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Archives de Catégorie: LES FILMS DE JODIE FOSTER

« LES ACCUSÉS » (1988)

« LES ACCUSÉS » de Jonathan Kaplan a tout du téléfilm à thèse ouvrant des débats sur le viol et la justice. Sa principale qualité – outre son casting – est de n’être jamais manichéen et de laisser planer le doute sur la personnalité de la victime violée en public dans un bar par trois hommes.

Jodie Foster, jolie serveuse, est donc agressée un soir, sous les acclamations des témoins présents. Après avoir fait condamner les coupables à des peines légères, la procureure (Kelly McGillis) va maintenant s’employer à poursuivre les dits-témoins qui ont encouragé le crime. Le film est honnêtement filmé, la BO le vieillit considérablement, mais il parvient à nous faire poser des questions qui mettent mal à l’aise : l’a-t-elle cherché ? Est-elle allée trop loin avec ces « beaufs » avinés ? Quels sont ses antécédents ? En fait, Kaplan oblige le public à se confronter aux mêmes dilemmes que les jurés. Mais tout cela se dissipe d’un seul coup, avec le témoignage d’un jeune étudiant (Bernie Coulson) pendant le procès et un flash-back particulièrement pénible et violent du viol lui-même, qui montre ces hommes pour ce qu’ils sont. Une manipulation du spectateur, certes, mais à la fois finaude et salutaire. Quelle que soit son caractère et ses fautes, une victime c’est une victime. Foster est étonnante de crédibilité en « pauvre fille » inculte, nullement exemplaire, mais combative, se retrouvant seule contre tous, ou presque. McGillis, dans un rôle moins bien développé, est éclipsée par sa partenaire au sommet de son art. À leurs côtés, on retiendra principalement Carmen Argenziano en procureur irascible et Leo Rossi absolument haïssable en pousse-au-crime excité. « LES ACCUSÉS » n’est pas un grand film, mais il dit ce qu’il a à dire d’efficace manière.

JODIE FOSTER, KELLY McGILLIS ET BERNIE COULSON
 

« CARNAGE » (2011)

Écrit par Yasmina Reza d’après sa pièce et Roman Polanski, réalisé en studio à Paris par le second, alors que l’action se situe à New York, « CARNAGE » est un huis clos théâtral qui aurait pu être un pensum et qui s’avère tout le contraire.

Deux couples dont les ados se sont bagarrés se réunissent dans l’appartement de l’un d’eux pour discuter du problème en personnes civilisées et conciliantes. Mais les personnalités sont trop opposées, les couples trop fragilisés et la différence des bakgrounds sociaux trop marquée, pour que cela ne dégénère pas. La maîtrise de Polanski se reconnaît dans la fluidité des affrontements, la maîtrise totale de la montée de la violence verbale. Mais la vraie raison d’être épaté par « CARNAGE », ce le quatuor de comédiens, tous d’énormes « pointures » au summum de leur talent, qui se renvoient la balle avec maestria : Jodie Foster crispante, constamment à cran, dépourvue d’humour et au bord de la crise de nerfs, John C. Reilly son époux révélant progressivement son véritable caractère de gros « breauf » raciste. Face à eux, les grands bourgeois : Kate Winslet, polie et condescendante qui se lâche complètement et finit par vomir partout, à faire pâlir Linda Blair dans « L’EXORCISTE ». Et puis Christoph Waltz, le bonus, délectable en avocat méprisant, mal élevé, amoral. Ses confrontations avec Reilly sont extraordinaires de mesquinerie. Le film ne dure que 80 minutes et démarre directement dans le vif du sujet. Il tape dur sur le politiquement correct, sur le mariage, l’éducation et tant d’autres choses. On applaudit donc des deux mains – comme au théâtre, c’est logique – et on profite de cet humour grinçant et noir, qui sied si bien aux quatre vedettes.

JOHN C. REILLY, JODIE FOSTER, KATE WINSLET ET CHRISTOPH WALTZ
 
Vidéo

« À VIF » (2007)

« À VIF » de Neil Jordan se présente comme un remake de « UN JUSTICIER DANS LA VILLE » mâtiné de « TAXI DRIVER », mais dès le début, on comprend qu’il s’agit d’une relecture du vieux thème du vigilante et non pas d’un bête « exploitation movie » de plus. La présence de l’exigeante Jodie Foster – revenante du film de Scorsese – en tête d’affiche confirme qu’il ne peut s’agir d’un simple Bronson féminisé et remis au goût du jour.

Après la mort atroce de son fiancé massacré par des voyous à Central Park, Jodie animatrice d’une radio élitiste, achète un pistolet et part arpenter les rues de New York. Les similitudes sont nombreuses avec le film de Michael Winner (elle reçoit des faire-part de mariage des semaines après la mort de son compagnon, comme Paul Kersey recevait des photos de vacances de sa femme, l’agression dans le métro est très proche), mais le gros plus de « À VIF », c’est le portrait psychologique de son héroïne. Il ne s’agit pas ici de retrouver l’esprit des pionniers d’antan comme en 1974, mais d’un dédoublement de personnalité. Elle devient « quelqu’un d’autre » pour ne pas sombrer dans le désespoir et survit tout en s’autodétruisant. L’actrice, totalement impliquée, est remarquable de bout en bout, aussi émouvante qu’inquiétante, son regard bleu délavé est littéralement hanté. Passionnante aussi sa relation avec le flic (Terrence Howard) sur sa piste, un policier honnête, sensible, mais impuissant, qui devra choisir son camp. Avec sa réalisation un peu trop chargée par moments, sa BO dont certains accents évoquent celle de Bernard Herrmann pour « TAXI DRIVER », sa photo désaturée, « À VIF » hésite parfois entre le drame intime et le thriller pur et dur. Certains « one liners » semblent un peu incongrus (« I want my dog back »), Jordan n’évite pas toujours le cliché (les scènes d’amour en flash-back), mais malgré cela, le film donne à réfléchir non seulement sur ce qu’il raconte, mais également sur nos propres sentiments par rapport à ce cinéma de vengeance et de mépris des lois. La fin, résolument amorale, laisse sur un malaise et c’est très bien ainsi. Un film direct et solide, semble-t-il sous-estimé. À revoir…

JODIE FOSTER

 

« SIESTA » (1987)

SIESTA

ELLEN BARKIN

Adapté d’un roman de Patrice Chaplin, « SIESTA » est le premier long-métrage de la clipeuse Mary Lambert à qui on devra « SIMETIERRE ». Le thème, celui d’une NDE (Near Death Experience), aurait fait un excellent « court » de 26 minutes, mais le scénario est délayé, étiré jusqu’aux extrêmes limites du possible et le dialogue prétentieux, n’arrange pas les choses.SIESTA2

Il est facile de se gausser d’un tel film, de ses tics « années 80 », de ses vaines coquetteries, de son montage antédiluvien, mais qu’on le veuille ou non, et malgré tout, la magie opère par instants, par flashes. La BO de Miles Davis y est sûrement pour quelque chose, tout comme l’atmosphère presque palpable de ces villages espagnols écrasés de soleil, de ces bâtisses en ruines où erre Ellen Barkin. Seule vraie raison de découvrir « SIESTA », la singulière comédienne à la blondeur sauvage et au corps félin, habite littéralement chaque image. Son rôle n’est pas facile (ATTENTION : SPOILER !), c’est celui d’une âme à la dérive, d’une morte qui ignore qu’elle l’est et qui avance à l’aveugle dans un cauchemar de plus en plus opaque et suffocant. Elle croise une bande de mondains décadents échappés de « LA DOLCE VITA » : l’agaçant Julian Sands, Jodie Foster affublée d’un accent anglais improbable et même Grace Jones qui abrite un rat dans sa robe. Elle retrouve son amant Gabriel Byrne pas très bien casté en bellâtre espagnol et la femme de celui-ci, Isabella Rossellini excessivement jalouse. On aperçoit aussi Martin Sheen en mari largué. Oui, qu’on le veuille ou non, « SIESTA » possède une réelle identité, offre plusieurs fulgurances, mais il est vraiment très daté, parfois un brin ridicule dans ses excès. À voir toutefois, pour Barkin dans sa robe rouge, fantôme parmi les fantômes, sur les notes obsédantes du grand Miles. Quelques bons grains en somme, dans beaucoup trop d’ivraie !

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GABRIEL BYRNE, ISABELLA ROSSELLINI ET ELLEN BARKIN

 

« TAXI DRIVER » (1976)

TAXI

ROBERT DE NIRO

Écrit par Paul Schrader, réalisé par Martin Scorsese, « TAXI DRIVER » peut être vu comme une variation psychiatrique du mythe américain du « vigilante ». Généralement personnifié comme un héros positif, le justicier est présenté ici comme un psychopathe malade de solitude, une bombe à retardement, un jeune homme inculte, probablement autiste, revenu déboussolé du Vietnam et prêt à tout et n’importe quoi pour trouver un but à son existence. Assassiner un politicien ou sauver une fille mineure des griffes de ses proxénètes. Aucune différence pour lui.TAXI2.jpg

Nimbé de la BO intoxicante de Bernard Herrmann, éclairé au néon par Michael Chapman, « TAXI DRIVER » est un ‘bad trip’ dans le cerveau malade de Robert De Niro, littéralement fondu dans son rôle jusqu’à devenir réellement inquiétant. L’acteur de 33 ans dégage un mal-être, une folie mal contenue, qui crèvent l’écran, bien au-delà des gimmicks (« You’re talking to me ? ») devenus anthologiques avec le temps. Tel un fauve urbain efflanqué, imprévisible, incapable de trouver le sommeil, ‘Travis Bickle’ arpente les rues de New York dans son vieux taxi jaune, en quête d’une rencontre, d’un contact humain, d’une raison de vivre… ou de mourir.  Le film tourne entièrement autour de la performance de De Niro qui parvient à générer un vrai malaise dans lequel n’entre aucune empathie. À ses côtés, Cybill Shepherd « trop belle pour lui », Jodie Foster parfaite en prostituée de douze ans et Harvey Keitel qu’on a vu mieux employé, bizarrement emperruqué en « mac ». Lent, lancinant, parfois abscons, « TAXI DRIVER » a très bien vieilli, hormis peut-être quelques improvisations trop longues (la danse entre Keitel et Foster, interminable et inutile, les scènes entre Shepherd et son collègue Albert Brooks rétrospectivement superflues). Mais tant de décennies après, il parvient à capturer l’air du temps de ces années 70 d’une Amérique à la dérive, ayant perdu tous ses repères.

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JODIE FOSTER ET ROBERT DE NIRO

 

« OMBRES ET BROUILLARD » (1991)

OMBRES.jpgAprès avoir rendu de vibrants hommages à Fellini et Bergman, Woody Allen s’attaque avec « OMBRES ET BROUILLARD » au cinéma expressionniste allemand. L’Amérique intemporelle ciselée par le noir & blanc de Carlo Di Palma ressemble diablement à l’Europe du début du 20ᵉ siècle de Fritz Lang, Murnau, avec une petite pincée de Tod Browning. Le scénario – réduit à sa plus simple expression – relate une traque à l’étrangleur une nuit de brouillard, par une bande de « vigilantes » prête à lyncher n’importe qui. Les mânes de Jack l’Éventreur et de M. le maudit planent au-dessus de chaque séquence, mais la tonalité est drolatique, puisque le quidam soupçonné à tort n’est autre que Woody lui-même, s’autoparodiant avec beaucoup d’entrain dans le rôle de ‘Kleinman’ (petit homme) un médiocre fonctionnaire trouillard balloté par les événements et tombant de Charybde en Scylla. Le film est beau à contempler, mais le scénario ne va nulle part, ne connaît pratiquement aucune progression dramatique et finit par s’immobiliser bien avant la fin. Heureusement, le cast incroyablement riche permet de s’accrocher jusqu’au bout : Kathy Bates, Jodie Foster et Lily Tomlin sont excellentes en prostituées joyeuses, John Malkovich et Mia Farrow forment un couple d’artistes de cirque en crise, Donald Pleasence apparaît en légiste inquiétant. On aperçoit également Madonna, de tout jeunes John C. Reilly et William H. Macy, John Cusack, Wallace Shawn, Kate Nelligan (qui n’apparaît qu’en plan large derrière une fenêtre), Robert Joy ou l’indispensable Julie Kavner. Un vrai défilé qui aide grandement à passer le temps. « OMBRES ET BROUILLARD » est un pur exercice de style sans colonne vertébrale, qui renvoie à une imagerie d’un autre âge que Woody Allen restitue avec respect et nostalgie. Dommage que, sorti de quelques allusions à l’antisémitisme et aux pogroms, le scénario ait si peu de substance.

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WOODY ALLEN, DONALD PLEASENCE, LILY TOMLIN, JODIE FOSTER, JOHN CUSACK ET MIA FARROW

 

« ALICE N’EST PLUS ICI » (1974)

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ELLEN BURSTYN ET DIANE LADD

« ALICE N’EST PLUS ICI » est un des films les moins scorsesiens de la filmo de Martin Scorsese. Entre mélodrame féministe et ‘road movie’ réaliste, le scénario raconte la seconde vie d’Ellen Burstyn, qui vient de perdre un mari peu aimable et part sur les routes avec son jeune fils (Alfred Lutter III) pour refaire sa vie et réaliser son rêve d’enfant : devenir chanteuse.ALICE3

Le film repose entièrement sur les épaules de Burstyn, irremplaçable dans ce personnage fort et fragile, incapable de vivre sans homme. Ses relations avec son fils sont extrêmement originales, dépourvues de sentimentalisme et d’une franchise étonnante. Même chose pour ses scènes avec ses collègues serveuses, surtout la dure-à-cuire Diane Ladd absolument hilarantes. On se demande un peu ce qui a pu attirer Scorsese dans ce sujet tournant autour de la condition féminine et d’ailleurs ses effets de style appuyés (le prologue sorti du « MAGICIEN D’OZ », des ‘jump cuts’ de montage, des travellings circulaires) sont trop voyants et plus encombrants qu’autre chose. Mais le charme de l’histoire et des comédiens aide à avaler ces bien vaines coquetteries. Autour d’une Burstyn rayonnante, Kris Kristofferson est très bien en fermier séduisant (presque trop beau pour être vrai), Harvey Keitel fait un bref, mais fulgurant numéro de brave péquenaud qui s’avère être un dangereux psychopathe. Et la toute jeune Jodie Foster est très drôle en gamine négligée et grande gueule. « ALICE N’EST PLUS ICI » est un film modeste, à hauteur d’homme – enfin, plutôt de femme, en l’occurrence – et au message à la fois lucide et généreux, positif sans jamais être naïf. Alice connaît la vie, elle sait qu’elle ne sera jamais une grande chanteuse ni une mère idéale, mais elle s’accroche à son rêve et parvient à illuminer le monde autour d’elle. Un joli film, vraiment.

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ALFRED LUTTER III, KRIS KRISTOFFERSON, ELLEN BURSTYN ET HARVEY KEITEL

À noter que le film donna naissance à une sitcom intitulée « ALICE » (1976-1985) où Linda Lavin reprenait le rôle-titre et où Vic Tayback retrouvait son personnage de gérant de « diner ». Diane Ladd et Alfred Lutter III tournèrent également quelques épisodes.

 

« MAVERICK » (1994)

MEL GIBSON

MEL GIBSON

Ancien faiseur de TV, responsable depuis la fin des seventies de ‘blockbusters’ à gros budget, Richard Donner était l’homme idéal pour adapter au grand écran une série western des années 50. En fait, « MAVERICK » est presque un monument à la gloire de son réalisateur, puisqu’on y trouve un clin d’œil appuyé à « L’ARME FATALE » avec un bref caméo de Danny Glover face à Mel Gibson, la présence de Margot Kidder la fiancée de Superman et un nombre étonnant de vieilles gloires du western télévisé qui vont et viennent pendant tout le film et surtout lors de la séquence de poker finale.MAVERICK « MAVERICK » ne s’est rien refusé : le scénariste de « BUTCH CASSIDY & LE KID », Vilmos Zsigmond à la photo et James Garner, le ‘Maverick’ originel dans un rôle à facettes des plus sympathiques. De bien nobles références pour un film qui, s’il amuse et distrait sans problème, n’en demeure pas moins une grosse pochade picaresque et pas toujours très légère, à l’image du jeu décalé de Mel Gibson. L’histoire n’est qu’un prétexte à une succession de rencontres et de sketches, certains réussis, d’autres lourdingues (les pionnières et le séjour chez les Indiens), d’autres encore empruntés à… « LUCKY LUKE » (le duc russe rêvant de tuer des peaux-rouges). Heureusement, Jodie Foster, qui n’a jamais été plus ravissante et décontractée, illumine le film de sa présence ironique. Garner et Gibson eux, font plus que rappeler la relation entre Harrison Ford et son père dans « INDIANA JONES ET LA DERNIÈRE CROISADE ». Et c’est émouvant de retrouver au détour d’un plan, de vieux cowboys chenus comme Paul Brinegar, Doug McClure, Leo Gordon, Robert Fuller ou William Smith, venus saluer une dernière fois leur public de nostalgiques. Sans oublier la joie toujours renouvelée de revoir James Coburn en ‘commodore’ malhonnête. Ses retrouvailles avec Garner après « LA GRANDE ÉVASION » et « LES JEUX DE L’AMOUR ET DE LA GUERRE » sont savoureuses. Film de « téléphile », « MAVERICK » sent un peu le laisser-aller et l’improvisation, mais l’humeur est plaisante, ludique et à condition de ne pas trop en attendre, cela peut procureur deux heures de détente sans prétention.

JODIE FOSTER, MEL GIBSON, JAMES GARNER ET JAMES COBURN

JODIE FOSTER, MEL GIBSON, JAMES GARNER ET JAMES COBURN

 

« ELYSIUM » (2013)

ELYSIUM2On avait été bluffé par le premier film de ce réalisateur sud-africain « DISTRICT 9 » qui alliait un discours subversif à une incroyable maîtrise des F/X. En passant à la vitesse supérieure (c’est-à-dire en partant pour Hollywood !), Neill Blomkamp ne perd rien de son sens visuel, mais simplifie son discours. « ELYSIUM » est une fable de SF grand-public, un film de crise, un peu « Les Inégalités Sociales Pour Les Nuls », en quelque sorte.

La terre surpeuplée et polluée est devenue une favela fliquée par des robots, alors que les nantis vivent dans un luxueux vaisseau spatial kubrickien au-dessus de la planète. Matt Damon, délinquant accidentellement irradié va devenir une sorte de messie libérateur pour ses frères humains. Oui, ça a l’air un peu couillon dit comme ça et… ça l’est ! Excessivement manichéen et naïf jusqu’à écœurement (ce n’est jamais agréable d’être pris pour un abruti à qui on prémâche le travail), le scénario est le gros point faible de ce film qui avait pourtant tout pour prétendre à la grandeur. Si Damon est un héros sympathique aux abdoms en acier trempé, si Jodie Foster semble s’amuser à jouer une méchante glaciale et fascisante à l’accent vaguement français, le film est totalement vampirisé par Sharito Copley, qui tenait le rôle principal de « DISTRICT 9 » et que son réalisateur lâche en roue-libre dans un numéro de cabotinage dantesque, qui oblitère ses partenaires et finit par déséquilibrer le film, en modifiant son centre de gravité. Ce mercenaire barbu et dégénéré à l’accent inintelligible prend une place considérable alors qu’il n’est qu’un comparse sans réel intérêt dramatique. « ELYSIUM » est passé à côté d’une belle réussite. Si le discours « politique » et le profil psychologique des protagonistes avaient eu ne serait-ce qu’une fraction de l’efficacité du visuel, on tenait là une pierre blanche de la Science-Fiction moderne. Là, c’est un spectacle pour adolescents. Ni plus, ni moins.

MATT DAMON ET JODIE FOSTER

MATT DAMON ET JODIE FOSTER

 

« L’HOMME DE L’INTÉRIEUR » (2006)

CLIVE OWEN

CLIVE OWEN

« L’HOMME DE L’INTÉRIEUR » est un bon gros thriller de braquage – un ‘caper movie’ comme on dit là-bas – ingénieux et efficace, dont la seule vraie surprise provient du nom de Spike Lee en tant que réalisateur.

INSIDECopieux, froid, carré, le film aurait pu être signé par n’importe quel « faiseur » hollywoodien et il faut vraiment chercher du côté de quelques échanges à teneur raciale et dans les relations entre le héros et sa femme, pour déceler la patte du brave Spike. Mais il s’acquitte sans démériter de ce job solide, tendu, rappelant inévitablement « UN APRÈS-MIDI DE CHIEN » (auquel le dialogue fait d’ailleurs directement allusion), l’âme en moins. Car – et c’est le défaut principal du film – on a du mal à s’impliquer à fond, à se passionner pour des personnages archétypiques dont on ne saura rien au-delà des apparences. Ainsi le flic Denzel Washington est-il essentiellement caractérisé par sa tenue vestimentaire : chapeau de paille, costumes blancs et un soupçon de corruption auquel on ne croit pas une seconde. Pour le reste, il joue de façon routinière avec une aisance de vieux pro légèrement blasé. Face à lui, Clive Owen est plus intéressant en braqueur-redresseur de torts charismatique, malgré le fait qu’il ait le visage masqué pendant la moitié du film. Jodie Foster a un rôle assez bref d’entremetteuse dure-à-cuire et Christopher Plummer, plus classe que jamais, semble tout de même un peu jeune pour avoir magouillé avec les nazis pendant la WW2.

Malgré sa durée de deux heures pas vraiment justifiée, son scénario tellement huilé qu’il en devient mécanique, « L’HOMME DE L’INTÉRIEUR » accroche par ses trouvailles « criminelles » (les braqueurs obligent leurs otages à s’habiller comme eux, visage masqué, rendant l’identification impossible lors du dénouement) et par un ‘twist’ final extrêmement réjouissant, qui fait oublier les longueurs et la froideur qui ont précédé.

DENZEL WASHINGTON, JODIE FOSTER ET CHRISTOPHER PLUMMER

DENZEL WASHINGTON, JODIE FOSTER ET CHRISTOPHER PLUMMER