Henry Silva, qui vient de disparaître à l’âge de 95 ans, fut une des « gueules » les plus inquiétantes du cinéma U.S. et européen des sixties et un membre actif du Rat Pack (la bande de noceurs de Frank Sinatra).
Il débute pourtant très sérieusement à l’Actors Studio puis à l’écran en peone affrontant Marlon Brando dans une scène de « VIVA ZAPATA ! », où il arbore curieusement un faux nez. Par la suite, Silva consacre sa carrière à des rôles de bad guys plus ignobles les uns que les autres : l’homme de main sadique dans « LE TRÉSOR DU PENDU », « L’HOMME DE L’ARIZONA » ou « VIOLENCE AU KANSAS », le dealer dans « UNE POIGNÉE DE NEIGE », l’Indien traqué (mais innocent, c’est assez rare pour le noter !) de « BRAVADOS », le très méchant indigène de « VERTES DEMEURES », le frère indigne de… Jerry Lewis dans « CENDRILLON AUX GRANDS PIEDS », le serviteur coréen karatéka dans « UN CRIME DANS LA TÊTE », un des braqueurs de « L’INCONNU DE LAS VEGAS » avec la bande à Sinatra au grand complet, un héroïque officier dans « LE TÉLÉPHONE ROUGE », le taulard qui étouffe un bébé en voulant le faire taire dans « L’INVASION SECRÈTE ». Il connaît un succès éphémère grâce à la série B « LA REVANCHE DU SICILIEN » dans le rôle de Johnny Cool, tueur télécommandé par un vieux parrain afin d’assouvir une vendetta. Silva tient ensuite le rôle-titre du détective japonais dans « THE RETURN OF MR. MOTO », mais retombe dans les seconds rôles, tels l’Indien dans « LES 3 SERGENTS » et part en Italie et en France où son visage à la Jack Palance est très demandé. Il est un tueur vêtu de noir dans le spaghetti western « DU SANG DANS LA MONTAGNE », un malfrat dans « FRISSONS GARANTIS », un espion dans « MISSION TOP SECRET », un flic brutal dans « CE SALAUD D’INSPECTEUR STERLING ». Il joue les porte-flingues sans état d’âme dans « LE BOSS » et « KILLER vs. KILLER ». En France, il campe encore un hitman dans « JE VOUS SALUE, MAFIA », le braqueur de « L’INSOLENT », un trafiquant de cigarettes dans « LES HOMMES », l’ennemi juré de Bébel dans « LE MARGINAL ». À noter que Silva y joue un truand… corse ! Il retourne aux U.S.A. pour camper un chasseur dans « L’INCROYABLE ALLIGATOR », un tueur à gages dandy dans « AVEC LES COMPLIMENTS DE… CHARLIE », un clone de Kadhafi dans « MEURTRES EN DIRECT ». On le revoit régulièrement, à peine changé physiquement, en bandido pour rire dans « LUST IN THE DUST », en plouc lyncheur dans « LE VILLAGE DE LA MORT », pour la dernière fois au sein du Rat Pack dans « CANNONBALL 2 », en bourreau sadique dans « NICO », en mafioso latino dans « SALE TEMPS POUR UN FLIC » en malfrat rendu méconnaissable par un masque au latex dans « DICK TRACY », en chef de la police dans le pastiche « LE SILENCE DES JAMBONS ». Henry Silva est le grand prêtre perruqué de « ALLAN QUARTERMAIN ET LA CITÉ DE L’OR PERDU », le bad guy dans « THE HARVEST ». On l’aperçoit même chez Wenders, dans « THE END OF VIOLENCE » dans le rôle de Juan Emilio et chez Jarmush, en caïd amateur de cartoons dans « GHOST DOG : LA VOIE DU SAMOURAÏ », dans le rôle de Ted Markham dans « UNCONDITIONAL LOVE ». Silva a trouvé le rôle de sa vie dans « L’ANTIGANG » de Burt Reynolds, où il incarne Billy Score, tueur drogué et spectral qui a tellement absorbé de cocaïne et autres drogues diverses, qu’il est insensible aux balles. Grand numéro ! Quinze ans plus tard, Silva apparaît dans « MAD DOGS » en garde du corps, qui explose de rire au moment de se faire tuer. Et c’est à nouveau le même Reynolds qui se charge de la tâche !
À la TV, on le voit en tueur à gages dans deux « ALFRED HITCHCOCK PRÉSENTE », en bootlegger dans « LES INCORRUPTIBLES », en avocat indien dans « LA GRANDE CARAVANE », en magicien dans « THRILLER », en général Sud-Américain dans « AU-DELÀ DU RÉEL », en monte-en-l’air dans « SWITCH », en rebelle hindou (encore…) dans « ROD SERLING’S NIGHT GALLERY », en flic cinéphile dans « CONTRACT ON CHERRY STREET », son unique rôle comique, encore aux côtés de Sinatra !