Conçue, écrite et fréquemment réalisée par le talentueux et prolifique Taylor Sheridan, « YELLOWSTONE » est une série Paramount + qui prend racine dans le cinéma des années 50 (« GÉANT ») et la TV des sixties (« LA GRANDE VALLÉE », « BONANZA ») pour un retour âpre, lucide et sans filtre glamour aux valeurs du vieil Ouest, qu’elles soient défendables ou pas.
Héritier d’une lignée de ranchers du Montana, Kevin Costner règne sur la région sans partage, avec l’aide de ses quatre enfants (à problèmes), jusqu’à ce que le monde moderne décide de le déloger. C’est le télescopage du western et du 21ème siècle, les haines et rancœurs familiales et la présence en filigrane des Indiens, déterminés à reconquérir leur territoire ancestral qui font office de toile de fond. À raison de 9 ou 10 épisodes par saison, « YELLOWSTONE » déroule un récit passionnant, addictif dès le début et peuplé de personnages fascinants, névrosés, cruels, anachroniques. Costner est parfaitement à sa place, véritable incarnation du westerner à l’ancienne, un rôle qu’il joue tout en retenue à la fois sensible et implacable. À l’exception de quelques protagonistes sans intérêt (Kelsey Asbille) tous les acteurs font des étincelles. Mais c’est le couple Kelly Reilly et Cole Hauser qui domine la série. Elle extraordinaire en furie sans filtre, venimeuse et incontrôlable, lui en homme-de-main tout vêtu de noir, entièrement dévoué à Costner. Une présence fracassante. Le jeune benêt qu’on voit évoluer peu à peu jusqu’à devenir un vrai cowboy (Jefferson White) prend également une place de plus en plus prépondérante. Il faut citer Wes Bentley formidable en fils adopté, mal-aimé, lâche et pathétique, Gil Birmingham en chef de tribu roué et Forrie J. Smith en vieil employé du ranch. « YELLOWSTONE » est une franche réussite, à peine entachée de séquences de rodéo trop longues et répétitives et d’un montage parallèle sur de trop nombreuses sous-intrigues qui disperse l’attention. À voir absolument, néanmoins !