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Archives Mensuelles: novembre 2015

« VICTORIA » (2015)

« VICTORIA » est un film quasi-expérimental, valable non pas pour ce qu’il raconte mais par la manière dont il le raconte. C’est en effet – que le procédé soit « truqué » ou non – un long plan-séquence de plus deux heures, en temps réel, suivant la nuit d’une jeune Espagnole exilée à Berlin, sa rencontre avec une bande de voyous pas trop futés qui l’entraînent dans un engrenage fatal.VICTORIA

Le pari est osé. Les quarante premières minutes – et ça peut être très long, quarante minutes ! – sont consacrées à des scènes quotidiennes en boîte de nuit, à des impros plus ou moins passionnantes dans les rues de Berlin, à l’idylle naissante entre l’agaçante Laia Costa et un des glandeurs alcoolisés. Il faut s’accrocher car l’envie de zapper se fait de plus en plus pressante. Mais quand le scénario se précise, qu’on comprend que la bande de bras-cassés doit commettre un braquage pour le compte d’un gangster et que notre héroïne (un peu stupide) accepte de les suivre, le film s’emballe et entre dans un rythme plus soutenu, montrant nos idiots allant de charybde en scylla.

Le parti-pris du « temps réel » oblige à attendre la suite, quitte à s’infliger d’interminables trajets en voiture, des séquences dialoguées vraiment indigentes et des impasses parfois trop raides. Mais qu’on le veuille ou non, on suit ce qui n’est au fond qu’un banal ersatz de ‘film noir’ jusqu’au bout, pris en otage par ce torrent d’images fluide et ininterrompu, proche du reportage de guerre.

Pari réussi donc, malgré les longueurs et l’absence de substance psychologique ou émotionnelle. On a beau être « accro », on se fiche royalement de ce qui peut arriver aux protagonistes et on sent déjà, en regardant le dernier plan, qu’il ne restera pas grand-chose en mémoire de ces 130 minutes.

 

HAPPY BIRTHDAY, RICHARD !

CRENNA

RICHARD CRENNA (1926-2003), ACTEUR DE TV QUI TROUVA QUELQUES BONS RÔLES AU CINÉMA. MÉMORABLE EN COLONEL DANS LES TROIS PREMIERS « RAMBO ».

 
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Publié par le 30 novembre 2015 dans ANNIVERSAIRES

 

« LA NUIT DES MORTS-VIVANTS » (1968)

NIGHTAinsi donc c’est là, dans les images noir & blanc d’un film quasi-amateur signé par un débutant de Pittsburgh de 28 ans qu’est née la mythologie du zombie qui s’est lentement développée, via les U.S.A. et l’Italie, jusqu’à exploser assez récemment avec des BD, des longs-métrages à gros budget et plusieurs séries TV.

Malgré son aveuglant manque de moyens, son unique décor, ses comédiens très inégaux et visiblement peu expérimentés, « LA NUIT DES MORTS-VIVANTS » outre son intérêt historique, demeure tout à fait regardable plus de quarante ans après sa sortie. La mise-en-scène claustrophobique de George A. Romero, ses cadrages angoissants, servent le film et le rendent étrangement crédible. On se laisse prendre à cet encerclement dans une maison isolée, à ces gestes quotidiens maintes fois répétés (portes et fenêtres barricadées, allers et venues de la cave au rez-de-chaussée, prises de bec entre les protagonistes) et à cette catastrophe qu’on pressent de plus en plus imminente. Tout cela a beau être parfois embryonnaire, voire primitif, on trouve toutes les composantes qui feront du « film de zombie » un genre à part entière. À part que cette fois on a droit à une petite explication : les morts – ceux qui ne sont pas encore inhumés – se réveillent par la faute de radiations venues de l’espace. Les zombies se déplacent relativement vite, ils utilisent des outils, semblent plus « éveillés » que leur descendance dans les films à venir. Mais on les détruit toujours via le cerveau et ils sont déjà avides de chair humaine. De toute façon, au final, ce ne sont pas les « flesh eaters » qui font le plus peur, mais plutôt ces « rednecks » armés de fusils de chasse lâchés dans la nature avec un droit de tuer. Le ‘twist’ final est d’une cruauté, mais d’une lucidité, terrible. Et curieusement, alors qu’il n’est fait aucune allusion à la couleur de sa peau pendant tout le film, on se rend soudain compte que le héros est noir (pas si courant que ça dans le cinéma des années 60), et que sa fin absurde sous le fusil d’un chasseur blanc, génère comme un malaise diffus.NIGHT2

 

HAPPY BIRTHDAY, ROBERTO !

CAMARDIEL

ROBERTO CAMARDIEL (1917-1986), SECOND RÔLE ESPAGNOL APERÇU DANS BON NOMBRE DE WESTERNS ITALIENS, DONT DEUX POUR SERGIO LEONE.

 
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Publié par le 29 novembre 2015 dans ANNIVERSAIRES, CINÉMA INTERNATIONAL

 

« POLICE PUISSANCE 7 » (1973)

7UPSPhilip D’Antoni fut le producteur de « BULLITT » et de « FRENCH CONNECTION » avant de réaliser lui-même « POLICE PUISSANCE 7 » qui se présente comme le petit frère des deux précédents, y puisant allègrement ses meilleurs éléments.

De « BULLITT », on retrouve la poursuite en voiture (parfaitement réglée, mais tellement longue qu’elle semble creuser un gros trou noir au beau milieu du film) et le col-roulé noir de McQueen porté ici par Roy Scheider, holster inclus. C’est d’ailleurs le même Bill Hickman qui est au volant dans les deux films ! Du chef-d’œuvre de Friedkin on récupère donc Scheider, l’ex-flic Sonny Grosso au scénario, Tony Lo Bianco et une ambiance générale réaliste et filmée « à l’arrache ». S’il n’est pas aussi stylé et captivant que ses aînés, ce polar sec comme un coup de trique, nerveux et sans chichi esthétique se laisse voir sans problème, grâce à son ambiance seventies reconnaissable à des kilomètres et surtout grâce à la relation qui sous-tend toute l’enquête : celle du superflic et de son « indic » et meilleur ami d’enfance qui s’achèvera dans la trahison et l’amertume. Scheider, acteur physique par excellence, est vraiment parfait dans la continuation de son personnage de « FRENCH CONNECTION ». On apprend à l’apprécier par de petites touches subtiles, lorsqu’il déambule dans ‘Little Italy’ où tout le monde le connaît depuis toujours et il dégage une authentique humanité sous son masque constamment tendu aux yeux inquiets. Lo Bianco est également impeccable en planche-pourrie de compétition. On reconnaît Joe Spinell en garagiste ripou et Richard Lynch, glauque à souhait comme d’habitude. L’idée de ces kidnappings de mafiosi est originale et ingénieuse, mais le film demeure un peu superficiel et trop sage dans sa mise-en-scène pour prétendre à égaler ses modèles. Cela demeure toutefois un joli fleuron du polar de son époque.

RICHARD LYNCH, TONY LO BIANCO ET ROY SCHEIDER

RICHARD LYNCH, TONY LO BIANCO ET ROY SCHEIDER

 

HAPPY BIRTHDAY, ED !

HARRIS

ED HARRIS, UN DES MEILLEURS ACTEURS DE SA GÉNÉRATION, À LA CARRIÈRE RICHE ET VARIÉE, TOUJOURS EN MOUVEMENT…

 
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Publié par le 28 novembre 2015 dans ANNIVERSAIRES, LES FILMS D’ED HARRIS

 

« HOW TO KILL A WOMAN » : épisode de « Gunsmoke » écrit par Sam Peckinpah

GUNSMOKE ROBERTS

PERNELL ROBERTS

« HOW TO KILL A WOMAN » est un épisode de la 3ᵉ saison de « GUNSMOKE » réalisé par John Rich, sur un scénario de Sam Peckinpah, crédité au générique en tant que ‘David S. Peckinpah’.

Un bien curieux scénario, soit dit en passant, dont les événements se succèdent sans réelle logique et dont les protagonistes ont des motivations pour le moins compliquées, voire obscures : un hors-la-loi (Pernell Roberts) dévalise la même diligence plusieurs jours de suite et abat froidement des passagers. C’est en fait une provocation adressée à Barry Attwater, gérant du relais voisin. Pourquoi ? Eh bien… Il y a quelques années, Roberts avait couché avec la femme d’Attwater qui en le découvrant avait abattu celle-ci. Depuis, Roberts cherche à se venger. Oui, même ainsi résumé, cela semble totalement illogique ! L’auteur a visiblement voulu prendre le contrepied des clichés westerniens en inversant les rôles vengeur/proie. Pas très concluant… Heureusement, les acteurs tiennent la route, et James Arness semble particulièrement décontracté dans son rôle-fétiche de marshal ultra-cool qui abattra finalement le pistolero sans ciller et en le criblant de balles. À retenir donc essentiellement pour le complétiste fou de Peckinpah, qui signa ce scénario l’année de ses débuts en tant qu’auteur de TV. Il écrira dix autres scripts pour « GUNSMOKE », espérons-le plus compréhensibles !

GUNSMOKE ROBERTS2

JAMES ARNESS ET BARRY ATTWATER

 

« SHERLOCK HOLMES CONTRE JACK L’ÉVENTREUR » (1965)

ANTHONY QUAYLE, JUDI DENCH ET DONALD HOUSTON

ANTHONY QUAYLE, JUDI DENCH ET DONALD HOUSTON

« SHERLOCK HOLMES CONTRE JACK L’ÉVENTREUR » (titre français moins joli mais beaucoup plus explicite que l’original) apparaît aujourd’hui comme l’aïeul de films comme « MEURTRE PAR DÉCRET » ou « FROM HELL ».STUDY

N’importe qui connaît par cœur ces plans de Whitechapel embrumé, ces prostituées à l’accent cockney qui hurlent quand la lame scintille dans la nuit, ces sifflets de ‘bobbies’ crevant le silence, etc. La seule nouveauté ici est que le « ripper » est confronté à un personnage de fiction, Sherlock Holmes himself qui non seulement découvrira son identité, mais préfèrera la garder pour lui.

Si on est séduit par l’image soignée, un brin désuète et par un scénario linéaire truffé de fausses-pistes, on peine à se passionner vraiment, tant on a vu et revu cette histoire sous tous les angles possibles et imaginables au cours des décennies. L’enquête est bien menée, le tandem John Neville/Donald Houston tout à fait conforme en Holmes et Watson de répertoire et les seconds rôles sont bien croqués, mais on n’arrive pas à se défaire de la sensation qu’on a déjà vu le film, même si ce n’est pas le cas.

Le vrai plaisir vient donc d’un excellent casting d’arrière-plan : Frank Finlay est un excellent Lestrade particulièrement obtus, un rôle qu’il reprendra d’ailleurs tel quel dans le quasi-remake « MEURTRE PAR DÉCRET » cité plus haut. On reconnaît une Judi Dench à peine trentenaire en fille du sévère légiste Anthony Quayle, Adrienne Corri formidable en ex-prostituée défigurée, Robert Morley très drôle en frère constamment indigné de Holmes et Barbara Windsor en pétulante péripatéticienne. Que du beau monde donc, qui évolue dans une mise-en-scène fluide et élégante et fait de ce film un plaisir réel sinon très novateur.

JOHN NEVILLE, DONALD HOUSTON, ADRIENNE CORRI ET PETER CARSTEN

JOHN NEVILLE, DONALD HOUSTON, ADRIENNE CORRI ET PETER CARSTEN

 

BLUE CHRISTMAS GOODIES !

BR NOEL

UNE CURIOSITÉ AVEC DES FAUVES, UN GRAND POLAR, DEUX BURT REYNOLDS MOTORISÉS… TOUT CE QU’IL FAUT POUR NOËL !

 

« GÉNÉRATION PERDUE » (1987)

LOSTPour beaucoup, « GÉNÉRATION PERDUE » est devenu au fil des ans un cult-movie et il serait vain de nier son influence – avec plusieurs décennies d’avance – sur la déferlante de vampires pour ados de ces dernières années.

Mais tenter de le revoir aujourd’hui peut s’avérer être une épreuve d’endurance assez pénible. Le scénario évoque une sorte de « Club des 5 » contre Dracula destiné exclusivement à un public de teenagers amateurs de comics. L’ambiance générale est un concentré des années 80, avec sa BO composée de chansons à la mode, de montage « MTV », de décors noyés dans les fumigènes et surtout de tenues vestimentaires et de coiffures à décoller la rétine.

C’est atrocement mal dialogué, le cast de jeunes est très inégal. Les futurs bons acteurs que seront Jason Patric et Kiefer Sutherland se détachent nettement du lot, le second surtout en chef-vampire/loubard charismatique et méchant comme une teigne. Mais les ados sont désolants, en particulier Corey Haim en petit frère au cheveu poissé de gel et à la bouche perpétuellement ouverte. La toujours excellente Dianne Wiest joue la maman douce et patiente, un emploi qu’elle reprendra pratiquement tel quel deux ans plus tard dans « PORTRAIT CRACHÉ D’UNE FAMILLE MODÈLE ». Edward Herrmann est amusant dans un personnage à double visage.

On trouve dans « GÉNÉRATION PERDUE » les racines d’une série comme « BUFFY CONTRE LES VAMPIRES » par exemple et, nous l’avons dit, les bases de choses comme « TWILIGHT » et autres. Mais peut-être faut-il avoir 14 ans, même aujourd’hui, pour s’amuser de ce spectacle fastidieux et désuet.

DIANNE WIEST ET KIEFER SUTHERLAND

DIANNE WIEST ET KIEFER SUTHERLAND