Écrit et réalisé par Cy Endfield, « TRAIN D’ENFER » reprend les grands schémas du western classique : un mystérieux étranger qui débarque de nulle part, un rival hostile, des femmes en pâmoison. À la différence que le scénario est situé dans l’univers des camionneurs en Angleterre.
Stanley Baker à peine sorti de prison, signe pour un job dangereux où chaque aller-retour d’une carrière de gravier au chantier devient un jeu mortel. Il doit affronter le caïd local, Patrick McGoohan crapule névrosée et quasi suicidaire et la bande d’abrutis à ses ordres. L’histoire est simple, mais les personnages sont bien dessinés et la distribution est d’une grande richesse : outre Baker, tendu comme une corde à piano, qui ne décroche pas un sourire et domine le film, McGoohan tout empreint de la Méthode Actors Studio (n’oublions pas qu’il est né aux U.S.A.), campe un psychopathe balafré et ricanant avec verve. Herbert Lom est excellent en Italien chaleureux, Peggy Cummins (« GUN CRAZY ») se sort bien d’un rôle ambigu et écrit de façon étonnamment moderne. Autour d’eux, des visages destinés à la célébrité dans les années à venir : Sean Connery en grand imbécile belliqueux, Jill Ireland en gentille serveuse et David McCallum en jeune frère estropié de Baker. Cela fait un très bel ensemble et tout le monde a son morceau à défendre. On pense bien sûr souvent au « SALAIRE DE LA PEUR », mais « TRAIN D’ENFER » possède sa propre identité. Sa dureté, sa totale absence de sentimentalité et le réalisme de ses séquences sur la route, en font une œuvre âpre et sombre, nullement amoindrie par les années. Intéressant donc, de voir le cinéma anglais égaler l’américain en utilisant ses propres outils et un savoir-faire équivalent.