Écrit par l’auteur de « MYSTIC RIVER », signé par le réalisateur belge de « BULLHEAD », « QUAND VIENT LA NUIT » (le titre original est « LE DÉPÔT » !) est un authentique ‘film noir’ enveloppé de non-dits et de secrets.
Situé à Brooklyn dans un bar tenu par la mafia tchétchène, mais gérée par James Gandolfini un ex-caïd has-been et son jeune cousin taciturne, le film fait penser à une cocotte-minute sous pression maximale : jusqu’à la toute fin, il ne se passe réellement pas grand-chose de concret. Des menaces à peine exprimées, une violence qui ne demande qu’à exploser, des questions qui demeurent sans réponse. Mais peu à peu, on comprend que tout ce réseau intangible ne mène qu’à une seule et même personne : Tom Hardy, ce barman peu causant, d’apparence timide et soumise, qui évolue dans un univers dangereux en nageant constamment entre deux eaux. Une fois encore méconnaissable, Hardy rappelle – sans jamais l’imiter – le Brando des débuts, particulièrement celui de « SUR LES QUAIS ». Son ‘Bob’ est un asocial primitif, autonome, vivant en marge de la société, jusqu’à ce qu’il recueille un chiot maltraité, son premier geste vers la normalité mais aussi vers la vulnérabilité. L’acteur porte le film sur les épaules, élargissant encore son registre déjà impressionnant. Face à lui, dans son ultime apparition à l’écran, Gandolfini campe un faux-dur dépassé et planche-pourrie avec sa finesse habituelle. Noomi Rapace est touchante et Matthias Schoenaerts excellent en malfrat mythomane et franchement inquiétant. Réminiscent de polars comme « MEAN STREETS » ou « LES ANGES DE LA NUIT », « QUAND VIENT LA NUIT » est un très bon film qui s’attarde davantage sur de petits détails, sur le mystère entourant ses personnages (ce flic toujours souriant et très religieux finement joué par John Ortiz), que sur des morceaux de bravoure ou de grands numéros d’acteur. Quand le film s’achève, on ne connaît pas vraiment mieux ses protagonistes, mais on se surprend à les aimer. Surtout le pitbull !