Le réalisateur indien Tarsem Singh était déjà connu pour ses délires visuels, ses excès psychédéliques sans garde-fou avec des résultats variant du pire (pratiquement tout ce qu’il a fait au cinéma) au meilleur (« THE CELL »). Alors lui donner accès aux CGI pour « LES IMMORTELS » était l’assurance d’un film visuellement… spécial. Ce qui est bien sûr le cas !
La mythologie revue par l’esthétique du jeu vidéo, c’est quelque chose de particulier. On se croirait parfois dans le « SATYRICON » de Fellini à la sauce grecque, boosté aux pixels numériques. Les choix de Singh sont déroutants : tous les extérieurs se passent sur d’immenses falaises abruptes, les Dieux de l’Olympe – eux aussi au bord de leur falaise ! –semblent échappés d’une opérette gay, les batailles sont irréelles, pourries de ralentis systématiques. Bref, on n’est guère convaincus, même si certains décors ont indéniablement de la gueule et que ce vieux Mickey Rourke fait la blague dans le rôle du très cruel roi Hypérion, pansu et balafré. Ses partenaires sont hélas, moins réjouissants : le transparent Henry Cavill qui rappelle les héros de péplums italiens des sixties, Freida Pinto en Phèdre hindoue ou le toujours pénible Stephen Dorff. On est tout de même content de revoir John Hurt en mentor rusé et Stephen McHattie en roi pas très malin.
« LES IMMORTELS » est une sorte de bande-démo de tout ce qu’on peut faire aujourd’hui en post-production, 3-D incluse. En tant que prouesse technique, cela vaut le coup d’œil, mais en tant que film, c’est d’une vacuité et d’une confusion insensées.