La légende de Wyatt Earp a souvent été adaptée à l’écran et John Sturges en avait donné sa version avec « RÈGLEMENT DE COMPTES À OK-CORRAL », film imparfait, mais entré dans l’anthologie du genre en 1957. Dix ans plus tard, le réalisateur revient à la légende en tentant cette fois de coller davantage aux faits réels. Quelle drôle d’idée, quand son premier essai avait tellement marqué les esprits !
« 7 SECONDES EN ENFER » démarre par le célèbre duel, alors que la plupart des autres films s’achevaient par celui-ci. Le scénario explore les représailles des Clanton contre les Earp suivies de la vengeance de Wyatt après la mort d’un de ses frères. Il y a beaucoup de bla-bla, des scènes de procès inertes, des magouilles politiques sans grand intérêt, avant d’entrer dans le vif du sujet. Mais il est hélas, trop tard. En choisissant de ne pas mythifier les protagonistes, Sturges les a rendus non pas plus réels, mais falots et ennuyeux. James Garner, qu’on aime ironique et pétillant, incarne un Earp impassible, psychorigide, pour tout dire franchement antipathique. Jason Robards est un Doc usé avant l’âge, qui s’efforce de défendre un dialogue illogique dans sa bouche : il incarne la mauvaise conscience du marshal en lui reprochant sans arrêt de ne plus respecter la loi, d’agir comme un vigilante. Difficile de trouver une cohérence là-dedans ! Robert Ryan est sous-utilisé en Clanton constamment en colère et les petits rôles manquent de relief, y compris le tout jeune Jon Voight en pistolero ricanant. On notera que les femmes ou compagnes des deux héros n’existent carrément pas, sans pour autant qu’on ne ressente la moindre ambiguïté entre eux, contrairement à la relation plus que trouble entre Douglas et Lancaster dans le premier Sturges. « 7 SECONDES EN ENFER » n’est pas mal fait, mais la vie n’y pénètre jamais, pas un instant. Ces événements qu’on connaît maintenant par-cœur, on préférera les revoir dans l’autrement plus efficace « TOMBSTONE » ou même dans le moins flamboyant « WYATT EARP ».