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Archives de Catégorie: LES FILMS DE JESSICA LANGE

« MARLOWE » (2022)

Pour Liam Neeson, « MARLOWE » est le film des retrouvailles : Neil Jordan qui l’avait dirigé dans « MICHAEL COLLINS », Jessica Lange qui fut son épouse dans « ROB ROY » et Diane Kruger qu’il côtoya dans « SANS IDENTITÉ ». Au moins le tournage a-t-il dû être sympathique. Parce que pour le reste…

Inspiré du personnage créé par Raymond Chandler et incarné de nombreuses fois, de Bogart à Elliott Gould ou Mitchum, ce film est un véritable cas d’école. On s’y ennuie du début à la fin, les enjeux sont quasiment nuls (une jeune femme riche engage notre privé pour retrouver son amant disparu et passant pour mort) et les comédiens sont comme anesthésiés. Beaucoup trop âgé, à 70 ans, pour le rôle-titre, Neeson se traîne, l’air égaré, le teint terreux et, au terme d’une bagarre déclare lui-même : « J’ai passé l’âge de ces conneries ». Il nous ôte les mots de la bouche ! Son Marlowe n’a aucun relief, il semble juste avoir besoin d’une bonne sieste. Lange n’est plus que l’ombre d’elle-même dans un rôle de femme fatale du 3ème âge, seul Danny Huston semble s’amuser un peu à jouer un méchant, un emploi qu’il pourrait maintenant tenir dans son sommeil. On a rarement vu une telle inertie dans un polar, une telle absence de suspense ou d’émotion. La révélation du pot aux roses (un vague trafic de drogues planquées dans des antiquités, impliquant un cartel mexicain) et la recréation d’époque – nous sommes en 1939 – ne suffisent pas à maintenir le spectateur éveillé. Que dire d’un tel ratage ? Jordan a prouvé qu’il avait du talent, jadis. Apparemment, l’œuvre littéraire de Chandler n’est peut-être pas aussi facile que cela à transposer à l’écran, tant elle est embrouillée et bavarde. Ce « MARLOWE » sera vite oublié, enterré même, tant l’échec est patent.

 

« LE FACTEUR SONNE TOUJOURS DEUX FOIS » (1981)

Le roman noir de James M. Cain avait déjà été adapté en 1946 et donné lieu à un classique du genre. Trois décennies plus tard, Bob Rafelson s’attelle à réactualiser « LE FACTEUR SONNE TOUJOURS DEUX FOIS », de manière beaucoup plus âpre, sexuée et ancrée dans une Amérique sans glamour.

L’histoire, on la connaît : deux amants, un vieux mari encombrant, un meurtre à la clé, la mort au bout de la route. Ce sont les bases de « THÉRÈSE RAQUIN » (1867) d’Émile Zola replacées pendant la grande crise. C’était la belle époque de Jack Nicholson, superbe et d’une rare sobriété, en vagabond opportuniste et amoral, obsédé par le corps offert de Jessica Lange, dans son premier vrai rôle. Les scènes hot, sensuelles, animales, brutales, avaient fait jaser à la sortie du film. Elles gardent leur côté sulfureux et fiévreux. Les deux acteurs fonctionnent parfaitement ensemble. Ils sont bien entourés : John Colicos en mari grec insupportable, Michael Lerner excellent en avocat roué et cynique, Anjelica Huston dans un caméo incongru de dresseuse de fauves ou John P. Ryan en maître chanteur rouquin. On aperçoit également Christopher Lloyd et Brion James. À la photo, Sven Nykvist fait des merveilles, replongeant dans l’ambiance de l’époque sans grands artifices, la BO de Michael Small est idéale. Film à la lenteur délibérée, au regard acéré, « LE FACTEUR… » ne montre guère d’empathie pour ses protagonistes intellectuellement limités, poussés vers l’abîme par des pulsions qu’ils ne maîtrisent pas, mais sauvés par cet amour profond qui les rend presque émouvants au moment fatidique de régler la note. Beau à voir, véritable leçon d’art dramatique, c’est un des meilleurs films de l’inégal mais toujours intéressant Rafelson qui coexiste avec la première version de Tay Garnett sans l’oblitérer.

JESSICA LANGE ET JACK NICHOLSON
 

« TOOTSIE » (1982)

« TOOTSIE » de Sydney Pollack, comédie située à New York dans le milieu des soaps operas télé, est une fable sur les relations hommes-femmes, sur la perte d’identité sexuelle, qui pousse un homme à être meilleur en devenant… une femme.

Acteur au chômage, Dustin Hoffman trouve enfin un job en se travestissant. Son esprit rebelle (casse-pied, diront certains) et son sens de l’improvisation font de lui la sensation de la vieille série où il joue. Le scénario repose sur les vieux ressors du vaudeville, accumule les quiproquos, les malentendus, mais maintient l’intérêt par l’ambiguïté permanente qui plane : Hoffman est amoureux de sa partenaire Jessica Lange, alors que le père de celle-ci lui propose le mariage ! Par moment, c’est du théâtre filmé et c’est sensible dans l’accumulation de plans larges. C’est un peu trop mécanique, presque trop… parfait et la musique de comédie est souvent agaçante, comme pour nous forcer à trouver ça drôle du début à la fin. Mais le casting est imparable : outre Hoffman dans un de ses meilleurs rôles, Lange n’a jamais été aussi craquante, Pollack lui-même est formidable en agent exaspéré, Dabney Coleman excellent en réalisateur macho et insensible, Charles Durning attachant, jamais ridicule dans un personnage qui aurait pu l’être. Et Bill Murray, non mentionné au générique, est hilarant en coloc pseudo-intello dont toutes les répliques font mouche. Mais on garde une affection toute particulière pour George Gaynes magnifique de ringardise et de drôlerie en vieil acteur totalement largué. « TOOTSIE » contient quelques scènes magistrales, on pense bien sûr à ce chef-d’œuvre d’écriture qu’est la révélation finale de l’identité de Tootsie. Les réactions de son entourage sont à mourir de rire ! Même s’il a vieilli dans sa forme et accuse quelques longueurs, « TOOTSIE » est un film qu’on peut voir et revoir inlassablement. Et son message féministe est très en avance sur son époque.

DUSTIN HOFFMAN, GEORGE GAYNES, CHARLES DURNING ET JESSICA LANGE
 

« KING KONG » (1976)

« De quoi croyez-vous qu’il s’agisse ? D’un homme dans un costume de singe ? » demande Jeff Bridges dans une scène de ce remake du « KING KONG » de 1933. Cela résume involontairement tout le problème de cette production De Laurentiis, coincée entre la poésie de l’original et les superbes CGI des versions à venir.

John Guillermin assure professionnellement la première partie, parvient à créer un exotisme visuellement intéressant sur l’île, mais dès que Kong apparaît au bout de 70 minutes, tout s’écroule. Le mythique gorille géant, le demi-Dieu de la jungle, n’est autre qu’un figurant nommé Rick Baker tentant de donner vie à un déguisement beaucoup moins convaincant que les masques de « LA PLANÈTE DES SINGES ». Il a parfois des expressions de vieux pervers et pour seul adversaire, un gros python en caoutchouc pour un combat ridiculement statique. Où sont passés les dinosaures ? Le scénario étire celui de 1933, jusqu’aux limites du raisonnable, surtout dans sa version de 193 minutes (chroniquée ici) et les personnages sont des caricatures grotesques maintenues à flot par de bons comédiens qui semblent un peu égarés. Seule s’en sort vraiment Jessica Lange, débutante, qui n’a jamais été plus ravissante, et parvient à donner un semblant de vie à un rôle impossible de starlette idiote et allumeuse à la sensualité débordante. Bridges s’est fait une tête qui le fait ressembler à un lion de cartoon et fait ce qu’il peut dans un emploi héroïque qui n’est pas le sien. Charles Grodin est plutôt bien en affreux capitaliste et on reconnaît des seconds rôles sympathiques comme Ed Lauter, Jack O’Halloran ou John Randolph. L’œil exercé pourra même entrevoir un tout jeune John Lone (« L’ANNÉE DU DRAGON ») en cuistot de bord. « KING KONG » ne réussit pratiquement sur aucun point, à peine pourra-t-on sauver les séquences au village de Skull Island très bien éclairées, la BO de John Barry (qu’il recyclera quelques années plus tard pour l’excellent « LA FIÈVRE AU CORPS ») et le charme intoxicant de Jessica Lange. Toute la partie « retour à la civilisation » est interminable et fastidieuse… À oublier pour se replonger dans les autres versions.

JESSICA LANGE, RICK BAKER, RENÉ AUBERJONOIS, JEFF BRIDGES, CHARLES GRODIN ET ED LAUTER
 

« FAR NORTH » (1988)

JESSICA LANGE ET TESS HARPER

Écrit et réalisé par le dramaturge et acteur Sam Shepard, « FAR NORTH » ressemble – sans l’être – à une adaptation théâtrale « aérée », ce qui n’est guère surprenant, vu le CV de l’auteur.

C’est une comédie, une drôle de comédie à dire vrai, située dans le Minnesota. Jessica Lange (épouse de Shepard à la ville) vivant à New York, revient dans sa région natale pour visiter son père (Charles Durning) accidenté. Celui-ci lui ordonne d’abattre le cheval responsable de son hospitalisation. Sa sœur (Tess Harper) s’y oppose et les vieux conflits remontent à la surface. Il y avait matière à faire un mélodrame, Shepard a opté pour un ton drolatique, un dialogue vif et parfois poétique et des personnages pittoresques et attachants. Son film est décousu, sans le moindre rythme, les changements de ton sont souvent déconcertants. Ainsi, Durning et Donald Moffat jouent-ils deux vieillards imbibés d’alcool et surjouent jusqu’à évoquer les deux vieillards des Muppets. Leurs scènes en roue-libre à l’hôpital plombent sévèrement le film tout entier. Heureusement, les comédiennes plus fermement dirigées sont toutes excellentes et bien mises en valeur. Lange (qui jouait déjà la fille de Durning dans « TOOTSIE ») est ici au summum de son charme singulier, mélange de douceur et de force de caractère. Harper est jolie et énergique en cadette « restée au pays » et Patricia Arquette est très bien en teenager nympho et hystérique. Elles se font toutes piquer la vedette par la méconnue Ann Wedgeworth, qui incarne la mère à la dérive, toujours à côté de la plaque. Son apparition finale, en robe noire, au milieu de la route, est le plus joli moment du film. Difficile de se montrer sévère envers « FAR NORTH », œuvre maladroite et erratique, mais qui porte la griffe de Sam Shepard et offre une réelle acuité dans les portraits de femmes. À tenter.

PATRICIA ARQUETTE, JESSICA LANGE, ANN WEDGEWORTH ET CHARLES DURNING

 

« QUE LE SPECTACLE COMMENCE ! » (1979)

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ROY SCHEIDER

Grand chorégraphe de Broadway, Bob Fosse a tourné six longs-métrages dont « CABARET » et « LENNY ». « QUE LE SPECTACLE COMMENCE ! » est son avant-dernier film, produit cinq ans avant sa mort. Et c’est bien de cela qu’il parle : de la mort prochaine de Bob Fosse ! Ou tout du moins de son transparent alter-ego ‘Joe Gideon’.JAZZ.jpeg

Le scénario éclaté en kaléidoscope, entre flash-backs, rêves de morphine, fantasmes sexuels et répétitions de spectacles, rend parfaitement la sensation de tourbillon permanent que fut la vie de cet « homme pressé », toujours au bord du burnout. Les numéros musicaux – très nombreux – s’insèrent bien dans ce style narratif, et si le film semble piétiner parfois, il n’en parvient pas moins à immerger, à soûler et à donner une bonne idée de l’homme. Il faut bien avouer que le choix de Roy Scheider pour jouer (plus ou moins) Bob Fosse, est plutôt déroutant. Figure incontournable du polar urbain et du film d’aventures des seventies, l’acteur a été modifié physiquement (amaigri, barbu, teint en roux, sans aucun bronzage chose rare chez lui) pour être crédible dans ce rôle d’artiste égoïste, narcissique, suicidaire et insupportable. Il lui manque peut-être un grain de folie authentique, une rage intérieure, pour y parvenir totalement, mais il fait une belle prestation et endosse un vrai contremploi. Autour de lui, Leland Palmer est très bien dans le rôle de son ex-femme et on reconnaît des têtes familières comme John Lithgow, Ben Vereen, Sandahl Bergman ou CCH Pounder. Jessica Lange incarne une vision angélique et douce de la Mort elle-même, qui attend patiemment son heure. Aujourd’hui, le film paraît un peu long, parfois lourd (le portrait caricatural des producteurs est trop appuyé, sans nuances), voire un peu complaisant. Mais il n’en demeure pas moins que « QUE LE SPECTACLE COMMENCE ! » est un bel achèvement – surtout dans le contexte cinématographique de l’époque – un film torrentiel et intime à la fois, qui entrouvre une porte sur l’âme tourmentée d’un créateur prêt à tout donner pour son art. Même sa propre vie.

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ROY SCHEIDER, LELAND PALMER ET BEN VEREEN

 

« ROB ROY » (1995)

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LIAM NEESON

« ROB ROY », inspiré de faits réels, est une sorte de miracle parvenant à mêler le sérieux d’une grosse production anglaise avec les fastes romanesques du vieil Hollywood, débarrassés de la censure d’époque.ROB.jpg

Cela se passe en Écosse en 1713. Le « highlander » Robert Roy McGregor (Liam Neeson) est roulé lors d’une transaction avec un noble (John Hurt) et devient hors-la-loi. Ses terres brûlées, ses fermiers massacrés, sa femme (Jessica Lange) violée par l’homme de main de Hurt (Tim Roth), il va tout faire pour survivre et obtenir sa vengeance. Un sujet simple, quasi-westernien. Les glorieux paysages sont d’ailleurs filmés comme les déserts de l’Ouest, avec la même majesté. Et Neeson a bien l’allure des nobles héros d’antan. Magnifiquement cadré par le généralement peu emballant Michael Caton-Jones, « ROB ROY » parvient à être enthousiasmant pendant ses 139 minutes sans jamais laisser retomber le soufflé. Il faut dire que, outre le superbe couple formé par Lange et Neeson, le trio de méchants est particulièrement exceptionnel : John Hurt, ignoble individu fielleux et hautain, Brian Cox en intendant comploteur et adipeux et surtout… surtout Tim Roth qui vole la vedette à tout le monde dans un rôle de bâtard sadique et maniéré, véritable vermine emperruquée. Haïssable et répugnant certes, mais pas aussi stéréotypé qu’il n’en a l’air et lui-même victime de ceux qu’il sert aujourd’hui. Son duel final avec Rob Roy est digne des vieux films d’Errol Flynn, la cruauté et le sang en plus. Le scénario est un modèle du genre, trouvant l’équilibre parfait entre la reconstitution historique et le grand spectacle. « ROB ROY » est dans son genre, ce qu’on peut appeler un chef-d’œuvre, même s’il a toujours été et demeure toujours, un film étrangement sous-estimé et relativement obscur.

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JOHN HURT, TIM ROTH, LIAM NEESON ET JESSICA LANGE

 

« LES NERFS À VIF » (1991)

NICK NOLTE ET JESSICA LANGE

NICK NOLTE ET JESSICA LANGE

On peut légitimement se demander ce qui a bien pu pousser Martin Scorsese, alors au faîte de sa carrière, à réaliser le remake d’un honnête thriller des années 60. Trente ans après J. Lee-Thompson, c’est donc avec révérence qu’il reprend le scénario, l’adapte à ses obses sions et le transforme en une allégorie biblique sur le péché, le mensonge et la rétribution.nerfs3

« LES NERFS À VIF » arrange plusieurs faiblesses du film originel (la relation passée entre l’avocat et l’ex-taulard est maintenant beaucoup plus forte et nourrie et crédibilise le conflit), mais hypertrophie le moindre événement en morceau de bravoure tonitruant. La musique de Bernard Herrmann devient littéralement « hénaurme », le moindre personnage est tourmenté, névrosé, presque tous les plans sont cadrés bizarrement pour créer un malaise permanent. Le film tout entier tourne autour de la performance de Robert De Niro. Dans ce rôle de ‘white trash’ comme échappé de l’enfer, il s’en donne à cœur-joie et passe d’un extrême à l’autre dans un impressionnant Grand-8. Avec ses cheveux gras, ses tatouages religieux, sa musculature de forçat et son accent du Sud grasseyant, il compose un méchant d’anthologie. Cela peut parfois sombrer dans la complaisance comme dans la scène au théâtre avec l’adolescente. Nick Nolte écope du rôle moins gratifiant de l’avocat sans caractère, Jessica Lange se sort bien d’un personnage irritant de femme trompée. Les séquences dialoguées entre les époux ne sont pas ce qu’il y a de plus convaincant dans le film. Juliette Lewis est parfaitement agaçante dans un rôle parfaitement agaçant. Joe Don Baker est excellent en « privé » dur-à-cuire et sûr de lui. Son face-à-face avec De Niro sur un parking est un véritable régal : à celui qui sera le plus menaçant ! De Niro n’est jamais meilleur que lorsqu’il a un acteur d’égale puissance en face de lui. À noter la présence dans des petits rôles des vedettes survivantes du film de 1962 : Robert Mitchum savoureux en vieux flic blasé, Gregory Peck et Martin Balsam. « LES NERFS À VIF » n’est pas un film à prendre très au sérieux. C’est l’exercice de style résolument gratuit d’un grand réalisateur/cinéphile rendant hommage à un cinéma qu’il aime. La photo magnifique de Freddie Francis, la réalisation « à effets », le climax sur le bateau totalement délirant, rendent le spectacle fascinant. Cela n’empêche pas de trouver a posteriori ces deux heures de bruit et de fureur, un peu creuses et vaines. Mais c’est du vrai cinoche, un drôle de film « populaire » et presque racoleur où l’on cite la bible, Nietzsche et Henry Miller ! Le film de 1962 et celui-ci ne se font pas concurrence, ils traitent différemment de la même base narrative. Mais à comparer, et même si De Niro est vraiment étonnant, c’est tout de même le ‘Max Cady’ de Mitchum qui reste le plus effrayant.

ROBERT DE NIRO, JOE DON BAKER, JULIETTE LEWIS ET JESSICA LANGE

ROBERT DE NIRO, JOE DON BAKER, JULIETTE LEWIS ET JESSICA LANGE

 

« GREY GARDENS » (2009)

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DREW BARRYMORE ET JESSICA LANGE

En 1975 sortit « GREY GARDENS », un long-métrage documentaire sur la vie de deux femmes, une mère et sa fille, vivant en recluses dans le South Hampton, dans une demeure en ruines. Leur sort attira les médias parce qu’elles étaient parentes de Jackie Onassis.grey2

Trente-cinq ans après, sous le même titre de « GREY GARDENS », HBO produit un téléfilm sur la vie de ces personnalités excentriques, dignes de « QU’EST-IL ARRIVÉ À BABY JANE ? », incluant comme ossature dramatique, le tournage du documentaire. Le film est une franche réussite, refusant le voyeurisme pour traiter de cette relation toxique, destructrice, voire cannibale. Jessica Lange est prodigieuse dans le rôle de la mère, « artiste » égocentrique, qui enferme psychologiquement sa fille dans cette maison à l’abandon, pourrissant littéralement sur pied. Face à elle, Drew Barrymore est tout aussi extraordinaire, d’abord en jeune femme libre et pleine de vie, puis en névrosée rendue chauve par le stress de son quotidien. Le scénario refuse le sensationnalisme et les grandes confrontations, mais pénètre subtilement au cœur de cette cohabitation aussi choquante que touchante. On ne pense jamais à ces femmes comme à deux « vieilles folles », sauf peut-être quand les services d’hygiène découvrent l’intérieur de la propriété, véritable décharge insalubre grouillant de vermine. Les performances hors du commun des deux comédiennes sont grandement aidées par les maquillages vieillissants, parmi les plus convaincants qu’on ait pu voir à l’écran. Parmi les seconds rôles, on retiendra la superbe apparition de Jeanne Tripplehorn dans le rôle de ‘Jackie O.’ tellement incongrue qu’on la croirait fantasmée. « GREY GARDENS » est un très beau film sur un amour exclusif et nocif, sur deux existences gaspillées, à voir ne serait-ce que pour Miss Lange et Barrymore absolument époustouflantes.

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JEANNE TRIPPLEHORN ET JESSICA LANGE

 

« DU VENIN DANS LES VEINES » (1998)

hush2Après les tristement célèbres histoires drôles de « belles-doches » de fin de banquet, voici le thriller sur « la belle-doche de l’enfer ». Pourquoi pas ? Dans les années 40, Bette Davis ou Joan Crawford ont bâti une carrière sur ce genre de rôle. Hélas, « DU VENIN DANS LES VEINES » (traduction quasi littérale de « CHUT ») de Jonathan Darby s’avère être une grosse déconvenue.

Le scénario, qui semble avoir été conçu par un logiciel, installe ses personnages tous plus convenus les uns que les autres, plante le décor (la Virginie) et laisse défiler une succession d’invraisemblances phénoménales, de coups de théâtre tirés par les cheveux et de répliques indigentes. On sent nettement qui plus est, que la fin a dû être re-tournée a posteriori : on abandonne Gwyneth Paltrow dans le lit où elle vient d’accoucher dans la douleur, droguée et perdant tout son sang et, sans prévenir, on la retrouve au matin, toute rose et pimpante, gambadant partout ! À ce stade de je-m’en-foutisme, difficile de tenir le coup. Le pire étant peut-être que les deux « héros » : un couple de « bobos », véritables gravures de mode, sont tellement irritants et têtes-à-claques, qu’on en vient presque à prendre parti pour la « méchante » diabolique. Johnathon Schaech et Paltrow sont vraiment au-dessous de tout ! À 49 ans, toujours belle et rayonnante, Jessica Lange – seule et unique raison de voir le film – approche pour la première fois un style de rôle qui fera sa gloire deux décennies plus tard dans la série « AMERICAN HORROR STORY ». Elle est formidable d’hypocrisie mielleuse et de dangerosité dans ce personnage monstrueux dont elle parvient à faire comprendre les motivations. Parmi les seconds rôles, on aperçoit Hal Holbrook en médecin provincial et Nina Foch en grand-mère porteuse de lourds secrets. La meilleure scène du film est un face-à-face inquiétant entre elle et Lange dans un sauna. Le seul moment à peu près vivant ! Dommage que tout cela ait été aussi bâclé à tous niveaux, car ce genre de film a toujours du potentiel. Ce n’est qu’un « véhicule » pour la pâle et minaudante Gwyneth Paltrow, un peu comme ceux que tournait Julia Roberts à la même époque.

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JESSICA LANGE ET GWYNETH PALTROW