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Archives de Catégorie: LES FILMS D’ANTHONY HOPKINS

« PROOF » (2005)

La dernière fois que le réalisateur John Madden, le producteur Harvey Weinstein et l’actrice Gwyneth Paltrow figuraient au même générique, c’était à l’occasion de « SHAKESPEARE IN LOVE » de sinistre mémoire. Aussi, les retrouver tous réunis pour « PROOF » n’a-t-il rien de rassurant.

De fait, cette étrange et nébuleuse histoire met un temps fou à se mettre en place et se focalise presque entièrement sur Paltrow, comédienne transparente s’il en fut. Fille d’un génial mathématicien devenu fou (Anthony Hopkins), celle-ci avoue à la mort du grand homme, qu’elle est le véritable auteur de ses récents travaux qui vont révolutionner les mathématiques modernes. Mais est-ce vrai ? Cherche-t-elle à s’approprier l’œuvre de son père ? Un jeune prof (Jake Gyllenhaal) tente de découvrir la vérité, avant que la sœur de Gwyneth (Hope Davis) n’envoie celle-ci à l’asile. C’est raconté dans le désordre, ce qui est plus démobilisant qu’autre chose, Hopkins n’apparaît qu’en flash-back ou… en fantôme et a vraiment l’air d’être en visite, tant il joue cela par-dessus la jambe. Paltrow – ce n’est pas une surprise – est très insuffisante et se repose sur deux ou trois tics de jeu et mimiques. À 25 ans, Gyllenhaal est encore ce qu’il y a de meilleur dans le film. L’excellente Davis fait ce qu’elle peut d’un rôle ingrat et sans nuances. On ne sait pas trop ce que voulait raconter « PROOF » : le parcours difficile d’une « fille de » ? La scénariste elle-même est la fille d’Arthur Miller, c’est donc une piste. La peur de la folie héréditaire ? Mais le fait est que le film est lent, prétentieux et que l’attention n’est retenue que par le twist en son milieu, c’est-à-dire le moment où l’héroïne révèle qu’elle est l’auteur des carnets attribués à son père. C’est vraiment tout… Et ce n’est pas beaucoup.

GWYNETH PALTROW, JAKE GYLLENHAAL ET ANTHONY HOPKINS
 

« MAGIC » (1978)

Écrit par William Goldman d’après son propre roman, réalisé par Richard Attenborough, « MAGIC » est un suspense en quasi-huis clos, qui repose presque entièrement sur les épaules d’un Anthony Hopkins de 41 ans, alors pratiquement inconnu aux U.S.A. où il n’avait tourné de quelques (bons) téléfilms en vedette.

C’est l’histoire d’un ventriloque et de sa poupée « Fats », qui s’exilent à la campagne par peur d’une exposition médiatique qui mettrait en lumière leurs petits problèmes schizophréniques. Car si Corky (Hopkins) est doux et timide, Fats est un voyou vulgaire aux tendances homicides. Corky loue une cabane au bord d’un lac, retrouve son amour de jeunesse (Ann-Margret), mais il est bientôt délogé par son agent, Burgess Meredith qui veut l’obliger à aller voir un psy. Et le suspense peut réellement démarrer ! Dans la mouvance de « PSYCHOSE », Hopkins joue à la fois la victime et l’assassin, le scénario est assez habile pour laisser planer le doute sur Fats : est-il une « poupée maléfique » à la Chucky ? Ou uniquement le fruit de l’imagination de Corky ? Il faut tout le talent de l’acteur pour laisser s’intensifier l’ambiguïté. Le dénouement n’est pas sans fortement évoquer « LE BOUCHER » de Claude Chabrol. Autour d’Hopkins, un cast réduit, mais remarquable : Meredith formidable en impresario dur-à-cuire aux énormes cigares, Ann-Margret déglamourisée au possible en femme déçue et solitaire et Ed Lauter, superbe de menace subtile dans un de ses rôles les plus importants au cinéma. « MAGIC » est parfois théâtral, souvent trop bavard et tient à surligner ses effets, mais il retient l’intérêt du début à la fin. La troublante séquence où Fats « oblige » Corky à faire le chien à quatre pattes, est et demeure un des sommets de la carrière de comédien d’Anthony Hopkins. À voir.

ANTHONY HOPKINS, ED LAUTER, ANN-MARGRET ET BURGESS MEREDITH
 

« LES VESTIGES DU JOUR » (1993)

Inspiré d’un roman de Kazuo Ishiguro, « LES VESTIGES DU JOUR » est probablement le chef-d’œuvre de James Ivory et offre à Anthony Hopkins, à 56 ans, son rôle le plus subtil, le plus profond.

Le film narre, à l’aube de la WW2, la rencontre entre un majordome rigide, entièrement dévoué à son travail et une gouvernante (Emma Thompson) qui va tenter d’éveiller sa conscience, qu’elle soit sentimentale ou politique. Des relations tout en non-dits, en demi-teintes, en conflits larvés, où l’homme ne laisse aucune place à l’amitié et encore moins aux sentiments. Hopkins sert son maître (James Fox) un naïf manipulé par les nazis, sans le juger, sans même tenter de comprendre les enjeux de la guerre qui pointe son nez. C’est écrit par touches infinitésimales, par micro-événements et c’est tout le génie d’Hopkins de ne pas rendre son personnage odieux. Le panorama de ces existences gâchées, quasiment pas vécues, est déprimant, mais la vitalité de Thompson, sa combativité, laissent entrer – pour paraphraser Françoise Sagan – un peu de soleil dans l’eau froide. Autour de ce fabuleux duo si bien assorti, une distribution de première classe : Christopher Reeve en diplomate américain intelligent, la toute jeune Lena Headey en soubrette, Hugh Grant en journaliste lucide (séquence hilarante où Hopkins tente de lui expliquer « les choses de la vie »), Michel Lonsdale excellent en représentant français geignard et inconscient ou le toujours remarquable Peter Vaughan en vieux père de Stevens qui refuse de décrocher. Sur un peu plus de deux heures, pas une seconde d’ennui ou de redondance, mais un tissage délicat et minutieux, la sensation angoissante d’une vie qui nous file entre les doigts. Les adieux, sous la pluie, des deux protagonistes, serrent la gorge. Un grand et beau film triste, porté par d’immenses comédiens au sommet de leur art.

ANTHONY HOPKINS, EMMA THOMPSON, MICHEL LONSDALE ET CHRISTOPHER REEVE
 

« THE FATHER » (2020)

Adapté par le dramaturge français Florian Zeller de sa propre pièce, avec la collaboration de Christopher Hampton (« LES LIAISONS DANGEREUSES »), « THE FATHER » est une fulgurante plongée dans les dégâts provoqués par la maladie d’Alzheimer, vécus de l’intérieur.

Anthony Hopkins, vieil homme solitaire et autonome, refuse l’aide sa fille dévouée (Olivia Colman), alors que son état mental se dégrade à toute vitesse. Le scénario ne donne aucun repère, laisse le spectateur s’embourber avec le vieillard dans un monde cauchemardesque où rien n’est stable ou définitif, où les décors changent, les visages se superposent, le temps n’a plus aucun sens. Tout cela est fait avec une grande subtilité, puisque rien n’étant acquit, on ne sait bientôt plus ce qui est réel, ce qui est fantasmé, ce qui tient du souvenir ou du présent. Débarrassé de tous ses tics de jeu, Hopkins est prodigieux d’émotion, de colère impuissante, de méchanceté parfois. Sa dernière scène de régression terminale avec l’infirmière est absolument saisissante. Son face à face avec l’immense Olivia Colman laisse pantois d’admiration. Malgré son rôle plus discret, l’actrice ne se laisse jamais « bouffer » par Hopkins et leurs dialogues, qui sont de véritables sables mouvants, sont souvent bouleversants. Ils sont très bien entourés par Olivia Williams, Imogen Poots ou Rufus Sewell aussi étrange qu’inquiétant. Rien n’est ce qu’il semble être dans « THE FATHER », on revit plusieurs fois les mêmes situations dans des circonstances différentes, on ne parvient jamais à se situer dans l’espace ou le temps. C’est un superbe parti-pris narratif, qui permet de toucher au plus près à la réalité de cette maladie destructrice. À peine pourra-t-on regretter quelques changements de point de vue qui rendent les choses encore plus confuses (qui est réellement Sewell ?). « THE FATHER » est un bel accomplissement et pour Hopkins, à 83 ans, le couronnement de sa longue carrière.

OLIVIA COLMAN, ANTHONY HOPKINS ET IMOGEN POOTS
 

« PRÉMONITIONS » (2015)

« PRÉMONITIONS » du Brésilien Afonso Poyart emprunte des chemins déjà bien balisés, en relatant une chasse au serial killer menée par un duo de flics associé à un médium à la retraite à la suite d’un deuil.

Le scénario en lui-même est plutôt bien construit et contient quelques coups de théâtre adroitement gérés, mais c’est le contenu qui décourage un peu jusqu’au dénouement. La présence d’Anthony Hopkins en tête d’affiche renvoie automatiquement au « SILENCE DES AGNEAUX », même s’il ne joue pas le tueur, au même titre que le personnage de la novice (Abbie Cornish) sorte d’extension de Clarice Starling jusque dans son passé sordide révélé par l’ex-Hannibal. Alors bien sûr, c’est bien fichu, le rythme est correct, les comédiens sont bien dirigés, mais tout cela sent tellement le déjà-vu qu’on a l’impression d’assister à un « best-of » du genre. Même les visions psychédéliques du médium tiennent du cliché le plus éculé, sans même parler de la révélation finale censée nous laisser sans voix, alors qu’il n’était vraiment pas compliqué de la voir venir. Et pourtant, nous l’avons dit, le film n’est pas déplaisant, sans doute grâce à la présence d’un Hopkins de 77 ans, en pleine forme physique, ne se reposant pas sur ses tics de jeu habituels et déployant son charisme des grands jours. À ses côtés, Jeffrey Dean Morgan est excellent en flic sympathique au lourd secret et Colin Farrell impeccable dans le rôle du tueur (lui aussi médium !) aux motivations pour le moins inaccoutumées. Les face à face entre lui et Hopkins sont intenses, les deux hommes se renvoyant parfaitement la balle. On reconnaît Janine Turner, actrice des années 90, à la fin, en épouse du médium. À condition d’accepter de découvrir un film sans en espérer aucune surprise ni innovation, « PRÉMONITIONS » se laisse voir grâce à son casting et à deux ou trois bonnes scènes d’action.

ANTHONY HOPKINS, JEFFREY DEAN MORGAN, ABBIE CORNISH ET COLIN FARRELL
 

« DRACULA » (1992)

Inspiré au plus près du roman de Bram Stoker, « DRACULA » de Francis Coppola possédait tous les atouts pour devenir un classique de l’horreur moderne et une pierre blanche de la mythologie du vampirisme. Mais Coppola étant Coppola, il en fait trop, beaucoup trop, stylise jusqu’à l’abstraction, ellipse des pans entiers de scénario pour mieux fignoler sa réalisation en roue-libre, s’inspirant de Kurosawa, Cocteau et même « L’EXORCISTE ».

La photo de Michael Ballhaus mérite à elle seule qu’on voie le film, au même titre que la déco, les costumes et les accessoires d’une extraordinaire minutie. Pour ce qui est du reste hélas, c’est une autre paire de manches. La direction d’acteurs est par moments incompréhensible : du fade Keanu Reeves quasiment transparent à la minaudante Winona Ryder, en passant par un Anthony Hopkins totalement à côté de la plaque en Van Helsing gloussant et à moitié cinglé, c’est à qui sera le plus mauvais. Seul Tom Waits est amusant en croqueur de mouches en camisole. Gary Oldman quant à lui, est un Dracula déconcertant. Qu’il ressemble à une vieille geisha à double chignon, à un loup-garou en rut ou à un dandy à bouclettes, il a l’air de jouer plusieurs personnages distincts et n’est pas inquiétant une seconde. Le film s’étire donc pendant deux heures assez pénibles, où alternent les séquences grandiloquentes et ridicules et d’autres presque poétiques et visuellement splendides. À l’arrivée, on ne sait que penser de ce « DRACULA », qui ne doit rien à ces prédécesseurs, qu’il s’agisse des classiques de Universal ou Hammer, des deux Nosferatu. À contempler comme une belle exposition de photos, disons…

WINONA RYDER ET GARY OLDMAN

 

« LÉGENDES D’AUTOMNE » (1994)

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HENRY THOMAS ET BRAD PITT

Inspiré d’un roman de Jim Harrison, « LÉGENDES D’AUTOMNE » d’Edward Zwick demeure, des années après, une œuvre unique et captivante, par sa capacité à engendrer un récit épique et intimiste, à brosser le portrait d’un personnage « bigger than life », tout en frôlant constamment le kitsch et l’emphase.FALL

C’est l’histoire d’un roi Lear (Anthony Hopkins) rancher au début du 20ᵉ siècle, qui a trois fils qu’il élève seul. L’arrivée d’une jeune femme (Julia Ormond) va perturber l’harmonie familiale et la guerre 14-18 va en exploser le noyau. Mais l’intérêt principal de ce scénario ambitieux, dont l’atmosphère fait parfois penser à « OUT OF AFRICA », réside dans l’étude de ‘Tristan’ (Brad Pitt), le fils préféré, individu sauvage et charismatique, hanté par la violence et la mort, qui semble tout détruire autour de lui, même et particulièrement ceux qu’il aime. Filmé comme un demi-dieu sylvestre, ombrageux et animal, Pitt se montre à la hauteur de ce rôle démesuré, constamment au bord de l’abysse. Autour de lui, un cast remarquable : Ormond d’abord rayonnante et fraîche, puis peu à peu rongée de l’intérieur par la déception et la dépression morbide, Aidan Quinn excellent en aîné trop sage et trop ancré dans le réel, Karina Lombard qu’on voit trop peu. Seul Hopkins détone légèrement, manquant de présence physique et franchement peu convaincant une fois qu’il est victime d’un AVC. On imagine ce qu’un Connery, un Hackman ou un Duvall auraient pu faire de ce rôle ! Porté par les paysages sublimes du Canada, la photo veloutée de John Toll et la BO « mythique » de James Horner, « LÉGENDES D’AUTOMNE » demeure un film fascinant, instable et traversé de grands moments de pur cinéma. On y effleure l’Histoire de l’Amérique, le génocide indien, les ravages de la guerre, et surtout et par-dessus tout, on y raconte une histoire d’amour destructrice dont la noirceur et le pessimisme ne cessent de surprendre. Un petit bijou, ce film.

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JULIA ORMOND, BRAD PITT, AIDAN QUINN ET ANTHONY HOPKINS

 

« LE BOUNTY » (1984)

BOUNTY.jpgRien que le générique de « LE BOUNTY » oblige pratiquement à revoir une histoire qu’on connaît déjà par cœur grâce aux deux précédentes versions : réalisé par l’australien Roger Donaldson, écrit par Robert Bolt (« LAWRENCE D’ARABIE »), musiqué par Vangelis et offrant dans sa  distribution rien moins que Mel Gibson, Anthony Hopkins, Daniel Day-Lewis, Liam Neeson et Laurence Olivier !

Magnifiée par la photo d’Arthur Ibbetson, cette version propose une écriture plus adulte, beaucoup moins manichéenne des évènements. Bligh, joué par Hopkins n’est pas le monstre habituel. C’est un homme frustré, complexé, mal-aimé, très probablement un homosexuel refoulé, amoureux de Fletcher Christian qui l’humilie sans même en avoir conscience. À travers l’interprétation de Gibson, Christian n’a rien d’un héros ou d’un leader. C’est un joli-cœur irresponsable et superficiel. Difficile de prendre parti ! Le film est long, et même longuet dans sa dernière partie après la mutinerie. Mais Donaldson capture avec une extraordinaire acuité le changement de mood de l’aventure : d’un paradis ensoleillé et sensuel, Tahiti devient une terre hostile, tempétueuse et froide, peuplée de cannibales. L’enfer attend ceux qui ont succombé au chant des sirènes. C’est une vision assez inédite qui est proposée là, certainement réaliste, mais d’un pessimisme terrible. Et la conclusion sur le destin des deux ennemis de légende laisse un goût amer mais d’une logique indiscutable. À voir donc ce « BOUNTY » âpre et rugueux, ne serait-ce que pour la prestation d’une complexité inouïe de Hopkins qui donne vie à ce personnage qu’on peut haïr et admirer dans la même scène. Et pour les jeunes acteurs en devenir : Neeson en voyou bagarreur et Day-Lewis en sous-officier antipathique. Pas tout à fait un grand film, mais suffisamment de moments grandioses pour mériter l’attention. Le plan, par exemple, où Fletcher Christian regarde ses hommes massacrer gratuitement des dauphins au fusil, semble marquer son entrée en enfer.

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ANTHONY HOPKINS, MEL GIBSON, DANIEL DAY-LEWIS, LIAM NEESON ET SIMON ADAMS

 

« AUDREY ROSE » (1977)

AUDREY.jpgSi les années 60 furent les plus brillantes de la carrière de Robert Wise avec des œuvres comme « WEST SIDE STORY », « LA MAISON DU DIABLE » ou « LA CANONNIÈRE DU YANG-TSÉ », la décennie suivante marqua un net ralentissement. « AUDREY ROSE » est un des films les moins défendables du grand réalisateur. Le roman de Frank De Felitta, dont il s’inspire, est sorti quelques mois après le succès de « L’EXORCISTE » de William Friedkin, et cherche manifestement à surfer sur la même vague.

On retrouve une fillette « possédée ». Pas par un démon cette fois-ci, mais par l’esprit d’une autre petite fille (Audrey Rose, donc) morte brûlée vive dans un accident, le jour même où ‘Ivy’ venait au monde. Le père de la défunte, Anthony Hopkins, harcèle les parents d’Ivy pour les convaincre que leur fille est la réincarnation d’Audrey Rose, et qu’elle met Ivy en danger. Le postulat est déjà assez fumeux et difficile à gober, mais il est aggravé par l’esthétique très téléfilm poussiéreux favorisée par Wise, et surtout par une interprétation globalement calamiteuse. La grimaçante et outrancière Marsha Mason est une mère très agaçante, John Beck, le père, n’offre aucune nuance. Mais le pire est atteint par la jeune Susan Swift, incroyablement mauvaise dans le rôle d’Ivy. Une véritable catastrophe qui achève de couler le film et de tuer dans l’œuf l’intérêt qu’on aurait dû lui porter. Ses scènes de cauchemar sont d’un grotesque absolu. Seul un Hopkins de 40 ans, fait correctement son job dans un personnage d’illuminé mystique, qu’il a l’intelligence de jouer en demi-teintes. « AUDREY ROSE » est d’une lourdeur terrible, découpé en deux parties : les tentatives d’approche répétitives de Hopkins puis le procès, aussi inertes l’une que l’autre. L’apparence générale a affreusement vieilli et les inévitables comparaisons avec « L’EXORCISTE » finissent de décourager l’admirateur le plus inconditionnel de M. Wise. À éviter, donc.

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RICHARD LAWSON, ANTHONY HOPKINS, JOHN BECK ET MARSHA MASON

 

« VOUS ALLEZ RENCONTRER UN BEL ET SOMBRE INCONNU » (2010)

DARK.jpg« VOUS ALLEZ RENCONTRER UN BEL ET SOMBRE INCONNU » fait partie de la période la plus décourageante de la carrière de Woody Allen, surtout pour l’admirateur de la première heure. Il l’a dit et répété lui-même bien souvent, Allen ne « fonctionne » vraiment qu’à New York, voire à Manhattan. Exilé à Londres pour cet opus, il ressort quelques vieilles thématiques (« INTÉRIEURS ») et suit les petites histoires parallèles des membres d’une famille disloquée.

De quoi cela parle-t-il ? De chassé-croisé amoureux, d’usurpation, de charlatanisme. Tous les personnages sont antipathiques : des tricheurs aveuglés par la peur de vieillir, de finir leur vie tout seuls, par la conscience de leur manque de talent, etc. Rien de bien folichon, d’autant plus que – une fois n’est pas coutume – la jolie distribution réunie pour l’occasion n’est absolument pas homogène. Chacun semble jouer sa propre partition dans son sketch indépendant des autres et le film perd en élan vital à mesure qu’il progresse. Anthony Hopkins est sous-utilisé en sexagénaire pathétique s’accrochant à ses vestiges de jeunesse (désolante séquence du Viagra indigne de la plume de l’auteur), Josh Brolin empâté, a déjà été plus convaincant qu’en velléitaire mal embouché, tout ce qui concerne Naomi Watts et Antonio Banderas est à mourir d’ennui, Gemma Jones est beaucoup trop présente dans un rôle très irritant écrit à la truelle. Seule émerge la pétulante Lucy Punch, drôle et remuante en prostituée profiteuse, stupide mais pas idiote, digne héritière de Mira Sorvino dans « MAUDITE APHRODITE ». Pas grand-chose de bon à dire sur « VOUS ALLEZ RENCONTRER… », hélas. Il fait partie de cette dizaine de films que Woody Allen tourna entre 2003 et 2012 qui – à une ou deux exceptions près – ont laissé ses fans sur le carreau.

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LUCY PUNCH ET ANTHONY HOPKINS