« L’ ART DU MENSONGE » de Bill Condon offre comme principal intérêt de dérouler un scénario truffé de coups de théâtre, de chausse-trappes et de volte-face narratives, sans craindre les ruptures de ton et sans éviter la confusion par moments.
Ian McKellen et Jim Carter, deux vieux complices, passent leur temps à escroquer des victimes qu’ils dépouillent sans le moindre scrupule de leur fortune. Ce premier tiers tient de la comédie policière irrévérencieuse et plaisante montre un McKellen octogénaire en pleine forme. Quand il décide de s’en prendre à la fortune d’une veuve (Helen Mirren), le ton devient plus sérieux, les relations plus profondes. Et quand le couple part en voyage à Berlin, le film bifurque brutalement dans tout à fait autre chose. C’est donc assez déroutant de se retrouver en Allemagne et de replonger dans la WW2 par le truchement de flash-backs sur le passé des deux protagonistes et un drame jamais résolu. On met un moment à s’habituer à cette déviation qui donne, évidemment, une tout autre dimension au scénario, et de nouvelles facettes au gentil tandem de seniors. Tout le monde ment, tout le monde cherche à gruger tout le monde et le spectre du nazisme flotte au-dessus de nos têtes, sans que rien ne nous y ait préparés. On reste suspendu au dénouement, bien sûr, mais avec l’étrange sensation d’avoir été arnaqués par les auteurs qui opèrent un virage en épingle à cheveux qui semble bien arbitraire. Mais les acteurs sont impeccables, de McKellen en salaud intégral dépourvu de la moindre empathie, sous ses dehors de papy élégant à Mirren – un peu trop « rajeunie » – dans un rôle à facettes dont elle maîtrise toutes les nuances. Carter est savoureux, comme toujours. À voir donc, ce film en poupées gigogne, pas totalement rigoureux, mais nullement déplaisant.