Inspiré d’un roman d’Elmore Leonard, « JACKIE BROWN » est le 3ᵉ long-métrage de Quentin Tarantino, qui aborde pour la première fois son scénario sous un angle psychologique et humain plus que gratuitement spectaculaire et m’as-tu-vu.
Foxy Brown revient 20 ans après la mode des blaxploitations, elle se prénomme maintenant Jackie et c’est toujours une Pam Grier, un peu mûrie, mais encore très séduisante, qui l’incarne. Le film tout entier est en quelque sorte l’hommage d’un fan à son idole de jeunesse et QT offre à l’actrice le rôle de sa vie. L’histoire en elle-même n’a rien de palpitant : c’est la double arnaque ourdie par une hôtesse de l’air au bout du rouleau, pour dérober 500 000 $ à une crapule (Samuel L. Jackson) qui l’exploite, tout en se débarrassant du flic (Michael Keaton) qui lui colle aux basques. Comme d’habitude, c’est un peu longuet, digressif, bavard à l’extrême, les scènes durent trop longtemps et le film donne la sensation de délayer inutilement un sujet qui aurait fait un excellent 90 minutes. Mais c’est brillamment filmé, quelques trouvailles de construction sont bluffantes, la bande-son est un véritable régal qui renvoie aux belles années de Pam Grier. Et le cast est royal : l’actrice n’a jamais été meilleure, on pense surtout à ce face à face avec son complice Robert Forster (lui aussi en état de grâce), où ils parlent librement de la peur de vieillir. Un moment tellement authentique et émouvant, qu’on le croirait improvisé. Jackson oscillant entre le cabotinage et la menace est également très bien employé, Bridget Fonda est formidable en junkie bronzée et insolente, Keaton très drôle en flic qui a tort de se croire plus futé que tout le monde. Mais le grand bonheur de « JACKIE BROWN », c’est Robert De Niro, extraordinaire dans un contremploi de malfrat imbécile et borné, à peine sorti de prison et déjà chnouffé jusqu’à l’os. Il est absolument hilarant. Un peu surfait, un peu creux au final quand on y repense, « JACKIE BROWN » vaut le coup d’œil pour la nostalgie qu’il dégage et l’amour évident que l’auteur porte à ses personnages.