Écrit et réalisé par Sacha Guitry, « LA POISON » démarre par un générique filmé, où « le maître » (comme tout le monde l’appelle !) congratule son équipe, déambule d’un décor à l’autre, fait des phrases et s’écoute parler. C’est à la fois ridicule et touchant, mais en tout cas, unique.
Dans un petit village, Michel Simon et Germaine Reuver sont un couple de quinquagénaires. Ils se haïssent copieusement depuis des années et lui, entendant un grand avocat (Jean Debucourt) à la radio qui en est à son 100ème acquittement, décide de tuer sa femme, en suivant les « conseils » de l’as du barreau. Le brave lourdaud devient alors un manipulateur machiavélique qui se débrouille pour se faire acquitter et revient chez lui en héros ! Le thème est amusant et retors à souhait, le portrait du couple est monstrueux et amusant. Mais le film, malgré sa courte durée, est plombé par de longues séquences dialoguées entre l’avocat et le procureur de la République, par exemple, où tout est rabâché, surligné, répété ad nauseam. En fait, le film ne prend vie que lorsque Simon apparaît à l’écran. Décrit dans le texte comme un mélange de « chimère et de clown », l’acteur même s’il s’en donne à cœur-joie, ne cabotine jamais et tient son personnage jusqu’au bout. Il est hilarant au tribunal quand il retourne juges et jury par des théories fumeuses. C’est un de ses rôles les plus emblématiques et il sauve en grande partie « LA POISON » de la désuétude. Parmi les seconds rôles, on reconnaît avec plaisir Pauline Carton, Jeanne Fusier-Gir et même un tout jeune Louis De Funès, très sobre, en villageois cancanier. Sans doute pas le chef-d’œuvre de comédie noire qu’on a pu garder en mémoire, mais « LA POISON » connaît quelques jolies envolées drolatiques et mérite largement le détour pour Michel Simon à son meilleur.