. : Thoret) : C’est un film charnière entre l’ancien et le nouveau. Le personnage de Stewart est un imbécile pathétique. Et Peter Finch (qui va à la mort en passant être admirable) : N’est qu’un crétin stupide !!! Du pur Aldrich…
*P.S : Juste dommage pour Ernest qui est, et c’est la seule fois chez Aldrich, sous employé…
Mais vraiment un grand film.
walkfredjay
29 mars 2016 at 9 h 50 min
Dur ? Je n’ai pas eu l’impression, pourtant… On peut aimer un film et un cinéaste (et Dieu sait que je suis un admirateur du « gros Bob » !) et critiquer certains points de détail d’un film. Ça n’empêche pas le respect de l’oeuvre. Au contraire, dirais-je.
Ainsi, si je trouve « 4 DU TEXAS » à peu près nul et non avenu, ça ne remet pas en question mon opinion sur Aldrich. Errare humanum est. Ceci dit, je comprends qu’on admire « LE VOL DU PHÉNIX » dans sa globalité. Je ne l’ai découvert que très récemment et n’ai donc aucun lien « affectif » avec lui.
Seb1878
29 mars 2016 at 14 h 51 min
‘Errare humanum est’. Lol ! Plutôt : ‘La commande est humaine’.
Sinon, le Rat Pack au Far West : Beurk ! Atroce ce truc… Au moins, Bob se débat et réalise quelques bonnes scènes ds Trahison à Athènes…
Personnellement, ma sainte triptyque c’est : Sister George, Lylah Care (qui est le meilleur film sur Hollywood en ce qui me concerne) et Trop Tard pour les héros qui reste le film de commando le plus barré de l’histoire du cinéma américain (J’ai toujours trouvé Denholm Elliott hallucinant ds ce délire nihiliste).
Juste mon avis, bien sûr.
Seb
29 mars 2016 at 16 h 22 min
Sister George, très bon effectivement… c’est du cinoche au vitriol, du pur Aldrich ! Sinon j’ai un gros faible pour la plupart de ses titres de fin de carrière où il se montre plus incisif et moderne que jamais, contrairement à tant d’autres réalisateurs qui n’ont jamais vraiment pu passer le cap du « Nouvel Hollywood »: The Longest Yard (le film de prison ET de foot ultime ?), Twilight’s Last Gleaming, The Choirboys (aussi fort que les New Centurions de Fleischer) et All the Marbles sont tous excellents.
walkfredjay
29 mars 2016 at 17 h 43 min
Trois super films, oui. J’ajouterais en ce qui me concerne : « ATTACK », « LE GRAND COUTEAU » et « VERA CRUZ ». Et pas mal d’autres… 😉
Seb
29 mars 2016 at 22 h 04 min
Attack, un de ses chefs-d’œuvre en effet. Quant à Vera Cruz, il préfigure en bien des aspects le western spaghetti une dizaine d’années avant son invention ! J’ai un peu plus de mal avec Le grand couteau, inégal et parfois poussif… même sentiment devant En quatrième vitesse d’ailleurs, malgré son statut de classique du film noir. Mais ce sont deux oeuvres que je dois définitivement revoir.
walkfredjay
29 mars 2016 at 22 h 06 min
« KISS ME DEADLY » ! Je l’avais oublié ! « LE GRAND COUTEAU » est théâtral certes, mais quelle noirceur ! Et le face-à-face Palance/Steiger est magnifique.
Seb1878
29 mars 2016 at 16 h 30 min
Parfaitement d’accord. Avec Huston…
Seb
29 mars 2016 at 16 h 41 min
C’est sûr. Gens de Dublin, quelle magnifique sortie de scène !
Seb1878
29 mars 2016 at 22 h 17 min
Sublime. Le plus beau peut être avec La fin du jour. Mais Roy Bean, kremlin letter, le malin, Prizzi. De l audace, de la folie. Pour un gars entre 70 et 80 ans : Formidable !!! Un génie du cinéma…
JICOP
29 mars 2016 at 22 h 20 min
J’aime bien ce » vol du phénix « . Seb à raison sur la capacité qu’à eu Aldrich de garder intacte L’attention du spectateur sur plus de deux heures avec cette histoire de survivants d’un crash.
Je crois qu’on aime tous le Bob et son talent pour dynamiter les conventions du ciné U.S tout en gardant un certain classicisme sur la forme.
J’en parle au présent tant son oeuvre reste étonnement moderne.
Je reste estomaqué par la violence psychologique de son » Killing of Sister George « .
Claude
1 avril 2016 at 21 h 32 min
« Attack » est emblématique . Dans un autre genre, « Ulzana’s raid (Fureur Apache) » n’est pas mal non plus .
walkfredjay
2 avril 2016 at 8 h 04 min
Sur la trentaine de films d’Aldrich, je n’ai pas vu « THE BIG LEAGUER », son premier long-métrage et « FEUILLES D’AUTOMNE ».
Et j’ai pratiquement tout aimé, à part « TRAHISON À ATHÈNES » (bientôt chroniqué ici), « SODOME ET GOMORRHE » (lointain souvenir, toutefois), « 4 DU TEXAS » et « UN RABBIN AU FAR WEST ».
Seb
2 avril 2016 at 10 h 38 min
Feuilles d’automne est un mélo assez poussif malgré Joan Crawford et Cliff Robertson. Le film aurait probablement gagné à être tourné en couleurs, à la manière des mélos flamboyants de Sirk ou Minnelli auxquels il fait vaguement penser.