Écrit par Francis Ford Coppola d’après l’œuvre de F. S. Fitzgerald, réalisé par Jack Clayton, « GATSBY LE MAGNIFIQUE » est une production luxueuse qui traite de façon ouatée, presque onirique d’un drame américain résumé en une seule réplique dans le film : « Les filles riches n’épousent pas les garçons pauvres ».
Self made man à l’aura sulfureux, Jay Gatsby (Robert Redford) ne s’est jamais remis d’un chagrin d’amour de jeunesse. Devenu richissime, il tente de reconquérir l’objet de sa flamme (Mia Farrow) aujourd’hui mariée, mais certaines barrières sociales demeureront toujours infranchissables. L’histoire est édifiante, elle est vue par les yeux d’un cousin sympathique et naïf, le jeune Sam Waterston. Sous couvert de fêtes mondaines, de jazz endiablé et de voitures de luxe, le film est à l’arrivée profondément sombre et sordide. La femme rêvée par Gatsby n’est qu’une idiote vénale et inconséquente qui retournera piteusement à son odieux mari (Bruce Dern) à l’issue de cet « amour de vacances ». Et il y aura des dommages collatéraux chez ceux nés du mauvais côté de la barrière. Thématiquement riche et peuplé de personnages superficiels et troubles, le film perd en intérêt à mesure qu’il progresse et que les protagonistes baissent les masques. La photo trop systématiquement filtrée de Douglas Slocombe fatigue l’œil et la longueur – 143 minutes – de l’ensemble semble injustifiée. Redford est très bien dans un rôle difficile de taiseux obsessionnel qui n’a pas encore compris qu’une femme comme Daisy couche avec un Gatsby, mais ne l’épousera jamais. Farrow, la voix aiguë, le rire exaspérant, est parfaite. Parmi les excellents seconds rôles : Karen Black en maîtresse sensuelle et vulgaire de Dern, Lois Chiles en « bonne copine » et Scott Wilson en pauvre garagiste qui devient la main armée du destin. « GATSBY LE MAGNIFIQUE » ne manque pas d’attrait, mais sa lenteur et ses parti-pris esthétiques finissent par lasser.