La saga « ROCKY » s’est composée de cinq films de 1976 à 1990. Puis, contre toute attente, d’une sorte d’épilogue étonnamment réussi avec « ROCKY BALBOA » seize ans plus tard, qui clôturait le personnage de Balboa de fort émouvante manière. Nul n’oubliera le dernier plan, le montrant en train de disparaître (littéralement) entre les tombes d’un cimetière.
Dix ans plus tard, voici qu’arrive « CREED » où Sylvester Stallone 70 ans, réendosse une fois encore la défroque de ‘Rocky’ et cède la tête d’affiche à Michael B. Jordan, enfant naturel d’Appolo Creed dont il va devenir le coach, en se transformant en quelque sorte en ‘Mickey’ (joué par Burgess Meredith dans les trois premiers films). Il est indéniable que revoir Stallone épaissi, vieilli, faisant enfin son âge, est émouvant. Après tout, cela fait maintenant 40 ans qu’on le connaît ! Rien que sa silhouette pataude, son petit chapeau et son « How ya doin’ ? » font figure de madeleine de Proust.
« CREED » est bien fichu, respectueux du passé des personnages, nullement iconoclaste. Mais force est de reconnaître que les enjeux sont un peu faibles. Le jeune ‘Adonis’ ne se bat pas pour sa survie, il a vécu dans le luxe et cherche à prouver qu’il n’est pas qu’un « fils de ». Qu’il gagne ou qu’il perde le grand match final n’a pour le coup, pas la même importance vitale. Malgré l’implication du jeune acteur, c’est donc tout naturellement vers Stallone que les regards se tournent. Et celui-ci se surpasse, se montrant poignant dans la dernière partie, redonnant chair et profondeur à un rôle iconique qu’on croyait définitivement enterré. Chapeau !
Un brin longuet, « CREED » joue habilement des références aux autres films. La BO qui ne cesse de promettre le retour des musiques des « ROCKY » sans jamais vraiment donner satisfaction, les courses à pied dans Philadelphie, ou les brefs flash-backs sur le ring bien utilisés, tout participe de cette nostalgie universelle et de l’affection pour ce personnage totalement fusionné avec son interprète, au point qu’on ne sait plus très bien qui représente la statue érigée à « Philly » : Rocky ou Sylvester ? Les deux probablement. Au-delà d’un épilogue donc, « CREED » est un redémarrage qui devrait enclencher une nouvelle ‘franchise’. Vertigineux !