Tourné plus de 40 ans après « LES PIRATES DU MÉTRO » (1974) dont il est le remake, « L’ATTAQUE DU MÉTRO 1 2 3 » de Tony Scott pourrait servir de sujet de thèse sur le bouleversement du cinéma U.S., en comparant les deux scénarios et l’esthétique des deux films.
La trame établie par Brian Helgeland suit fidèlement celle des seventies, mais elle est considérablement enrichie par des personnages plus approfondis, des situations plus complexes et des motivations très différentes pour détourner ce métro new-yorkais. En pleine possession de ses moyens, Scott maîtrise brillamment son filmage à multiples caméras, le montage aligne frénétiquement des plans de deux ou trois secondes à peine et il y a à peu près un effet visuel ou sonore par changement de plan. C’est éreintant, soûlant, mais impossible de détourner les yeux. Succédant au flic feignasse du film original, Denzel Washington campe un technicien courageux, mais pas totalement exempt de tout péché, ce qui rend ses confrontations téléphoniques avec le méchant John Travolta bien plus intéressantes. Celui-ci hélas, s’est fait un look impossible et poursuivait allègrement sa période « en roue libre » ce qui s’avère lassant à la longue. John Turturro est excellent en négociateur, James Gandolfini est parfait en maire mal-aimé et Luis Guzmán est un des pirates, à peine identifiable sous ses lunettes et son pansement au nez. Alors lequel des deux films est-il meilleur ? Le réaliste, cracra et linéaire du siècle dernier ou cette version années 2000 survoltée, truffée de chausse-trappes et de séquences d’action spectaculaires ? Difficile de trancher. Quoi qu’il en soit, la juxtaposition des deux films donne largement de quoi réfléchir sur l’évolution du cinéma populaire.