Revoir « HIBERNATUS » d’Edouard Molinaro dans son entier, après des années de rediffusions télé, d’extraits repassés en boucle dans des émissions sur Louis De Funès, peut provoquer une grosse désillusion.
Scénaristiquement parlant, le film ne dépasse jamais son solide « pitch » de départ : un homme (et ce n’est même pas De Funès !) retrouvé vivant dans les glaces après 60 ans. Hormis quelques péripéties laborieuses, cela ne va guère plus loin que ça. Esthétiquement, c’est la Bérézina : image plate, sur-éclairée, décors qui piquent les yeux. Alors pourquoi reste-t-on jusqu’au bout ? Pour De Funès évidemment. Même s’il n’a pas grand-chose à jouer, le film lui réserve des confrontations hilarantes (mais souvent hors-sujet) avec Michel Lonsdale en professeur impassible (« Si, vous avez une grosse tête. Et puis, vous avez dodeliné »), Claude Piéplu en ministre imbu de sa personne ou Paul Préboist en larbin abruti. Ces instants-là, miraculeusement épargnés par le vieillissement, méritent qu’on s’inflige tout le reste. Avec, cela va sans dire, le « pétage de plombs » de la fin, certes décalqué sur celui de « OSCAR » du même réalisateur, mais tout aussi irrésistible.
Claude Gensac est très amusante en éternelle épouse de « Fufu », mais la plupart des autres seconds rôles sont désolants. Le film s’enlise en son milieu (la longue séquence en ambulance puis dans un monastère) jusqu’à faire paraître ces modestes 81 minutes interminables, et il faut bien reconnaître que bon nombre de « gags », comme ceux autour de la Légion d’Honneur par exemple, sont d’une lourdeur invraisemblable. Mais que faire alors, pour rire encore des mimiques de Louis De Funès ? Utiliser la touche « avance rapide » sur sa télécommande ? Ce n’est certes pas une chose à faire de façon générale, mais dans le cas de « HIBERNATUS », c’est plutôt recommandé.