Archives Mensuelles: août 2018
« OFF SEASON » : épisode de « The Alfred Hitchcock hour » réalisé par William Friedkin
« OFF SEASON » est l’ultime épisode de la dernière saison de « THE ALFRED HITCHCOCK HOUR » et on retrouve, cinq ans après, trois noms déjà réunis au générique de « PSYCHOSE » : Alfred Hitchcock en tant qu’hôte, Robert Bloch au scénario et John Gavin en vedette.
Mais surtout ce qui intrigue dans ce téléfilm, c’est qu’il s’agit de la première fiction tournée par un William Friedkin de trente ans, venu du documentaire.
Gavin joue un flic à la gâchette trop sensible, un psychopathe assermenté forcé de démissionner après avoir abattu un SDF inoffensif. Avec sa fiancée (Indus Arthur), il s’installe en province où il trouve un job de shérif-adjoint. Mais il se persuade que la jeune femme est devenue la maîtresse de l’ex-adjoint (Richard Jaeckel) et décide de ressortir son revolver. Le scénario fonctionne bien sur ces bases simples et solides et la chute – qu’on voit venir assez tôt en étant un tant soit peu attentif – est bien amenée. Le film est solidement réalisé, sans qu’on y décèle le style Friedkin, mais l’habituellement fade Gavin est excellemment dirigé dans ce qui constitue un de ses meilleurs rôles. Avec son physique lisse, « All American », il en devient encore plus inquiétant. Et bien sûr, le voir vivre dans un motel miteux, tenu par un type louche (William O’Connell) renvoie instantanément à « PSYCHOSE ». Un épisode mémorable donc, pour différentes raisons : le premier de Friedkin et le dernier de la série qui s’achève heureusement sur une note dynamique.
LE QUARTÉ D’ANNIVERSAIRE…
Pour fêter dignement le quinzième anniversaire de la disparition de Charles Bronson, « BDW2 » propose ses quatre films préférés de la longue filmographie du moustachu taiseux. Un choix difficile, subjectif, excluant des œuvres essentielles comme « LE PASSAGER DE LA PLUIE », « LES 7 MERCENAIRES » ou « LES COLLINES DE LA TERREUR », ignorant des semi-nanars fondateurs comme « DE LA PART DES COPAINS », des films attachants comme « SOLEIL ROUGE », voire incontournables comme « UN JUSTICIER DANS LA VILLE », pour ne garder que la crème de la crème, comme disent les anglo-saxons.
Je vous invite à soumettre votre quarté gagnant, aussi surprenant puisse-t-il être. Parce qu’il le vaut bien…
« THE COMEDIAN » (2016)
Imaginons Rupert Pupkin (le héros de « LA VALSE DES PANTINS ») qui aurait connu son heure de gloire et se retrouverait à 73 ans, courant le cachet dans des cabarets miteux. C’est bien sûr la présence de Robert De Niro dans un rôle de « stand-up comedian » qui fait penser à ce pont entre le film de Scorsese et « THE COMEDIAN », réalisé par Taylor Hackford.
Sous forme de chronique douce-amère et souvent abrasive de la vie de cette « grande gueule » au bord de la vieillesse, perdu dans un monde qu’il ne comprend plus, le film est une heureuse surprise, malgré un scénario déstructuré qui se contente pour l’essentiel d’aligner les morceaux de bravoure : le mariage lesbien de la nièce, l’impro scatologique à l’hospice en Floride, la remise de prix à la moribonde Cloris Leachman (extraordinaire !), le face-à-face dans un restaurant new-yorkais entre les vieux compères De Niro et Harvey Keitel, etc. C’est un festival de bons mots, de situations embarrassantes, d’éclats de rire et de temps en temps d’émotion et de réflexion sur le temps qui passe. Que du bonheur, autrement dit, d’autant qu’on retrouve le De Niro qu’on aime et qui se fait si rare : intense, impliqué, audacieux et dépourvu de toute vanité de star. On applaudit des deux mains ! Il est très bien entouré par Leslie Mann en jeune femme névrosée, Danny De Vito en frère patient, Patty LuPone géniale en belle-sœur survoltée, Edie Falco en impresario stoïque. En bonus : l’apparition de Billy Crystal dans son propre rôle et de Charles Grodin – à peine reconnaissable – l’ancien partenaire de ‘Bob’ dans « MIDNIGHT RUN ». « THE COMEDIAN » n’a rien d’un grand film, mais pour peu qu’on aime les vieilles stars en pleine possession de leurs moyens, l’univers pathétique et cocasse des comiques aux carrières fluctuantes et pour quelques vacheries anthologiques balancées au micro par un De Niro en roue-libre, il faut absolument voir ce film roboratif.
« SAW V » (2008)
Voilà donc « SAW V », la livraison annuelle de la franchise initiée en 2004 et réalisée cette fois par David Hackl. À part ce changement, rien de bien neuf sous le soleil : les auteurs cherchent de plus en plus à donner l’impression que les scénarios forment les pièces d’un ensemble pensé depuis le début, une sorte du puzzle (‘Jigwaw’ en v.o.) alors qu’on a constamment la sensation d’une improvisation hasardeuse et pas très compréhensible.
On suit trois actions parallèles : l’enquête de Scott Patterson survivant du film précédent, qui traque Costas Mandylor le successeur du serial killer. Petit souci : les deux comédiens se ressemblent tellement physiquement, qu’ils pourraient être frères ! Et cela ajoute à la confusion généralisée. Ensuite, il y a le groupe de personnes enfermées subissant des tortures atroces pour survivre. Du déjà-vu donc, pas même rehaussé par la présence d’une Julie Benz bizarrement emperruquée. Et puis il y a les flash-backs qui nous permettent de retrouver Tobin Bell et s’efforçant laborieusement d’expliquer les exactions de ‘Jigsaw » dans les quatre autres opus. Pourquoi pas ? Mais cela oblige pratiquement à visionner toute la franchise dans la foulée sous peine d’être complètement perdu dans une jungle de références souvent obscures.
Moins bien filmé qu’auparavant, plus banal dans sa facture et rabâchant les mêmes sempiternels thèmes, « SAW V » insiste encore plus sur le côté « justicier » de Jigsaw, qui punit des crapules jusque-là intouchables, en les confrontant à leurs propres lâchetés, leurs propres péchés. Le problème c’est qu’on a déjà vu cela plusieurs fois et que tous les acteurs intéressants ont disparu de la série. Une fois encore – et même davantage que précédemment – on peut s’interroger sur la finalité de tout cela.