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Archives de Catégorie: LES FILMS DE PIERCE BROSNAN

« BLACK ADAM » (2022)

Jaume Collet-Serra, on l’ aime bien depuis « LA MAISON DE CIRE », « ESTHER » et un ou deux thrillers avec Liam Neeson. Son film précédent avec Dwayne Johnson, « JUNGLE CRUISE », était sympathique mais ressemblait fort à un pacte avec le diable hollywoodien.

« BLACK ADAM » confirme hélas, cette volte-face décevante d’un cinéaste intéressant. Inspiré d’un vieux comics de la firme DC, le film – que nous ne perdrons pas de temps à tenter de résumer ici – est une véritable bande-démo de CGI et une bouillie scénaristique qui culmine, comme toujours, par une baston géante avec explosions, giclées d’énergie pure, résurrections in extremis, etc. Le problème est qu’entre les films de cette firme et ceux de Marvel, la coupe est plus que pleine. Le seul intérêt (relatif) de « BLACK ADAM » est qu’il est centré sur un « supervillain », qui se réveille d’un sommeil de 5000 ans, de fort méchante humeur, et qu’il se met à dégommer tout ce qui bouge, sans aucun discernement. Quelques super-héros se lancent à sa poursuite et tentent de le « retourner ». Ajoutons un gamin héroïque, une maman rebelle, un roi félon ramené à la vie, des flash-backs aussi inutiles que ridicules (grâce aux CGI, on peut enfin voir The Rock avec un corps malingre !) et c’est emballé. Johnson, amaigri, l’œil noir, passe tout le film suspendu à des câbles. On le sait, 90% de son charme proviennent généralement de son humour en autodérision. Tirant la gueule pendant toute la durée du film, il ne fait évidemment pas le même effet et traverse l’histoire en zombie mal embouché. Parmi ses médiocres partenaires, on ne retiendra que Pierce Brosnan, qui a pris un gros coup de vieux, jouant un mutant aux pouvoirs prémonitoires. Deux heures, c’est long quand il n’y a rien à raconter. C’est même interminable… « BLACK ADAM » est un gros ratage sans âme, qu’on espère oublier le plus vite possible.

À noter : lors d’une petite séquence post-générique de fin, Black Adam croise Superman, incarné par Henry Cavill.

 

« LE MONDE NE SUFFIT PAS » (1999)

WORLD copie« LE MONDE NE SUFFIT PAS » de Michael Apted est le 3ᵉ 007 incarné par Pierce Brosnan et, déjà, se fait ressentir une certaine lassitude, un laisser-aller.

Le scénario est complètement indigent, mettant en scène un duo de méchants décourageant : Sophie Marceau (eh oui…) en riche héritière avide de vengeance et de pouvoir et son amant Robert Carlyle, terroriste défiguré qui l’avait jadis kidnappée et « retournée ». L’enjeu de ces deux heures ? Un pipeline. Et voilà. Malgré d’évidents moyens, la mayonnaise ne prend jamais. C’est une enfilade de poursuites (ski, bateau, voiture, montgolfière, la routine !) dans des lieux touristiques régulièrement ponctuée d’explosions dantesques censées relancer le suspense. Ici, Bond n’est plus qu’une espèce d’acrobate au brushing impeccable, dépourvu d’humour, hormis les sous-entendus salaces d’usage et Brosnan a l’air de s’ennuyer ferme dans les quelques plans où il n’est pas remplacé par sa doublure-cascades. Judi Dench apparaît plus que de coutume, Denise Richards joue une savante atomiste (qui a ri ?) en débardeur et en short très révélateurs et John Cleese prend la relève du vieux « Q » Desmond Llewelyn sans éclat particulier. Les 007 se suivent et se ressemblent, du moins jusqu’à l’arrivée salvatrice de Daniel Craig quelques années plus tard. La tétralogie de Brosnan n’est peut-être pas pire que la série des Roger Moore, mais pas franchement meilleure non plus. L’usure est sensible dans le peu d’intérêt que prennent les comédiens à faire leur numéro, dans l’apathie des scènes d’action trop molles et étirées. À revoir aujourd’hui un film comme « LE MONDE NE SUFFIT PAS », on comprend mieux la décision radicale des producteurs de « rebooter » sérieusement la franchise. Dommage pour Pierce Brosnan, victime d’un mauvais timing, car il aurait pu être un grand Bond.

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JUDI DENCH, PIERCE BROSNAN, SOPHIE MARCEAU ET DENISE RICHARDS

 

« THE GHOST WRITER » (2010)

GHOST.jpgÉcrit par Robert Harris, d’après son propre roman, « THE GHOST WRITER » de Roman Polanski fut tourné principalement en Allemagne tout en étant censé se dérouler sur une île aux U.S.A.

À la suite de la mort suspecte de son prédécesseur, Ewan McGregor est engagé pour écrire les mémoires d’un ex-premier ministre anglais (Pierce Brosnan). Lors de son enquête, l’auteur va découvrir un passé trouble sous la façade publique de son sujet et se retrouve au cœur d’un complot impliquant les proches de Brosnan et jusqu’à la CIA. Excellent sujet, bien développé, dans des décors froids et désincarnés, sous un temps hivernal et pluvieux, propices à générer une angoisse sourde et de plus en plus prégnante. Le seul (petit) souci, est qu’on n’a jamais la sensation d’être sur le sol américain (et pour cause !) et que le film y perd en crédibilité et semble parfois en apesanteur. Heureusement McGregor, présent dans chaque séquence, est parfaitement distribué en écrivaillon peu téméraire, pris dans un engrenage fatal. Brosnan est parfait en politicien creux et sans épaisseur humaine, ni convictions quelles qu’elles soient, Olivia Williams est remarquable en épouse qui joue les « femmes de », alors qu’elle est beaucoup plus que cela, Tom Wilkinson plus ambigu que jamais survient tard, mais d’impressionnante façon. Kim Cattrall est ambiguë à souhait en assistante amoureuse et on aperçoit un jeune Jon Bernthal en agent littéraire aux dents longues.  Bonheur inattendu, on voit très brièvement le cher Eli Wallach jouant un insulaire observateur. En acceptant le rythme lancinant d’un film qui prend son temps pour installer ses enjeux, dévoiler le dessous des cartes, et ne cède qu’une ou deux fois au vrai suspense « policier », « THE GHOST WRITER » est un des meilleurs films de la seconde partie de carrière de Polanski qui filme avec acuité les plages désertes, la pluie battante et les visages blafards de personnages hantés, manipulés, condamnés à plus ou moins brève échéance.

OLIVIA WILLIAMS, PIERCE BROSNAN, ELI WALLACH, EWAN McGREGOR, TIMOTHY HUTTON, JAMES BELUSHI ET JON BERNTHAL
 

« SURVIVOR » (2015)

SURVIVOR« SURVIVOR » de James McTeigue est un thriller post-11 septembre qui s’articule autour d’un complot infernal destiné à faire exploser une mégabombe le jour de l’an à New York.

L’héroïne est une responsable de la sécurité de l’ambassade U.S. à Londres (Milla Jovovich) qui se retrouve bientôt accusée d’un attentat et traquée de toutes parts. L’accent est mis sur la technologie (GPS, trackers, etc.) qui ne la met jamais hors de portée de ses ennemis. Le scénario est bien fichu, assez simpliste au fond, la psychologie des personnages réduite au strict nécessaire pour faire avancer l’histoire, mais cela se regarde sans ennui et d’ailleurs, bonne surprise, le film est relativement court, chose rare ces dernières années. Si Jovovich n’est pas une grande actrice shakespearienne, elle possède une réelle présence physique et un visage intense et captivant. Elle se fait toutefois piquer la vedette par Pierce Brosnan, excellent en tueur à gages, véritable Terminator grisonnant, à l’expression constipée et hautaine. Se délectant visiblement de jouer un vrai méchant, il crée un hitman de haut-vol, implacable et méchant comme une teigne. Un vrai plaisir ! Parmi les seconds rôles, Robert Forster en traître malgré lui qui disparaît trop vite, Angela Bassett qui se galvaude une fois de plus dans un rôle de bureaucrate bornée ou Dylan McDermott dans le seul rôle sympathique. « SURVIVOR » est un produit de pur divertissement, proprement fait, qui pèche un peu par sa froideur trop mécanique et ses péripéties trop prévisibles, mais en laissant son cerveau en mode « pause », c’est une plutôt bonne surprise et l’occasion de tester la versatilité de Brosnan qui n’avait encore jamais joué un salopard aussi irrécupérable.

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ROBERT FORSTER, MILLA JOVOVICH, PIERCE BROSNAN ET ANGELA BASSETT

 

« LE PIC DE DANTE » (1997)

PEAK.jpgRéalisé par le compétent Roger Donaldson, « LE PIC DE DANTE » marque une éphémère résurgence du film-catastrophe, avec cette éruption volcanique dans une charmante bourgade américaine.

La première moitié du scénario est littéralement calquée sur celle des « DENTS DE LA MER » : héros lanceur d’alerte ignoré par les autorités craignant pour leur saison touristique, découverte des premiers cadavres, menace s’amplifiant dans l’indifférence générale, etc. L’auteur ne s’est pas foulé. Et comme le dialogue est d’une platitude totale, on se sent rapidement gagné par une furieuse envie de zapper. Mais si on s’arme d’un minimum de patience, si on ferme les yeux sur les Matte-paintings douloureusement visibles, on trouvera sa juste récompense dans la seconde partie. Les effets spéciaux de l’éruption elle-même sont en effet assez spectaculaires, surtout pour l’époque, on ressent un réel danger physique et pour peu qu’on aime se faire peur, « LE PIC DE DANTE » remplit parfaitement son contrat : coulées de lave, torrents de boue, pluie de cendres, tremblements de terre, on a droit à tout ! Même au sauvetage in extremis du traditionnel chienchien. Évidemment, tout cela ne va pas bien loin, mais la présence de James Bond et Sarah Connor aide à faire passer la pilule. Pierce Brosnan, très en forme, est un vulcanologue séduisant et sportif tout à fait sympathique. Linda Hamilton grimace un peu trop en bistrotière mère-célibataire qui est également maire de la ville. À vrai dire, elle passe les trois-quarts du film à faire des cafés ! Parmi les seconds rôles : Charles Hallahan rubicond en boss incrédule. « LE PIC DE DANTE » se laisse voir, sans passion ni ennui, parfois avec intérêt dans les moments les plus dramatiques (Brosnan enseveli dans un véhicule écrasé par d’énormes rochers, au fond d’une mine), mais il n’a rien d’indispensable.

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PIERCE BROSNAN, LINDA HAMILTON ET JAMIE RENÉE SMITH

 

« BAG OF BONES » (2011)

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PIERCE BROSNAN

Inspiré de « Sac D’os », le roman de Stephen King, « BAG OF BONES », téléfilm en deux parties de Mick Garris, un habitué des adaptations de l’auteur, est dans l’ensemble une bonne surprise, même si les obsessions récurrentes de King frôlent parfois la redondance, voire le rabâchage.BONES.jpg

La première partie, concentrée sur le romancier Pierce Brosnan, qui vient de perdre sa femme dans un accident et sombre dans la dépression, est la plus réussie. D’abord parce qu’il donne à l’acteur irlandais tout l’espace pour exprimer son talent et parce que le surnaturel s’immisce lentement, par des détails, des visions, qui distillent une trouille de bon aloi. La seconde partie nous remet sur les rails plus routiniers de l’œuvre du King. À savoir les flash-backs sur un lointain passé, les cauchemars à tiroirs, les fantômes en décomposition. C’est infiniment moins mystérieux, beaucoup trop explicatif et bavard et surtout, vu et revu et particulièrement dans les films d’horreur japonais du style « RINGU » et autres. Reste tout de même que c’est bien filmé et photographié, que les extérieurs du lac sont superbes et que Brosnan parvient à cimenter tout cela avec toute une gamme d’expressions qu’on ne lui connaissait pas. Il est très bien entouré par un cast féminin de haut-vol : Annabeth Gish en épouse fauchée trop tôt mais réapparaissant sous diverses formes au fil du récit, Melissa George parfaite en « pauvre fille » sexy et malchanceuse et surtout Anika Noni Rose, en chanteuse noire des années 30 dont le tragique destin vient se télescoper avec celui de notre héros. Sans oublier Deborah Grover, hallucinante sous son maquillage qui la fait ressembler à la fiancée de Nosferatu, dans un rôle effrayant de factotum à la force herculéenne. Malgré ses longueurs (mais la plupart des romans de King ne sont-ils pas un peu trop longs ?), « BAG OF BONES » vaut le coup d’œil, pour son ambiance, ses comédien(ne)s et pour voir à quel point Pierce Brosnan est un bien meilleur acteur qu’on ne l’imagine a priori.

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ANIKA NONI ROSE, PIERCE BROSNAN ET ANNABETH GISH

À noter : le téléfilm fut exploité en France sous le titre : « LA MAISON SUR LE LAC ».

 

« LE CHANTAGE » (2007)

SHATTERED.jpg« LE CHANTAGE » de Mike Barker est un bon petit suspense psychologique haletant, qui oblige pratiquement à s’identifier au protagoniste Gerard Butler, même si on ne sait pas grand-chose de lui au départ, quitte à découvrir des squelettes dans le placard au fur et à mesure de son calvaire.

Sa fille est kidnappée par un psychopathe (Pierce Brosnan) qui oblige Butler et sa femme (Maria Bello) à obéir à ses quatre volontés, dans un crescendo qui – on le comprend rapidement – ne peut mener qu’au meurtre. Passé un premier quart d’heure d’exposition un brin pénible, décrivant la félicité conjugale du couple, le film décolle brutalement avec l’arrivée de Brosnan qui s’accapare littéralement le film. Il est remarquable dans ce rôle de maitre-chanteur impitoyable, féroce et violent, à mille lieux de son emploi habituel. Butler a beaucoup de mal à exister face à lui, mais parvient tout de même à donner plusieurs facettes à ce quidam apparemment irréprochable dont on commence à deviner progressivement la face cachée. Maria Bello est impeccable dans l’ambiguïté. Le scénario n’hésite jamais à prendre à rebrousse-poil, à enchaîner les voltefaces, les « twists », jusqu’à y perdre en vraisemblance sur le dénouement. Mais ça n’a guère d’importance, car « LE CHANTAGE » fonctionne à plein régime, tient en haleine avec une vraie maestria et offre plusieurs situations où on ne peut s’empêcher de se demander :« Qu’aurions-nous fait à sa place ? », ce qui est un moteur imparable du thriller. À voir donc, ce film oublié qui mérite d’être redécouvert, ne serait-ce que pour la performance flamboyante de Brosnan, fascinant salopard manipulateur.

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PIERCE BROSNAN, GERARD BUTLER ET MARIA BELLO

 

« THE FOREIGNER » (2017)

FOREIGNERAu moment du tournage de « THE FOREIGNER », le réalisateur Martin Campbell avait 74 ans, Pierce Brosnan 64 et Jackie Chan 63. Mais il ne faut surtout pas se fier à cela, car les vétérans ont entre les mains un scénario correspondant parfaitement à ce qu’ils savent faire de mieux : un film d’action teinté de politique et de « vigilante movie », infiniment plus charpenté et efficace que les récents thrillers pourris de CGI.

Le film, inspiré d’un roman, suit le personnage d’un émigré chinois installé à Londres, dont la fille meurt dans un attentat revendiqué par l’IRA. Sous ses airs inoffensifs, le brave homme s’avère être obstiné et même extrêmement dangereux et il se lance sur la trace des meurtriers, le monde entier contre lui. C’est basique, mais très bien ficelé, en mouvement permanent et les séquences d’action, parcimonieusement distillées, sont superbement réglées, ponctuant le film et évitant le moindre ennui. Chétif d’apparence, le visage ridé et triste, Chan est étonnamment crédible dans un rôle totalement dramatique. Sa métamorphose du papa gâteau au Rambo asiatique senior est crédible et, évidemment, très jouissive. Face à lui, dans un quasi-contremploi, Pierce Brosnan joue un ministre d’origines irlandaises, un faux-jeton de haut-vol, dont la belle gueule dissimule mal l’ignominie. Quelques beaux face-à-face entre ces deux comédiens si différents, valent à eux seuls qu’on voie le film. Une excellente surprise donc, que ce « FOREIGNER » non dépourvu d’émotion, qui permet de constater que Jackie Chan effectue encore lui-même une bonne partie de ses cascades et que Pierce Brosnan vieillit de mieux en mieux. Du très bon polar mâtiné de film d’espionnage, qu’on suit sans fléchir pendant deux heures.

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JACKIE CHAN ET PIERCE BROSNAN

 

« UP & DOWN » (2014)

Adapté d’un roman de Nick Hornby, « UP & DOWN » est une comédie anglaise réalisée par le français Pascal Chaumeil, et partant d’un « high concept » : un 31 décembre, quatre personnes se retrouvent sur le même toit d’immeuble avec le même projet de suicide. Ils se mettent à discuter, s’accrochent les uns aux autres et se promettent de ne plus recommencer avant la Saint-Valentin.DOWN.jpg

Cela démarre plutôt bien, d’autant plus que le quatuor est savoureux : Pierce Brosnan joue avec verve une ex-star de talk-shows ruinée par une affaire de mœurs, Toni Collette est touchante en mère célibataire d’un garçon lourdement handicapé, Imogen Poots est drôle en fille incontrôlable d’un politicien et Aaron Paul est parfait en musicien dépressif s’inventant un cancer. On est prêt à les suivre jusqu’au bout de leur histoire, mais le problème est justement qu’il n’y a pratiquement PAS d’histoire ! Tout le milieu du film est dépourvu d’ossature, de progression dramatique, il s’enlise dans un voyage en Espagne et ne retrouve une vague ligne narrative que peu de temps avant la fin. Alors bien sûr, ce n’est pas désagréable, c’est parfois amusant, souvent même émouvant, mais il est difficile de rester concentré et de ne pas laisser son esprit vagabonder. Heureusement, de bons seconds rôles viennent au secours de cette narration flottante : Rosamund Pike (qui retrouve Brosnan douze ans après « MEURS UN AUTRE JOUR ») excellente en présentatrice de télé langue de vipère ou Sam Neill, sympathique en politicien blasé mais chaleureux.

Rien de détestable donc dans « UP & DOWN », mais nul motif d’enthousiasme non plus. C’est un joli petit film inconsistant et généreux, qui aurait mérité une écriture plus rigoureuse et des interactions plus fouillées entre les protagonistes. À voir tout de même d’un œil distrait pour un casting tout à fait attachant.

 

« THE TAILOR OF PANAMA » (2001)

TAILOR.jpgAdapté d’un roman de John le Carré, « THE TAILOR OF PANAMA » de John Boorman se présente sous les meilleurs auspices : un décor exotique, un casting trois étoiles, un réalisateur de prestige et un retour aux bonnes vieilles histoires d’espionnage chères au romancier.

De fait le film, après une mise en train laborieuse, voire maladroite, accroche peu à peu l’intérêt par la complexité de ses personnages. Pierce Brosnan, sorte de version corrompue de 007, débarque à Panama et utilise un grand tailleur local (Geoffrey Rush) pour se faire un réseau d’informations. Mais il est tombé sur un mythomane qui lui invente une improbable révolution prête à éclater et crée la panique dans le microcosme d’étrangers sur place. Au bout d’un moment, on ne sait plus qui manipule qui, qui est dupe, qui ne l’est pas ou ne l’a jamais été. C’est, à vrai dire, un brin confus. L’action – ou plutôt l’inaction – s’enlise dans d’innombrables séquences de bavardages tout en allusions et en non-dits. Et l’ennui hélas, gagne trop souvent. Le dernier quart est plus dynamique, mais le mal est fait et le film laisse tout de même une sensation d’inertie et de désuétude. Malgré tout, « THE TAILOR OF PANAMA » mérite d’être vu pour Brosnan excellent dans ce rôle ambigu et déplaisant à la séduction trouble, pour Jamie Lee Curtis très bien en épouse du tailleur et surtout pour le toujours étonnant Brendan Gleeson méconnaissable en ex-révolutionnaire panaméen brisé par la prison et transformé en ivrogne vitupérant. C’est le dramaturge Harold Pinter qui joue « l’ami imaginaire » du tailleur (une bonne idée pas très bien développée) et on reconnaît un tout jeune Daniel Radcliffe. Un film trop lent, trop fouillis, qui se laisse regarder sans passion et ne compte pas parmi les fleurons de la filmo de John Boorman qu’on a connu plus inspiré.

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PIERCE BROSNAN, GEOFFREY RUSH, BRENDAN GLEESON ET JAMIE LEE CURTIS