« BAD LIEUTENANT – ESCALE À LA NOUVELLE-ORLÉANS », réalisé (étonnamment) par Werner Herzog, n’a rien à voir avec le « BAD LIEUTENANT » (1992) d’Abel Ferrara, hormis le fait d’avoir pour personnage central un flic schnouffé jusqu’à la moelle et 100% hors-la-loi.
Dans une New Orleans post-Katrina, le scénario suit un lieutenant des Stups, lui-même accro aux antidouleurs et à la cocaïne, dans une enquête sordide sur le massacre d’une famille d’Africains. Autant le dire tout de suite, ce n’est pas l’histoire policière qui intéresse ici, mais l’atmosphère étrange, parfois irréelle de cette ville malade, où tout semble possible. Car au fond, il ne se passe pas grand-chose et il faut une grande tolérance au jeu outrancier de Nicolas Cage pour s’identifier un tant soit peu à son ‘McDonagh’. Arborant une coupe de cheveux épouvantable, alternant les instants d’hébétude et de surexcitation, marchant penché d’un côté (clin d’œil à Klaus Kinski dans « AGUIRRE, LA COLÈRE DE DIEU » du même Herzog ?), l’acteur s’en donne à cœur-joie dans la composition sans garde-fou. Il apporte un côté clownesque à ce qui aurait pu n’être qu’un téléfilm de flics-et-voyous en adéquation avec quelques plans bizarroïdes d’iguanes filmées au fish-eye qui décalent un peu le film et l’arrachent à la banalité qui menaçait.
Les relations entre Cage et son bookie (Brad Dourif), avec sa belle-mère alcoolique (excellente Jennifer Coolidge), avec sa girl friend aussi junkie que lui (Eva Mendes aussi belle que la Raquel Welch des sixties, mais qui semble toujours jouer le même rôle d’un film à l’autre), donnent une certaine identité à ce « BAD LIEUTENANT », d’autant qu’on retrouve des visages connus comme Val Kilmer dans de brèves apparitions en coéquipier nerveux ou Michael Shannon en fonctionnaire hésitant.

NICOLAS CAGE ET EVA MENDES
Il faut vraiment être devin pour reconnaître la griffe de Werner Herzog là-dedans, mais cela se laisse regarder sans déplaisir, d’autant que la conclusion, totalement amorale, ne manque pas de sel.