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« BIENVENUE MISTER CHANCE » (1979)

18 Juin

Inspiré d’un roman de Jerzy Kosinki, « BIENVENUE MISTER CHANCE » d’Hal Ashby est une fable poétique, à la fois charmante et d’une immense causticité sur la crédulité, la fragilité des médias et les idoles bâties sur du vent.

Peter Sellers, dans le rôle de sa vie, joue Chance, un jardinier simple d’esprit qui a toujours vécu dans la même demeure et qui se retrouve à la rue, dans un monde qu’il ne connaît qu’à travers la TV. Il trouve refuge chez un politicien (Melvyn Douglas) qui interprète toutes les platitudes de Chance, comme des métaphores d’une sagesse universelle. Bientôt, le président des U.S.A. lui-même (Jack Warden) cite le benêt dans ses discours. Même l’épouse (Shirley MacLaine) de son protecteur succombe au charisme supposé de Chance ! Le conte n’a rien de réaliste et le scénario ne tient que par le parti-pris du malentendu jamais démenti. Oui, Chance est un abruti illettré, mais il apporte, sans le savoir, un vent d’air frais à Washington qui commence à l’envisager comme prochain président. Le postulat n’a rien de vraiment délirant, quand on repense aux hommes de pouvoir élus ces dernières décennies en Amérique et ailleurs. Ashby réalise de façon détachée, sans céder à la grosse comédie (hormis dans la séquence « hot » assez lourde entre Chance et MacLaine), la photo de Caleb Deschanel est subtile et élégante. Dans pratiquement toutes les scènes, on voit ou en entend une télé en marche, ce qui tape parfois sur les nerfs. Mais Sellers est prodigieux, trouvant l’expression vacante et affable de ce personnage tellement invraisemblable… qu’il finit par marcher sur l’eau. Malgré ses longueurs et une certaine monotonie qui s’installe parfois, « BIENVENUE MISTER CHANCE » demeure un des films-phare des seventies et son propos est probablement encore plus d’actualité qu’à l’époque de sa sortie. Un débile mental peut-il gouverner le pays le plus puissant du monde ? À méditer…

SHIRLEY MacLAINE, PETER SELLERS ET JACK WARDEN
 

6 réponses à “« BIENVENUE MISTER CHANCE » (1979)

  1. Don Gaetano

    18 juin 2024 at 6 h 08 min

    Si l’on accepte le postulat, voici un film très original pour l’époque qui fait passer un bon moment. Excellente idée d’avoir choisi Peter Sellers pour interpréter ce Forrest Gump avant l’heure.

     
  2. Hub24

    18 juin 2024 at 10 h 27 min

    Je m’étais fait la même réflexion quand je l’ai vu y’a des années, c’est un peu beaucoup le pitch de forrest gump en effet…… J’avais bien aimé, mais j’ai trouvé la fin étrange et/ou ambigue….. il marche sur l’eau, comme Jésus, qui disait en outre »heureux les simple d’esprit etc…. donc un film plutôt cool, mais au message étrange.

     
    • walkfredjay

      18 juin 2024 at 10 h 31 min

      Je pense que ce dernier plan se veut une allégorie…

       
  3. Marc Provencher

    18 juin 2024 at 12 h 12 min

    Aussi corrosive que souriante, cette fable satirique est « l’autre chef-d’œuvre » de Hal Ashby après Harold et Maude. Et je ne dirais pas que c’est le pitch de Forrest Gump: c’est plutôt comme si on se moquait de Forrest Gump des années avant qu’il soit fait.

     
  4. Hub24

    18 juin 2024 at 13 h 51 min

    eh bien du coup, j’ai creusé un peu le sujet vite fait, et donc, Hasby vient d’une famille mormone de l’Utah, et son scénariste Konsinski, adapte son roman Being there, qui serait un peu bcp plagié sur un roman polonais de 1932 ‘la carrière de Nicomède Dyzma », écrit par Tadeusz Dołęga-Mostowicz. .. Du coup je me dis que la marche sur l’eau finale serait en fait un « gag » décalé. Le film reste de toute façon très sympa

     
  5. jicop

    18 juin 2024 at 17 h 02 min

    Très belle fable d’Ashby avec un Peter Sellers tout en retenue . C’est caustique et tendre à la fois , dévoilant également une amertume qui fait tout le sel du métrage , mais également de la personnalité du réalisateur . Un bien beau film .

     

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