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Archives de Catégorie: LES FILMS DE JOHN HURT

« BRIGHTON ROCK » (2010)

Écrit et réalisé par Rowan Joffe, « BRIGHTON ROCK » est le second film adapté d’un roman de Graham Greene. Le premier étant sorti en 1947 sous le titre français : « LE GANG DES TUEURS ». Cette nouvelle version, située en 1964, est une éblouissante réussite, une sorte de « instant classic » (comme ils disent là-bas) d’une noirceur difficile à surpasser.

Sam Riley joue Pinkie, un jeune sociopathe membre d’un gang de racketteurs. Une serveuse (Andrea Riseborough) est témoin d’un meurtre qu’il a commis et Pinkie va la séduire afin qu’elle ne le dénonce pas. Mais une amie de la victime (Helen Mirren) ne lâche pas le voyou. Une intrigue simple, mais des personnages d’une grande richesse, complexes, pathétiques, dangereux et des décors hivernaux, cafardeux au possible. « BRIGHTON ROCK » est un authentique film noir et même très, très noir. Les séquences inoubliables ne sont pas celles contenant de la violence ou de l’action, mais des passages d’une cruauté mentale inouïe : on pense à cette scène où Pinkie enregistre un disque-souvenir pour sa nouvelle épouse, lui disant la haine et le dégoût qu’elle lui inspire, alors que de l’autre côté de la vitre, elle pense qu’il lui déclare son amour. Ou encore ce face à face au pied du phare d’une noirceur insensée. On a souvent le souffle coupé par le jusqu’au-boutisme de Pinkie, un des personnages les plus vils, infâmes et inhumains qui se puissent imaginer. Il est parfaitement incarné par Riley avec son visage de gamin de rues. Riseborough est magnifique en victime-née, à la fois naïve et lucide, mais prête à sacrifier sa vie par amour. Mirren trouve un beau rôle de protectrice et on reconnaît des acteurs haut-de-gamme comme John Hurt, Sean Harris (excellent dans un rôle trop court), Maurice Roëves ou Andy Serkis dans des apparitions fugaces mais bien écrites. « BRIGHTON ROCK » est un véritable bijou et l’épilogue dans le refuge pour mères-filles est tout simplement bouleversant. À voir absolument.

SEAN HARRIS, ANDREA RISEBOROUGH, PHIL DAVIS, HELEN MIRREN ET SAM RILEY
 

« MELANCHOLIA » (2011)

Écrit et réalisé par Lars von Trier, tourné en Suède, « MELANCHOLIA » est une étrange fable sur la fin du monde. Il démarre sur des images abstraites filmées en extrême ralenti onirique, se poursuit par un mariage qui vire au désastre et s’achève par l’arrivée d’une planète qui va s’écraser sur la Terre et tout détruire.

L’héroïne (Kirsten Dunst) souffre de mélancolie, c’est-à-dire de dépression chronique et quitte son mari (Alexander Skarsgård) le soir même de ses noces. Et le nom de la planète-tueuse est… Melancholia. Même si rien n’est très clair au début, on se laisse immerger par la beauté des images – même si on peut s’agacer du systématique filmage en caméra à l’épaule– et la musique majestueuse et menaçante de Wagner, qui épouse idéalement les images et l’ambiance d’apocalypse imminente. Dunst, omniprésente, domine le film dans un rôle ingrat de somnambule autodestructrice d’une saisissante vérité. Charlotte Gainsbourg joue sa sœur aînée protectrice mais maladroite, Kiefer Sutherland son beau-frère bêtement optimiste. Parmi les seconds rôles, Stellan Skarsgård en patron indélicat, John Hurt en papa légèrement sénile et Charlotte Rampling qui fait froid dans le dos en mère amère et déplaisante à langue de vipère. Quand les invités rentrent chez eux, le scénario se resserre sur les sœurs et la planète qui progresse de plus en plus, jusqu’à envahir le ciel et modifier l’atmosphère. C’est la partie la plus angoissante mais également la plus poétique. On se prend à imaginer comment on réagirait dans une telle situation : terreur, déni, sérénité ? « MELANCHOLIA » n’est pas un film facile d’accès, c’est du cinéma exigeant, dérangeant, mais qui laisse des traces. Et probablement pour longtemps.

KIRSTEN DUNST, CHARLOTTE GAINSBOURG ET JOHN HURT
 

« L’ÉTRANGLEUR DE LA PLACE RILLINGTON » (1971)

Inspiré de faits réels survenus à Londres pendant et après la WW2, « L’ÉTRANGLEUR DE LA PLACE RILLINGTON » est une production anglaise réalisée par Richard Fleischer.

Tourné à l’économie, dans des décors aussi laids qu’exigus, plombé par une photo charbonneuse, c’est un quasi-huis clos étouffant et sordide, focalisé sur le personnage d’un citoyen anonyme (Richard Attenborough) qui a pour fâcheuse habitude d’assassiner des femmes qu’il attire chez lui à force de mensonges. Une sorte de Landru à l’anglaise auquel Attenborough – malgré un faux crâne peu convaincant – apporte des nuances de maladie mentale, de mythomanie et de lâcheté abjecte qui en font un serial killer bien peu fascinant. À ses côtés, un John Hurt de 31 ans se montre parfaitement crédible en pauvre ouvrier illettré à l’intelligence limitée, qui tombe dans le piège pervers de son logeur. Judy Geeson est également excellente en gentille épouse crédule, victime désignée pour le tueur. Ce n’est pas un film plaisant à regarder, tant Fleischer, spécialiste de ce genre de polar inspirés de la réalité, s’est efforcé de rester scotché à ce qui s’est réellement passé. Pas de mélodrame, ni d’humour, ni la moindre digression : c’est le portrait vomitif d’un criminel au fond tout à fait minable, mais curieusement impuni pendant des décennies, qui intéresse le réalisateur. Le message anti-peine de mort est extrêmement efficace et laisse à réfléchir. À voir donc, cet « ÉTRANGLEUR… » principalement pour la reconstitution minutieuse et pour la performance d’Attenborough qui annonce par plusieurs aspects le style de jeu d’un Anthony Hopkins.

JOHN HURT, RICHARD ATTENBOROUGH ET JUDY GEESON
 

« OUTLANDER : LE DERNIER VIKING » (2008)

Écrit et réalisé par Howard McCain, dont c’est l’unique travail notable, « OUTLANDER » est un mélange assez culotté entre la saga « ALIEN » et « LE 13ème GUERRIER ». Cela se déroule sur terre, à l’époque des Vikings et le héros est un astronaute « venu d’ailleurs » qui a accidentellement amené avec lui un monstre invincible.

On se fait assez vite au mix de genres, le rythme est bon et les personnages sont bien dessinés. Le scénario s’efforce même de ne pas être trop manichéen : même le monstre est assimilé au peuple des « Native Americans » : éradiqué par des envahisseurs sur son propre territoire. C’est donc un spectacle plutôt élaboré, soigné au niveau des décors et de la photo et brassant les clichés du « film de Vikings » avec une vraie maîtrise. Bon acteur, Jim Caviezel manque sans doute de charisme et de présence physique pour ce rôle à la Charlton Heston, mais il est sympathique et bouge bien. Face à lui, Sophia Myles défend brillamment un personnage étonnamment travaillé de jeune première au visage marqué par la vie et maniant l’épée avec brio. On apprécie la présence des vétérans John Hurt en vieux roi intelligent et Ron Perlman formidable en guerrier au visage peinturluré rugissant plus qu’il ne parle. La dernière partie – l’affrontement avec le Moorwen et sa progéniture dans le souterrain – est extrêmement prenante et les effets spéciaux n’ont pratiquement pas vieilli. « OUTLANDER » est un film de pure distraction, manifestement concocté par de bons professionnels et gérant finement ses multiples influences et emprunts au récent cinéma fantastique. Pas un grand film, certes, mais une bonne surprise, surtout après tant d’années.

JIM CAVIEZEL ET SOPHIA MYLES
 

« LA TAUPE » (2011)

« LA TAUPE » est l’adaptation du roman d’espionnage le plus connu de John le Carré, réalisée par le Suédois Tomas Alfredson. Résolument anti-spectaculaire, confiné dans de lugubres intérieurs, c’est une chasse au traître au sein des services secrets britanniques, dans les années 70.

Gary Oldman, maître-espion récemment mis à la retraite, rempile pour démasquer la « taupe », un agent haut-placé qui travaille avec les Russes. L’enquête tourne au whodunit, étant donné que tout le monde est suspect. Après un prologue à Budapest, absolument saisissant et magnifiquement filmé et monté, le film prend une autre vitesse de croisière. Les visages sont blêmes, les pièces n’ont pas de fenêtres, les personnages sont opaques et dépourvus d’humanité, hormis peut-être le jeune Tom Hardy, électron libre mettant le « Cirque » (surnom ironique du service) en panique. À condition d’accepter le rythme funéraire, la froideur et l’absence totale d’humour, même à l’anglaise, « LA TAUPE » est une merveille de précision et d’angoisse. Oldman, tout en retenue, trouve peut-être son plus beau rôle, succédant à Alec Guinness qui incarna le même Smiley à la TV. Il est entouré du gratin du cinéma anglais : John Hurt en ex-patron paranoïaque (mais qui ne l’est pas dans cet univers ?), Mark Strong ambigu à souhait, Colin Firth, Toby Jones et… Le Carré lui-même, figurant furtif lors d’une soirée de Noël. Sans oublier Hardy, affublé d’une bizarre perruque blonde, excellent en trouble-fête. « LA TAUPE » n’est certes pas un film facile d’accès, c’est l’anti-James Bond par excellence, mais on devine aisément que la « vraie vie » des espions de sa Majesté devait certainement plus ressembler à celle-ci qu’aux fantaisies d’Ian Fleming. À voir pour les cadrages ultra-soignée, le scénario vissé jusqu’à la suffocation et quelques fulgurances de violence aussi sèches qu’inattendues. Grand film.

GARY OLDMAN, COLIN FIRTH, SVETLANA KHODCHENKOVA ET TOM HARDY
 

« 1984 » (1984)

Écrit par George Orwell en 1949, « 1984 » est une œuvre dystopienne entrée dans l’inconscient collectif, décortiquant les rouages d’une société totalitaire œuvrant à anéantir l’individu au service du « parti » sous l’œil implacable de « Big Brother », entité symbolique d’un monde déshumanisé.

Le décor est un Londres en ruines, les personnages robotisés évoluent dans un univers dévasté, grisâtre, où la télévision est allumée en permanence sur la propagande du pouvoir et où la délation est encouragée. La distraction des masses, ce sont les pendaisons de pseudo-traîtres au cerveau lavé. Magnifiquement rendu par Michael Radford et son directeur-photo Roger Deakins, « 1984 » est un film austère et étouffant, excessivement déprimant, tellement prémonitoire qu’il en devient parfois difficile à supporter. Dans le rôle de Winston Smith, anonyme citoyen portant au fond du cœur une flammèche d’individualité qui refuse de s’éteindre, John Hurt, pâle et maigre, porte le film sur les épaules. Derrière son visage creusé, prématurément ridé, on décèle les derniers vestiges de l’espèce humaine. Face à lui, jeune et pure, Suzanna Hamilton incarne elle aussi une espèce en voie de disparition. Mais c’est Richard Burton, dans son ultime apparition au cinéma, qui imprime définitivement la mémoire dans le rôle terrifiant d’O’Brien, chantre du pouvoir, individu d’allure souffreteuse, les traits marqués, l’œil éteint. La longue séquence de torture où il s’évertue à anéantir tout vestige de volonté et de pensée dans l’âme de Hurt, est extraordinaire de violence et de cruauté. Et Burton, sans jamais élever la voix, donne le meilleur de lui-même. « 1984 » n’est pas un film facile à recommander. Il est dur, glacial, lucide jusqu’à l’horreur, mais extraordinairement bien fait et d’une intelligence aiguë. La minuscule note d’espoir de la dernière réplique ne suffit pas à effacer le sentiment d’écrasement que laisse cette projection…

SUZANNA HAMILTON, JOHN HURT ET RICHARD BURTON
 

« ALIEN – LE HUITIÈME PASSAGER » (1979)

ALIEN« ALIEN – LE HUITIÈME PASSAGER » de Ridley Scott a 40 ans et fait partie de ces films-phares qu’on hésite à revoir de peur d’être déçu. Heureusement, on ne l’est pas, même si l’âge se fait sentir et que le rythme général semble parfois languissant.

Ce mélange de film d’horreur et de SF a marqué le cinéma par son esthétique tout d’abord, par l’extra-terrestre particulièrement effrayant qui décime l’équipage d’un vaisseau spatial et par le souci de « réalisme » de Scott, qui crée des personnages crédibles, quotidiens, parlant tous en même temps comme dans un film d’Altman. Les « héros » de « ALIEN » n’ont justement rien d’héroïque. On a un capitaine pas trop sûr de lui (Tom Skerritt), un scientifique désagréable (Ian Holm), un officier hystérique (Veronica Cartwright), deux ouvriers râleurs et pénibles (Yaphet Kotto et Harry Dean Stanton), et deux autres officiers (John Hurt et Sigourney Weaver) peut-être plus professionnels que les autres. Ayant fait monter à bord du Nostromo un alien potentiellement dangereux, l’équipe va connaître un sort peu enviable. Anecdote simple, sans surprise, mais traitement visuel somptueux et inventif (merci, Hans Giger !), photo noyée de pénombre et fulgurances de violence bien distillées. Dans son premier rôle principal, Weaver crée le personnage qui la suivra toute sa vie : loin de la tough girl qu’elle est devenue par la suite, Ripley est une « première de la classe » sérieuse et posée, qui semble taper sur les nerfs d’à peu près tout le monde. Elle émerge progressivement comme l’héroïne du film et achèvera son parcours dans un face à face avec le monstre. « ALIEN » a vieilli, c’est normal. Des écrans d’ordinateurs à certains plans de la créature, on ressent parfois trop l’année de tournage. Mais cela reste un beau morceau de cinéma, une pierre blanche dans le genre dont l’influence se fait encore ressentir aujourd’hui.

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SIGOURNEY WEAVER, JOHN HURT, TOM SKERRITT ET IAN HOLM

À noter que le film sortit dans une version de 117 minutes puis connut un « director’s cut » de 116 minutes sensiblement différent en 2003. C’est cette seconde version qui est chroniquée ici.

 

« ROB ROY » (1995)

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LIAM NEESON

« ROB ROY », inspiré de faits réels, est une sorte de miracle parvenant à mêler le sérieux d’une grosse production anglaise avec les fastes romanesques du vieil Hollywood, débarrassés de la censure d’époque.ROB.jpg

Cela se passe en Écosse en 1713. Le « highlander » Robert Roy McGregor (Liam Neeson) est roulé lors d’une transaction avec un noble (John Hurt) et devient hors-la-loi. Ses terres brûlées, ses fermiers massacrés, sa femme (Jessica Lange) violée par l’homme de main de Hurt (Tim Roth), il va tout faire pour survivre et obtenir sa vengeance. Un sujet simple, quasi-westernien. Les glorieux paysages sont d’ailleurs filmés comme les déserts de l’Ouest, avec la même majesté. Et Neeson a bien l’allure des nobles héros d’antan. Magnifiquement cadré par le généralement peu emballant Michael Caton-Jones, « ROB ROY » parvient à être enthousiasmant pendant ses 139 minutes sans jamais laisser retomber le soufflé. Il faut dire que, outre le superbe couple formé par Lange et Neeson, le trio de méchants est particulièrement exceptionnel : John Hurt, ignoble individu fielleux et hautain, Brian Cox en intendant comploteur et adipeux et surtout… surtout Tim Roth qui vole la vedette à tout le monde dans un rôle de bâtard sadique et maniéré, véritable vermine emperruquée. Haïssable et répugnant certes, mais pas aussi stéréotypé qu’il n’en a l’air et lui-même victime de ceux qu’il sert aujourd’hui. Son duel final avec Rob Roy est digne des vieux films d’Errol Flynn, la cruauté et le sang en plus. Le scénario est un modèle du genre, trouvant l’équilibre parfait entre la reconstitution historique et le grand spectacle. « ROB ROY » est dans son genre, ce qu’on peut appeler un chef-d’œuvre, même s’il a toujours été et demeure toujours, un film étrangement sous-estimé et relativement obscur.

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JOHN HURT, TIM ROTH, LIAM NEESON ET JESSICA LANGE

 

« LES IMMORTELS » (2011)

Le réalisateur indien Tarsem Singh était déjà connu pour ses délires visuels, ses excès psychédéliques sans garde-fou avec des résultats variant du pire (pratiquement tout ce qu’il a fait au cinéma) au meilleur (« THE CELL »). Alors lui donner accès aux CGI pour « LES IMMORTELS » était l’assurance d’un film visuellement… spécial. Ce qui est bien sûr le cas !IMMORTALS

La mythologie revue par l’esthétique du jeu vidéo, c’est quelque chose de particulier. On se croirait parfois dans le « SATYRICON » de Fellini à la sauce grecque, boosté aux pixels numériques. Les choix de Singh sont déroutants : tous les extérieurs se passent sur d’immenses falaises abruptes, les Dieux de l’Olympe – eux aussi au bord de leur falaise ! –semblent échappés d’une opérette gay, les batailles sont irréelles, pourries de ralentis systématiques. Bref, on n’est guère convaincus, même si certains décors ont indéniablement de la gueule et que ce vieux Mickey Rourke fait la blague dans le rôle du très cruel roi Hypérion, pansu et balafré. Ses partenaires sont hélas, moins réjouissants : le transparent Henry Cavill qui rappelle les héros de péplums italiens des sixties, Freida Pinto en Phèdre hindoue ou le toujours pénible Stephen Dorff. On est tout de même content de revoir John Hurt en mentor rusé et Stephen McHattie en roi pas très malin.

« LES IMMORTELS » est une sorte de bande-démo de tout ce qu’on peut faire aujourd’hui en post-production, 3-D incluse. En tant que prouesse technique, cela vaut le coup d’œil, mais en tant que film, c’est d’une vacuité et d’une confusion insensées.

 

« WILD BILL » (1995)

WILDInspiré d’un livre et d’une pièce de théâtre, « WILD BILL » est la tentative de biopic d’une légende de l’Ouest : « Wild » Bill Hickcok. Dès le début, Walter Hill adopte des partis-pris déconcertants : cadrages bizarroïdes, alternance de couleur et de noir & blanc, photo ultra-stylisée au rendu quasi-onirique, succession de flash-backs reliés par une voix « off ».

Jeff Bridges est parfaitement casté dans le rôle-titre, celui d’un pistolero au bout du rouleau, rongé par l’alcool et la syphilis, semblant flotter constamment dans des vapeurs d’opium. De fait, il apparaît comme le fantôme de lui-même, un ectoplasme revisitant les moments forts de sa vie avant que celle-ci ne s’achève à une table de poker. Le concept en vaut un autre et a au moins le mérite de l’originalité. Mais Hill va trop loin. Le scénario manque de colonne vertébrale, tout le monde bavarde énormément et les choix esthétiques sont très discutables : ainsi, les scènes de jeunesse avec Diane Lane sont absolument hideuses avec leur rendu vidéo et sans aucune raison d’être. L’ennui s’installe peu à peu, malgré la prestation vraiment intéressante de Bridges, à la fois odieux, humain et pitoyable. Il assure dans les scènes de gunfight très bien réglées et rend son Hickcok concret et tangible. Autour de lui, d’excellents acteurs sous-employés comme Ellen Barkin en Calamity Jane liquéfiée d’amour pour Bill, John Hurt en sidekick boiteux, Keith Carradine en Buffalo Bill clownesque, Bruce Dern en vengeur en fauteuil roulant, et un très mauvais (David Arquette) qu’on voit hélas, beaucoup trop dans le rôle de l’assassin de ‘Wild Bill’. C’est un faux western confiné et dépourvu de toute ampleur, un film trop conceptuel pour son propre bien où on ne retrouve que par flashes le savoir-faire habituel de Walter Hill. À voir éventuellement pour Bridges donc, qui aurait mérité un meilleur écrin et pour la précision des décors de Deadwood, cloaque boueux et enfumé. Mais globalement, on en ressort dépité.

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JEFF BRIDGES, DAVID ARQUETTE, ELLEN BARKIN ET KEITH CARRADINE