« LES ACCUSÉS » de Jonathan Kaplan a tout du téléfilm à thèse ouvrant des débats sur le viol et la justice. Sa principale qualité – outre son casting – est de n’être jamais manichéen et de laisser planer le doute sur la personnalité de la victime violée en public dans un bar par trois hommes.
Jodie Foster, jolie serveuse, est donc agressée un soir, sous les acclamations des témoins présents. Après avoir fait condamner les coupables à des peines légères, la procureure (Kelly McGillis) va maintenant s’employer à poursuivre les dits-témoins qui ont encouragé le crime. Le film est honnêtement filmé, la BO le vieillit considérablement, mais il parvient à nous faire poser des questions qui mettent mal à l’aise : l’a-t-elle cherché ? Est-elle allée trop loin avec ces « beaufs » avinés ? Quels sont ses antécédents ? En fait, Kaplan oblige le public à se confronter aux mêmes dilemmes que les jurés. Mais tout cela se dissipe d’un seul coup, avec le témoignage d’un jeune étudiant (Bernie Coulson) pendant le procès et un flash-back particulièrement pénible et violent du viol lui-même, qui montre ces hommes pour ce qu’ils sont. Une manipulation du spectateur, certes, mais à la fois finaude et salutaire. Quelle que soit son caractère et ses fautes, une victime c’est une victime. Foster est étonnante de crédibilité en « pauvre fille » inculte, nullement exemplaire, mais combative, se retrouvant seule contre tous, ou presque. McGillis, dans un rôle moins bien développé, est éclipsée par sa partenaire au sommet de son art. À leurs côtés, on retiendra principalement Carmen Argenziano en procureur irascible et Leo Rossi absolument haïssable en pousse-au-crime excité. « LES ACCUSÉS » n’est pas un grand film, mais il dit ce qu’il a à dire d’efficace manière.