En 1945, David Lean tournait « BRÈVE RENCONTRE » adapté d’une pièce de Noël Coward, et contant l’histoire d’amour avortée entre un homme et une femme, tous deux mariés.
Presque 30 ans plus tard, Alan Bridges en tourna un remake, également intitulé « BRÈVE RENCONTRE » et qui est… une aberration absolue. Alors que les protagonistes étaient censés être des individus ternes et banals, de simples banlieusards sans histoire, la nouvelle mouture remplace Trevor Howard et Celia Johnson par Richard Burton et Sophia Loren ! Autrement dit, deux des plus belles et charismatiques superstars de leur époque. On a envie de sourire en voyant les efforts effectués par le réalisateur, pour atténuer le charme de ses têtes d’affiche, les rendre accessibles, comme des anonymes qu’on croise dans le train. Comment accepter que Loren soit une assistante sociale et mère de famille, une petite bourgeoise effacée ? Et comment croire que Burton, avec sa gueule boucanée, son bronzage de star soit un petit docteur timide et pusillanime ? C’est rigoureusement impossible et le film en perd toute raison d’être. Le scénario est d’un ennui terrible, les séquences sont statiques, ressassent les mêmes dialogues, brassent la culpabilité, les remords, comme une litanie sans fin. Bien sûr, les vedettes connaissent leur métier et Loren, malgré le contremploi, est toujours aussi photogénique. Mais Burton s’ennuie ostensiblement, garde la tête constamment baissée, marmonne ses répliques et attend que ça se passe. Seul Jack Hedley donne une prestation crédible en époux taiseux et peu communicatif. « BRÈVE RENCONTRE » fait partie de ces remakes inutiles, redondants, produits dans le seul but de réunir deux stars. Mais cela ne prend pas et le mot « FIN » apparaît comme un soulagement.
À noter : Loren et Burton s’étaient déjà croisés la même année dans « LE VOYAGE » de Vittorio De Sica, pour un bien meilleur résultat.