Écrit et réalisé par Richard Brooks d’après le best-seller de Judith Rossner, « À LA RECHERCHE DE MR. GOODBAR » télescope le savoir-faire d’un tough guy hollywoodien de 65 ans avec l’Amérique de l’après-Vietnam et de l’avant-SIDA.
Est-ce le panorama réaliste d’une jeunesse livrée à elle-même ? D’une perte des valeurs qui faisaient « l’America great » ? Le portrait d’une jeune femme opprimée par sa famille et son enfance traumatisante et qui se libère trop vite, trop fort ? Ou est-ce la vision réactionnaire et partiale d’un homme, Brooks, confronté à une génération qu’il juge sans la comprendre ? Tout à la fois, probablement. Centré sur Diane Keaton, qui enseigne le jour à des enfants sourds-muets et la nuit, se transforme en nymphomane cocaïnée, le scénario ressemble à une longue chute libre, de plus en plus sordide, de plus en plus sinistre. Les amants de Keaton sont, pour la plupart, des détraqués, des losers de tous milieux. C’est un monde sans amour, sans joie que s’évertue à dépeindre Brooks et la fin est une véritable descente aux enfers sous une lumière stroboscopique. Le film est trop long, trop répétitif, le message trop lourd et Keaton, omniprésente se laisse aller à ses tics de jeu sans aucune retenue. Parmi les seconds rôles, il faut subir le cabotinage narcissique du jeune Richard Gere, déjà insupportable, le jeu très Actors Studio de Tuesday Weld en sœur dévoyée. Tom Berenger est excellent en ex-taulard gay et tourmenté, véritable ange de la mort. On aperçoit Brian Dennehy en infirmier. « GOODBAR » a vieilli, l’enchaînement de tubes disco est lassant, les séquences fantasmées sont trop nombreuses et vaines. Le film, invisible depuis des décennies, gâche le souvenir qu’on pouvait en avoir.
À noter : lors de sa première rencontre avec Gere dans un bar, Keaton est en train de lire « LE PARRAIN » de Mario Puzo, elle qui incarna Kay dans le film de 1972.