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Archives Mensuelles: octobre 2018

STEVE… OR NOT STEVE

Lors d’une interview pendant les années 60, un journaliste demanda à Steve McQueen quels films il regrettait d’avoir tournés. Parmi la courte liste qu’il énuméra, l’acteur cita « INVRAISEMBLABLE VÉRITÉ » de Fritz Lang (chroniqué aujourd’hui sur « BDW2 »). Or, même en regardant très attentivement et même à la loupe, McQueen n’apparaît à aucun moment dans ce film, pas même en figuration, pas même de dos.MCQ

Alors quoi ? A-t-il tourné des scènes qui ont été coupées au montage ? Cela expliquerait évidemment pourquoi il regrettait d’avoir tourné le film. Il n’existe apparemment aucune trace de son éventuel passage dans « INVRAISEMBLABLE VÉRITÉ ». Se pourrait-il que le Steve se soit tout bêtement trompé de titre ? Si quelqu’un a de plus amples renseignements sur cette nouvelle énigme…

(Riche idée d’avoir écrit ce post, puisque la bonne réponse semble avoir été apportée dans le commentaire de l’ami Kinskiklaus ! McQueen ne citait pas un titre de film, mais une expression : « beyond a doubt » (« sans aucun doute ») qu’un traducteur français a confondu avec le titre du film de Fritz Lang ! Une erreur qui s’est perpétuée jusqu’à aujourd’hui puisqu’il arrive encore que « INVRAISEMBLABLE VÉRITÉ » se retrouve dans la filmo de McQueen)

 

« INVRAISEMBLABLE VÉRITÉ » (1956)

BEYONDLa véritable vedette de « INVRAISEMBLABLE VÉRITÉ », ce n’est pas son réalisateur Fritz Lang, qui signe une mise-en-scène très fonctionnelle et sans relief, ni le fade tandem formé par Dana Andrews et Joan Fontaine. Non, c’est son scénario, signé Douglas Morrow, véritable Grand-8 virtuose, qui nous promène de manipulations en machinations, avec au cœur de l’histoire, un débat des plus pertinents sur la peine de mort.

Avec l’aide de son rédac-chef Sidney Blackmer, le journaliste Andrews plante des preuves afin de se faire passer pour l’assassin d’une stripteaseuse. Le but ? Démontrer qu’un innocent peut parfaitement passer sur la chaise électrique. Blackmer est le seul à connaître le fin-mot de la « farce » et à pouvoir intervenir si Andrews était condamné à mort. Seulement voilà… N’en disons pas davantage, car les coups de théâtre à répétition sont le seul vrai plaisir de ce film au budget visiblement étriqué, au noir & blanc sans grâce, qui ne tient en haleine que par l’habileté diabolique de l’auteur. Même s’il ne fait pas une prestation grandiose, Andrews est bien casté. Sa neutralité proverbiale fait qu’on n’éprouve a priori ni sympathie ni antipathie pour lui. Idéal pour un tel rôle ! Joan Fontaine minaude beaucoup trop, dans un personnage sans intérêt auquel elle tente, sans succès, de donner de l’épaisseur. Parmi les seconds rôles, Barbara Nichols et Joyce Taylor sont amusantes en danseuses, l’une revenue de tout et l’autre encore naïve. On peine à déceler la virtuosité habituelle de Lang dans « INVRAISEMBLABLE VÉRITÉ », mais un tel scénario se suffit finalement à lui-même. Et sans doute l’effacement était-il le bon choix. À voir pour les faux épilogues à tiroir qui relancent un suspense infernal jusqu’à la dernière image.

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DANA ANDREWS, JOAN FONTAINE, EDWARD BINNS ET JOYCE TAYLOR

 

AMERICA ! AMERICA !

Quatre sorties en Blu-ray annoncées aux U.S.A. et plus ou moins dignes d’intérêt et, en tout cas, de curiosité.

D’abord et avant tout, l’excellent « MIKEY & NICKY », un polar d’Elaine May tourné « à la Cassavetes », ce qui est d’autant plus étonnant que celui-ci tient un des deux rôles principaux face à son acteur-fétiche Peter Falk. Un affrontement dramatique entre deux amis d’enfance qui s’achèvera mal pour l’un d’eux.BR US copie

Ensuite, une nouvelle édition remastérisée de « LE JUSTICIER DE MINUIT », de J. Lee-Thompson, thriller racoleur où Charles Bronson traque un serial killer naturiste, dans un scénario décalqué sur « L’INSPECTEUR HARRY ». Pas ce que Charley a fait de meilleur, mais une surprenante jaquette où la vedette n’apparaît pas.

« RAVEN » est un téléfilm où le regretté Burt Reynolds joue les « expendables » avant l’heure. Les heures de gloire de Burt étaient déjà loin derrière lui, mais peut-être ce film vaut-il le coup d’œil ?

Enfin l’intégrale en HD d’une des meilleures séries policières de l’Histoire de la TV U.S. : « THE SHIELD », violente, amorale, sauvage et menée par le très charismatique Michael Chiklis dans le rôle de sa vie.

 
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Publié par le 31 octobre 2018 dans ACTU DE BDW2, SORTIES DVD ET BLU-RAY

 

« LA 9ᵉ VIE DE LOUIS DRAX » (2016)

Adapté d’un roman de Liz Jensen, « LA 9ᵉ VIE DE LOUIS DRAX » est une production canadienne réalisée par le français Alexandre Aja. Une fable dans la lignée de « L’ÉTRANGE HISTOIRE DE BENJAMIN BUTTON » ou « L’ODYSSÉE DE PI », mais plus ancrée dans le réel.DRAX.jpg

Narré de façon éclatée entre flash-backs, rêves symboliques, fantasmes, le film parvient à garder son mystère jusqu’au bout, malgré quelques petites tricheries permettant de faire « durer le plaisir ». C’est bien réalisé et photographié, sans ostentation, les intrusions fantastiques – tout particulièrement le monstre végétal sorti de l’océan – apparemment incongrues, prennent tout leur sens à la fin. Aussi mieux vaut-il ne pas trop en dire pour ne pas spoiler, car la chute  est inattendue et surprenante. On peut donc se laisser porter par cet étrange film tendre et cruel, à l’humour parfois méchant, qui nous balade de fausses-pistes en révélations-choc jusqu’au dénouement dramatique. Le cast, mené par le petit Aiden Longworth excellent, est parfaitement équilibré : Jamie Dornan très bien en médecin impliqué mais fragile, Aaron Paul en père tourmenté, Oliver Platt superbe en psy intuitif ou Molly Parker en flic glaciale. Le nostalgique des seventies aura un peu de mal à reconnaître Barbara Hershey dans un rôle de grand-mère agressive. Mais le vrai plus du film, c’est la remarquable Sarah Gadon, dans un rôle aussi complexe et ambigu que dans la minisérie « ALIAS GRACE », où elle éclate littéralement, jouant de son visage angélique jusqu’au malaise. Un film attachant, agréable, traitant avec délicatesse un thème difficile. À tenter.

 

HAPPY BIRTHDAY, WILLIAM !

CAMPBELL

WILLIAM CAMPBELL (1923-2011), SECOND RÔLE DES ANNÉES 50, REMARQUÉ CHEZ JOHN STURGES, KING VIDOR OU RAOUL WALSH.

 
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Publié par le 30 octobre 2018 dans ANNIVERSAIRES

 

« THE KING OF MARVIN GARDENS » (1972)

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JACK NICHOLSON

« THE KING OF MARVIN GARDENS » est le second des six films que Bob Rafelson tourna avec Jack Nicholson en tête d’affiche. C’est un parfait exemple de « film d’auteur » à l’américaine, adoptant une narration hors des sentiers battus, développant un scénario sans réelle colonne vertébrale, tout entier au service des personnages – donc des comédiens – et de l’atmosphère.KING2.jpg

Celle d’Atlantic City, cité balnéaire décatie, cafardeuse est à couper au couteau et ce décor est un arrière-plan idéal aux retrouvailles de deux frères : Bruce Dern, petit escroc mythomane aux rêves de gloire et Nicholson, qui anime une émission de radio déprimante où il réinvente sa morne existence lors d’interminables monologues. Le premier veut entraîner le second dans une galère dangereuse à Hawaii. Ils sont entourés d’une déséquilibrée (Ellen Burstyn) et de sa belle-fille (Julia Anne Robinson) qu’elle prostitue depuis des années. Un quatuor improbable, instable, confiné dans une chambre d’hôtel minable ou errant sur les plages désertes. « Quelque chose doit craquer », pour paraphraser l’ultime film inachevé de Marilyn. Et c’est bien ce qui arrive, quand la communication devient impossible et qu’un revolver traîne à portée de main. Il n’est pas certain que Rafelson tienne à ce qu’on comprenne tous les tenants et aboutissants de cette singulière histoire. On ne peut que se laisser porter, admirer les acteurs au sommet de leur art : Dern ringard flamboyant et porte-poisse, Burstyn extraordinaire de folie rentrée et Nicholson, introverti, mystérieux, opaque. Avec la magnifique photo de László Kovács et l’apparition de grands seconds rôles de l’époque comme John P. Ryan et Scatman Crothers, « THE KING OF MARVIN GARDENS » est une œuvre difficile d’accès, moins limpide et touchante que le chef-d’œuvre du tandem Rafelson-Nicholson : « CINQ PIÈCES FACILES », mais tout de même envoûtante et, quelque part, inoubliable.

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JACK NICHOLSON, JULIA ANNE ROBINSON, BRUCE DERN ET ELLEN BURSTYN

 

HAPPY BIRTHDAY, JESS !

HAHN

JESS HAHN (1921-1998), ACTEUR AMÉRICAIN QUI FIT CARRIÈRE EN EUROPE, SURTOUT EN FRANCE AVEC ROHMER, ENRICO, DE BROCA, ETC.

 
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Publié par le 29 octobre 2018 dans ANNIVERSAIRES, FILMS FRANÇAIS

 

QUAND MARCEL RENCONTRE CHARLEY…

Bien curieuse rencontre quand on y pense, que celle de Marcel Bozzuffi, acteur français dont on fête l’anniversaire aujourd’hui, et à qui nous dédions ce petit hommage, et notre mascotte Charley Bronson !

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MARCEL BOZZUFFI ET JILL IRELAND

En effet, second rôle et même réalisateur occasionnel, Bozzuffi était également très actif dans le domaine du doublage. À partir de « MITRAILLETTE KELLY », sorti en France en 1962, il prêta souvent sa voix rocailleuse à l’acteur américain dans plusieurs films, parmi lesquels « LA BATAILLE DES ARDENNES », « 12 SALOPARDS », « LA BATAILLE DE SAN SEBASTIAN » ou plus tard « C’EST ARRIVÉ… ENTRE MIDI ET TROIS HEURES » et « CHICANOS, CHASSEUR DE TÊTES ». Aussi, leur rencontre sur un plateau de tournage, qui plus est d’un western, le « CHINO » de John Sturges, a-t-elle quelque chose de surréaliste ! Et pour couronner le tout, Bozzuffi joue le frère de Jill Ireland, la femme de Bronson à la ville ! Au fait, puisque la voix de Bozzuffi était déjà utilisée par… lui-même dans la v.f., qui donc doublait Bronson ? Claude Bertrand, une autre de ses voix régulières.

 

« THE PARTY’S OVER » (1965)

PARTY.jpegRéalisé par Guy Hamilton sur un scénario « scandaleux » de Marc Behm, « THE PARTY’S OVER » est un produit typique du cinéma anglais des sixties qui, sous prétexte de libération des mœurs, s’est mis à traiter des sujets very shocking indeed.

L’américain Clifford David débarque à Londres pour récupérer sa fiancée (Louise Sorel), mais il est malmené par la bande d’amis beatniks de celle-ci et n’arrive jamais à la voir. Dans les vapeurs d’alcool et lors de soirées orgiaques (enfin, gentiment !), il va découvrir qu’il s’est passé quelque chose de terrible. Le film est excessivement lent, les personnages ne sont que des clowns irritants et caricaturaux et les flash-backs révèlent très (trop) progressivement ce qu’on finit par deviner tout seul. Si tout cela paraît aujourd’hui bien sage et bêtement provocateur, on s’aperçoit tout de même qu’on parle ici de drogue, de viol, de suicide et même de nécrophilie ! De façon allusive bien sûr, mais on en parle. C’est même le sujet du film. Donc « THE PARTY’S OVER » garde un petit côté sulfureux malgré les années qui n’ont pas été très clémentes envers lui. Dans un cast sans grand relief, on retiendra Oliver Reed – avant qu’il n’arbore ses vilaines cicatrices au visage – dans un rôle de chef autoproclamé des glandeurs, nommé « Moïse » prononcé à la française. L’intensité fiévreuse de son jeu compense la vacuité de son personnage. On reconnaît dans quelques scènes le vétéran Eddie Albert en père de la disparue venu des U.S.A. pour la chercher à son tour.

À noter : le film fut mutilé par la censure et le réalisateur retira son nom du générique. Récemment « THE PARTY’S OVER » a été reconstitué dans sa longueur initiale et édité en Blu-ray en Angleterre. Les séquences réintroduites dans le montage sont d’une qualité technique très inférieure.

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OLIVER REED

 

HAPPY BIRTHDAY, MARCEL !

BOZZU

MARCEL BOZZUFFI (1929-1988), GRAND SECOND RÔLE DES ANNÉES 70 À LA CARRIÈRE INTERNATIONALE : CLÉMENT, FRIEDKIN, GAVRAS, STURGES, ANTONIONI, ETC.