En 1951, Billy Wilder tournait « LE GOUFFRE AUX CHIMÈRES », charge extraordinairement prémonitoire contre les médias et le voyeurisme morbide du public. Quatre décennies plus tard, Costa-Gavras en signe un quasi-remake avec « MAD CITY », décrivant la curée autour d’une minable prise d’otages dans un musée californien.
Hélas, et dès le début, quelque chose ne fonctionne pas dans ce scénario. Le forcené d’abord, est un débile léger totalement dépassé par la tempête qu’il a déclenchée, et John Travolta n’est pas très convaincant, tout en mimiques enfantines et en tics de jeu. Face à lui, Dustin Hoffman semble ne pas assumer l’ignominie de son personnage de journaliste prêt à tout pour un scoop. À l’inverse de Kirk Douglas chez Wilder, il lui trouve des excuses, insiste sur ses scrupules, et laisse le mauvais rôle à Alan Alda, son collègue sans foi ni loi. Cela affaiblit la confrontation avec Travolta, désamorce une bonne partie du suspense et déséquilibre le film tout entier. À l’arrivée, on se fiche de ce qui peut bien arriver à l’un comme à l’autre, et on est beaucoup plus intéressé par la jeune stagiaire aux dents longues (ravissante Mia Kirschner) et la directrice du musée (Blythe Danner) dont le rôle est hélas, sous-écrit. De bons seconds rôles, outre Alda excellent comme toujours en ordure totale, Ted Levine en shérif pas bien malin et Raymond J. Barry en agent du FBI venu pour tuer. Avec son scénario pied-de-plomb, son sous-texte « social » trop ou trop peu développé, ses clichés, « MAD CITY » ne fait pas partie des meilleurs films de Costa-Gavras qui, même lors de sa carrière américaine, s’est montré autrement plus inspiré. C’est truffé de temps-morts, de longueurs, prévisible de A jusqu’à Z et, au bout du compte, inefficace. Dommage…
À noter : le réalisateur John Landis apparaît dans un rôle minuscule de médecin. Il refera une apparition similaire huit ans plus tard dans un autre film, français cette fois, de Costa-Gavras : « LE COUPERET ».