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Archives de Catégorie: LES FILMS DE CHARLES BRONSON

« MONSIEUR ST. IVES » (1976)

Inspiré d’une série de romans de Ross Thomas signés sous pseudonyme, « MONSIEUR ST. IVES » de J. Lee-Thompson est une tentative de créer un personnage récurrent à Charles Bronson après son succès dans « UN JUSTICIER DANS LA VILLE ».

L’acteur y joue un ex-reporter, joueur invétéré, engagé par un milliardaire louche (John Houseman) pour récupérer des dossiers compromettants qui lui ont été dérobés. Le pitch paraît simple, mais au-delà c’est totalement incompréhensible. Bronson étonnamment à l’aise, joue un type normal, il n’a rien d’un héros ou d’un tough guy et Thompson passe beaucoup de temps à le filmer en train de marcher dans des décors naturels, de conduire dans L.A. La photo du pourtant excellent Lucien Ballard n’est pas très heureuse, pourrie de plans flous, la BO de Lalo Schifrin répète inlassablement les mêmes notes et à l’arrivée, le film fait plutôt penser au pilote d’une série TV typique des seventies, pas meilleure qu’une autre. Jacqueline Bisset et Maximilian Schell, très surqualifiés pour leurs rôles, vont et viennent, on reconnaît des visages familiers comme Jeff Goldblum, Robert Englund, Harry Guardino et Harris Yulin jouant des ripoux de compétition. Elisha Cook, Jr. est amusant en gardien de nuit de l’hôtel où habite Bronson. Il n’y a rien à dire en fait de « MONSIEUR ST. IVES », qui ne provoque qu’ennui et agacement. Même Bronson semble détaché, la tête ailleurs, arborant une belle collection de pulls à col roulé noirs et une coupe de cheveux pas très seyante. Le fan complétiste y trouvera certainement raison de se réjouir çà et là (la scène où il est mitraillé dans une voiture blindée, ses échanges de répliques avec son copain flic Dana Elcar), mais le film est clairement un faux-pas pour Bronson, dont la seule utilité est d’avoir démarré une longue collaboration avec Thompson.

CHARLES BRONSON, JACQUELINE BISSET, DANA ELCAR, HARRY GUARDINO ET HARRIS YULIN
 
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102 ANNIVERSAIRES POUR CHARLEY…

 

« LA BATAILLE DE SAN SEBASTIAN » (1968)

« LA BATAILLE DE SAN SEBASTIAN » est une co-production franco-américaine tournée au Mexique par le Français Henri Verneuil qui fait preuve ici d’un bel éclectisme, puisqu’il se fond dans l’imagerie du western italien, avec une grande facilité.

Le scénario c’est, grosso-modo, celui des « 7 MERCENAIRES » : avec son extraordinaire vitalité, Anthony Quinn incarne les sept héros à lui tout seul et il défend un pauvre village des assauts du bandit Charles Bronson et des Indiens Yaquis. Cela se passe au 18ème siècle et c’est un grand spectacle tonitruant et coloré. L’insatisfaction provient du scénario, qui insiste beaucoup trop sur l’arrière-plan religieux, semble se répéter sans arrêt et se permet des raccourcis grotesques (la façon dont Quinn se procure les armes auprès du gouverneur) et bâcle le suspense : Bronson passe tout le film à arriver furieux à cheval au village, à menacer tout le monde et à repartir, tout aussi furieux ! Le (long) milieu piétine et s’enlise mais, heureusement, il y a la fabuleuse BO d’Ennio Morricone, une de ses plus belles, les paysages grandioses et quelques généreuses scènes d’action. Quinn trouve un rôle à sa mesure de rufian sans foi ni loi, subitement touché par la grâce (il avait déjà accompli le même parcours spirituel dans « BARABBAS » six ans plus tôt), il déploie une folle énergie et maintient l’intérêt jusqu’au bout. Anjanette Comer est charmante et Bronson écope hélas, d’un personnage mal défini : pas vraiment le méchant, mais une sorte de mauvais génie, constamment en colère, sans la moindre évolution. Un vrai gâchis ! Parmi les seconds rôles, Sam Jaffe crée au début un joli prêtre modeste et courageux. Que dire de cette « BATAILLE… » ? Ce n’est pas déplaisant bien sûr, c’est du vrai cinéma, mais il manque définitivement quelque chose pour adhérer totalement. Un peu plus de psychologie pour enrichir ces personnages unidimensionnels, de l’émotion, un souffle d’aventure ? Difficile à dire. À voir sans en attendre de grande révélation.

ANTHONY QUINN, ANJANETTE COMER ET CHARLES BRONSON
 

« MEMORY IN WHITE » : Charles Bronson dans « General Electric Theater »

« MEMORY IN WHITE » d’Allen Reisner est un épisode de la série anthologique « GENERAL ELECTRIC THEATER » écrit par le célèbre Budd Shulberg d’après une de ses propres nouvelles.

SAMMY DAVIS, JR. ET CHARLES BRONSON

Pancho Villa III (Sammy Davis, Jr.) travaille comme homme à tout faire dans un gymnase où s’entraînent des boxeurs. Son rêve : acheter un beau costume blanc pour devenir annonceur de matches lors des championnats. Mais sa diction est hasardeuse et tout le monde se moque de lui. Surtout Billy « Soldier » Conlon (Charles Bronson), un odieux bully qui ne cesse de le harceler, de l’humilier en public. Et quand Davis acquiert enfin le costume de ses rêves, Bronson le souille méchamment. Jusqu’au jour où, allant trop loin, il est accidentellement tué par Davis qu’il était en train de passer à tabac. Curieuse histoire très sombre, sans morale particulière, tournée dans un décor et centrée sur le numéro de Sammy Davis, Jr. moyennement convaincant en latino à moitié débile et pot-de-colle. Bronson lui, joue le plus irrécupérable salopard qu’il ait jamais incarné : une brute insensible et raciste lâchant sans arrêt des petits rires aigus pas très virils. Un rôle tout d’une pièce, assez extraverti, sans grand rapport avec les emplois habituels de l’acteur. À noter qu’il fut nommé en 1961 aux Primetime Emmy Awards pour son travail dans ce téléfilm. Son unique nomination pour un rôle qui est loin d’être un de ses meilleurs à la TV !

À noter : « MEMORY IN WHITE » est visible sur YouTube, mais dans une copie de travail terriblement dégradée. À voir comme un document, mais sans plus !

 

« THE LONELY MAN » : Charles Bronson dans « The O. Henry Playhouse »

CHARLES BRONSON

« THE LONELY MAN » est le second épisode de la série de prestige « THE O. HENRY PLAYHOUSE » que tourna Charles Bronson en 1957, cette fois sous la direction de Kenneth G. Crane, qui lui offrira un rôle en vedette l’année suivante dans son long-métrage « WHEN HELL BROKE LOOSE ».

Sam Galloway (Bronson) est un gunfighter errant, poursuivi par sa réputation de tueur acquise sous le pseudonyme de « Kid » parce qu’il tua son premier homme à l’âge de 16 ans. À la suite de la mort accidentelle d’un enfant, il jure de ne plus jamais porter d’arme et de renoncer à la violence. Un personnage qui n’est pas sans rappeler celui de Gregory Peck dans « L’HOMME AUX ABOIS ». Ensuite, c’est plutôt vers « L’HOMME DES VALLÉES PERDUES » que lorgne le scénario, puisque Bronson décide d’aider une veuve et son jeune fils, harcelés par un riche propriétaire (Harry Lauter) qui convoite leur ferme. Refusant toujours de reprendre les armes, Bronson passe pour un lâche. C’est in extremis, provoqué en duel par le méchant, qu’il se laissera délibérément abattre pour prouver au garçon que la violence est un engrenage fatal. Raconté en flash-back par O. Henry (Thomas Mitchell), le téléfilm de 26 minutes offre à Bronson un joli personnage de brave type traînant une malédiction dans son sillage. Le titre de l’épisode correspond parfaitement à l’acteur et, s’il apparaît torse-nu comme souvent à cette époque, c’est surtout un rôle d’introverti doux et effacé. Longtemps oublié, même des filmographies officielles de Bronson, « THE LONELY MAN » le change plaisamment de ses habituels rôles de brutes ou de forçats évadés qui constituaient alors l’essentiel de son travail à la TV. À découvrir pour le fan exhaustif.

MARIANNE STEWART ET CHARLES BRONSON
 

« UN JUSTICIER DANS LA VILLE » (1974)

CHARLES BRONSON

Que reste-t-il, un demi-siècle plus tard, du film qui fut taxé de brûlot d’extrême-droite aux U.S.A. à sa sortie et dont l’énorme succès commercial fit une star d’un Charles Bronson de 52 ans ?

« UN JUSTICIER DANS LA VILLE » de Michael Winner, entièrement tourné à New York, en décors naturels, a bien vieilli. La réalisation « primitive » de l’Anglais assure un rythme infernal : plans extrêmement courts, ellipses brutales, coups d’accélérateur, Winner concentre en 90 minutes un scénario ambigu qui fait mine de s’effarer de la violence tout en la glorifiant. Bronson, aimable architecte pacifiste, se transforme en vengeur du Far-West – dont il a d’ailleurs le revolver – pour venger sa famille agressée chez lui. Il commence à tuer des loubards au hasard, puis les appâte, encouragé par les chiffres d’une criminalité qui baisse à vue d’œil dans « Big Apple ». Tout est simpliste, caricatural (le client amoureux des armes à feu en Arizona), le dialogue ne s’embarrasse pas de finesse, mais le film est tellement ancré dans son époque qu’il a pris une vraie patine et emporte le morceau. À contremploi, Bronson fait le maximum pour faire oublier son image de tough guy et… y réussit pleinement. On croit qu’il a la tremblote après sa première confrontation avec un agresseur, qu’il vomit tout ce qu’il peut à la suite de son premier meurtre. Il porte le film sur les épaules, même si le personnage était clairement conçu pour un Jack Lemmon ou un Dustin Hoffman. Il est bien entouré par Steven Keats en gendre pusillanime, Vincent Gardenia un brin cabotin en flic enrhumé, Hope Lange en épouse qui disparaît trop vite. On remarque des débutants destinés à un avenir brillant : Olympia Dukakis en fliquette blasée et Jeff Goldblum en voyou totalement dégénéré au début. « UN JUSTICIER DANS LA VILLE » engendrera quatre sequels éprouvantes, mais cela demeure un film provocateur et sans subtilité où tout est sacrifié à l’efficacité immédiate. Est-ce pour cela qu’il est si jouissif, encore aujourd’hui ?

HOPE LANGE, JEFF GOLDBLUM, CHARLES BRONSON, VINCENT GARDENIA ET OLYMPIA DUKAKIS
 
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AUJOURD’HUI, IL AURAIT EU 101 ANS…

 

« LE PASSAGER DE LA PLUIE » (1970)

MARLÈNE JOBERT ET CHARLES BRONSON

« LE PASSAGER DE LA PLUIE » de René Clément a dépassé le demi-siècle et, même s’il accuse un certain vieillissement (la jolie BO de Francis Lai trop présente, les décors de studio) n’a rien perdu de son charme étrange.

S’inspirant de l’œuvre de Lewis Carroll auquel il adresse de nombreux clins d’œil, Sébastien Japrisot tricote un scénario à la fois simple (la confrontation entre une jeune femme qui a abattu son violeur et un colonel américain à la recherche du même homme) et alambiqué (les subterfuges de Dobbs pour piéger Mellie), où les relations humaines prennent le pas sur l’enquête policière. Le film doit pratiquement tout à son casting : Marlène Jobert forte et vulnérable compose un personnage complexe de petite fille qui n’a jamais grandi, entêtée jusqu’à l’absurde. Et Charles Bronson, au sommet de son charisme, en chasseur inquiétant et brutal, peu à peu conquis par sa proie. Leur duo, pourtant disparate, fonctionne à 100% et focalise l’intérêt sur leurs réactions et leurs affrontements. Si certains flash-backs sur l’enfance de Mellie paraissent peut-être un peu lourdingues et certaines répliques un peu trop « écrites », « LE PASSAGER DE LA PLUIE » exploite parfaitement les extérieurs du Midi et sait tirer le meilleur de sa distribution. Annie Cordy est excellente en mère désabusée et dure-à-cuire, Marc Mazza apparaît peu, mais fait impression dans le rôle de l’agresseur, Jean Gaven est très bien en flic sympathique. Seul Gabriele Tinti peine à s’extirper des clichés trimbalés par son rôle de pilote de ligne italien macho et coléreux. Sans être un chef-d’œuvre immortel, « LE PASSAGER DE LA PLUIE » est un de ces films qu’on peut voir et revoir sans jamais s’en lasser. Le petit jeu avec les noix jetées sur les vitres, le surnom « Love-love » que Bronson donne à Jobert et le fameux fil rouge de l’histoire symbolisé par un sac… rouge, sont devenus anthologiques.

À noter : tourné en deux versions, anglaise et française, le film vaut d’être vu en anglais ne serait-ce que pour entendre la voix véritable de Bronson, qui joue plus vite, plus subtilement et s’avère bien meilleur que dans la v.f. où il est doublé avec l’accent américain par John Berry.

CHARLES BRONSON ET MARLÈNE JOBERT
 
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IL Y A 19 ANS, DISPARAISSAIT CHARLES BRONSON…

 

« 12 SALOPARDS » (1967)

JOHN CASSAVETES ET LEE MARVIN

« 12 SALOPARDS » de Robert Aldrich est un de ses plus gros succès commerciaux et le film auquel son nom est le plus souvent associé. C’est un film de guerre au scénario totalement improbable, inspiré d’un roman plus que moyen, mais qui bénéficie de l’énergie forcenée du réalisateur et d’une distribution extraordinaire.

Lee Marvin, officier indiscipliné, doit réunir douze ex-soldats condamnés à mort ou à de lourdes peines, les entraîner, les motiver pour aller faire exploser un château en France où se réunissent de grosses huiles du 3ᵉ Reich. Cela méritait-il de durer 149 minutes ? Probablement pas. Et la construction du scénario en quatre chapitres bien distincts (le recrutement, l’entraînement, la mise à l’épreuve et finalement l’attaque elle-même) fait parfois sembler le temps bien long. Ce n’est pas le seul défaut du film : la BO est d’une lourdeur exaspérante parfois proche du cartoon et le montage devient très confus dans les séquences d’action. Pourtant… pourtant… comment résister à cette réunion de grands comédiens dans la fleur de l’âge ? John Cassavetes et Donald Sutherland, redoutables voleurs de scènes font des étincelles, Charles Bronson au style opposé, marque le film en demeurant impassible et implacable, Telly Savalas s’éclate en détraqué total (quelle drôle d’idée d’avoir distribué un Grec dans un rôle de bigot raciste du Vieux Sud ?), il faudrait tous les citer. Même les hauts-gradés sont incarnés par des pointures telles qu’Ernest Borgnine ou George Kennedy. Ils sont tous formidables et servent de charpente au film. On aurait préféré moins d’apartés comiques pas très drôles, davantage de psychologie et moins de longueurs dans l’interminable séquence des « jeux de guerre » où la « sale douzaine » bat les soldats de Robert Ryan à plate couture en trichant de bon cœur. « 12 SALOPARDS » a pris un coup de vieux, c’est indéniable et semble manquer de rigueur, mais son discours en filigrane demeure intact : qu’est-ce qu’un héros ? Un psychopathe, attardé mental de préférence, capable de tuer comme il respire, répond Aldrich. À méditer…

CHARLES BRONSON, CLINT WALKER, DONALD SUTHERLAND, JIM BROWN, ROBERT RYAN ET LEE MARVIN