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Archives Mensuelles: janvier 2020

« MAD CITY » (1997)

MADEn 1951, Billy Wilder tournait « LE GOUFFRE AUX CHIMÈRES », charge extraordinairement prémonitoire contre les médias et le voyeurisme morbide du public. Quatre décennies plus tard, Costa-Gavras en signe un quasi-remake avec « MAD CITY », décrivant la curée autour d’une minable prise d’otages dans un musée californien.

Hélas, et dès le début, quelque chose ne fonctionne pas dans ce scénario. Le forcené d’abord, est un débile léger totalement dépassé par la tempête qu’il a déclenchée, et John Travolta n’est pas très convaincant, tout en mimiques enfantines et en tics de jeu. Face à lui, Dustin Hoffman semble ne pas assumer l’ignominie de son personnage de journaliste prêt à tout pour un scoop. À l’inverse de Kirk Douglas chez Wilder, il lui trouve des excuses, insiste sur ses scrupules, et laisse le mauvais rôle à Alan Alda, son collègue sans foi ni loi. Cela affaiblit la confrontation avec Travolta, désamorce une bonne partie du suspense et déséquilibre le film tout entier. À l’arrivée, on se fiche de ce qui peut bien arriver à l’un comme à l’autre, et on est beaucoup plus intéressé par la jeune stagiaire aux dents longues (ravissante Mia Kirschner) et la directrice du musée (Blythe Danner) dont le rôle est hélas, sous-écrit. De bons seconds rôles, outre Alda excellent comme toujours en ordure totale, Ted Levine en shérif pas bien malin et Raymond J. Barry en agent du FBI venu pour tuer. Avec son scénario pied-de-plomb, son sous-texte « social » trop ou trop peu développé, ses clichés, « MAD CITY » ne fait pas partie des meilleurs films de Costa-Gavras qui, même lors de sa carrière américaine, s’est montré autrement plus inspiré. C’est truffé de temps-morts, de longueurs, prévisible de A jusqu’à Z et, au bout du compte, inefficace. Dommage…

À noter : le réalisateur John Landis apparaît dans un rôle minuscule de médecin. Il refera une apparition similaire huit ans plus tard dans un autre film, français cette fois, de Costa-Gavras : « LE COUPERET ».

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MIA KIRSCHNER, DUSTIN HOFFMAN ET JOHN TRAVOLTA

 

ROBERT SAMPSON : R.I.P.

SAMPSON

ROBERT SAMPSON (1933-2020), SECOND RÔLE DE TV DES ANNÉES 60 ET 70.

 
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Publié par le 30 janvier 2020 dans CARNET NOIR

 

HARRIET FRANK, JR. : R.I.P.

FRANK

HARRIET FRANK, JR. (1923-2020), GRANDE SCÉNARISTE QUI TRAVAILLA FRÉQUEMMENT POUR MARTIN RITT ET SIGNA PLUSIEURS CLASSIQUES

 
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Publié par le 30 janvier 2020 dans CARNET NOIR

 

AUJOURD’HUI, IL A 90 ANS…

HACKMAN

RETRAITÉ DEPUIS 16 ANS APRÈS AVOIR TOURNÉ PRÈS DE 100 FILMS, LE GRAND GENE HACKMAN N’A JAMAIS ÉTÉ REMPLACÉ.

 

« SHORT CUTS – LES AMÉRICAINS » (1993)

SHORT.jpgInspiré des écrits de Raymond Carver, « SHORT CUTS » (oublions le stupide sous-titre français) est en quelque sorte l’œuvre-somme de Robert Altman qui, sur trois heures, signe son meilleur film « choral » et fait preuve d’une maestria narrative inouïe.

Impossible de résumer « SHORT CUTS », difficile de le classifier. C’est une mosaïque imposante sur le quotidien de quelques habitants disparates de L.A., des individus d’apparence « normale », voire banale, qui au fur et à mesure qu’on apprend à mieux les connaître, apparaissent pour ce qu’ils sont : des monstres d’égoïsme, d’égocentrisme, de veulerie, des obsédés sexuels, des frustrés, des parents incapables d’amour, des losers effrayés par la solitude, des jaloux obsessionnels, des harceleurs, etc. Non, l’Humanité dépeinte par Altman n’a pas grand-chose d’humain et le film aurait tout aussi bien s’intituler « Les nouveaux monstres ». Mais c’était déjà pris ! Les gens se croisent, se retrouvent, tout le monde est relié d’une manière directe ou indirecte et la vie va, avec ses mesquineries, ses trahisons, jusqu’à la tragédie. Car on ne sort par indemne de ces quelques jours à L.A. : un enfant meurt, deux jeunes femmes perdent également la vie, dans l’indifférence presque générale. C’est à la fois brillant et totalement déprimant et on en ressort vraiment lessivé. Dans une distribution de rêve, on retiendra surtout Jack Lemmon, d’une souriante abjection, Julianne Moore, Madeleine Stowe et Frances McDormand dont la nudité fréquemment exposée n’a pourtant rien d’affriolant (c’est dire si le film atteint sa cible !), et puis Fred Ward en mâle « all american » insupportable, Annie Ross extraordinaire en vieille chanteuse de jazz sans cœur, Tim Robbins en flic chaud-lapin, Lily Tomlin et Tom Waits en vieux couple de pochtrons, et aussi Andie McDowell… Il faudrait tous les citer et ils sont très nombreux ! Un beau morceau de cinéma donc que « SHORT CUTS », un des chefs-d’œuvre de son réalisateur dont le style singulier est arrivé à maturité. Mais il faut s’attendre à un arrière-goût amer. TRÈS amer !

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JULIANNE MOORE, JACK LEMMON ET FRANCES McDORMAND

 

MARJ DUSAY : R.I.P.

MARJ DUSAY, BELLE ACTRICE DE TV DES ANNÉES 70.

MARJ DUSAY (1936-2020), BELLE ACTRICE DE TV DES ANNÉES 70.

 
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Publié par le 29 janvier 2020 dans CARNET NOIR

 

« LE COUPERET » (2005)

COUPERET.jpgInspiré d’un roman de Donald Westlake, réalisé par Costa-Gavras, « LE COUPERET » est un film au point de départ « policier » (un chômeur longue durée assassine méthodiquement ses potentiels concurrents pour obtenir un poste qu’il convoite) mais qui n’est que prétexte à décrire sans faux-fuyant le monde du travail de 2005, à trois ans de la crise qui bouleversa la planète.

Tourné en Lorraine et en Belgique, le film est âpre, lucide, implacable dans son déroulement. Un peu trop, même ! Le côté systématique du scénario (un meurtre après l’autre, jusqu’au dernier) installe un certain ronron et cède parfois à des longueurs soporifiques. D’autant plus que, s’il se sort bien d’un rôle omniprésent, José Garcia joue sur une seule et même tonalité de la première à la dernière image. Il n’en demeure pas moins que Gavras est un bon conteur, qu’il a gardé ce style frontal, sans chichi superflu et que son discours sur une société malade, brutale et compétitive jusqu’à l’inhumanité, est toujours d’actualité. Autour de Garcia, un bon cast : Karin Viard en épouse malmenée, Olivier Gourmet en rival alcoolique et surtout Ulrich Tukur (vedette de « AMEN. » du même réalisateur), formidable dans un rôle court mais marquant de « loser » suintant littéralement de désespoir, au bord du gouffre. « LE COUPERET », par son sujet même, n’est pas un film agréable ou divertissant. Il appelle les choses par leur nom, ne les masque pas par l’humour ou par une quelconque virtuosité technique. C’est un cinéma engagé – comme toujours chez Gavras – et l’instantané effrayant d’un monde en train de basculer et d’aller droit dans le mur.

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OLIVIER GOURMET, JOSÉ GARCIA ET ULRICH TUKUR

À noter : l’épilogue est rigoureusement identique à celui de « CARAMBOLAGES » (1963) de Marcel Bluwal, une comédie au thème très proche, prenant pour cadre l’univers de l’entreprise.

 

« LES VALSEUSES » (1974)

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GÉRARD DEPARDIEU

Écrit et réalisé par Bertrand Blier, « LES VALSEUSES » a révélé d’un seul coup trois inconnus : Gérard Depardieu, Patrick Dewaere et Miou-Miou, et conte l’errance en roue-libre de trois paumés, deux loubards désœuvrés et une shampouineuse frigide, dans la France pompipolo-giscardienne des années 70. Des sortes de Jules & Jim remis au goût du jour, en somme.VALSEUSES.jpg

C’est un film difficile à résumer et encore plus à classer dans un genre précis. Brûlot anarchiste ? Fable érotico-comique ? Road movie ? On dirait le scénario écrit au fil de la plume et au gré des rencontres que font les deux mâles du trio. C’est parfois inutilement insistant dans la provocation (la scène dans le train où Brigitte Fossey allaite son bébé) et parfois tragique et émouvant (la journée passée avec la taularde désespérée magnifiquement campée par Jeanne Moreau). Mais Depardieu et Dewaere, 25 et 23 ans, pètent littéralement de santé, dégagent une violence nullement trafiquée et occupent l’écran sans discontinuer pendant près de deux heures. Le premier surtout, à la fois enfantin et animal, est imprévisible et dangereux. On pense à l’excellente scène où il provoque un vigile de supermarché campé par Marco Perrin. Tous les petits rôles sont d’ailleurs très bien incarnés, qu’il s’agisse de Michel Peyrelon en médecin avaricieux, Isabelle Huppert en ado émancipée, le très étrange Jacques Chailleux, Jacques Rispal en gardien de prison et même des quasi-figurants nommés Gérard Jugnot ou Thierry Lhermitte. « LES VALSEUSES » capture l’atmosphère très particulière d’une France aujourd’hui disparue, qui n’a pour point commun avec celle d’aujourd’hui qu’une profonde désespérance de la jeunesse. Blier manie l’ellipse avec maestria, frôle plus d’une fois le mauvais goût rédhibitoire, la vulgarité trop ostentatoire, mais il y a quelque chose dans son film qui lui permet de traverser les décennies en restant à peu près intact. Une vraie liberté peut-être, une envie de tout casser, de briser les chaînes, celles de la société et des conventions, qu’elles soient sociales ou scénaristiques. Une pierre blanche, assurément.

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JEANNE MOREAU, GÉRARD DEPARDIEU, MIOU-MIOU ET PATRICK DEWAERE

 

HAPPY BIRTHDAY, HOWARD !

MCNEAR

HOWARD McNEAR (1905-1969), SECOND RÔLE COMIQUE VU CHEZ PREMINGER OU CUKOR, CONNU POUR « THE ANDY GRIFFITH SHOW » À LA TV

 
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Publié par le 27 janvier 2020 dans ANNIVERSAIRES

 

« MÉLODIE POUR UN MEURTRE » (1989)

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AL PACINO

Écrit par Richard Price, réalisé par l’honorable Harold Becker, « MÉLODIE POUR UN MEURTRE » anticipe de trois ans « BASIC INSTINCT » et, sur un sujet très similaire, tricote un suspense new-yorkais sexy et glauque, avec en toile de fond la solitude des grandes métropoles déshumanisées et la paranoïa qui enrobe toutes les relations humaines.SEA.jpeg

Le sujet est classique : un tueur en série, un rituel criminel, deux flics qui deviennent coéquipiers le temps de l’enquête, un des deux qui tombe amoureux fou d’une suspecte, dont on ne saura qu’à la toute fin si elle est vraiment coupable ou non. Ingrédients connus, sans surprise, presque confortables. Ce qui l’est moins, en revanche, c’est le traitement des protagonistes, écrits en trois dimensions, bien ancrés dans la réalité de leur temps et échappant au cliché. C’est la grande qualité du film et la raison pour laquelle on peut le revoir aujourd’hui sans crainte d’être déçu. C’était le grand retour d’Al Pacino sur les écrans après quatre années d’absence. Il est très bien en inspecteur alcoolique et décavé, intuitif mais trop impliqué émotionnellement, étonnamment vulnérable. Une belle composition où il accepte de n’être pas physiquement à son avantage. Son couple avec Ellen Barkin, ambiguë et animale à souhait, fonctionne parfaitement, malgré des séquences érotiques qui ont beaucoup vieilli. Il se passe réellement quelque chose de spécial dans leurs face à face tout au long du film. Autour d’eux : John Goodman formidable en collègue rigolard, Richard Jenkins, Michael Rooker, William Hickey et même un Samuel L. Jackson tout efflanqué dans une silhouette au début. « MÉLODIE POUR UN MEURTRE » n’est pas un grand polar, certains aspects font un peu grincer des dents, comme la photo tristounette, les coiffures ridicules de Barkin et un rythme un peu relâché généré par des scènes d’improvisation trop étirées. Mais l’un dans l’autre, c’est encore tout à fait regardable et même plaisant la plupart du temps.

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ELLEN BARKIN, JOHN GOODMAN ET AL PACINO