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Archives de Catégorie: LES FILMS DE ROMY SCHNEIDER

« CLAIR DE FEMME » (1979)

Inspiré d’un roman de Romain Gary, « CLAIR DE FEMME » est le 6ème et dernier film (si on compte le caméo de « SECTION SPÉCIALE ») que Costa-Gavras tourna avec Yves Montand. Il marque également les retrouvailles de celui-ci avec Romy Schneider, sa partenaire de « CÉSAR ET ROSALIE » sept ans plus tôt.

L’histoire est celle d’une nuit d’errance, celle d’un homme qui attend que sa femme, seule chez elle, se suicide pour abréger ses souffrances. Et sa rencontre avec Romy, qui a récemment perdu sa fille. Deux désespoirs qui s’accrochent l’un à l’autre, des rencontres pathétiques et sordides sur leur route. C’est extrêmement noir, le thème évoque parfois « LE DERNIER TANGO À PARIS ». Les deux vedettes, un peu vieillies, n’ont rien perdu de leur talent. Hélas, le dialogue est terriblement littéraire, tuant trop souvent la possibilité d’une émotion sincère. Montand est excellent, surtout dans ses moments de sombre dérision, elle comme toujours, est à fleur de peau. Mais quelque chose ne passe pas : ils parlent trop, s’analysent trop. Il y des séquences longues et pénibles (le music-hall avec le numéro de chiens, à se flinguer), d’autres sont riches et teintées de folie (la soirée russe), mais le film ne convainc qu’à 50%. Heureusement, Gavras a choisi de grandes pointures dans de petits rôles : Lila Kedrova en belle-mère fantasque, François Perrot extraordinaire, Romolo Valli et Heinz Bennent dans une courte séquence au téléphone. On reconnaît des débutants comme Jean Reno en képi et Roberto Begnini en barman volubile. « CLAIR DE FEMME » aurait probablement pu être un beau film, s’il s’était un peu plus éloigné de sa source romanesque, pour traduire en images la noirceur lyrique du texte. C’est dommage, mais il mérite d’être vu pour sa distribution.

ROMOLO VALLI, ROBERTO BEGNINI, YVES MONTAND, ROMY SCHNEIDER, FRANÇOIS PERROT ET LILA KEDROVA
 
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AUJOURD’HUI, ELLE AURAIT EU 84 ANS…

 

« CHRISTINE » (1958)

ROMY SCHNEIDER

Écrit et réalisé par Pierre Gaspard-Huit, d’après un roman d’Arthur Schnitzler, « CHRISTINE » est le 3ème film d’Alain Delon et marque sa rencontre avec la jeune star Romy Schneider. Ceci pour la petite histoire. Pour le reste, c’est un mélo poussiéreux aux décors de bonbonnière, situé en 1906 à Vienne.

Delon, séduisant officier, a pour maîtresse Micheline Presle une femme mariée à un vieux baron qu’elle cocufie allègrement. La jeune homme rencontre Romy, une virginale chanteuse, dont il tombe amoureux. Après moult chassés-croisés, l’affaire se résoudra tragiquement lors d’un duel suivi d’un suicide. Si le début évoque irrésistiblement les pâtisseries germaniques qui firent la gloire de la jeune comédienne, la suite s’assombrit progressivement sans que la réalisation change de style. « CHRISTINE » est mièvre, parfois ridicule, et si on parvient – difficilement – à rester jusqu’au bout, c’est pour voir ce « couple mythique du 7ème Art » (comme on dit) encore juvénile et balbutiant. Elle fraîche et au jeu appliqué, lui encore gauche et la voix mal posée. Mais ils forment effectivement un joli couple de jouvenceaux. Autour d’eux, Jean-Claude Brialy cabotine sans retenue en meilleur copain efféminé mais doté d’une fiancée, Presle est très bien en « couguar » venimeuse et François Chaumette apparaît en rival délateur. On ne sait trop que dire sur ce film d’un autre âge, pierre blanche de la carrière de Delon qui s’installait déjà comme tête d’affiche et jeune premier idéal des années 60. En tant que pièce de musée désuète, « CHRISTINE » vaut le coup d’œil, mais principalement pour les fans du jeune couple et les amateurs de l’œuvre de Schnitzler. Autrement, on peut largement s’en passer !

ALAIN DELON ET MICHELINE PRESLE
 

« L’IMPORTANT C’EST D’AIMER » (1975)

ROMY SCHNEIDER

« L’IMPORTANT C’EST D’AIMER » a plus de 40 ans. C’est une co-production franco-italienne réalisée par le Polonais Andrzej Zulawski et qui rencontra des critiques très partagées à sa sortie.

Situé dans l’univers plus que sordide des partouzes, des pornos bien crades tournés à la sauvette, des maîtres-chanteurs abjects et des théâtreux hystériques, le film entraîne dans un monde sombre et malsain, pour mieux façonner une histoire d’amour qui, après des débuts insurmontables dans les ténèbres humaines, jaillira enfin au grand jour, en plein soleil. Porté par la BO frénétique de Georges Delerue, la photo crue de Ricardo Aronovich et la caméra à l’épaule en mouvement permanent de Zulawski, le film a gardé sa force, il révulse autant qu’il fascine, soûle autant qu’il émeut. C’est pour Romy Schneider, marquée par la vie, sans maquillage, le rôle qui la résume et la transcende. Une actrice ratée, qui a tourné des pornos, mais qui a préservé son âme envers et contre tout. Face à elle Jacques Dutronc, poignant et méprisable, joue son mari loser et dépressif, Fabio Testi (au jeu hélas, un peu abîmé par le doublage) est bien distribué en photographe nageant en eaux troubles, prêt à tout pour s’extirper de la fange. Les seconds rôles sont magnifiques du premier au dernier : Klaus Kinski en acteur maniéré et violent, prodigieux Richard III sur scène, Claude Dauphin génial en usurier shakespearien et mégalomane, Gabrielle Doulcet jouant sa femme faussement gâteuse, et aussi Roger Blin, Michel Robin, Guy Mairesse, il faudrait citer tout le monde. Le film a pris quelques rides, certaines séquences – particulièrement les tête à tête entre Testi et Schneider – sont souvent ratées et maladroites. Mais impossible de nier l’impact et le furieux désespoir de « L’IMPORTANT C’EST D’AIMER », véritable cauchemar suffocant, où la réalité est constamment mise en miroir avec les films ou les pièces dont on voit des extraits. Le tout dernier plan est sublime.

KLAUS KINSKI, FABIO TESTI, JACQUES DUTRONC, ROMY SCHNEIDER ET CLAUDE DAUPHIN
 

« FANTÔME D’AMOUR » (1981)

ROMY SCHNEIDER

« FANTÔME D’AMOUR » est un film tout à fait atypique dans l’œuvre de Dino Risi qui s’essaie au fantastique et même, par moments, à l’horreur, sans injecter un iota d’humour dans son scénario.

Marcello Mastroianni, bourgeois tranquille, marié sans amour à une maîtresse-femme plus âgée que lui, revoit par hasard une femme (Romy Schneider) qu’il aima il y a 20 ans, aujourd’hui devenue vieille et laide. De rencontres en révélations, de retrouvailles en mystères, il va la revoir, subitement rajeunie et rayonnante. Des assassinats se produisent, liés au passé de la jeune femme. Est-elle morte il y a trois ans comme tout le monde le pense ? Est-elle un fantôme revenu se venger ? L’histoire se tient plus ou moins, mais le charisme du duo de vedettes, la photo brumeuse de Tonino Delli Colli et la BO poignante de Riz Ortolani, parviennent à immerger le spectateur dans cette fable romantique sur la passion inassouvie, les regrets et la vieillesse qui guette. Pourtant, on sent l’auteur mal à l’aise dans cet univers plus volontiers anglo-saxon qu’italien : la longue séquence avec le prêtre sosie de Nosferatu, atrocement incarné par Michael Kroecher, est complètement grotesque et aurait dû être coupée au montage et, dans l’ensemble, le dialogue est trop explicatif et terre-à-terre, ne laissant pas parler les images. Malgré tout, l’envoûtement est là et l’émotion jaillit quand on ne l’attend pas, dans un sourire de Romy et des yeux embués de Marcello. Ils forment un duo improbable, mais étonnamment crédible et le maquillage vieillissant de l’actrice est une grande réussite avec ses cheveux gras, sa peau parcheminée et ses dents noircies. « FANTÔME D’AMOUR » est une œuvre imparfaite, parfois lourde, mais certaines scènes sont inoubliables, comme cette balade en barque sur ce qui ressemble bien au Styx et ces retrouvailles nocturnes à la fin, à la lueur jaunâtre des réverbères. À voir, ne serait-ce que par curiosité.

MARCELLO MASTROIANNI ET ROMY SCHNEIDER
 

« LE PROCÈS » (1962)

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ANTHONY PERKINS, ROMY SCHNEIDER ET AKIM TAMIROFF

Adapté du roman de Franz Kafka par Orson Welles, filmé en Croatie, à Rome et à la gare d’Orsay à Paris, « LE PROCÈS » est une production française tournée en anglais.PROCÈS.jpg

Anthony Perkins est un quidam accusé d’on ne sait trop quoi, qui s’enfonce dans les méandres bourbeux d’un système judiciaire tentaculaire et absurde auquel il ne comprend rien. Avec son beau noir & blanc d’Edmond Richard, ses décors industriels angoissants, sa BO stressante, le film avait tous les atouts pour s’inscrire parmi les chefs-d’œuvre de Welles. S’il démarre très bien et parvient à immerger instantanément dans son univers suffocant et irrationnel, « LE PROCÈS » s’avère d’une monotonie et d’une lenteur soporifiques. Étrange sensation que d’admirer une œuvre tout en ayant du mal à garder les yeux ouverts ! On passe le temps à ressentir l’atmosphère, à suivre Perkins, au jeu plein de nuances, et surtout à reconnaître des visages familiers comme Welles lui-même en avocat tout-puissant, malade imaginaire, Jeanne Moreau en danseuse maussade qui n’apparaît que dans la première partie, Akim Tamiroff en client obséquieux, ou Suzanne Flon, Michel Lonsdale, Jess Hahn et les beaux visages d’Elsa Martinelli et d’une jeune Romy Schneider en assistante/infirmière très peu farouche. Elle est d’ailleurs la seule à vraiment tirer son épingle du jeu. À voir donc « LE PROCÈS » dans la perspective de la filmographie erratique d’Orson Welles et parce que les adaptations de Kafka au cinéma ne sont pas légion. Mais inutile de se mentir : malgré tout le respect dû au « Citizen Kane », malgré l’ambition du projet, il faut se préparer à s’ennuyer. À BEAUCOUP s’ennuyer !

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ANTHONY PERKINS, ROMY SCHNEIDER ET AKIM TAMIROFF

 

« MADO » (1976)

Situé dans l’œuvre de Claude Sautet entre deux de ses meilleurs films : « VINCENT, FRANÇOIS, PAUL… ET LES AUTRES » et « UNE HISTOIRE SIMPLE », « MADO » n’est pas un opus aussi facile à aimer. Il n’a rien d’un ratage, mais sa vision du monde, des relations humaines et de l’avenir est sombre, âpre et sans espoir. Le dialogue, qui plus est, ne possède délibérément pas la grâce de ceux précédemment signés Dabadie.

Le scénario suit quelques jours de la vie de Michel Piccoli, business man qui s’est enrichi dans l’immobilier et qui, à cause d’un associé indélicat, voit se profiler la ruine. Il va devoir employer les méthodes de ceux qu’il méprise le plus pour s’en sortir, y laissant quelques-unes de ses dernières illusions en route, sur le monde et sur lui-même. Dès le début, il est clair que les magouilles, les trafics, les explications concernant les montages financiers frauduleux prennent infiniment trop de place au détriment de celle qui donne son titre au film, à savoir Ottavia Piccolo. Jouant une jeune chômeuse obligée de se prostituer pour survivre, elle incarne une jeunesse à la dérive, qui n’a que faire de la morale et qui n’a pour exemple que des quinquagénaires corrompus, obsédés par l’argent. Mais Sautet ne fait que survoler la relation de ses deux protagonistes et développe des seconds rôles caricaturaux comme Julien Guiomar, sorte de gangster de série B à peine crédible ou le vieux papa de Piccoli (Jean-Paul Moulinot) personnage périphérique un peu trop envahissant. Mais l’auteur a du talent à revendre et plusieurs séquences sont magnifiques, dignes de ses plus belles heures. Et il a réuni une distribution éblouissante, allant de Jacques Dutronc à Claude Dauphin, en passant par Nathalie Baye, Bernard Fresson (l’espace de quelques secondes), Michel Aumont, le toujours génial Charles Denner en escroc sympathique, Jean Bouise dans un rôle à peine esquissé. Sans oublier Romy Schneider qui apparaît dans trois petites scènes en ex de Piccoli ravagée par l’alcool. Et qui s’appelle « Hélène » comme dans « LES CHOSES DE LA VIE » ! Seule la vision des jeunes chômeurs jugeant leurs aînés sans indulgence, paraît moins spontanée, moins intéressante. Omniprésent, tourmenté et coléreux, Piccoli joue une continuation de son rôle dans « VINCENT, FRANÇOIS, PAUL… ET LES AUTRES » sans aucune concession à la sympathie ou à l’émotion facile. Les bistrots, les gueulantes, les phrases inachevées, les Gitanes sans filtres, les bagnoles, les compromis de l’âge mûr, la BO de Philippe Sarde, aucun doute on est bien dans un Sautet. Peut-être pas le plus attachant, mais le plus ancré dans le réel, à voir absolument.

À noter : peu de temps avant sa mort, Claude Sautet a refait le montage du film, inversant des scènes, coupant des répliques, des séquences entières, jusqu’à lui ôter plus de dix minutes. C’est la version originelle qui est chroniquée ici.

JACQUES DUTRONC, OTTAVIA PICCOLO, MICHEL PICCOLI, CHARLES DENNER ET ROMY SCHNEIDER
 

« MAX ET LES FERRAILLEURS » (1971)

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MICHEL PICCOLI

Adapté d’un roman de Claude Néron par Claude Sautet et Jean-Loup Dabadie, « MAX ET LES FERRAILLEURS » mixe deux inspirations de l’œuvre de Sautet : le polar noir et l’étude de caractères et de milieu.MAX.jpg

Le scénario suit les méandres d’une manipulation infernale, ourdie par un policier (Michel Piccoli) obsédé par le « flag » et prêt à littéralement inventer un hold-up pour en arrêter les coupables. Pour cela, il manipule un ex-copain de régiment (Bernard Fresson) par le biais de son amie prostituée (Romy Schneider) et bien sûr, cela finira dans le sang. Ce qui fascine avant tout dans ce film étrange et étouffant, c’est le portrait de ce flic au physique de croque-mort, obnubilé par sa mission, jusqu’à en devenir pervers, malsain et odieux. À côté de lui, la petite bande de voleurs amateurs a l’air sympathique et chaleureuse. C’est toute l’ambiguïté de ce film complexe qui démonte les mécanismes d’une enquête criminelle, jusqu’à en révéler l’absurdité. C’est un des meilleurs rôles de Piccoli, vraiment habité, qui ne deviendra humain qu’à la toute fin, quand subitement libéré de son obsession, il laissera parler ses sentiments. Mais bien trop tard et de bien excessive manière. Autour de lui, Romy est rayonnante et étonnamment crédible en « tapineuse », Fresson est superbe en voleur minable mais charismatique, si facile à manœuvrer, François Périer est comme toujours remarquable en flic de banlieue patelin et roué. Parmi les petits rôles, des visages connus comme Bobby Lapointe en brute épaisse ou Philippe Léotard en inspecteur discret. « MAX ET LES FERRAILLEURS » n’est pas tout à fait un polar, mais il en adopte la mécanique et les rouages. Qu’est-ce, au fond ? Une des histoires d’amour les plus tortueuses et improbables qu’il soit donné de voir ? Ou une charge sur ce que le job de flic peut emmener des hommes à faire, sans souci des dommages collatéraux ? Passionnant, en tout cas !

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ROMY SCHNEIDER, MICHEL PICCOLI ET BERNARD FRESSON

 
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AUJOURD’HUI, ELLE AURAIT EU 80 ANS…

ROMY 80

 

« LE VIEUX FUSIL » (1975)

VIEUXIl n’est pas toujours évident de définir ce qui rend un film « parfait », indémodable et incritiquable, d’autant plus qu’on ne tombe pas dessus aussi fréquemment qu’on le souhaiterait. L’alchimie se produit parfois de façon inattendue. Ainsi, « LE VIEUX FUSIL », aujourd’hui considéré de façon unanime comme un indiscutable classique du cinéma français, aurait pu n’être qu’un film de guerre mâtiné de « vigilante movie » et ne pas perdurer.

Mais Robert Enrico a eu l’idée géniale de proposer le rôle de l’épouse assassinée d’un chirurgien provincial à Romy Schneider.  L’ossature de l’histoire est la vengeance implacable et quasi-westernienne de Philippe Noiret suite au massacre de sa famille par les nazis. Mais le cœur du film est l’improbable love story entre ce bourgeois replet et cette femme libérée et « trop belle pour lui ». Le mélange entre le présent situé à Montauban pendant la débâcle allemande et les flash-backs non-chronologiques, se fait avec une harmonie sans faille. Et l’émotion est décuplée quand on assiste au coup de foudre de Noiret avant la guerre, alors qu’on sait déjà comment finit cette union, dans les larmes et le souffle brûlant du lance-flammes. Tout fonctionne dans « LE VIEUX FUSIL ». Du scénario, simple et sans fausse pudeur devant les sentiments les plus basiques, jusqu’à la musique de François de Roubaix qui est pour beaucoup dans l’incroyable portée émotionnelle qui se dégage de ces images. Alors qu’elle n’apparaît que dans des scènes assez brèves et finalement plutôt rares, Romy Schneider trouve un de ses rôles les plus emblématiques. Elle est resplendissante, à fleur de peau et bien sûr, terriblement tragique. Noiret offre également une de ses meilleures prestations, porté par la profondeur du drame. On lui pardonne quelques tics de jeu récurrents, tant il surprend au cours de l’action. Autour du duo, on est heureux de retrouver l’irremplaçable Jean Bouise dans son emploi de « meilleur ami » et on reconnaît Antoine Saint-John (« IL ÉTAIT UNE FOIS LA RÉVOLUTION ») en soldat allemand. « LE VIEUX FUSIL » n’a pas pris une ride et provoque la même émotion qu’à sa sortie il y a quatre décennies.

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ROMY SCHNEIDER ET PHILIPPE NOIRET