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« L’EXORCISTE DU VATICAN » (2023)

« L’EXORCISTE DU VATICAN » de Julius Avery est inspiré d’un personnage réel, Gabriele Amorth, qui fut l’exorciste-en-chef directement dépêché par le pape pour des cas de possession diabolique.

Dans le film, Amorth doit affronter un démon, dans une vieille abbaye espagnole, qui a possédé un petit garçon. Son but ? Attirer le prêtre et posséder son âme afin de s’infiltrer dans l’Église et la détruire de l’intérieur. Tiré par les cheveux ? À peine ! Le problème majeur de ce genre d’histoires est qu’elles retombent systématiquement dans les travées du chef-d’œuvre de William Friedkin et qu’on se retrouve devant des situations vues et revues dix fois : le possédé ligoté au lit, la voix caverneuse, les messages sanglants s’inscrivant sur sa peau, etc. Difficile de prendre cela au sérieux aujourd’hui, d’autant plus que Russell Crowe, qui ressemble davantage à Bud Spencer qu’à Max Von Sydow, prend l’affaire à la légère. Il s’amuse beaucoup à jouer ce chasseur de démons roulant en Vespa, à l’œil qui frise, amateur de whisky et de mauvaises plaisanteries, ce qui est fort sympathique. Le problème est qu’il désamorce complètement toute peur ou angoisse que tente de distiller le réalisateur. Son tandem avec le jeune Daniel Zovatto n’est pas très passionnant et le reste de la distribution est d’une insigne médiocrité. Le cinéphile nostalgique sera heureux de revoir l’inoxydable Franco Nero incarnant un pape inquiet. C’est d’ailleurs lui qui crache un geyser de sang au visage d’un évêque, comme le faisait Linda Blair avec sa bile verte. Curieux clin d’œil… « L’EXORCISTE DU VATICAN » n’est pas un désastre et se laisse vaguement regarder, mais on n’y entre pas une seconde, on passe le temps à comptabiliser les clichés et à se dire, une fois encore, que n’est pas Friedkin qui veut.

RUSSELL CROWE, FRANCO NERO ET DANIEL ZOVATTO
 

HAPPY BIRTHDAY, EUGENIE !

EUGENIE BONDURANT, ACTRICE QU’UN PHYSIQUE ASCÉTIQUE A CANTONNÉE DANS DES EMPLOIS INQUIÉTANTS VOIRE FANTOMATIQUES
 
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Publié par le 27 avril 2024 dans ANNIVERSAIRES

 

« L’AFFAIRE MORI » (1977)

Inspiré de faits réels survenus en Sicile en 1925, « L’AFFAIRE MORI » de Pasquale Squitieri relate la lutte d’un préfet incorruptible, Cesare Mori (1871-1942) qui démantela la mafia locale en plein régime fasciste. Un démantèlement bien provisoire hélas, comme le démontre le très amer épilogue.

C’est Giuliano Gemma qui campe le préfet, à cent lieues de son image habituelle de cowboy sautillant et, même s’il est un peu jeune pour le rôle, s’y montre absolument remarquable. Son jeu glacial, son regard dénué d’empathie rappellent celui de Robert Stack lorsqu’il jouait Eliot Ness. D’ailleurs, les deux personnages ont beaucoup de points communs. Le film est ambitieux, bénéficie de décors naturels évocateurs, de chants traditionnels siciliens en fond sonore et d’une bonne BO d’Ennio Morricone. Mais la réalisation pèche par un emploi systématique de zoom et des longues focales, qui donne parfois une impression de « sur le vif », mais ôte de la rigueur et de la grandeur au récit. Le film regorge de scènes passionnantes : le siège du village grouillant de bandits, la paranoïa qui s’installe quand Mori prend conscience de la profondeur des racines de la corruption mafieuse. Gemma domine le film avec une autorité qu’on lui avait déjà devinée dans « LE DÉSERT DES TARTARES ». Francisco Rabal est parfait en parrain vivant sous terre depuis des décennies, Stefano Satta Flores est excellent en bras-droit du préfet. Et Claudia Cardinale apparaît sporadiquement dans un drôle de caméo récurrent symbolisant la misère du peuple de Sicile. Elle était alors l’épouse du réalisateur, ce qui explique sans doute ce personnage totalement inutile et plaqué sur l’action. « L’AFFAIRE MORI », malgré un laisser-aller technique, est une œuvre forte et passionnante pour qui s’intéresse à la vraie mafia et à ses origines.

GIULIANO GEMMA, FRANCISCO RABAL ET CLAUDIA CARDINALE
 

« TOMAHAWK » (1951)

« TOMAHAWK » de George Sherman, western relativement peu connu, est pourtant un des premiers films résolument pro-Indiens, qui dépeint les Sioux comme un peuple noble spolié par le fourbe « visage pâle » avec ses traités constamment foulés au pied.

Inspiré de faits réels, le scénario prend pour héros le scout Jim Bridger (1804-1881), tiraillé entre les deux civilisations, comme le sera le protagoniste du « JUGEMENT DES FLÈCHES », six ans plus tard. Bridger recherche inlassablement l’assassin de sa femme Cheyenne, tuée par le lieutenant Alex Nicol qu’il retrouve dans un fort assiégé. Rien que de très classique, mais on est toujours épaté par ce que ces « petits » films étaient capables de raconter en moins de 90 minutes, surtout comparés aux longs-métrages dilatés d’aujourd’hui. L’image est magnifique, les paysages – souvent surplombés de nuages grandioses – le sont également et le rythme est parfaitement entretenu. Bien sûr, Van Heflin est un Bridger sans charisme, comme à son habitude et il se laisse voler la vedette par Nicol avec son look « aryen » qui campe un méchant incroyablement haïssable, un tueur d’Indiens sanguinaire et sûr de son bon droit. Yvonne De Carlo en chanteuse itinérante et Susan Cabot en squaw composent des personnages féminins taillés dans le cliché. Parmi les seconds rôles, on entrevoit très fugitivement un jeune Rock Hudson en caporal, sans le moindre gros-plan pour le différencier dans la masse de figurants. « TOMAHAWK » (c’est le surnom que les Natives ont donné à Bridger) est un western à la fois modeste et ambitieux, dont le parti-pris d’honnêteté historique est plus qu’estimable. En 1951, on était encore bien loin de « LITTLE BIG MAN » ou « DANSE AVEC LES LOUPS » ! Rien que pour cela, il mérite d’être vu et apprécié, tout en admirant la beauté de ses extérieurs et la vigueur de ses séquences d’action encore très impressionnantes.

YVONNE DE CARLO, VAN HEFLIN, ALEX NICOL ET ROCK HUDSON
 

MARGARET LEE : R.I.P.

MARGARET LEE (1943-2024), ACTRICE ANGLAISE DE SÉRIES B QUI FIT ESSENTIELLEMENT CARRIÈRE EN ITALIE ET PARFOIS EN FRANCE
 

« CRAZY BEAR » (2023)

Inspiré, lointainement, de faits réels, « CRAZY BEAR » d’Elizabeth Banks s’inscrit dans une lignée de films d’horreur saupoudrés de burlesque, renvoyant à des œuvres comme « TREMORS ».

Après que des kilos de cocaïne soient balancés d’un avion dans un parc naturel, un ours noir en avale une grosse quantité et devient enragé. Il s’attaque à des randonneurs, des enfants, des gangsters, des shérifs, etc. les massacrant sauvagement pour ne pas se faire voler sa drogue dont il raffole. Si on est un peu dérouté au début par le ton adopté, par le jeu décalé des comédiens et une BO disons… surprenante, on finit par comprendre de quoi il retourne et on se laisse malmener. L’ours en CGI est très réussi et fait penser à une sorte de « CUJO » sévèrement dopé. On rit tout en étant souvent dégoûté par les scènes d’attaques d’un gore décomplexé. Et puis, la bonne surprise, vient de la qualité de la distribution : Keri Russell en maman à la recherche de sa fille, Alden Ehrenreich excellent en fils d’un caïd dépressif et geignard, Margo Martindale hilarante en garde forestière mal embouchée. Cerise sur le gâteau, c’est le dernier rôle de Ray Liotta, formidable d’énergie mauvaise en narcotrafiquant implacable (il va jusqu’à frapper deux charmants oursons !). Matthew Rhys apparaît le temps d’un caméo au début en responsable du désastre à venir. « CRAZY BEAR » (titre français tellement moins évocateur de l’original « COCAÏNE BEAR ») est donc, malgré une terrible réputation, une très bonne surprise, délibérément grotesque, mais techniquement très bien confectionnée et d’une bonne humeur communicative. Des séquences comme l’attaque de l’ambulance lancée à pleine vitesse ou celle dans l’antre des ours, sont vraiment exceptionnelles.

À noter : Keri Russell, son mari Matthew Rhys et Margo Martindale ont joué ensemble pendant six ans dans la série « THE AMERICANS ».

KERI RUSSELL, ALDEN EHRENREICH, AARON HOLLIDAY ET RAY LIOTTA
 

PHILIPPE LAUDENBACH : R.I.P.

PHILIPPE LAUDENBACH (1936-2024), SECOND RÔLE AUX 190 FILMS ET TÉLÉFILMS, NEVEU DE PIERRE FRESNAY. MÉMORABLE DANS « VIVEMENT DIMANCHE »
 
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Publié par le 23 avril 2024 dans CARNET NOIR, FILMS FRANÇAIS

 

« TERREUR SUR LA VILLE » (1976)

Inspiré de faits réels survenus dans une petite ville d’Arkansas en 1946 (une demi-douzaine de meurtres gratuits perpétrés sur des couples choisis au hasard), « TERREUR SUR LA VILLE » de Charles B. Pierce s’est acquis avec les années un inexplicable statut de cult movie et a même généré un remake.

Dès les premières images, les plans de figuration éparse, la prise de son « directe » et la photo hideuse, on devine le budget minuscule et la déconvenue qui pointe déjà le bout de son nez. C’est d’une lenteur phénoménale, les meurtres de ce serial killer cagoulé durent des heures, ponctués par les hurlements stridents des victimes qui n’en finissent pas de mourir. On sent par moments une volonté « documentaire » et à d’autres un désir de comédie avec le personnage du shérif-adjoint gaffeur (joué par Pierce lui-même). Certaines poursuites en voiture semblent échappées de « COURS APRÈS MOI, SHÉRIF ! ». Mais le plus affligeant, c’est encore de voir le vétéran oscarisé Ben Johnson se fourvoyer dans un rôle de « légende vivante du FBI », qui pourtant se montre inopérant du début à la fin. À 58 ans, l’acteur se débat vainement au milieu de partenaires décourageants, handicapé par un dialogue atroce. Que dire de plus de « TERREUR SUR LA VILLE » ? Pas grand-chose, hormis que ce film interroge sur ces productions bas-de-gamme qui deviennent des petits classiques avec le temps, sans aucune raison valable. Ce n’est même pas un « ancêtre d’Halloween » comme on a fréquemment pu le lire. Juste une série B bâclée et sans style, à oublier au plus vite.

BEN JOHNSON ET DAWN WELLS
 

HAPPY BIRTHDAY, JAMES !

JAMES RUSSO, SECOND RÔLE DES ANNÉES 80 ET 90, APERÇU CHEZ LEONE, MICHAEL MANN ET FRANCIS COPPOLA. MÉMORABLE DANS « DONNIE BRASCO »
 
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Publié par le 23 avril 2024 dans ANNIVERSAIRES

 

« SISU » (2022)

Écrit et réalisé par Jalmari Helander, « SISU » est une co-production anglo-finlandaise située pendant la WW2, dans le contexte précis du retrait des troupes allemandes de Finlande, détruisant tout sur leur passage.

Jorma Tommila est un vieux prospecteur découvrant un important filon d’or. Il croise sur sa route une brigade de nazis qui va le voler. Ce que les fuyards ignorent, c’est que l’homme qu’ils ont spolié est une légende, une escouade de la mort à lui tout seul et qu’il ne compte pas se laisser faire. « SISU » est un film d’action simple, épuré, linéaire, qui vaut pour la personnalité extraordinaire de son héros et pour le plaisir primaire de voir exterminés des « boches » sadiques et sans pitié. C’est très efficacement filmé, les CGI sont parfaitement intégrés lors des séquences d’action et on ne décroche pas une seconde. Tommila, taiseux, quasi-muet jusqu’à la toute fin, fait un peu penser à Sam Shepard. Il ne paie pas mine, mais son corps abîmé, couturé d’affreuses cicatrices, parle pour lui. Le vieux guerrier n’est pas invincible, il « prend cher » pendant toute la durée du film et s’éloigne donc des archétypes héroïques américains. Mais qu’il soit blessé par balles, pendu, tabassé presque à mort, il « refuse de mourir » pour citer une réplique marquante. Et cerise sur le gâteau, il s’occupe bien de son chien ! À ses côtés, Aksel Hennie est excellent en officier nazi cruel et haïssable finissant (PETIT SPOILER !) comme Slim Pickens dans « DR. FOLAMOUR ». Mimosa Willamo crève l’écran en femme violée qui prend une éclatante revanche sur ses bourreaux. « SISU » est un spectacle maîtrisé, assez jouissif, qui parvient à créer un personnage iconique sans en faire trop. À découvrir.

À noter : « SISU » est un mot finlandais signifiant à peu près « courage et détermination extrêmes ».

JORMA TOMMILA ET MIMOSA WILLAMO