Pour Liam Neeson, « MARLOWE » est le film des retrouvailles : Neil Jordan qui l’avait dirigé dans « MICHAEL COLLINS », Jessica Lange qui fut son épouse dans « ROB ROY » et Diane Kruger qu’il côtoya dans « SANS IDENTITÉ ». Au moins le tournage a-t-il dû être sympathique. Parce que pour le reste…
Inspiré du personnage créé par Raymond Chandler et incarné de nombreuses fois, de Bogart à Elliott Gould ou Mitchum, ce film est un véritable cas d’école. On s’y ennuie du début à la fin, les enjeux sont quasiment nuls (une jeune femme riche engage notre privé pour retrouver son amant disparu et passant pour mort) et les comédiens sont comme anesthésiés. Beaucoup trop âgé, à 70 ans, pour le rôle-titre, Neeson se traîne, l’air égaré, le teint terreux et, au terme d’une bagarre déclare lui-même : « J’ai passé l’âge de ces conneries ». Il nous ôte les mots de la bouche ! Son Marlowe n’a aucun relief, il semble juste avoir besoin d’une bonne sieste. Lange n’est plus que l’ombre d’elle-même dans un rôle de femme fatale du 3ème âge, seul Danny Huston semble s’amuser un peu à jouer un méchant, un emploi qu’il pourrait maintenant tenir dans son sommeil. On a rarement vu une telle inertie dans un polar, une telle absence de suspense ou d’émotion. La révélation du pot aux roses (un vague trafic de drogues planquées dans des antiquités, impliquant un cartel mexicain) et la recréation d’époque – nous sommes en 1939 – ne suffisent pas à maintenir le spectateur éveillé. Que dire d’un tel ratage ? Jordan a prouvé qu’il avait du talent, jadis. Apparemment, l’œuvre littéraire de Chandler n’est peut-être pas aussi facile que cela à transposer à l’écran, tant elle est embrouillée et bavarde. Ce « MARLOWE » sera vite oublié, enterré même, tant l’échec est patent.