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Archives Mensuelles: mars 2024

« VAQUERO ! » (1953)

« VAQUERO ! » est un petit western, filmé sans panache par John Farrow, dont la seule originalité provient des relations entre personnages, étonnamment « adultes » pour l’époque et pour le genre. Et aussi (surtout) parce qu’il offre à Anthony Quinn le rôle principal, même s’il figure en 4ème place au générique, dans une police de caractères plus petite que celle allouée aux trois stars en titre.

Robert Taylor, taiseux impassible, joue le bras-droit du tonitruant bandido Quinn. Les deux hommes ont été élevés ensemble et il existe entre eux une tension permanente dont on devine, peu à peu, qu’elle découle d’une ambiguïté foncière : individu fruste et cruel, Quinn est amoureux de Taylor ! C’est (presque clairement) établi dans le dialogue. Le problème est que le second ne partage pas ces sentiments très peu westerniens. Il tombe d’ailleurs amoureux de l’épouse (Ava Gardner) de son nouvel employeur, le rancher Howard Keel. Drôle de quatuor romantique, puisque la radieuse Ava n’a rien d’une oie blanche, qu’elle « allume » effrontément Taylor, sous le regard perplexe du curé local (Kurt Kasznar). Le dialogue est parfois heureux, le scénario n’est pas très rigoureux et il est déséquilibré par l’omniprésence de Quinn qui vampirise le film et engloutit goulûment ses partenaires moins performants. Avec sa crasse hirsute, ses rires imbéciles et ses regards homicides, Quinn fait un numéro qui mérite à lui seul qu’on voie « VAQUERO ! ». Taylor offre le minimum syndical, ne tentant même pas de rivaliser avec son envahissant partenaire. Ava Gardner est d’une beauté hypnotisante, comme toujours et compose un personnage complexe. Parmi les seconds couteaux, on reconnaît (furtivement) Jack Elam, jouant le nouveau lieutenant de Quinn, toujours prêt à trahir. Le sous-texte « crypto-gay » ajoute indéniablement de l’intérêt à ce western fauché. L’emploi « d’objet du désir » d’un hors-la-loi psychopathe sied parfaitement à Taylor puisqu’il reprendra pratiquement le même rôle dans « LE TRÉSOR DU PENDU » cinq ans plus tard, avec cette fois, Richard Widmark en soupirant rejeté.

ANTHONY QUINN, AVA GARDNER ET ROBERT TAYLOR
 

HAPPY BIRTHDAY, WARREN !

WARREN BEATTY, UNE TRENTAINE DE RÔLES AU CINÉMA, RÉALISATEUR DE 5 FILMS, UNE CARRIÈRE PEU FOURNIE, UN PERSONNAGE ÉTRANGE…
 
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Publié par le 30 mars 2024 dans ANNIVERSAIRES

 

« MOTHER’S BOYS » (1993)

Réalisé par le québécois Yves Simoneau d’après un roman, « MOTHER’S BOYS » est un thriller centré sur un personnage de sociopathe au féminin dans la lignée de « UN FRISSON DANS LA NUIT » ou « LIAISON FATALE ». La surprise, et donc l’attrait, viennent du fait que c’est Jamie Lee Curtis qui l’incarne, elle qui n’a joué que très peu de méchantes.

Trois ans après avoir abandonné sans un mot son époux (Peter Gallagher) et ses trois fils, Jamie Lee revient à la maison pour découvrir qu’elle a été remplacée par Joanne Whalley-Kilmer. Elle va s’employer à détruire ce nouveau noyau familial encore fragile et retrouver sa place. Bon sujet, intelligemment filmé, avec son lot d’effets visuels et une photo frisant l’esthétique publicitaire de l’époque, qui évitent à « MOTHER’S BOYS » de ressembler à un téléfilm. Le scénario est bien vissé, les coups d’accélérateur sont efficaces et les moments de trouille clouent sur place, même si les « Ce n’était qu’un rêve » sont un peu de trop. Curtis, dans sa période « bombe sexuelle » est excellente, en mante religieuse manipulatrice et au bord de la démence. La séquence à l’hôpital où elle tente d’assassiner sa propre mère (Vanessa Redgrave) est à faire froid dans le dos. Elle porte le film sur les épaules, à la fois incroyablement sexy et terriblement dérangeante, comme dans la scène où elle se dévoile devant son aîné. Gallagher est pâlichon, comme à son habitude, Whalley-Kilmer très bien dans un rôle difficile et on aperçoit Joss Ackland et Paul Guilfoyle dans de courtes apparitions en avocats. Sans rien révolutionner, « MOTHER’S BOYS » est une très bonne surprise, un suspense psychologique qui va au fond des choses et ménage de grands morceaux de bravoure hitchcockiens, comme la toute fin avec l’accident de voiture. À redécouvrir et certainement à réévaluer.

JAMIE LEE CURTIS, JOANNE WHALLEY-KILMER ET PETER GALLAGHER
 

LOU GOSSETT, JR. : R.I.P.

LOU GOSSETT, JR. (1936-2024), PLUS DE 200 FILMS ET TÉLÉFILMS À SON ACTIF. MÉMORABLE DANS « OFFICIER ET GENTLEMAN »
 
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Publié par le 29 mars 2024 dans CARNET NOIR

 
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AUJOURD’HUI, TERENCE HILL FÊTE SES 85 ANS !

 
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Publié par le 29 mars 2024 dans ANNIVERSAIRES, CINÉMA ITALIEN

 

« LE FLAMBEUR » (1974)

Écrit par James Toback, réalisé par Karel Reisz, « LE FLAMBEUR » est un film noir situé à New York, qui décrit la « course du rat » d’un professeur de littérature accro au jeu, au point de devoir 40 000 $ à la pègre qui le harcèle jour et nuit.

C’est James Caan qui incarne cet individu indolent et autodestructeur, vivant constamment à la frontière du danger mortel. Investi et opaque, l’acteur offre une de ses plus subtiles prestations dans un personnage pourtant peu attractif, égoïste et fonçant droit dans le mur, indifférent au mal qu’il peut infliger autour de lui. La réalisation adopte ce style reportage typique des seventies, la photo de Victor J. Kemper s’adapte aux décors avec maestria. Si Caan accapare une bonne partie de l’écran, il est très bien entouré par Paul Sorvino en bookie amical, Jacqueline Brooks en mère angoissée par le no future de son fils, Lauren Hutton très bien en girl friend trop bien pour lui. Et on reconnaît dans de tout petites apparitions des débutants d’alors comme Burt Young excellent en « encaisseur » bonhomme mais violent (il faut le voir démolir un appartement en deux minutes !), James Woods en employé de banque tête-à-claques, M. Emmet Walsh et Stuart Margolin en joueurs, Richard Foronjy, etc. On se laisse prendre progressivement par l’atmosphère nocturne et triste de ce « FLAMBEUR », happés par l’engrenage de dettes, le côté indécrottable, irrécupérable du protagoniste. Et la dernière séquence dans un bordel sordide à Harlem achève le parcours de cet Axel qui, au fond, accepte enfin le fait qu’il ne cherche qu’à mourir pour cesser sans doute de tout abîmer et corrompre autour de lui. Un film apparemment simple, mais aussi compliqué et impénétrable que son anti-héros, qui laisse sur une sensation de désespoir profond et de mal-être sans issue possible.

JAMES CAAN, LAUREN HUTTON ET BURT YOUNG
 

BLU-RAYS FROM THE U.S. OF A.

UN WESTERN D’ANTHONY MANN, TROIS POLARS… FRANÇAIS, UN GRAND LUMET ET ENFIN, LA SORTIE 4K DU CHEF-D’ŒUVRE DE LEONE
 

« LE LION SORT SES GRIFFES » (1980)

« LE LION SORT SES GRIFFES » est signé Don Siegel est c’est bien le seul étonnement que peut provoquer ce film flasque, inerte et hors du temps. Le réalisateur américain a été aidé, anonymement, par Peter H. Hunt et Robert Ellis Miller, ce qui expliquerait pourquoi cela ressemble à tout sauf… à un film de Don Siegel.

Tourné en Angleterre et en Hollande, « ROUGH CUT » (oublions le ridicule titre français), est l’histoire archi-usée d’un « hold-up du siècle » organisé par un voleur de diamants (Burt Reynolds), sa maîtresse (Lesley-Anne Down) manipulée par un vieux flic de Scotland Yard (David Niven). Il est très rare de voir un film de moins de deux heures dont on aimerait couper la moitié ! C’est d’une mollesse et d’un ennui incommensurables, le ton se voudrait badin et l’humour pince-sans-rire, mais cela ressemble à l’arrivée à un mauvais Blake Edwards ou Stanley Donen sans une once de grâce. Seul le twist final vaut éventuellement un rapide coup d’œil. Reynolds cherche visiblement à modifier son image redneck en jouant un filou suave et ironique, un personnage qui aurait parfaitement convenu à Roger Moore. Le pauvre Burt est totalement hors de son élément et son charisme réduit à zéro. David Niven à 70 ans et qui fait même plus âgé, paraît fatigué et se caricature lui-même. Heureusement, on peut admirer la plastique de rêve de Miss Down, qui n’a pas grand-chose à faire d’autre que se montrer langoureuse et folle d’amour pour le cher Burt. Parmi les seconds rôles, on retrouve toujours avec plaisir le grimaçant Patrick Magee qui s’en donne à cœur-joie dans un rôle d’ex-nazi et as de l’aviation. Les deux derniers films de la belle filmo de Siegel furent des désastres sans rémission. Celui-ci est un cas d’école, puisqu’on en vient à se demander pourquoi il a été produit, comment quelqu’un comme Burt Reynolds, alors au faîte de sa gloire, a pu signer son contrat. Pour le plaisir d’imiter Cary Grant ? C’est bien possible, après tout. À fuir.

LESLEY-ANNE DOWN, DAVID NIVEN ET BURT REYNOLDS
 

RON HARPER : R.I.P.

RON HARPER (1933-2024), ACTEUR DE TV DES SEVENTIES, MÉMORABLE POUR LA BRÈVE SÉRIE « LA PLANÈTE DES SINGES »
 
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Publié par le 27 mars 2024 dans CARNET NOIR

 

« À CAUSE D’UN ASSASSINAT » (1974)

« À CAUSE D’UN ASSASSINAT » d’Alan J. Pakula est un des films les plus représentatifs de l’Amérique paranoïaque des années 70, un pays encore hanté par l’attentat de Dallas et ses séquelles et à peine sorti d’une guerre perdue.

Après le meurtre d’un sénateur, le journaliste Warren Beatty mène son enquête, motivé par la mort de son ex-femme (Paula Prentiss) qui faisait partie de l’entourage du politicien. Beatty se fait enrôler par une société secrète recrutant des assassins formés à éliminer des gêneurs, mais il réalise un peu tard qu’il est plutôt envisagé comme bouc-émissaire. Le scénario est tortueux, parfois trop elliptique, les personnages ne sont que des pions sur un échiquier machiavélique dont on ne devine jamais les contours. C’est pour cela que le choix de Beatty est plutôt ingénieux : acteur neutre, à moitié absent, arborant un brushing d’époque, il est un « héros » sans relief ni aspect attachant. Ce qui compte ici, c’est la mécanique, la sensation que le monde est dirigé par des sociétés occultes, anonymes, faisant et défaisant les arcanes politiques. Pakula retrouve Gordon Willis à la photo et Michael Small à la BO, ce qui donne au film des ambiances nocturnes et cauchemardesques assez proches de « KLUTE » qui les réunissait déjà. Aucun des excellents comédiens ne peut vraiment tirer son épingle du jeu, mais on reconnaît avec plaisir Hume Cronyn en rédac-chef réticent, Anthony Zerbe, Bill McKinney en hitman plus qu’inquiétant, Jim Davis en candidat éphémère et Prentiss qui disparaît hélas, trop vite. « À CAUSE D’UN ASSASSINAT » hypnotise et ennuie en même temps, fascine et agace parfois par ses cadrages trop maniérés, mais cela demeure une pierre blanche du cinéma politique U.S., le genre de film qu’aurait pu tourner un John Frankenheimer, la décennie précédente.

WARREN BEATTY, HUME CRONYN ET PAULA PRENTISS