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Archives Mensuelles: février 2023

RICOU BROWNING : R.I.P.

RICOU BROWNING (1930-2023), IL PORTA LE COSTUME DE LA CRÉATURE DU LAC NOIR ET DEVINT RÉALISATEUR D’IMAGES SOUS-MARINES
 
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Publié par le 28 février 2023 dans CARNET NOIR

 

« LES UNS ET LES AUTRES » (1981)

« LES UNS ET LES AUTRES » a 40 ans et cela demeure le « Grand Œuvre » de Claude Lelouch, ce à quoi il a toujours tendu. Raillé et critiqué à sa sortie pour sa folle ambition, voire sa mégalomanie (l’image du réalisateur est dessinée sur l’affiche), le film semble avoir survécu justement grâce à ce qu’on lui reprochait alors. Car le cinéma français d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celui-là.

Le scénario couvre l’Histoire du monde depuis la WW2 jusqu’aux eighties à travers la destinée de plusieurs familles : russe, américaine, française et allemande. On survole la shoah, on suit des personnages fragiles, célèbres, anonymes et sans s’en rendre compte, on se laisse emporter par ces trois heures de musique et par la force de certaines séquences : on pense à Nicole Garcia au beau visage tragique, cherchant inlassablement son enfant abandonné sur une voie ferrée alors qu’elle partait pour les camps de la mort, on pense à cette engueulade entre copains qui ont raté leur vie, où Jacques Villeret décolle complètement et frise le génie. Bien sûr, on grince des dents devant ces ballets aussi ringards qu’interminables et on peine à adhérer à cette idée de faire jouer les parents et leur descendance par les mêmes comédiens. Mais peu à peu, les réticences sont balayées par l’ampleur du projet, la force de conviction qui en émane et par des moments d’émotion fulgurants. Dans une riche distribution, on retiendra James Caan en avatar de Glenn Miller, qui joue aussi son fils gay, Robert Hossein qui n’a peut-être jamais été meilleur, Géraldine Chaplin bizarrement distribuée en Barbra Streisand du pauvre. On entrevoit même une jeune Sharon Stone figurante, le temps de deux plans muets. « LES UNS ET LES AUTRES » est truffé de fautes de goût, un peu saboté par une BO inégale et des acteurs trop jeunes ou trop vieux pour leurs rôles, mais comment dire… c’est du cinéma. Du vrai cinéma, bien filmé et monté, qui agrippe et soûle jusqu’au vertige.

NICOLE GARCIA, JAMES CAAN, ROBERT HOSSEIN, FRANCIS HUSTER ET JACQUES VILLERET
 

« TRAFIC EN HAUTE MER » (1950)

JOHN GARFIELD

« TRAFIC EN HAUTE MER » de Michael Curtiz est inspiré de la même nouvelle d’Ernest Hemingway que « LE PORT DE L’ANGOISSE » sorti six ans plus tôt. Mais les deux adaptations n’ont pratiquement rien à voir l’une avec l’autre.

Le scénario est extrêmement déconcertant, semblant accoler deux histoires successives sans véritables conséquences l’une sur l’autre. Les auteurs sont surtout concernés par la personnalité du skipper, un marin endetté, père de famille, prêt à se prêter à n’importe quel trafic sordide pour sortir de la mouise. Dans l’avant-dernier rôle de sa trop courte carrière, John Garfield est d’un naturel extraordinaire, endossant un personnage complexe d’anti-héros poissard. Malgré l’amour inconditionnel de sa femme (excellente Phyllis Thaxter, au physique de girl next door) et de ses filles, il se laisse tenter par une aventurière de passage qui le voit tel qu’il est, mais le convoite tout de même. Patricia Neal fait des étincelles dans ce rôle de quasi prostituée, qui va d’un riche pigeon à l’autre, avec un sourire désabusé. L’unique scène entre les deux femmes est formidablement dialoguée. Mais c’est vraiment le film de Garfield, qui crée un personnage en trois dimensions, crédible et terre-à-terre, qu’un ultime acte d’héroïsme rachètera définitivement. Film noir mâtiné de drame psychologique, « TRAFIC EN HAUTE MER » décolle magistralement dans sa dernière partie montrant Garfield embarqué de force par des gangsters sans pitié. L’affrontement entre le skipper acculé et les brutes armées jusqu’aux dents est haletant. Et la victoire de l’homme seul sera teintée d’amertume car il paiera cher pour ses péchés. Un film sombre et triste qui s’achève par le plan poignant d’un petit garçon noir qui attend son père sur un ponton, ignoré de tous, sans savoir qu’il est orphelin.

PATRICIA NEAL, PHYLLIS THAXTER, WILLIAM CAMPBELL ET JOHN DOUCETTE
 

HAPPY BIRTHDAY, LYNN !

LYNN CARTWRIGHT (1927-2004), ACTRICE DES SIXTIES, VUE DANS LES PRODUCTIONS CORMAN, ÉPOUSE DE L’ACTEUR LEO GORDON
 
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Publié par le 27 février 2023 dans ANNIVERSAIRES

 

WALTER MIRISCH : R.I.P.

WALTER MIRISCH (1921-2023), GRAND PRODUCTEUR DES ANNÉES 50 ET 60 À LA TÊTE DE NOMBREUX CLASSIQUES
 
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Publié par le 26 février 2023 dans CARNET NOIR

 

« JOHN McCABE » (1971)

« JOHN McCABE » (pourquoi Mrs. Miller a-t-elle été omise dans le titre français ?) de Robert Altman est un western qui ne ressemble à aucun courant du genre : situé dans une cité minière misérable, dans la neige, la boue et la pluie, il a pour « héros » un étranger (Warren Beatty) qui vient y installer un bordel et bâtir un saloon.

Associé à une « Madame » douée pour les affaires (Julie Christie), il va prospérer jusqu’à ce qu’une grosse compagnie émette le souhait de le racheter. Voilà le scénario et il se déroule lentement, très lentement, sur deux heures, dans la lumière ouatée et granuleuse de Vilmos Zsigmond qui lasse rapidement l’œil. La plupart des dialogues sont inaudibles – marque de fabrique d’Altman – et l’histoire fait du sur-place jusqu’au dernier quart, où des tueurs débarquent pour éliminer Beatty. On s’ennuie beaucoup, c’est indéniable, mais l’ambiance ultra-réaliste recréée par l’équipe du réalisateur a quelque chose de fascinant et cette vision antihéroïque de l’Ouest semble plus vraie que nature. Sans oublier dans la colonne des points positifs, la BO et les chansons de Leonard Cohen qui enrobent le film de nostalgie et de tristesse. On pense parfois à « UN NOMMÉ CABLE HOGUE » de Peckinpah, la neige ayant remplacé la poussière du désert. Côté casting, on peine à s’enthousiasmer pour Beatty, à moitié absent, le regard vague, le sourire idiot, qui tient ce rôle « d’entrepreneur » naïf et plutôt minable sans s’impliquer énormément. Christie, à contremploi, est une prostituée dure-à-cuire et opiomane et s’en sort bien. On reconnaît des seconds rôles familiers d’Altman comme Michael Murphy, Shelley Duvall, John Schuck, Keith Carradine ou René Auberjonois et William Devane dans une seule scène en avocat. « JOHN McCABE » n’est pas un film à mettre entre toutes les mains tant il rejette les clichés du genre qu’il a choisi pour cadre et il faut une bonne dose de patience pour jouir de ses qualités.

WARREN BEATTY ET JULIE CHRISTIE
 

« MEMORY IN WHITE » : Charles Bronson dans « General Electric Theater »

« MEMORY IN WHITE » d’Allen Reisner est un épisode de la série anthologique « GENERAL ELECTRIC THEATER » écrit par le célèbre Budd Shulberg d’après une de ses propres nouvelles.

SAMMY DAVIS, JR. ET CHARLES BRONSON

Pancho Villa III (Sammy Davis, Jr.) travaille comme homme à tout faire dans un gymnase où s’entraînent des boxeurs. Son rêve : acheter un beau costume blanc pour devenir annonceur de matches lors des championnats. Mais sa diction est hasardeuse et tout le monde se moque de lui. Surtout Billy « Soldier » Conlon (Charles Bronson), un odieux bully qui ne cesse de le harceler, de l’humilier en public. Et quand Davis acquiert enfin le costume de ses rêves, Bronson le souille méchamment. Jusqu’au jour où, allant trop loin, il est accidentellement tué par Davis qu’il était en train de passer à tabac. Curieuse histoire très sombre, sans morale particulière, tournée dans un décor et centrée sur le numéro de Sammy Davis, Jr. moyennement convaincant en latino à moitié débile et pot-de-colle. Bronson lui, joue le plus irrécupérable salopard qu’il ait jamais incarné : une brute insensible et raciste lâchant sans arrêt des petits rires aigus pas très virils. Un rôle tout d’une pièce, assez extraverti, sans grand rapport avec les emplois habituels de l’acteur. À noter qu’il fut nommé en 1961 aux Primetime Emmy Awards pour son travail dans ce téléfilm. Son unique nomination pour un rôle qui est loin d’être un de ses meilleurs à la TV !

À noter : « MEMORY IN WHITE » est visible sur YouTube, mais dans une copie de travail terriblement dégradée. À voir comme un document, mais sans plus !

 

« THE LONELY MAN » : Charles Bronson dans « The O. Henry Playhouse »

CHARLES BRONSON

« THE LONELY MAN » est le second épisode de la série de prestige « THE O. HENRY PLAYHOUSE » que tourna Charles Bronson en 1957, cette fois sous la direction de Kenneth G. Crane, qui lui offrira un rôle en vedette l’année suivante dans son long-métrage « WHEN HELL BROKE LOOSE ».

Sam Galloway (Bronson) est un gunfighter errant, poursuivi par sa réputation de tueur acquise sous le pseudonyme de « Kid » parce qu’il tua son premier homme à l’âge de 16 ans. À la suite de la mort accidentelle d’un enfant, il jure de ne plus jamais porter d’arme et de renoncer à la violence. Un personnage qui n’est pas sans rappeler celui de Gregory Peck dans « L’HOMME AUX ABOIS ». Ensuite, c’est plutôt vers « L’HOMME DES VALLÉES PERDUES » que lorgne le scénario, puisque Bronson décide d’aider une veuve et son jeune fils, harcelés par un riche propriétaire (Harry Lauter) qui convoite leur ferme. Refusant toujours de reprendre les armes, Bronson passe pour un lâche. C’est in extremis, provoqué en duel par le méchant, qu’il se laissera délibérément abattre pour prouver au garçon que la violence est un engrenage fatal. Raconté en flash-back par O. Henry (Thomas Mitchell), le téléfilm de 26 minutes offre à Bronson un joli personnage de brave type traînant une malédiction dans son sillage. Le titre de l’épisode correspond parfaitement à l’acteur et, s’il apparaît torse-nu comme souvent à cette époque, c’est surtout un rôle d’introverti doux et effacé. Longtemps oublié, même des filmographies officielles de Bronson, « THE LONELY MAN » le change plaisamment de ses habituels rôles de brutes ou de forçats évadés qui constituaient alors l’essentiel de son travail à la TV. À découvrir pour le fan exhaustif.

MARIANNE STEWART ET CHARLES BRONSON
 

« THE CARD COUNTER » (2021)

Écrit et réalisé par un Paul Schrader de 74 ans, « THE CARD COUNTER » apparaît peu à peu comme un remake caché de « TAXI DRIVER » déjà écrit par Schrader pour Martin Scorsese qui produit par ailleurs le présent film.

Comme Travis Bickle revenait du Vietnam, Oscar Isaac est un ancien « interrogateur » de l’armée, formé à la torture, qui revient complètement « cramé » de la guerre pour purger huit ans de prison à la place de son supérieur Willem Dafoe. À sa sortie, Isaac devient un joueur de poker professionnel, solitaire et maniaque. Il va croiser la route du jeune paumé Tye Sheridan, qu’il va tenter de sauver à tout prix, comme le fit Bickle en son temps, avec la prostituée jouée par Jodie Foster. Les parallèles sont légion, mais le traitement n’a rien à voir. L’auteur décrit une Amérique lugubre, triste à pleurer, les casinos semblent à moitié désertés, les chambres de motel ressemblent à des cellules monastiques. Seule la voix off du protagoniste permet de deviner sa véritable personnalité et son ardent désir de rédemption pour les atrocités commises « là-bas ». Isaac, décidément un des très grands de sa génération, est magnifique dans ce rôle de zombie qui vit « sous le radar », rongé par ses péchés. Il habite complètement le film. Sa relation avec Tiffany Haddish, sorte d’impresario pour gamblers, est délicatement dépeinte, avec finesse et loin de tout cliché. Les seconds rôles occupent l’arrière-plan. Mais le cœur de ce « CARD COUNTER » demeure la prestation d’Oscar Isaac, cheveux plaqués, regard vacant, laissant constamment planer une sensation diffuse de violence rentrée, de danger. Ainsi, la séquence où il amène Sheridan dans sa chambre de motel pour lui proposer un deal, est-elle franchement stressante. Austère, dépouillé au maximum, froid et dépourvu de sentimentalisme, « THE CARD COUNTER » n’est certes pas une œuvre tous-publics, mais il mérite d’être découvert.

OSCAR ISAAC, TIFFANY HADDISH ET WILLEM DAFOE
 

« LE CAUCHEMAR DE FREDDY » (1988)

Tourné seulement un an après le précédent opus, qui fut une heureuse surprise, « LE CAUCHEMAR DE FREDDY » est une grosse rechute dans la médiocrité d’une franchise qui peine à se maintenir la tête hors de l’eau. Et les noms de Brian Helgeland au scénario ou Renny Harlin à la réalisation ne doivent leurrer personne : ce n°4 est un véritable naufrage.

On retrouve le trio de « warriors » du n°3, mais Patricia Arquette a été remplacée par Tuesday Knight, ce qui n’est pas tout à fait la même chose. Poupine et inexpressive, elle passe heureusement le relais en cours de route à Lisa Wilcox, sorte de « vilain petit canard » du lycée, qui va devoir affronter Freddy Krueger à mains nues. Car évidemment, Robert Englund est de retour et il figure même en tête de générique pour la première fois. Il faut dire que c’est le seul nom connu d’une distribution de « d’jeuns » d’une uniforme nullité, qui ne servent que de viande à hacher menu au vindicatif revenant. On peut déceler çà et là quelques idées visuelles pas inintéressantes (les corps des victimes prisonniers de celui de Freddy, hurlant de souffrance, la pin-up dans le water bed), mais le scénario n’est qu’une pauvre resucée sans aucun apport à la saga et le dialogue est abyssal. Pas grand-chose de positif à dire sur « LE CAUCHEMAR DE FREDDY » donc, qui ressasse la déjà vieille histoire de tueur d’enfants revenus d’entre les morts pour hanter les descendants de ceux qui l’ont brûlé vif. On connaît tout cela par cœur et la seule chose qu’on pouvait encore espérer des auteurs, était qu’ils trouvent des variations amusantes ou inventives sur ce thème usé jusqu’à la corde. Ce n’est définitivement pas le cas dans ce n°4 !

LISA WILCOX ET ROBERT ENGLUND