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Archives Mensuelles: juin 2021

ROBERT SACCHI : R.I.P.

ROBERT SACCHI (1932-2021), IL PASSA SA CARRIÈRE À IMITER HUMPHREY BOGART ET TINT LA VEDETTE DE L’AMUSANT : « DÉTECTIVE COMME BOGART »
 
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Publié par le 30 juin 2021 dans CARNET NOIR

 

« LES MAUVAIS ESPRITS » (2018)

Réalisé par l’Islandais Olaf De Fleur, tourné en Écosse, « LES MAUVAIS ESPRITS » comprend deux moitiés bien distinctes : la première suit quatre étudiants se faisant passer pour des « ghostbusters » afin de soutirer cyniquement de l’argent à des familles endeuillées, la seconde passe à la vitesse supérieure et justifie qu’on voie le film.

Ben Lloyd-Hughes, voyou charmeur mais amoral, entraîne sa sœur Florence Pugh à jouer les médiums bidon, ainsi que sa petite amie et un copain geek. Ensemble ils se rendent dans une demeure où a eu lieu un drame atroce et qui semble aujourd’hui hantée par des petites filles assassinées. La propriétaire Celia Imrie se doute qu’ils sont des escrocs, mais Pugh commence à réellement voir des entités. C’est alors que le film décolle et, de petite série B vaguement ennuyeuse, se met à faire vraiment peur. Une bonne trouille bien pensée, parfaitement gérée, qui va crescendo et procure quelques frissons d’excellente qualité. Il serait dommage de « spolier » le scénario, plein de surprises et de chausse-trappes, mais le dernier tiers de ces « MAUVAIS ESPRITS » est proprement effrayant, sanglant et macabre, parvenant à renouveler les clichés du film de serial killer avec les codes des « ghost stories ». Le film doit beaucoup à la décidément remarquable Florence Pugh, dans un rôle complexe de jeune femme découvrant ses propres pouvoirs et hantée par le suicide de sa mère. Ses jeunes partenaires sont parfaits et Celia Imrie prête son visage austère et ridé à un personnage échappé d’un cauchemar. Sans être un grand film, « LES MAUVAIS ESPRITS » n’en demeure pas moins un travail bien fait, joliment photographié et cadré, distillant la peur sans effets-choc et laissant sur un drôle de malaise. À découvrir, donc.

FLORENCE PUGH ET CELIA IMRIE

 

« LA PROMESSE D’UNE VIE » (2014)

Unique long-métrage réalisé à ce jour par Russell Crowe, « LA PROMESSE D’UNE VIE » (le titre en v.o. est plus simplement : « LE SOURCIER »), est une copro entre les U.S.A. et l’Australie et se situe en Turquie après la WW1.

À la mort de sa femme qui s’est suicidée, le sourcier Crowe quitte l’Australie et se rend à Gallipoli où sont morts ses trois fils lors d’une bataille sanglante contre l’armée turque. Arrivé sur place, il est aidé par un major turc responsable de la boucherie (Yilmaz Erdogan) et retrouve les restes de deux de ses enfants. Crowe se persuade que le dernier est toujours en vie. Ce qui surprend dans ce film archi-classique dans sa forme, quasi-hollywoodien à l’ancienne, c’est le parti-pris de romantisme quelque peu déplacé (l’histoire d’amour avec Olga Kurylenko, jeune et belle veuve qui tient l’hôtel où Crowe est descendu) et le manichéisme de certaines situations : l’armée grecque est dépeinte comme les hordes barbares d’Attila ! On est donc à la fois séduit par la beauté des extérieurs, par la présence minérale de Crowe remarquable de bout en bout, et par une naïveté assez désuète dans l’exposition des conflits : l’affreux beau-frère collant aux basques de la veuve, la relation père-fils entre Crowe et le fils de celle-ci, etc. Reste que la seconde partie prend subitement des allures de film d’aventures et que ça n’a rien de désagréable, que l’amitié paradoxale entre l’Australien et le major « ennemi » est extrêmement bien construite et émouvante. On pourra reprocher des flash-backs sur le champ de bataille trop longs et redondants, une happy end vraiment trop convenue et consensuelle, mais l’un dans l’autre, ce premier essai de Russell Crowe dans la mise-en-scène est tout à fait honorable et renoue avec un cinéma à la David Lean qu’on pensait disparu.

RUSSELL CROWE, YILMAZ ERDOGAN ET OLGA KURYLENKO

 

« L’INVASION DES PROFANATEURS » (1978)

DONALD SUTHERLAND ET JEFF GOLDBLUM

« L’INVASION DES PROFANATEURS » de Philip Kaufman est la seconde adaptation du roman de Jack Finney, après le classique de Don Siegel tourné en 1955 en plein maccarthisme.

C’est un film qui a admirablement bien vieilli, son propos apparaissant encore plus pertinent aujourd’hui qu’à sa sortie. Les aliens qui sont venus effectuer un « grand remplacement », le monde civilisé qui se déshumanise, les relations humaines qui se délitent, le totalitarisme qui s’installe en silence, et même l’invasion elle-même qui fait plus qu’évoquer un virus inextinguible, on est en plein 21ᵉ siècle ! Kaufman fait d’abord monter la paranoïa par touches subtiles, par de minuscules détails du quotidien qui se mettent à dérailler, avant de lâcher la bride à une apocalypse insidieuse puisque, vue de l’extérieur, indécelable. Son film évoque un cauchemar de plus en plus étouffant, dont il est impossible de s’extirper. Sa réalisation fait parfois penser au style des premiers films canadiens de David Cronenberg et le travail sur la bande-son et la photo (Michael Chapman) est admirable. Donald Sutherland est excellent en quidam courageux transi d’amour pour sa collègue, la ravissante Brooke Adams, Jeff Goldblum très drôle en « poète maudit » casse-pied, et on s’amusera du choix de Leonard Nimoy en psy cartésien refusant de croire aux extra-terrestres, lui qui fut le plus célèbre Vulcain dans « STAR TREK ».  Il serait vain de comparer cette invasion avec celle de Siegel, ce sont deux œuvres aussi passionnantes l’une que l’autre, ancrées dans les peurs de leur époque et parvenant à générer une angoisse profonde sans jamais céder aux facilités ou aux outrances du genre. À revoir donc, avec le recul du temps et l’évolution de notre monde, et pour ce dernier plan terrible, à glacer les sangs.

BROOKE ADAMS, DONALD SUTHERLAND ET LEONARD NIMOY

À noter : trois caméos sympathiques, ceux de Don Siegel en chauffeur de taxi et de Kevin McCarthy, qui fut le héros de son film. Ainsi que Robert Duvall qui apparaît brièvement en prêtre sur une balançoire au tout début du film, un clin d’œil à son réalisateur de « LA LÉGENDE DE JESSE JAMES », six ans plus tôt.

 

CLARE PEPLOE : R.I.P.

CLARE PEPLOE (1942-2021), SCÉNARISTE ET RÉALISATRICE DES ANNÉES 70, À LA FILMOGRAPHIE PEU FOURNIE
 
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Publié par le 27 juin 2021 dans CARNET NOIR, CINÉMA INTERNATIONAL

 

HAPPY BIRTHDAY, MORONI !

MORONI OLSEN (1889-1954), SECOND RÔLE DES ANNÉES 30 ET 40, SOUVENT VU EN POLITICIEN OU EN JUGE DANS PLUS DE 110 FILMS
 
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Publié par le 27 juin 2021 dans ANNIVERSAIRES

 

« TRAPÈZE » (1956)

Entièrement tourné à Paris, au Cirque d’Hiver, « TRAPÈZE » de l’Anglais Carol Reed est un mélodrame situé dans le monde du cirque, mettant en scène trois trapézistes aux relations compliquées.

Burt Lancaster, as de la voltige estropié, entraîne Tony Curtis, jeune surdoué auquel il veut transmettre le « triple saut périlleux » réputé impossible. Mais une intrigante ambitieuse (Gina Lollobrigida) s’immisce entre eux, risquant de tout faire capoter. Malgré des personnages schématiques, un scénario tiré par les cheveux, « TRAPÈZE » parvient encore à captiver, d’abord par la rage bouillonnante de Lancaster – ex-acrobate, rappelons-le – dans une forme physique éblouissante à 43 ans, qui porte le film sur les épaules avec une force de conviction peu commune. Ses partenaires parviennent à exister dans des rôles moins gratifiants. Curtis en particulier, se débat avec un personnage de naïf enthousiaste mais pas très futé. Lollobrigida, à qui l’ambiguïté ne sied pas très bien, finit par composer une « briseuse de couple » crédible, dissipant un peu l’ambiance crypto-gay de la relation entre les deux gaillards. Autre protagoniste intéressant : Thomas Gomez incarnant le directeur du cirque, un tiroir-caisse sur pattes, vulgaire et sans état d’âme, qu’on pourrait voir comme une transposition des grands « moguls » hollywoodiens qui ont mutilé tant d’œuvres majeures. Ici, c’est le fameux « triple saut » qui fait office de travail artistique. Katy Jurado tire le maximum d’un rôle d’écuyère confidente. Carol Reed place judicieusement ses caméras pendant les scènes de trapèze, les doublures ne sont pas trop visibles, les angles de prise de vue sont vertigineux et le final offre un beau moment de suspense en plein vol. À voir donc, pour l’ambiance du cirque, pour Lancaster et Curtis qui reformeront un tandem encore plus convaincant dans « LE GRAND CHANTAGE », l’année suivante.

BURT LANCASTER, GINA LOLLOBRIGIDA ET TONY CURTIS

 

« ONCE UPON A TIME IN VENICE » (2017)

Écrit et réalisé par Mark Cullen, « ONCE UPON A TIME IN VENICE » (titre paresseux, mais plus adéquat que l’alternatif : « L.A. RUSH », vu que le film se passe… à Venice !), est un polar indolent et parodique, qui démarre très mal en évoquant un avatar vaguement tarantinesque du « DERNIER SAMARITAIN », avec un Bruce Willis à nouveau « privé » qu’on voit faire du rollerboard complètement nu.

Si on s’accroche un peu – et ça demande vraiment des efforts – ce n’est pas parce que le film s’améliore en avançant, mais disons qu’on s’y habitue et qu’il arrive même qu’on s’y amuse de temps en temps. Le scénario suit Willis, toujours sur trois coups en même temps, dont le chien chéri est kidnappé. Pour le récupérer, il va devoir affronter un usurier russe obèse, des dealers latinos et même un maquilleur transgenre fou qui le travestit dans une séquence franchement inutile et embarrassante. Le rythme est languide, les péripéties sont molles et sans réelle incidence sur l’histoire la plupart du temps, mais l’ambiance est à la « coolitude ». Willis à 62 ans, joue pratiquement son propre rôle, l’air ailleurs, John Goodman est drôle en ex-surfer dépressif, Jason Momoa est à mourir de rire en dealer musculeux, amateur de muffins et étrangement sympathique. On aperçoit très brièvement Famke Janssen en sœur de notre héros, Christopher McDonald en agent immobilier vorace et même David Arquette qui ne fait que passer dans la rue dans un caméo. « ONCE UPON A TIME IN VENICE » n’est pas le genre de film à susciter de grands débats, il paraît signé par un fan des blockbusters des années 80 et 90, qui s’efforcerait d’en retrouver le style visuel et narratif. Ce n’est pas un ratage complet, pas non plus une brillante réussite. C’est à voir d’un œil somnolent pour tuer 90 minutes…

BRUCE WILLIS, JASON MOMOA ET JOHN GOODMAN

 

« THE CROWN » : saisons 3 & 4 (2019-2020)

OLIVIA COLMAN

À l’exception de John Lithgow qui apparaît brièvement dans le 1er épisode, sur le lit de mort de Churchill, le cast de la 3ᵉ saison de « THE CROWN » a été entièrement renouvelé. On ne perd pas au change, puisqu’il ne s’agit que de grosses pointures, mais force est de reconnaître qu’on met plusieurs épisodes à s’acclimater tant les physiques, les personnalités, sont différents.

Olivia Colman est remarquable en Elizabeth II toute pétrie de contradictions. Tobias Menzies est un soulagement après Matt Smith en prince Philip, Helena Bonham Carter joue la sœur à la dérive. L’épisode « MARGARETOLOGY » montre celle-ci en visite à Washington pour son heure de gloire face au président Johnson (un Clancy Brown en grande forme), « ABERFAN » place la reine face à une catastrophe dans une ville minière et à son propre manque d’empathie, « BUBBIKINS » introduit le personnage de la mère de Philip devenue nonne (Jane Lapotaire). On voit croître progressivement Charles (excellent Josh O’Connor) avec son enfance solitaire et sa personnalité fragile. Derek Jacobi et Geraldine Chaplin sont extraordinaires en Duc et Duchesse de Windsor décatis, exilés, en fin de vie. Cette 3ᵉ année s’achève par l’arrivée de Camilla dans le cercle du pauvre Charles. En soi, cela n’a rien de passionnant, mais c’est tellement bien écrit, si méticuleusement fabriqué, si finement irrévérencieux, que l’intérêt se maintient du début à la fin. Et on commence à percevoir la famille royale comme une sorte d’extension du « PARRAIN », aussi tentaculaire, aussi impitoyable.

La 4ᵉ saison, probablement la meilleure à ce jour, voit débarquer deux protagonistes de poids : « Maggie » Thatcher et Lady Di. Si on est décontenancé au premier abord par la composition outrée de Gillian Anderson en Thatcher, elle investit puissamment le personnage, gagne progressivement en finesse et ses face à face avec la Reine sont magistraux. Comment, avec deux « pointures » comme Olivia Colman et elle, faire des morceaux de bravoure en filmant deux femmes d’un certain âge, assises dans un salon ! Cette saison est plus polémique, pousse encore une vision acide de la famille royale, véritable « firme » sans pitié pour les sentiments des uns et des autres et prête à broyer tout étranger récalcitrant. Magnifiquement incarnée par la jeune Emma Corrin, la princesse Diana apparaît comme un agneau sacrifié, jetée en pâture aux loups, comme le gibier d’une de leurs parties de chasse. Le dernier plan de la saison, où on la voit poser pour une photo de famille, tremblante, isolée, laisse déjà deviner son destin. On compte plusieurs épisodes très forts : « FAVORITES » où la reine se demande lequel de ses quatre enfants elle préfère et réalise qu’elle… n’en aime aucun. « FAGAN » centré sur un pauvre chômeur désespéré (Tom Brooke) qui s’introduit à Buckingham Palace pour parler à la reine et la mettre en garde contre la « dame de fer ». « THE HEREDITARY PRINCIPLE » qui révèle d’affreux secrets de famille et un lourd passé psychiatrique qui hante le « clan ». Helena Bonham Carter s’y montre remarquable. « 48 :1 » voit revenir Claire Foy, le temps d’un discours en flash-back. Mais cette 4ᵉ année se concentre sur la relation de Charles et Diana, qu’on voit se dégrader jusqu’à la haine pure et simple. Le premier en prend pour son grade, dépeint comme un pleutre indécis et mesquin, la seconde gagne une stature d’héroïne pour midinettes. Une fois encore, 10 épisodes admirablement écrits et filmés, dont on ne peut qu’admirer le culot et les partis-pris. La saison 5 connaîtra un nouveau changement total de distribution.

GILLIAN ANDERSON ET EMMA CORRIN

 

« LA ROUTE DE L’OUEST » (1967)

KIRK DOUGLAS, ROBERT MITCHUM ET RICHARD WIDMARK

« LA ROUTE DE L’OUEST » d’Andrew V. McLaglen, inspiré d’un roman d’A.B. Guthrie, Jr. ressemble surtout à un remake de « LA PISTE DES GÉANTS » de Raoul Walsh avec, comme gros avantages, une photo somptueuse de William Clothier et un casting trois étoiles.

L’ex-politicien Kirk Douglas organise un convoi vers l’Oregon en 1843. Il engage un pisteur fatigué (Robert Mitchum) et compte parmi les colons Richard Widmark, un fermier obstiné marié à une très belle femme (Lola Albright) convoitée par Douglas. Voici les bases. Le film, dès le début, semble bancal : on ne sait pas s’il est trop long ou trop court, il y a trop de personnages dont certains à peine silhouettés, des scènes étirées en longueur et d’autres traitées par-dessus la jambe. Pourtant… comment résister à la présence des têtes d’affiche ? Trois figures du ‘film noir’ des années 40 et 50 réunies dans une même histoire. C’est inespéré. Mitchum, plus séduisant qu’il n’a jamais été, avec ses cheveux longs et sa veste à franges, est solide et taiseux et pique la vedette à ses partenaires. Widmark fait ce qu’il peut d’un rôle pas très développé de brave type pas très malin mais pugnace et Douglas s’en donne à cœur-joie en salopard despotique et névrosé, comme il savait si bien les incarner. Ils sont bien entourés par des visages familiers du western à la John Ford, par la débutante Sally Field en Lolita des plaines et par l’incontournable Jack Elam, comique en prêcheur à l’œil fou. « LA ROUTE DE L’OUEST » est truffé d’excellentes séquences (la pendaison d’un des membres du convoi pour sauver les autres, la bagarre sauvage entre Douglas et Widmark), mais il manque clairement de colonne vertébrale et parfois de souffle. Malgré tout, cela demeure un beau spectacle à l’ancienne et la dernière occasion de revoir ce trio de jeunes quinquagénaires dans la force de l’âge, déployant un charisme d’enfer. Pour eux…

RICHARD WIDMARK, LOLA ALBRIGHT, ROBERT MITCHUM ET KIRK DOUGLAS