Adapté du roman de Pierre Louÿs, « LA FEMME ET LE PANTIN » se situe dans la prestigieuse carrière de Julien Duvivier entre les excellents « POT BOUILLE » et « MARIE-OCTOBRE ». Dire que ce film n’est pas digne du réalisateur est une douce litote !
Manifestement produit pour exploiter le succès de Brigitte Bardot dans « ET DIEU CRÉA LA FEMME », sorti deux ans plus tôt, le film tourné à Séville, est une succession de cartes postales touristiques, suivant une jeune Française déambulant pieds nus dans les rues, une danseuse fantasque et allumeuse (mais vierge !) dont s’éprend un riche éleveur de toros (Antonio Vilar). Se dérobant sans cesse aux avances de l’homme mûr, BB va le mener jusqu’à la déchéance. Le sujet a déjà servi à plusieurs adaptations, mais celle-ci est probablement la pire. Le scénario part en tous sens, perdant un temps fou avec des seconds rôles ineptes (Michel Roux en bon copain fou d’amour, Dario Moreno en patron de boîte particulièrement glauque, Jess Hahn en… dessinateur collant) et on nous assène une révélation inopinée sur le passé de collabo du père de Bardot (Jacques Mauclair) qui ne mène absolument nulle part. Alors on passe le temps – très long, le temps ! – à découvrir la ville, à contempler des fiestas, des numéros de danse interminables et à tenter de comprendre ces personnages têtes-à-claques et dépourvus de substance. Bardot, belle et sauvage, tente d’arborer une expression dure et perverse qui ne lui va pas du tout. Vilar est totalement nul en bellâtre vieillissant et on reconnaît la Russe Lila Kedrova dans un rôle pénible d’ex-danseuse espagnole devenue une pochtronne braillarde. On ne sait que dire sur un ratage comme « LA FEMME ET LE PANTIN ». Normalement, c’est le genre de film qu’on zappe après vingt minutes sans remords, mais la signature de Duvivier incite à pousser plus loin : on doit bien déceler sa « griffe » quelque part ! Eh bien, non. La fin de parcours du cinéaste ne fut pas aussi grandiose que ses débuts, c’est sûr, mais là il s’est vraiment vautré dans les grandes largeurs. À fuir !