Adapté d’un roman de John Reese, produit et réalisé par Don Siegel alors au sommet de sa carrière, « TUEZ CHARLEY VARRICK ! » est un des meilleurs polars des seventies et un des plus représentatifs de la veine hard boiled de cette époque.
Un petit braqueur (Walter Matthau) dévalise une modeste banque au Nouveau-Mexique. Il y perd son épouse abattue par la police et embarque, sans le savoir 750 000 $ appartenant à la mafia de Las Vegas. Il se retrouve avec un tueur (Joe Don Baker) aux trousses. Un scénario des plus simples, une psychologie réduite au strict nécessaire, pour un film à l’efficacité épatante, boosté par la BO d’un Lalo Schifrin en grande forme. La première surprise vient évidemment de la présence de Matthau, alors connu pour ses comédies, dans un rôle qui aurait plutôt convenu à Marvin ou Bronson. Son flegme et sa nonchalance endormie, même dans les pires situations, font de Varrick un personnage unique et imprévisible. Face à lui, Baker est exceptionnel en hitman à l’élégance texane, fumant la pipe et aimant torturer et tuer à mains nues, avec un bon sourire patelin. Une sorte de Terminator que rien ne semble pouvoir arrêter. Ils sont entourés par une brochette de grands seconds rôles comme John Vernon à son plus suave, Norman Fell ou Andy Robinson qui fut révélé par Siegel dans « L’INSPECTEUR HARRY ». Le trio de comédiennes belles, mûres et tout aussi dures-à-cuire que les hommes, est formidable : Sheree North, Felicia Farr et Jacqueline Scott. Le scénario est parfaitement ficelé, les séquences d’actions sont saisissantes et sans esbroufe et la machination infernale de Varrick est suffisamment élaborée pour qu’on ne la voie pas venir. Un petit classique qu’on peut voir et revoir sans jamais s’en lasser et, très certainement, une des plus belles réussites de Siegel.
À noter : Quand Baker s’annonce en arrivant chez Sheree North, elle dit, désabusée : « Je ne m’attendais pas à voir débarquer Clint Eastwood ! ». Clin d’œil sympathique à l’acteur-fétiche du réalisateur.