17 ans après « DRACULA » qui fut suivi de plusieurs films plus ou moins confidentiels ou sans retentissement, Francis Ford Coppola signe son comeback avec « TETRO » une œuvre étrange, extrêmement personnelle, rendant un hommage appuyé au cinéma de Michael Powell & Emeric Pressburger, via des ballets en flash-back, uniques plans en couleurs du film.
Si le sujet – un mélo familial violent et dramatique – est relativement banal, le traitement ne l’est pas du tout. Situé à Buenos Aires dans le quartier bohème de la Boca et en Patagonie, « TETRO » fouille le caractère et le passé de Vincent Gallo, un italo-américain exilé là-bas, mélange insupportable de « prima donna » capricieuse et d’artiste maudit, confronté à un jeune frère (Alden Ehrenreich) qu’il n’a pas revu depuis de longues années. Entre eux, l’ombre d’un père monstrueux et castrateur (Klaus Maria Brandauer) dont l’ego démesuré a détruit toute la famille et un lourd secret dont la révélation laissera sans voix.
L’atmosphère est irréelle, pesante, totalement dépaysante. On est quasiment obligé de se laisser happer par le film, tant on n’a aucun repère géographique ou même narratif. Coppola doit beaucoup à Gallo, dans le rôle de sa vie, charismatique et instable dans ce personnage aux confins de la folie et de l’autodestruction. À ses côtés, Maribel Verdú est la seule à se montrer humaine et généreuse. Carmen Maura apparaît brièvement en reine des critiques aux allures de diva.
« TETRO » a trouvé le difficile équilibre entre le film « arty » hermétique et le produit accessible à tous les publics. Grâce à la relation entre ces deux « fils de », l’émotion n’est jamais absente et la beauté de la photo de Mihai Malaimare, Jr. finit de séduire presque malgré soi. En fait, la vraie, la grande qualité de « TETRO » est de ne ressembler à aucun autre film. Pas même à une œuvre de Coppola ! Enfin, si… À bien y réfléchir, un tout petit peu à « RUSTY JAMES », tout de même.

MARIBEL VERDU, ALDEN EHRENREICH, SOFIA GALA ET VINCENT GALLO