« QUELLE JOIE DE VIVRE » est le second des quatre films que René Clément tourna avec Alain Delon. Et il s’avère aussi peu connu qu’il est incongru dans la filmo des deux hommes. C’est une copro italo-française, mais 100% reliée à l’Histoire de l’Italie, puisqu’il décrit la lutte, en 1922, entre les fascistes, bientôt au pouvoir, et les anarchistes.
Contre toute attente, c’est une comédie, elle dure deux heures et désarçonne du début à la fin. Par amour pour une jolie fille (Barbara Lass), le naïf et fougueux Delon s’immisce dans une famille d’imprimeurs anarchistes qu’il était censé trahir, mais à laquelle il s’attache. Le reste est un véritable vaudeville avec ses quiproquos, ses malentendus, ses énormes ficelles. Le comique n’a jamais convenu à Delon qui s’agite beaucoup, fait des mines et joue les timides, face à de vieux routiers italiens comme Gino Cervi en patriarche bonhomme, Paolo Stoppa en infâme barbier délateur et dans de petits rôles : Ugo Tognazzi barbu, en poseur de bombes au langage inintelligible et Gastone Moschin en prêtre. On reconnaît même Clément lui-même en général français dans quelques plans. La jeune Miss Lass est bien mignonne et joue parfaitement les oies blanches facilement grugée par Delon qui se fait passer pour un leader anarchiste légendaire. La comédie est forcée de bout en bout – après tout, le sujet ne prête pas spécialement à rire – et le ton oscille entre la pantalonnade désordonnée et le (discret) pamphlet antifasciste. On se demande vraiment ce qui a pu attirer Clément dans un tel projet, complètement à part du reste de sa carrière et s’achevant dans une avalanche de gags ridicules autour de bombes laissées au milieu de la foule. Qui a bien pu trouver ça drôle ? Même à l’époque…