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Archives de Catégorie: LES FILMS D’ED HARRIS

« THE TRUMAN SHOW » (1998)

Écrit par Andrew Niccol, réalisé par Peter Weir, « THE TRUMAN SHOW », 25 ans après sa sortie, n’apparaît plus comme l’œuvre invraisemblable d’un visionnaire, puisque le 21ème siècle ressemble à s’y méprendre au monde décrit dans le film.

Héros depuis sa naissance d’un reality show diffusé 24/24 dans le monde entier, situé dans une ville entière recréée sur un plateau de télé géant, Jim Carrey vit innocemment dans cet univers factice, au milieu des figurants et des placements de produits. Le tout sous l’œil d’Ed Harris, concepteur de l’émission et Dieu auto-proclamé. Le début est saisissant, les révélations successives sont bien amenées mais, comme toutes les histoires basées sur une seule idée, on finit par prendre de l’avance sur les personnages, on pressent les événements et cela finit par sembler redondant et lourdingue. Pour apprécier « THE TRUMAN SHOW », il faut absolument ne pas être allergique au jeu systématiquement caricatural de Carrey, à ses grimaces à la Jerry Lewis qui appauvrissent un peu son rôle de pantin malgré lui. Il est heureusement bien entouré par Laura Linney, formidable en fausse épouse au sourire publicitaire, Noah Emmerich en « copain d’enfance » tout aussi bidon. Harris apporte de la finesse en manipulateur impitoyable. On aperçoit Paul Giamatti en technicien consciencieux. Œuvre intelligente et paranoïaque s’il en fut « TRUMAN SHOW » ne tient pas tout à fait la distance et aurait certainement bénéficié de quelques coupes. Ce qui passait pour de la SF en 1998 est – nous l’avons dit plus haut – notre quotidien d’aujourd’hui à peu de choses près. À voir de toute façon, en le replaçant dans le contexte de sa conception.

JIM CARREY, LAURA LINNEY, PAUL GIAMATTI ET ED HARRIS
 

« LES PLEINS POUVOIRS » (1997)

Écrit par William Goldman d’après un roman, réalisé par Clint Eastwood, « LES PLEINS POUVOIRS » avait tous les atouts pour devenir un thriller politique âpre et sinueux, d’autant qu’il était doté d’une distribution en or massif. À l’arrivée, et même si le film n’est pas sans mérite, on a la sensation d’avoir été lésé.

Un cambrioleur assiste à un meurtre sordide impliquant le président des U.S.A. (Gene Hackman) et se retrouve traqué par la police, les services secrets et un tueur à gages (Richard Jenkins) engagé par le vieil époux (E.G. Marshall) de la victime. Le film dure deux heures, il prend son temps, mais demeure en surface, paraît naïf et approximatif par moments dans son déroulement « policier » et s’avère bien léger pour un scénario du grand Goldman. Bien sûr, ce n’est pas déplaisant, mais c’est simpliste, illogique, les ellipses sont rudes et les relations entre personnages caricaturales à souhait. Reste le bonheur de revoir des acteurs qu’on aime en pleine force de l’âge : Eastwood d’abord, ultra-cool en monte-en-l’air Fregoli au charme flegmatique, très bien entouré par Ed Harris en flic souriant, Scott Glenn en bodyguard présidentiel bourrelé de remords, Hackman veule et pleutre en président bien glauque, Laura Linney en fille de Clint. Mais c’est la toujours surprenante Judy Davis qui hérite du rôle le plus juteux : celui du bras-droit présidentiel, une harpie hystérique qu’elle joue à l’extrême limite de la comédie. Elle ne passe pas inaperçue ! « LES PLEINS POUVOIRS » laisse la sensation d’un travail inachevé, bâclé par moments (un reproche qu’on a souvent fait au réalisateur Eastwood, concernant ses œuvres les plus mineures), jamais vraisemblable, maintenu à flot par quelques morceaux de bravoure réussis et une brochette de comédiens vraiment exceptionnelle.

CLINT EASTWOOD, GENE HACKMAN, JUDY DAVIS, ED HARRIS ET SCOTT GLENN
 

« THE LOST DAUGHTER » (2021)

Écrit et réalisé par la comédienne Maggie Gyllenhaal d’après un roman d’Elena Ferrante, « THE LOST DAUGHTER » part d’un postulat intrigant, maintient un certain intérêt grâce à la toujours impeccable Olivia Colman, avant de se dissoudre dans des longueurs assommantes et un discours féministe à la fois pesant et confus.

Tourné sur une île grecque dont on ne voit pratiquement rien, tout est filmé en « caméra bougée » et en gros-plans pour la plupart complètement flous, créant une tension artificielle. On attend pendant deux heures que quelque chose se passe, qu’un coup de théâtre salvateur survienne et nous libère de la torpeur, mais… non. Les méditations de cette prof sur une plage sont entrecoupées de longs flash-backs sur sa jeunesse et son peu de goût pour la maternité. Va-t-il se passer un drame qui expliquerait ses tourments ? Eh bien… non. Et pour couronner le tout, tout cela s’achève (ATTENTION : SPOILER !) par un épilogue délibérément ambigu (est-elle morte ? Rêve-t-elle ?) qui ne résout rien, n’explique rien. Omniprésente, Colman a tout son temps pour composer un personnage étrange, à la dérive, rongée par la culpabilité, mais capable d’actes incompréhensibles comme voler la poupée d’une fillette inconsolable. Elle est incarnée jeune par Jessie Buckley qui n’essaie même pas de lui ressembler d’une manière ou d’une autre. Ed Harris apparaît de temps en temps, amaigri de façon alarmante, en factotum discret. Dakota Johnson a de beaux yeux bleus et l’excellente Alba Rohrwacher ne fait que passer en randonneuse dont le rôle ne sert strictement à rien. « THE LOST DAUGHTER » nécessite patience et endurance pour en venir à bout. Il est tellement flou – dans tous les sens du terme – et chichiteux, qu’il ne laisse quasiment aucun souvenir, pas même celui de beaux paysages, puisqu’on ne fait que les entrevoir…

OLIVIA COLMAN, ED HARRIS ET ALBA ROHRWACHER
 

« THE HOURS » (2002)

NICOLE KIDMAN

Réalisé par Stephen Daldry d’après le roman de Michael Cunningham, « THE HOURS » est une fresque intime, d’une impressionnante richesse thématique, qui suit le destin de trois femmes, sur trois époques (les années 20, 50 et 2000), reliées entre elles par un roman : « MRS DALLOWAY », écrit par l’une d’elles, Virginia Woolf (Nicole Kidman).

L’auteure, dépressive et suicidaire influence la vie d’une femme au foyer en 1951 (Julianne Moore) qui va devoir faire des choix drastiques pour survivre et d’une new-yorkaise (Meryl Streep) accrochée à son amour de jeunesse (Ed Harris) mourant du SIDA. Les destinées évoluent, se croisent parfois, dominées par la hantise d’être passé à côté de la vie, de n’avoir pas été aimé, et surtout par la mort qui ne cesse de rôder sous toutes ses formes. Quand une fillette demande à Virginia ce qu’on devient après la mort, celle-ci répond : « On repart d’où on vient ». Ce qui est une des plus simples et éclairantes réponses à ce questionnement fondamental. « THE HOURS » est une pure merveille d’écriture et de mise-en-scène, sans parler du montage, qui fait des ponts subtils entre les époques, reste constamment lisible et s’arrange pour que chaque personnage enrichisse les autres. C’est virtuose ! Moore est superbe, particulièrement dans son face à face avec Toni Collette, qui laisse entrevoir l’abîme de sa solitude. Kidman, absolument méconnaissable, est exceptionnelle de sobriété et de sensibilité, dans ce qui est à ce jour son plus beau travail à l’écran. Streep est égale à elle-même, se laisse parfois aller à de petites complaisances (on pense à la scène trop longue dans la cuisine avec Jeff Daniels), mais est, elle aussi, magnifique. Ses scènes avec Harris stupéfiant, douloureuses à contempler, sont terrassantes d’émotion. Sans oublier des « seconds rôles » haut-de-gamme comme Stephen Dillane, Miranda Richardson ou John C. Reilly. « THE HOURS » est un chef-d’œuvre, qui gagne à chaque re-vision et touche au plus près aux angoisses de l’humain, et spécialement des femmes.

MERYL STREEP, ED HARRIS, TONI COLLETTE ET JULIANNE MOORE
 

« L’ÉTOFFE DES HÉROS » (1983)

SAM SHEPARD

Écrit et réalisé par Philip Kaufman d’après le roman de Tom Wolfe, « L’ÉTOFFE DES HÉROS » relate la course à l’espace pendant les années 60 entre l’Amérique et la Russie, depuis le passage de Mach-1, jusqu’à la mise en orbite de capsules autour du globe.

C’est une épopée de plus de trois heures, rigoureuse du point de vue documentaire, mais étonnamment irrévérencieuse dans la tonalité adoptée. Certaines personnalités historiques sont cruellement étrillées (Lyndon Johnson, clownesque), les astronautes – qui sont sept, comme les samouraïs – sont dépeints comme des cowboys insoumis et le regard de Kaufman sur l’Histoire de son pays a quelque chose d’ironique voire d’iconoclaste. Ce n’est que lorsqu’il parle du pionnier Chuck Yeager (Sam Shepard, dans le rôle de sa vie) que ce regard se fait attendri, presque idolâtre. Yeager semble échappé du 19ᵉ siècle, il est romantique, indomptable, sa silhouette à cheval dans le désert, est digne de l’imagerie westernienne. Outre une maîtrise extraordinaire des ellipses-temps, une photo splendide de Caleb Deschanel et une BO emphatique de Bill Conti, « L’ÉTOFFE DES HÉROS » bénéficie d’un casting hors du commun, où se distinguent de nombreuses vedettes en devenir : Ed Harris jeune et lisse, parfait en héros « All American », presque trop parfait pour être vrai, Scott Glenn très drôle et tout en muscles, Dennis Quaid en jeunot vantard, Fred Ward remarquable en porte-poisse. On aperçoit Lance Henriksen dans le rôle d’un des 7, à peine filmé, presque figurant, Jeff Goldblum égal à lui-même en recruteur gaffeur de la NASA. Parmi les femmes, Pamela Reed, Veronica Cartwright et surtout Barbara Hershey en Mme Yeager font de belles compositions. Le film est riche, truffé de détails symboliques (le pasteur tout vêtu de noir joué par Royal Dano, véritable incarnation de la Mort, qui guette tous les pilotes au fil des années), frôle parfois le mysticisme (l’épisode en Australie avec la cérémonie aborigène). Un bien curieux film donc, que « L’ÉTOFFE DES HÉROS », maniant le sarcasme et l’orgueil patriotique comme un chaud-et-froid. Une belle œuvre, en tout cas…

ED HARRIS, FRED WARD ET DENNIS QUAID

 

« PHANTOM » (2013)

Écrit et réalisé par Todd Robinson, inspiré par des faits réels survenus dans les années 60 (la disparition inexpliquée d’un sous-marin nucléaire russe), « PHANTOM » est un film « de sous-marins », sous-genre du film de guerre qui donna quelques grands films comme « DAS BOOT » ou « U.S.S. ALABAMA ».

Celui-ci commence plutôt mal. Déjà par la difficulté extrême à accepter d’emblée que des acteurs américains connus jouent des Russes. Cela rappelle un peu la « suspension d’incrédulité » qu’il avait fallu pour accepter James Coburn en soldat allemand dans « CROIX DE FER ». Ajoutons à cela un dialogue surabondant et souvent abscons, des enjeux incompréhensibles et des CGI à peine acceptables, et on comprendra qu’il n’est pas aisé d’entrer dans « PHANTOM ». À condition de s’accrocher, la seconde moitié prend son envol, le suspense s’éclaircit et la menace d’une WW3 fait toujours la blague. Heureusement, l’auteur n’a enrôlé que des pointures pour peupler son submersible : Ed Harris maigre et ridé, parfait comme toujours en capitaine malade, alcoolique, hanté par son passé, David Duchovny qui a rarement été plus convaincant qu’en agent du KGB fanatique, William Fichtner très bien en bras-droit loyal. On regrettera que l’apparition de Lance Henriksen au début, en amiral atteint d’emphysème, ne dure que quelques modestes minutes, car son face à face avec Harris vaut de l’or. « PHANTOM » n’a rien d’un grand film, mais il n’a rien de déshonorant non plus. Cela se laisse regarder avec un intérêt croissant, même si on peut se montrer circonspect devant ce très étrange épilogue flirtant avec le paranormal, sympathique en soi, mais qui n’a strictement aucun rapport avec le style du reste. Pas mal, disons…

ED HARRIS ET WILLIAM FICHTNER

 

« GEOSTORM » (2017)

GEOSTORMScénariste de « UNIVERSAL SOLDIER » ou « INDEPENDANCE DAY », Dean Devlin réalise avec « GEOSTORM » un film-catastrophe sur les ravages inévitables du réchauffement climatique, via une histoire de SF montrant un régulateur météorologique devenu hors-contrôle (saboté, plutôt) et semant la dévastation sur la terre.

Hormis des CGI souvent remarquables, des images de tsunamis en plein désert, de tribus afghanes congelées sur pied ou des buildings de Hongkong s’écroulant comme des dominos géants, le film est très basique, parfois infantile. Il y a un héros pur et dur joué par Gerard Butler chargé de sauver le monde, son petit frangin Jim Sturgess (ils sont fâchés) manipulé par les politiciens de Washington, un président des U.S.A. latino (Andy Garcia) qu’on soupçonne d’être le traître de service, quelques jolies filles maniant le flingue ou l’ordinateur et même, même, un petit chien menacé par un tremblement de terre et qui s’en sort in extremis. Oui, pas de doute, on est bien dans un vieux film-catastrophe remis au goût du jour des angoisses écologistes ! On ne s’ennuie pas vraiment, car « GEOSTORM » a eu le bon sens de ne pas durer trop longtemps et de ne pas s’éparpiller. Butler fait preuve de sa présence habituelle sans trop se fatiguer, Ed Harris fait de sporadiques apparitions en bras-droit du président, Garcia a étonnamment retrouvé l’intensité de ses débuts en « Mr President » autoritaire. D’excellents comédiens comme Richard Schiff ou Mare Winningham sont gaspillés dans de brefs et ineptes petits rôles. « GEOSTORM » délivre son message d’alarme sans finesse ni génie, mais le spectacle est bien là, les hantises apocalyptiques sont parfaitement illustrées par des images dantesques. À voir ou pas, selon l’humeur.

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GERARD BUTLER

 

« UNDER FIRE » (1983)

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GENE HACKMAN ET JOANNA CASSIDY

Il y eut dans les années 80, un cycle de films consacrés à l’expérience de journalistes européens ou américains confrontés à la guerre et perdant leur « innocence » en même temps que leur neutralité. Cela a débuté avec « LE FAUSSAIRE », s’est poursuivi avec « L’ANNÉE DE TOUS LES DANGERS », « UNDER FIRE », « LA DÉCHIRURE » et s’est achevé avec « SALVADOR ».FIRE copie

« UNDER FIRE » de Roger Spottiswoode, situé au Nicaragua (mais tourné au Mexique), met en place un triangle amoureux : le vieux reporter intègre (Gene Hackman), le photographe tête-brûlée (Nick Nolte) et une femme (Joanna Cassidy) tiraillée entre les deux hommes. Pour une fois, l’histoire d’amour ne parasite pas le scénario, mais l’enrichit par son traitement adulte et réaliste. D’ailleurs, le scénario dans son entier est un modèle d’intelligence, de rigueur et de pertinence. Au contact de la violence, de la misère, de l’injustice, Nolte va peu à peu prendre parti et utiliser son talent pour aider les révolutionnaires. Mais son geste désintéressé se retournera contre lui et surtout contre ceux qu’il voulait soutenir dans leur combat : les bons sentiments n’ont jamais fait bon ménage avec la guerre. Le personnage du mercenaire sans foi ni loi, joué par Ed Harris, est là pour rappeler à quoi ressemblent les professionnels de la guerre : des tueurs sans états d’âme, changeant de camp à la moindre alerte. Le film est passionnant de bout en bout, extrêmement physique et crédible. Les acteurs transpirent, trébuchent, n’ont rien de héros de cinéma. Ils font beaucoup pour la réussite quasi-totale de « UNDER FIRE ». Cassidy trouve son meilleur rôle, elle est d’une beauté fascinante. Hackman apparaît relativement peu dans un personnage largué par le monde moderne. Dans un rôle plus que trouble d’espion français narcissique et précieux, Jean-Louis Trintignant est remarquable de duplicité affable. Sa dernière scène est superbe ! Un grand film donc, que ce « UNDER FIRE », porté par une des plus belles BO de Jerry Goldsmith et une photo de John Alcott qui donne l’impression d’être hyperréaliste, tout en étant extrêmement soignée. À voir et revoir sans modération, c’est du grand cinéma.

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NICK NOLTE, JEAN-LOUIS TRINTIGNANT ET ED HARRIS

 

« DOS AU MUR » (2012)

Pas facile de chroniquer un film qui ne suscite qu’une seule envie : ne plus jamais en entendre parler après le générique de fin ! « DOS AU MUR » de Asger Leth se veut un suspense en « temps réel » autour d’un ex-flic évadé de prison pour laver son nom et perché pendant toute l’action sur la corniche d’un grand hôtel new-yorkais et menaçant de sauter.LEDGE.jpg

Le scénario est pompé à droite et à gauche, les clins d’œil à « UN APRÈS-MIDI DE CHIEN » (« Attica ! ») ou « MISSION : IMPOSSIBLE » sont très contreproductifs, puisqu’ils font ressortir la pauvreté du présent film, qui n’avait pourtant pas besoin de ça. Outre un dialogue d’une incroyable indigence, comme extrait d’un vieux téléfilm confit de lieux-communs, « DOS AU MUR » pâtit d’un casting uniformément incompétent, ou plutôt d’une direction d’acteurs inexistante. Pour preuve, Ed Harris acteur-type qu’on n’avait jamais vu mauvais, est ici consternant en méchant milliardaire émacié et grinçant haineusement des dents. Il fallait le faire ! On ne va pas s’étaler sur l’inexpressif Sam Worthington, sur Elizabeth Banks qui laisse son brushing jouer à sa place, sur le couple Jamie Bell-Genesis Rodriguez se voulant drôle et sexy ou sur le toujours assommant Edward Burns. Seul le vétéran William Sadler tire son épingle du jeu dans un rôle à tiroirs. Quant à Kyra Sedgwick en reporter au nom hispanique, on espère qu’elle a été bien rémunérée.

Rien de positif à dire sur « DOS AU MUR » hélas, qui n’est qu’une perte de temps sans raison d’être, un navet informe qu’on suit avec une sorte d’apathie incrédule. À fuir !

 

« JUSTE CAUSE » (1995)

JUST.jpgArne Glimcher n’a signé que trois longs-métrages, et rien n’approchant la brillante réussite de « JUSTE CAUSE », sur un sujet évoquant lointainement « LES NERFS À VIF ». Dans une ambiance de vieux Sud poisseux similaire au classique de J. Lee-Thompson, ce thriller psychologique accroche dès les premières images pour ne jamais lâcher prise.

Sean Connery, ex-avocat devenu prof de droit, se sent obligé de venir en aide à un jeune Noir (Blair Underwood) condamné à mort pour le meurtre atroce d’une fillette qu’il jure n’avoir pas commis. Malgré l’hostilité des flics locaux, et en particulier du brutal shérif Larry Fishburne, il va rouvrir l’enquête et découvrir la vérité. Ou tout du moins UNE vérité. Le scénario, tiré d’un roman, est admirablement agencé, laissant suffisamment d’indices pour qu’on puisse soupçonner les coups de théâtre à venir. Ce qui n’empêche pas les surprises ! Les extérieurs des Everglades sont admirablement exploités par la photo de Lajos Koltai et l’histoire se déroule sans accroc jusqu’à son dénouement cathartique. Connery le magnifique parvient à convaincre qu’il est un M. Tout le monde, ce qui – pour lui – n’est pas un mince exploit. Son œil pétille littéralement d’ironie et d’intelligence. Il a des face à face absolument saisissants avec Ed Harris, terrifiant (et méconnaissable !)  dans ce rôle de serial killer fou furieux. Rien que ces moments-là valent qu’on voie et revoie le film. Quels acteurs ! Autour d’eux, Fishburne tout en ambiguïté, Kate Capshaw qui a un peu de mal à exister, et des visages connus comme Ned Beatty, Kevin McCarthy et même la toute gamine Scarlett Johansson. « JUSTE CAUSE » est vraiment un grand thriller, comme sorti de nulle part, mais vieillissant à merveille et offrant à Sean Connery son ultime grand rôle à l’écran.

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SEAN CONNERY, ED HARRIS ET LARRY FISHBURNE