
LA PHOTO DE JANUSZ KAMINSKI DANS TOUTE SA SPLENDEUR
Prenant la suite de Raoul Walsh ou Sam Fuller, Steven Spielberg revisite le débarquement en Normandie de 1944 et, plus largement la WW2 dans son entier, avec ce qui semble être devenu le « film de guerre ultime » : « IL FAUT SAUVER LE SOLDAT RYAN » qui, pendant près de 3 heures, immerge dans l’horreur des combats.
L’ouverture du film, l’arrivée des G.I. sur les plages, est un hallucinant morceau de bravoure, dépeignant comme jamais auparavant l’extrême violence des affrontements. C’est une vision de l’enfer, avec ses membres arrachés, ses tripes à l’air, ses hurlements de douleur. Un morceau de cinéma terrassant qui vaut n’importe quel discours anti-guerre. Jusqu’à la bataille finale, tout aussi monstrueuse, le film décrit le trajet de quelques soldats chargés par le haut commandement de ramener un certain Ryan (Matt Damon) à sa mère qui vient de perdre ses trois autres fils. Menés par l’officier Tom Hanks, un M. Tout le monde au bord du SPT, ces hommes épuisés, à cran, vont traverser des zones de combat, se faire décimer, pour une mission qu’ils jugent absurde.
Narré en un long flash-back très malin (on ne sait pas jusqu’au dénouement qui est le vieillard qui se recueille sur les tombes au début), « IL FAUT SAUVER LE SOLDAT RYAN » est transcendé par une photo désaturée et ultra-réaliste de Janusz Kaminski, une parfaite harmonie dans le casting et les plus stupéfiantes scènes de bataille jamais filmées. On pourra trouver quelques longueurs de temps en temps, mais rien qui fasse décrocher ou qui abime le mouvement général. Outre Hanks parfait dans son meilleur rôle, on reconnaît de nombreuses futures vedettes comme Damon excellent dans le rôle-titre, Vin Diesel bien plus à sa place en second rôle qu’en tête d’affiche, Bryan Cranston en colonel manchot, Paul Giamatti, Tom Sizemore et surtout Barry Pepper remarquable en sniper. Nathan Fillion a une excellente scène dans le rôle du « faux » James Ryan, terrible et drôle à la fois.

TOM HANKS, MATT DAMON ET BARRY PEPPER
C’est un très grand film dont on peine à émerger après le mot « FIN », un des sommets de la carrière de son réalisateur et une image à la fois héroïque et lucide de l’abomination de la guerre.