« LES JOUEURS » de John Dahl se calque sur le modèle des buddy movies, en suivant quelques jours de la vie d’un étudiant en droit accro au poker (Matt Damon) et de son copain-boulet (Edward Norton), un tricheur invétéré au comportement suicidaire qui vient de sortir de prison.
Sans doute faut-il s’intéresser un tant soit peu aux jeux de cartes pour s’enthousiasmer pour ce film trop centré sur les parties clandestines, les coups de théâtre assis autour d’une table, car même si « LES JOUEURS » est bien fait, on peine à se passionner, surtout pendant deux heures. L’intérêt principal provient du duo central : Damon excellent en addict qui tente vainement de lutter contre ses démons et de mener une vie normale et surtout Norton, formidable tête-à-claque et planche pourrie avec la mort aux trousses. Leurs interactions sont passionnantes, très bien dialoguées. Le reste de la distribution est moins convaincant. Si John Turturro en entremetteur sympathique et Martin Landau, magnifique en vieux juge empathique parviennent à donner chair à leurs rôles, les personnages féminins – Gretchen Mol et Famke Janssen – sont sacrifiés, voire franchement bâclés. Et que dire du numéro de cabotinage en roue-libre de John Malkovich incarnant « KGB » (sic) un requin du tapis à l’accent russe insupportablement exagéré ? « LES JOUEURS », comme la plupart des films de Dahl, n’est pas totalement inintéressant, mais il s’étale, se vautre parfois, dans une durée injustifiée et souffre d’une réalisation sans relief qui donne au bout du compte un film terre-à-terre qui ne parvient jamais à s’élever au-dessus de la simple anecdote. À voir éventuellement pour son casting imposant.