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Archives Mensuelles: août 2023

« L’ARNAQUEUR » (1961)

Écrit et réalisé par Robert Rossen d’après un roman de Walter Tevis, « L’ARNAQUEUR » se situe dans l’univers du billard professionnel, des petites et grosses arnaques, des champions et des losers, des paumés de tous poils carburant au whisky et dormant dans les gares.

C’est un pur film noir, d’une âpreté étonnante encore aujourd’hui, au dialogue ciselé, à la cruauté sans fard sur les rapports humains faussés par l’argent et la survie à tout prix. Paul Newman, jeune as du billard est doué, mais son arrogance le met toujours en échec. Il est pris en main par George C. Scott, figure méphistophélique, qui va l’utiliser comme une marionnette et détruire la seule chose pure dans la vie de son poulain, une jeune paumée (Piper Laurie) alcoolique et à la dérive qu’il poussera au suicide. Pendant deux heures étouffantes, sans le moindre échappatoire humoristique ou sentimental, « L’ARNARQUEUR » offre une vision particulièrement réaliste et déprimante d’une frange d’humanité où les loups se dévorent entre eux et où la happy end n’a pas sa place. Si Newman, encore perclus de tics et de maniérismes puisés à l’Actors Studio, déçoit un peu dans ce rôle en or, ses partenaires sont extraordinaires : Scott dans une de ses plus magistrales prestations en ordure élégante et cynique au regard glacial. Laurie, sublime dans un personnage poignant, constamment en chute libre. Mais aussi Jackie Gleason, royal en champion madré et sûr de lui, Murray Hamilton en richard gay malsain au possible et Myron McCormick excellent en loyal co-équipier d’Eddie froidement largué sur le bas-côté. Un peu long, parfois trop austère pour maintenir l’intérêt sur la durée, « L’ARNAQUEUR » n’est en pas moins un beau morceau de cinéma adulte et sans fioriture, dont la noirceur laisse hébété à la fin.

JACKIE GLEASON, PAUL NEWMAN, PIPER LAURIE ET GEORGE C. SCOTT
 
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CHARLEY… 20 ANS DÉJÀ !

 
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Publié par le 30 août 2023 dans ACTU DE BDW2, LA LÉGENDE DE CHARLEY

 

« BEAST » (2022)

« BEAST » est une production islandaise tournée en Afrique du Sud par Baltasar Kormákur et qui n’est, ni plus ni moins, qu’un remake déguisé de « CUJO » : un lion devenu fou remplaçant le Saint-Bernard enragé imaginé par Stephen King.

Après la mort de sa femme, Idris Elba part pour l’Afrique où elle est née, accompagné de ses deux filles adolescentes qui lui en veulent de l’avoir, selon elles, laissée mourir. Ils retrouvent leur vieil ami Sharlto Copley, qui les emmène en safari. Hélas, ils tombent sur un lion, rescapé d’un massacre de braconniers, qui s’en prend violemment à eux. Postulat simple, sans complications, pour un scénario qui démarre un peu tard (un gros premier tiers est consacré aux problèmes familiaux de notre héros), souffre d’une distribution très inégale (la jeune Iyana Halley est très difficile à supporter sur la durée). Heureusement, « BEAST » a ses points forts : les CGI d’abord, absolument remarquables dans la plupart des plans où intervient le lion. C’est à s’y tromper ! Et cela donne au film toute la crédibilité nécessaire. Les progrès en matière d’animaux « à fourrure » sont évidents. La photo ensuite, signée de Philippe Rousselot, de toute beauté. Et puis le message en filigrane pour la défense des animaux sauvages scandaleusement éradiqués. Idris Elba, qui semble avoir perdu une bonne partie de son charisme avec l’âge, fait une honnête prestation, sans plus. Il se fait voler la vedette par Copley (« DISTRICT 9 ») étonnamment sobre et crédible en gardien de réserve dévoué. La seconde partie du film, violente et fiévreuse, fait pardonner la première, laborieuse, bavarde et cousue de clichés psychologiques de soap opera. « BEAST » vaut le coup d’œil, ne serait-ce que pour admirer les lions en images de synthèse tout à fait bluffants.

IDRIS ELBA ET SHARLTO COPLEY
 

« CAPE ET POIGNARD » (1946)

GARY COOPER

Tourné peu de temps après la WW2, « CAPE ET POIGNARD » d’un Fritz Lang alors exilé à Hollywood, est un film d’espionnage et d’aventures, où Gary Cooper tente d’exfiltrer d’Italie un savant atomiste (Vladimir Sokoloff) œuvrant sous la contrainte sur la bombe, pour le compte des nazis.

Bien sûr, « Coop » égal à lui-même, n’est sans doute pas l’incarnation idéale d’un scientifique et mathématicien de renommée mondiale. Bien sûr, l’Allemande Lili Palmer est un curieux choix pour jouer une… italienne, mais le scénario fonctionne bien. Même la longue parenthèse presque exclusivement consacrée à l’histoire d’amour entre les deux protagonistes dans divers appartements. Palmer est excellente en résistante dure-à-cuire, souillée par la guerre, Cooper semble parfois mal à l’aise et abuse de ses mimiques familières, mais il garde ce don de sympathie inné qui n’appartient qu’à lui. Les décors de Suisse ou d’Italie ont été tournés en studio avec un beau savoir-faire et Lang maintient une réelle tension qui culmine dans des morceaux de bravoure (la bagarre jusqu’à la mort entre Cooper et le factotum Marc Lawrence, le coup de théâtre final impliquant la fille de Sokoloff). « CAPE ET POIGNARD » ne manque ni de suspense ni d’émotion et ses 102 minutes passent en un éclair. Par certains éléments, on devine qu’il servit d’inspiration aux « ZAZ » pour leur hilarant pastiche : « TOP SECRET » ! À voir donc, ce Lang pas aussi célébré que ses classiques, mais qui a plutôt bien vieilli et restitue sans emphase l’angoisse des années de guerre en Europe.

LILI PALMER, GARY COOPER ET MARC LAWRENCE
 

HAPPY BIRTHDAY, LURENE !

LURENE TUTTLE (1907-1986), SOLIDE ACTRICE DE SECOND PLAN VUE DANS D’INNOMBRABLES SÉRIES TV
 
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Publié par le 29 août 2023 dans ANNIVERSAIRES

 

ROGER VAN HOOL : R.I.P.

ROGER VAN HOOL (1940-2023), ACTEUR BELGE VU DANS « LA CHAMADE » ET DANS LE RÔLE-TITRE DE « OSCAR »
 

« MEDIEVAL » (2022)

Écrit et réalisé par Petr Jákl, « MEDIEVAL » est une production tchèque relatant l’histoire vraie de Jan Zizka, un mercenaire du 15ème siècle pris dans les intrigues de cour, les trahisons et le vent de l’Histoire.

On pense à « LA CHAIR + LE SANG » pour la sauvagerie et « LE SEIGNEUR DE LA GUERRE » pour la relation entre le héros et la princesse, sans que « MEDIEVAL » ne les égale jamais. Mais cela ne l’empêche pas d’être un grand spectacle barbare et sanglant, qui montre l’atrocité des combats sans se voiler la face ni la magnifier. Malgré un début rébarbatif dû à une photo froide, un contexte dépaysant et des personnage méprisables, on finit par s’attacher au destin de Zizka, d’autant plus qu’il est incarné par l’excellent Ben Foster, très inhabituel dans ce rôle de héros tourmenté et vénal, mais toujours digne et attaché à des valeurs révolues. Son histoire d’amour avec la princesse qu’il a kidnappée (Sophie Lowe) ne cède pas trop au cliché. Ils sont entourés par de grands seconds rôles : Michael Caine, royal à 89 ans, Tiel Schweiger en félon de service, Karel Roden et surtout Roland Møller particulièrement marquant en soldat sadique et invincible. Un vrai grand méchant comme on les aime ! On ne sait pas trop ce qui manque à « MEDIEVAL » pour être un grand film. Tel quel, il fait passer deux heures palpitantes, parfois éprouvantes (les mutilations diverses, le supplice du pal, les morts d’enfants, etc.) et parvient dans son dernier tiers à immerger complètement dans l’époque et les enjeux. À voir car il contient quelques morceaux de cinéma vraiment épatants.

BEN FOSTER, ROLAND MØLLER, SOPHIE LOWE, KAREL RODEN ET MICHAEL CAINE
 

HAPPY BIRTHDAY, BRIAN !

BRIAN THOMPSON, SECOND RÔLE AU PHYSIQUE IMPOSANT, UNE CENTAINE DE FILMS DEPUIS LES ANNÉES 80
 
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Publié par le 28 août 2023 dans ANNIVERSAIRES

 

« LE TUEUR » (1972)

Comment résister ? Un titre-choc : « LE TUEUR » ! Le vieux de la vieille Denys de la Patellière à la caméra, un face à face (de plus) Gabin-Blier jouant des flics, un acteur de série B italien dans le rôle du méchant et les « usual suspects » habituels du polar français de l’époque avec leur accent de titi parisien et leurs pattes bien fournies. Ne manque qu’Audiard au générique, remplacé par Pascal Jardin.

On le sait, le cinoche policier hexagonal vieillit vite. Si quelques grosses productions tiennent encore le choc, si un Melville a atteint l’intemporalité, la plupart sont aujourd’hui difficiles à suivre en gardant son sérieux. « LE TUEUR » prête souvent à sourire : si Gabin représente la vieille garde des poulets de terrain maniant les indics en orfèvre, Blier est censé symboliser la police « moderne ». Avec ses ordinateurs (ceux des années 70 !) et ses méthodes scientifiques. Leurs affrontements mollassons à coups de répliques réactionnaires valent leur pesant de cacahuètes. Gabin n’a jamais été aussi absent, fatigué et n’essaie même pas de s’imposer comme rôle principal. Tout ce qu’on saura du personnage, c’est qu’il lit Le Figaro ! Disons-le tout net, côté rythme et esthétique, on est plus proche de « DERRICK » que de « HEAT ». Le film est poussif, dénué de vie et laborieux, les vedettes font leur vieux numéro sans conviction, l’œil las et la moue agacée. Les séquences d’action sont faiblardes. Seul le passage où Testi devient une bête traquée, seule au monde, est encore à peu près intéressant. L’acteur italien (doublé, comme il se doit) est très bien avec son look de Clark Gable napolitain et son jeu nerveux et physique. À part, bien sûr, qu’il n’a pas du tout une tête à s’appeler Georges Gassot. Mais… Co-production oblige ! Parmi les seconds rôles, le débutant Gérard Depardieu joue une « balance » trop cordiale pour être honnête. Un cinéma disparu, dont « LE TUEUR » est un représentant déjà tardif. Mieux vaut revoir « LE PACHA », c’est la même chose, mais en plus soigné.

BERNARD BLIER, JEAN GABIN, FABIO TESTI, USHI GLAS ET GÉRARD DEPARDIEU
 

HAPPY BIRTHDAY, PETER !

PETER STORMARE, ACTEUR SUÉDOIS À LA PROLIFIQUE CARRIÈRE INTERNATIONALE, MÉMORABLE EN TUEUR DANS « FARGO »