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Archives de Catégorie: LES FILMS DE ROBERT VAUGHN

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AUJOURD’HUI, ROBERT VAUGHN AURAIT EU 91 ANS…

 
 

« BULLITT » (1968)

STEVE McQUEEN

Que reste-t-il un demi-siècle après de « BULLITT » de Peter Yates, en dehors de l’icônisation de Steve McQueen (le col-roulé, le holster) et de la poursuite en voiture dans San Francisco ?

Il reste un bon polar au scénario complexe et elliptique mais qui demeure très anecdotique (une histoire de témoin-clé, de sosie, de procureur ambitieux, de flic incorruptible) et surtout l’atmosphère des sixties. Grâce aux cadrages dynamiques quoiqu’un peu chichiteux, à la photo brut-de-pomme de William A. Fraker et surtout à la BO incomparable de Lalo Schifrin, parmi ses meilleures, on est littéralement immergé dans une Amérique disparue, dont le film parvient à capter l’essence. Nous l’avons dit, le scénario tient la route sans rien révolutionner, mais le choix de McQueen dans le rôle-titre hisse « BULLITT » parmi les classiques « séminaux » du cinéma U.S. En policier laconique, fermé à double-tour sur son job, il incarne un archétype qui mena tout droit à Dirty Harry et demeure encore valide aujourd’hui. Mais il n’est pas dépeint en « héros » et ses paradoxes et ambiguïtés transparaissent sous son masque impassible. Pourquoi tue-t-il sa proie à la fin ? Par légitime défense ? Pour cracher au visage de ce système qu’il méprise ? Parce qu’il est un tueur-né comme le suggérait sa petite amie (Jacqueline Bisset) ? Le dernier regard de McQueen dans le miroir en dit long sans donner de réponse. Autour de la star, un cast impressionnant : Robert Vaughn en sénateur visqueux et planche-pourrie, qui traduit magnifiquement l’antipathie réciproque l’opposant à Bullitt, son exact contraire. Don Gordon excellent en co-équipier imperturbable, Simon Oakland parfait en capitaine fiable et même Robert Duvall dans un petit rôle de chauffeur de taxi observateur. Alors qu’il est presque devenu un symbole des années 60, « BULLITT » a très bien vieilli, a gardé une grande partie de son impact et, oui la fameuse poursuite en voiture, est toujours frappante, même si elle dure un peu trop longtemps. Mais c’était la première en son genre !

STEVE McQUEEN, ROBERT VAUGHN, DON GORDON, JACQUELINE BISSET ET ROBERT DUVALL

 

« LES 7 MERCENAIRES » (1960)

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ELI WALLACH ET YUL BRYNNER

Après 60 ans, il devient de plus en plus difficile, de porter un regard frais sur « LES 7 MERCENAIRES » de John Sturges. Exemple-type du film vu et revu au fil des ressorties en salles, des diffusions télé, des éditions vidéo. Remake d’un classique japonais et lui-même « remaké » récemment, il a donné naissance à trois sequels et même à une série TV.SEPT

Chaque re-vision jette une lumière nouvelle sur ce western si souvent imité, rarement égalé, aussi bourré de défauts qu’il est, encore et toujours, irrésistible. Si quelque chose peut être objectivement critiqué, ce sera d’abord le scénario, succession de vignettes qui s’enchaînent sur un rythme de métronome un brin lassant, qui accumule d’énormes « comme par hasard » et ne met pas toujours en avant les personnages les plus intéressants. Ainsi, l’Allemand Horst Buchholz peu crédible Mexicain, est-il anormalement avantagé par Sturges (l’impro avec la vachette, les roucoulades avec la jeune première), même s’il n’a rien d’exaltant, alors que James Coburn, formidable de présence mutique, est sous-utilisé. Quant aux seconds rôles locaux, s’ils sont chronophages et interchangeables, ils ont parfois plus de présence à l’écran que les mercenaires eux-mêmes. Mais à côté de ces scories, quel plaisir ! La BO d’Elmer Bernstein emporte toute réticence sur son passage, les montagnes bleues du Mexique sont magnifiquement filmées et les comédiens, tous gâtés par un dialogue très soigné, ont une sacrée gueule. Yul Brynner a vraiment un look unique de pistolero-samouraï impassible, tout vêtu de noir, Steve McQueen cabotine joyeusement, Charles Bronson est irremplaçable en dur-à-cuire au cœur tendre. Cela dépend bien sûr des goûts et de l’humeur du moment, mais les deux acteurs qui ont les plus beaux rôles sont Eli Wallach, fabuleux en bandido pas si odieux qu’il n’en a l’air, puisqu’il est drôle, qu’il fait preuve de fair-play et d’une certaine joie de vivre. Et aussi Robert Vaughn extraordinaire dans un rôle complexe et ambigu de chasseur de primes névrosé, statufié de trouille et en quête de rédemption. « LES 7 MERCENAIRES » s’est démodé par certains aspects, mais n’a rien perdu de son souffle d’aventures, d’héroïsme et de lucidité (« Nous sommes toujours perdants », dit Chris, à la fin de l’aventure). Les « héros » n’en sont pas vraiment, ce sont des « losers » pré-peckinpiens qui n’ont pas su s’adapter à leur époque et vont bientôt s’enfoncer définitivement dans l’oubli après le mot « FIN ». Non, on n’a pas fini de revoir ces sept magnifiques !

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YUL BRYNNER, STEVE McQUEEN, CHARLES BRONSON ET ROBERT VAUGHN

 

« LA TOUR INFERNALE » (1974)

TOUR.jpgQuarante-cinq ans après sa sortie, « LA TOUR INFERNALE » est encore la référence n°1 du film-catastrophe pré-CGI, le seul probablement qui restera dans l’Histoire. La question est : a-t-il vieilli ? Oui, bien sûr. Le scénario linéaire et moralisateur (les fornicateurs sans doute adultères sont les premiers à mourir), la photo de téléfilm (de luxe !), les clichés antédiluviens et certaines transparences d’un autre âge, ne passent pas toujours très bien la rampe. Mais John Guillermin et Irwin Allen (producteur et coréalisateur pour les séquences d’action) ont du savoir-faire et le film tient la route malgré tout. L’attrait principal, outre les plans d’incendie impressionnants, est la distribution, qui aligne des vétérans du vieil Hollywood (William Holden, Jennifer Jones, Fred Astaire), des stars de TV (Robert Wagner, Richard Chamberlain, Robert Vaughn), un sportif (O.J. Simpson) et trois superstars contemporaines : Paul Newman, Steve McQueen et Faye Dunaway. Ça fait du beau linge, mais il ne faut pas s’attendre à les voir accomplir des prouesses. Ils tiennent des rôles très unidimensionnels, surtout physiques, qui n’exploitent qu’un faible pourcentage de leur charisme. Newman peine à donner de l’épaisseur et même de l’homogénéité à ce rôle d’architecte un brin prima donna sur les bords. Il oscille d’une scène à l’autre entre le quidam paralysé par la trouille et le casse-cou. McQueen ne se fatigue pas trop, mais rafle la mise parce qu’il a le seul personnage héroïque du film. Les autres comédiens sont tous sous-utilisés et passent leur temps à grimacer d’angoisse avec un ventilo dans la figure. Mais cela fait tout de même plaisir de les voir tous réunis ! Mais franchement, faire jouer à Vaughn un politicien visqueux, n’est-ce pas un pléonasme ? On peut revoir « LA TOUR INFERNALE » donc, sans trop de crainte d’être déçu. Le spectacle dure pas loin de trois heures, mais ce qui aide à tenir, c’est de voir du VRAI feu, des cascadeurs prenant de VRAIS risques, des vedettes visiblement malmenées, au visage marqué par la fatigue, bien loin des acrobaties devant des écrans verts qu’on nous sert depuis trop longtemps. Rien que pour ça…

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STEVE McQUEEN, FAYE DUNAWAY ET PAUL NEWMAN

 

« GÉNÉRATION PROTEUS » (1977)

DEMONInspiré d’un roman mêlant horreur et science-fiction de Dean R. Koontz, « GÉNÉRATION PROTEUS » s’inspire des thématiques développées dans « 2001 : L’ODYSSÉE DE L’ESPACE » (auquel il est fait des clins d’œil directs) et « ROSEMARY’S BABY » : un ordinateur « intelligent » se rebelle contre ses créateurs et désire procréer en mettant enceinte la femme d’un des savants.

Un sujet fascinant, riche en possibilités qu’elles soient dramatiques ou philosophiques, que Donald Cammel a choisi d’illustrer de façon glacée et cérébrale, délaissant la psychologie des personnages réduite au strict nécessaire et même les péripéties scénaristiques (à un ou deux événements près). Ce choix nuit au film, qui en devient statique et répétitif et ne bénéficie pas encore d’une technologie dans les effets-spéciaux, qui aurait pu compenser l’absence de suspense et d’empathie. Difficile de détourner le regard de l’écran pourtant, tant les enjeux sont prometteurs et l’apparition finale de la « créature » parvient à filer le frisson. Le film est porté par Julie Christie, souvent seule à l’image, malmenée, palpée, violentée par l’ordinateur de l’enfer qui, pour couronner le tout, a la voix reconnaissable entre mille de Robert Vaughn. Très bon choix, d’ailleurs, puisque l’acteur a toujours eu ce timbre froid et cassant, quel que soit son rôle. Les autres comédiens, Fritz Weaver ou Gerrit Graham, n’ont que des personnages purement fonctionnels, sans relief. Si on ajoute que la BO est signée Jerry Fielding, on conclura en disant que « GÉNÉRATION PROTEUS » (parfaite traduction de « LA SEMENCE DU DÉMON » !) est une œuvre qui a énormément vieilli, mais dont le scénario parvient encore à captiver. Et puis le plaisir de voir Miss Christie sous toutes les coutures pendant plus 90 minutes ne se refuse pas…

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JULIE CHRISTIE

 

DERNIER CLIN D’OEIL À M. VAUGHN…

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PAGE DU NUMÉRO DE « STAR CINÉ VAILLANCE » CONSACRÉ AUX « 7 MERCENAIRES », SORTI EN 1961. LES CAUCHEMARS DE LEE…

 

« DRY RUN » : Robert Vaughn dans « Alfred Hitchcock présente »

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WALTER MATTHAU ET ROBERT VAUGHN

« DRY RUN » est un épisode de la 5ᵉ saison de « ALFRED HITCHCOCK PRÉSENTE » réalisé par John Brahm.

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WALTER MATTHAU

Après une introduction dans le bureau très « business man » d’un mafioso en col blanc amateur de piranhas (David White, le boss dans la sitcom « MA SORCIÈRE BIEN-AIMÉE »), un jeune ‘hitman’ (Robert Vaughn) se voit confier pour mission de rencontrer un rival (Walter Matthau) et de le supprimer. Le rendez-vous a lieu dans une cave à vins. Le scénario devient alors un long face-à-face, un dialogue à huis clos entre Matthau, grande gueule et pas né de la dernière pluie, et l’ambitieux Vaughn qui se laisse tenter par la trahison : 10 000 dollars pour éliminer White et devenir le bras-droit de Matthau ! Évidemment, le jeunot succombera à la tentation et… aux balles de Matthau, qui lui faisait passer un test de loyauté pour le compte de White. On devine la chute pratiquement depuis le début du film. Et le scénario souffre d’une ÉNORME invraisemblance : méfiant et paranoïaque, Matthau ne fouille même pas Vaughn pour voir s’il est armé ! Mais ce n’est pas très grave. L’affrontement feutré entre deux « pointures » aussi différentes dans leur style que le roué Matthau et le glacial et cérébral Vaughn vaut largement le détour, au même titre qu’une très belle photo en clair-obscur de Lionel Lindon (collaborateur régulier de John Frankenheimer au cinéma). À voir donc !

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WALTER MATTHAU ET ROBERT VAUGHN

 

ROBERT VAUGHN : HOMMAGE

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« A GOOD DAY FOR A HANGING »

C’était le dernier survivant des « 7 MERCENAIRES » et tous les médias le présentent aujourd’hui ainsi, au jour de sa mort à l’âge de 83 ans.  Robert Vaughn avait failli faire carrière dans la politique, mais s’était orienté vers la comédie à la fin des années 50. Sa carrière n’a jamais ralenti et il affiche aujourd’hui près de… 800 titres à sa filmographie !

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« ALFRED HITCHCOCK PRÉSENTE »

Son parcours cinéma est discret, même s’il débuta avec une nomination à l’Oscar pour « CE MONDE À PART ». On s’en souviendra surtout pour le rôle de ‘Lee’ un des « magnifiques » de John Sturges, le plus complexe, celui qui est rongé par la peur. Une image prémonitoire de l’emploi de Vaughn, qui devait se spécialiser dans les personnages troubles, corrompus, voire franchement antipathiques, dont le sénateur de « BULLITT » est le plus bel exemple. Il a tenu des rôles secondaires dans des superproductions comme « LA TOUR INFERNALE » ou « SUPERMAN 3 », s’est montré hilarant en producteur dans « S.O.B. », excellent en officier allemand dans « LE PONT DE REMAGEN ». Mais c’est la TV qui fit sa gloire avec la série « DES AGENTS TRÈS SPÉCIAUX » où il incarnait avec suavité l’espion Napoléon Solo. Un rôle très pince-sans-rire, sorte de pastiche U.S. de 007 qui le fixa à jamais dans la mémoire du public. Il joua un aventurier à Londres dans la série « POIGNE DE FER ET SÉDUCTION » et tout récemment un vieil escroc professionnel dans « LES ARNAQUEURS VIP ». Il apparaît dans les miniséries « COLORADO », « CAPITAINES ET ROIS » et surtout « INTRIGUES À LA MAISON BLANCHE » où son duo avec Jason Robards est prodigieux.

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« DES AGENTS TRÈS SPÉCIAUX »

Sans parler des dizaines de « guests » qu’il signa au fil des années dans « ZORRO », « ALFRED HITCHCOCK PRÉSENTE », « LES INCORRUPTIBLES » ou dernièrement « NEW YORK – UNITÉ SPÉCIALE ». Avec son jeu froid, son expression hautaine et ironique, il fut un assassin idéal dans « COLUMBO » face à Peter Falk. Robert Vaughn a tout fait, tout joué, en vieux « pro » habitué à ne refuser aucun projet. Aujourd’hui, il s’en est allé retrouver les six autres mercenaires pour parler du « bon vieux temps » bien révolu. En effet, proche de Robert Kennedy et de sa famille, fervent démocrate, « Bob » est mort au lendemain de l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche. Une coïncidence bien sûr, mais troublante, pour l’homme qui aura toujours été passionné de politique et signa même un livre : « ONLY VICTIMS » sur le maccarthisme. Son autobiographie : « A FORTUNATE LIFE » est truffée d’anecdotes et d ‘humour en autodérision.

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« INTRIGUES À LA MAISON BLANCHE »

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« NEW YORK – UNITÉ SPÉCIALE »

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« COLUMBO »

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« LES INCORRUPTIBLES »

 

ADIOS, NAPOLÉON SOLO…

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QUATRE POSTERS PRIS AU HASARD DANS L’IMMENSE FILMOGRAPHIE DE MR ROBERT VAUGHN. UNE CARRIÈRE ÉCLECTIQUE…

 

ROBERT VAUGHN : R.I.P.

ROBERT VAUGHN, LE DERNIER DES « 7 MERCENAIRES », PLUS ACTIF QUE JAMAIS.

ROBERT VAUGHN (1932-2016), C’ÉTAIT LE DERNIER DES « 7 MERCENAIRES », ACTIF JUSQU’AU BOUT. UNE ÉNORME FILMOGRAPHIE.

 
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Publié par le 11 novembre 2016 dans CARNET NOIR, LES FILMS DE ROBERT VAUGHN