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Archives Mensuelles: juin 2019

« 4 MARIAGES ET 1 ENTERREMENT » (1994)

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LES COPAINS D’ABORD…

« 4 MARIAGES ET 1 ENTERREMENT » de Mike Newell fait partie de cette espèce rarissime : le film quasi-parfait dans le créneau qu’il s’est choisi. En l’occurrence, la comédie sentimentale, le film choral.4 WEDD.jpg

Le scénario extrêmement bien construit, qui parvient à faire exister des dizaines de personnages simultanément dans une durée raisonnable, suit un groupe d’amis trentenaires, uniquement à travers des cérémonies de mariages, jusqu’au décès de l’un d’eux. Ce petit monde gravite autour de Hugh Grant, charmant séducteur immature, encore un pied dans l’adolescence, incapable du moindre engagement. Sa relation avec la « femme idéale », l’américaine Andie MacDowell passera par quelques hauts et beaucoup de bas, avant d’arriver à sa conclusion. Tout cela est léger, toujours drôle, cruellement observé mais avec un fond de tendresse, il n’y a pas un temps mort, et chaque second rôle a son moment savoureux à défendre. On pense à ce vieillard colérique et à moitié gâteux (Kenneth Griffith), dont chaque apparition, aussi brève soit-elle, est un régal. Grant n’a jamais été meilleur, aussi parfaitement distribué, ses mimiques et tics de langages (« Right ! ») font plaisir à voir. MacDowell est charmante sans être mièvre, Kristin Scott Thomas se sort à merveille d’un rôle ingrat, John Hannah est remarquable de finesse et Rowan Atkinson apparaît en prêtre débutant dans une séquence hilarante. « 4 MARIAGES ET 1 ENTERREMENT » est tellement riche et foisonnant, qu’il nécessite plusieurs visions. On y trouve toujours une réplique, un arrière-plan, ou une silhouette qu’on n’avait jamais remarqués auparavant. C’est un « feel good movie » qui nous épargne les clichés, les facilités inhérentes à ce genre de cinéma, pour offrir un beau moment de détente. Il a déjà 25 ans et, hormis peut-être « LOVE ACTUALLY » (encore avec Hugh Grant), il n’a pas été surpassé.

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ANDIE MacDOWELL, HUGH GRANT, JOHN HANNAH ET KRISTIN SCOTT THOMAS

 
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Publié par le 30 juin 2019 dans CINÉMA ANGLAIS, COMÉDIES

 

« GREEN BOOK : SUR LES ROUTES DU SUD » (2018)

Réalisé en solo par Peter, un des frères Farelly, écrit par le fils d’un des protagonistes, « GREEN BOOK : SUR LES ROUTES DU SUD », situé en 1962, raconte l’improbable amitié entre un chauffeur « rital » inculte et raciste et son client, un célèbre pianiste noir qui a décidé de faire une tournée dans le Sud profond, avec ce que cela comporte de risques.5245ENT_GreenBook-Poster-ComingSoon_Blauw_700x1000.indd

On pense bien sûr immédiatement à un avatar de « MISS DAISY ET SON CHAUFFEUR » inversé, mais le scénario vaut mieux que cela. Oui, c’est fondamentalement un « feel good movie » et on prend un plaisir simple à voir évoluer la relation entre l’artiste snob, solitaire et déconnecté du réel et le « tough guy » aux manières de voyou à qui on ne la fait pas. Mais c’est extrêmement bien dialogué, parfaitement rythmé, les situations auxquelles sont confrontées les deux hommes sont toujours intéressantes et dramatiquement fortes. Mais outre une mise-en-scène classique et une reconstitution d’époque impeccable, ce qui séduit dans « GREEN BOOK », c’est l’extraordinaire qualité des deux vedettes : Viggo Mortensen, épaissi, qui adopte un accent du Bronx irréprochable, et donne une belle humanité à ce personnage apparemment tout d’un bloc, qu’on voit changer et évoluer à vue d’œil au cours de ce long voyage de deux mois en voiture. Et puis Mahershala Ali, tellement bon, qu’on ne sent même pas la composition. Chacune de leurs engueulades, le moindre moment de complicité sont un véritable régal et la fin, peut-être trop idyllique, est tout de même bien réconfortante. Linda Cardellini est, comme toujours, très charmante dans son rôle plus effacé d’épouse italienne chaleureuse et intuitive.

À voir donc, ce « GREEN BOOK », road movie prônant la tolérance et fustigeant le racisme ordinaire sans jamais se montrer trop démonstratif. Un cinéma un peu conventionnel certes, mais très agréable.

 

HAPPY BIRTHDAY, MARIA CONCHITA !

ALONSO

MARIA CONCHITA ALONSO, « BOMBA LATINA » DES ANNÉES 80, VUE DANS « COLORS » OU « PREDATOR 2 », TOUJOURS ACTIVE.

 
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Publié par le 29 juin 2019 dans ANNIVERSAIRES

 

« INCASSABLE » (2000)

INCASSABLE.jpgQuel étrange projet que « INCASSABLE » écrit et réalisé par M. Night Shyamalan, juste après le succès du « SIXIÈME SENS ». C’est une fable refermée sur elle-même, tentant de philosopher sur la « mythologie » des comic books et particulièrement celle des superhéros justiciers.

L’idée en vaut une autre, mais encore faut-il trouver le ton juste. Et Shyamalan prend tout cela tellement au sérieux, qu’il en devient solennel, sentencieux, voire… un peu ridicule. Pas une once d’humour dans ce scénario où un « M. tout le monde » (Bruce Willis) découvre à 45 ans qu’il a des superpouvoirs grâce à Samuel L. Jackson, un handicapé obsédé par la BD. Ce ne sont pas tant les invraisemblances qui dérangent dans « INCASSABLE », elles font partie intégrante de ce genre. C’est plutôt que l’auteur semble ne pas respecter sa propre logique, ni le cahier des charges qu’il a lui-même mis au point (le héros ne s’est vraiment pas rendu compte jusqu’à maintenant qu’il pouvait soulever d’énormes poids ?). Tout cela est extrêmement lent, on peste contre la mollesse du personnage d’un Willis comme anesthésié, qui se « révèle » dans une séquence d’une ahurissante banalité : vêtu d’un ciré à capuche, il va casser la gueule d’un serial killer qui s’est attaqué à une famille. C’est tout ? Oui, c’est tout. Quant au coup de théâtre final, il est tellement tiré par les cheveux et maladroitement écrit, qu’on peut ne pas le comprendre immédiatement. Dans la colonne des points positifs : une belle photo d’Eduardo Serra (qui fit ses armes en France), de jolis mouvements de caméra et surtout un Jackson incroyablement sobre. En épouse déçue, Robin Wright traîne sa sinistre mine habituelle et forme un bien triste couple avec Willis. « INCASSABLE » a ses fans. Peut-être faut-il adorer les superhéros pour entrer dans cette histoire alambiquée et naïve jusqu’à l’infantilisme. C’est possible… Mais la façon qu’a Shyamalan d’en parler est tout de même d’une rare prétention.

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SAMUEL L. JACKSON, ROBIN WRIGHT ET BRUCE WILLIS

 

BILLY DRAGO : R.I.P.

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BILLY DRAGO (1945-2019), SECOND RÔLE DES ANNÉES 80 À LA LONGUE FILMO DE SÉRIES B. MÉMORABLE EN NITTI DANS « LES INCORRUPTIBLES ».

 
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Publié par le 27 juin 2019 dans CARNET NOIR

 

« UN PAPILLON SUR L’ÉPAULE » (1978)

EPAULE.jpgLe thème du quidam confondu avec quelqu’un d’autre et entraîné dans un engrenage criminel est éminemment hitchcockien et semblait être du goût de Lino Ventura qui a souvent tourné ce genre de scénario dans la seconde partie de sa carrière. Mais cette fois, les auteurs Jean-Claude Carrière et Tonino Guerra ont opté pour une approche radicale, quasi abstraite, sans jamais éclaircir le mystère « policier » et signent un cauchemar paranoïaque. La réalisation solide, voire rigide de Jacques Deray contrebalance cet aspect auteuriste et fait de « UN PAPILLON SUR L’ÉPAULE » un des fleurons de sa filmographie.

Les extérieurs de Barcelone sont parfaitement choisis, les décors à la fois grandioses et miteux, la présence de personnages étranges, menaçants à chaque coin de rue, accentuent le contremploi de Ventura à la fois égal à lui-même et fondamentalement différent. À presque 60 ans, l’acteur délaisse sa défroque de solitaire taiseux et solide comme un roc, pour jouer un type banal, paumé, balloté par les évènements, presque… fragile. C’est d’ailleurs un des seuls films où on remarque qu’il n’était pas très grand. L’air perdu, incertain, il ne cesse de répéter des répliques du style : « Mais qu’est-ce qu’il se passe, à la fin ? », et s’enfonce dans ce labyrinthe qui le mène à sa perte, sans qu’il ne sache jamais pourquoi. Une belle prestation, soutenue par de brillants partenaires comme Nicole Garcia lumineuse, Jean Bouise ambigu, Paul Crauchet superbe en « fou » donnant son titre au film, Laura Betti ou Claudine Auger. Avec son « McGuffin » (une mallette), sa lenteur parfois excessive (la fin, qui traîne inutilement en longueur), « UN PAPILLON SUR L’ÉPAULE » tient à la fois du film d’espionnage et du polar cérébral. Son dernier plan met toute l’histoire en perspective et montre ce pauvre « Roland Fériaud » pour ce qu’il est : un pauvre pantin impuissant fracassé par des puissances occultes sans visage et sans âme. Imparfait, mais indéniablement passionnant.

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NICOLE GARCIA, LINO VENTURA ET PAUL CRAUCHET

 

EDITH SCOB : R.I.P.

EDITH SCOB, COMÉDIENNE FRANÇAISE À LA LONGUE CARRIÈRE MARQUÉE PAR SON RÔLE DANS « LES YEUX SANS VISGAE ».

EDITH SCOB (1937-2019), ÉTRANGE COMÉDIENNE À LA LONGUE CARRIÈRE MARQUÉE PAR SON RÔLE DANS « LES YEUX SANS VISAGE ».

 
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Publié par le 26 juin 2019 dans CARNET NOIR, FILMS FRANÇAIS

 

« IL MAESTRO DI VIGEVANO » (1963)

MEASTRODécouvrir au même générique Elio Petri, les scénaristes Age & Scarpelli, Alberto Sordi et Nino Rota, sans oublier la bellissime – mais non-italienne – Claire Bloom, ferait frémir de bonheur n’importe quel amateur de cinéma transalpin. « IL MAESTRO DI VIGEVANO », troisième film de Petri, est une fable féroce qui aurait pu s’inventer le titre « tragédie d’un homme ridicule » avec quelques années d’avance.

Sordi est un petit instituteur fauché et avaricieux, un médiocre personnage servile et couard, marié à une femme « trop belle pour lui » et père d’un fils pas vraiment surdoué. Il se cache derrière de grands mots comme probité et surtout dignité pour justifier son étroitesse d’esprit, son manque d’initiative. Aussi, quand sa femme, lasse de vivre comme une pauvresse, décide de prendre les choses en main, d’aller travailler en usine, puis d’ouvrir sa propre fabrique de chaussures, le monde s’écroule-t-il sous les pieds d’Albertone.

Sous ses dehors de comédie satirique, accentué par le jeu constamment outré de Sordi, qui ne semble pas très fermement dirigé, le film est plutôt ambigu quant à son discours sur la place de la femme dans la société, mais pose un œil froid et sans charité sur celle de l’homme. Tout ou presque repose sur la présence de Sordi en roue-libre, roulant des yeux, poussant des petits cris effarouchés. Même si on l’a souvent vu plus drôle, il a tout de même de bons moments et parvient à donner vie à ce triste sire englué dans sa bêtise. Quelques scènes « oniriques » sont catastrophiques (les délires de Sordi pendant sa colique, beaucoup trop longs et d’une lourdeur terrible), mais ce portrait d’un « honnête homme » est cruel et lucide et c’est un des films où Claire Bloom est la plus belle. Alors…

 

« ASPHALTE » (2015)

Écrit et réalisé par Samuel Benchetrit, « ASPHALTE » offre d’entrée deux surprises : d’abord le format carré de l’image en 1.33 :1. guère usité de nos jours, ensuite le soulagement de constater que, ce qui démarrait comme un drame social sur la vie dans une cité HLM, dérive rapidement sur autre chose.ASPHALT.jpg

Le scénario, doucement farfelu, suit trois histoires en parallèle d’habitants de la dite cité : Gustave Kervern, vieux garçon négligé cloué sur une chaise roulante à la suite d’un AVC, Isabelle Huppert actrice alcoolique et has-been se liant à son jeune voisin Jules Benchetrit et enfin, et surtout une gentille dame algérienne (Tassadit Mandi) qui recueille chez elle un astronaute américain (Michael Pitt) dont la capsule spatiale a atterri sur le toit de son immeuble (sic !). On commence déroutés, prêts à zapper une fois de plus devant un film français confiné et bavard, mais… non. On se laisse prendre par l’humour en demi-teintes, frôlant souvent l’absurde, et surtout par la poésie délicate de cette histoire pleine d’humanité et de générosité, qui pose un œil attendri sur les laissés-pour-compte de notre société.

Des trois parties, celle de Kervern et de l’infirmière Valeria Bruni Tedeschi (agaçante comme toujours), est la plus faible, la moins touchante. La partie d’Isabelle Huppert parfaite en paumée décavée, inconsciente du temps qui passe, est bien écrite, et celle de l’astronaute est remarquable. Cet improbable naufragé de l’espace en combinaison spatiale qui mange le couscous de la vieille dame en attendant que la NASA vienne le récupérer, est truffée de détails poignants, réels, dans un contexte extravagant. Pitt est très bien en grand gaillard à faciès de bébé et Mandi est extrêmement attachante et drôle. Un bien joli moment entre deux personnages séparés par la barrière de la langue, mais qui finissent par se comprendre. À se demander après coup, si la fascination de la vieille femme pour les soaps américains à la TV qu’elle distingue mal de la réalité, ne lui aurait pas fait inventer de toutes pièces ce « fils de substitution », quand le sien croupit en prison…

Une bonne surprise donc, que ce « ASPHALTE » sorti de nulle part, rattaché à aucun genre, mais qui parvient à faire entendre sa petite musique humaniste.

 
 

HAPPY BIRTHDAY, SIDNEY !

LUMET

SIDNEY LUMET (1924-2011), RÉALISATEUR À LA FILMO DE 70 TITRES, VOLONTIERS POLÉMISTE, INÉGAL MAIS AUTEUR DE PLUSIEURS CLASSIQUES.

 
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Publié par le 25 juin 2019 dans ANNIVERSAIRES