Adapté d’un best-seller de James A. Michener, « LES PONTS DE TOKO-RI » de Mark Robson se déroule pendant la guerre de Corée et raconte les dernières missions d’un jeune avocat devenu pilote de bombardier et ne rêvant que de rentrer chez lui où l’attendent femme et enfants.
William Holden un peu hagard et bouffi, incarne cet anti-héros pétri de doutes, miné par un SPT carabiné, laissant la peur s’infiltrer en lui. Cela aurait pu être intéressant, mais Robson semble beaucoup plus passionné par les plans d’attaques aériennes, d’atterrissages en catastrophe sur un porte-avions, de sauvetages en hélicoptère, que par la psychanalyse de ses personnages brossés à gros traits. Le format carré de l’image est trop étriqué et la direction d’acteurs laisse à désirer : de l’exaspérant cabotin Mickey Rooney en totale roue-libre, au pauvre Fredric March tristement sous-employé dans un rôle d’amiral sentencieux qui est un cliché sur pattes et même à Grace Kelly, jouant l’épouse parfaite d’Holden dans quelques séquences avec son jeu lisse et appliqué. Difficile de trouver quelque chose d’oscarisable là-dedans. Heureusement, Charles McGraw est très bien en officier dur-à-cuire. Robson, contrairement à Billy Wilder l’année précédente dans « STALAG 17 » (déjà avec Holden en vedette), n’a pas laissé Robert Strauss vampiriser son film. Ici, il n’a même pas l’occasion d’en faire des caisses et demeure à sa place de second rôle ! De ce pensum cafardeux et étonnamment pessimiste pour un film de guerre de cette époque, on pourra sauver la dernière partie, où Holden et Rooney se retrouvent encerclés dans une tranchée boueuse par des soldats coréens. C’est peu évidemment, seuls les amateurs d’équipement militaires et de manœuvres guerrières trouveront peut-être leur compte avec ces « PONTS DE TOKO-RI » bien bavards et vieillots.