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« L’HOMME À L’IMPERMÉABLE » (1957)

02 Juin

IMPER2Adapté par Julien Duvivier et René Barjavel d’une Série Noire de James Hadley Chase, « L’HOMME À L’IMPERMÉABLE » est un drôle de film, une sorte de vaudeville macabre taillé aux mesures de Fernandel avec qui le réalisateur avait récemment tourné les deux premiers « DON CAMILLO ».

Précurseur d’œuvres comme « SÉRIE NOIRE POUR UNE NUIT BLANCHE » ou « AFTER HOURS » pour le principe de l’engrenage infernal broyant un pauvre quidam, le film se met au tempo de sa vedette, ce qui n’était pas ce qui pouvait lui arriver de mieux : Fernandel roule des yeux, multiplie les double-takes, tressaille, répète ad nauseam des « Houlala ! » plaintifs, et fait glisser plusieurs fois le scénario dans le burlesque pied-de-plomb et la pantalonnade boulevardière. C’est dommage, parce que la photo est magnifique, les décors de Montmartre sont superbes, comme extraits d’un roman de Zola et les autres comédiens ont su trouver le ton juste. Surtout Bernard Blier, absolument délectable en maître chanteur barbu, visqueux et positivement répugnant. Un grand numéro, entre pure comédie et ignominie. On remarque aussi Jacques Duby en pianiste voyou, l’Américain John McGiver en trafiquant d’œuvres d’art ou la gironde Claude Sylvain en chanteuse opportuniste. La réalisation de Duvivier n’est pas en cause, puisque le film contient des morceaux de bravoure épatants comme cette bagarre sur les quais de Seine ou la course-poursuite dans l’immeuble à la fin, mais l’équilibre entre le film noir et le véhicule comique pour Fernandel n’a pas vraiment été trouvé. Un Duvivier mineur donc, tourné entre deux de ses chefs-d’œuvre tardifs : « VOICI LE TEMPS DES ASSASSINS… » et « MARIE-OCTOBRE ». Pour le complétiste de la filmographie du maître et les fans de Fernandel qui y trouveront très certainement matière à se réjouir.

IMPER

FERNANDEL, BERNARD BLIER, JOHN McGIVER ET CLAUDE SYLVAIN

 

34 réponses à “« L’HOMME À L’IMPERMÉABLE » (1957)

  1. FOUILLOUSE

    2 juin 2017 at 7 h 36 min

    sur la photo du bas que vous publiez, il ne s’agit pas d’Edith Georges mais de Claude Sylvain.

     
    • walkfredjay

      2 juin 2017 at 7 h 51 min

      Absolument ! Je répare tout de suite, merci.

       
  2. Kinskiklaus

    2 juin 2017 at 8 h 15 min

    Grande envie de découvrir ce film et ce, malgré la présence de l’insupportable Fernandel. Impossible pour moi de résister aux décors de Montmartre. A propos de Duvivier, quelqu’un a déjà vu « Boulevard » ?

     
  3. Marc Provencher

    2 juin 2017 at 14 h 45 min

    « …malgré la présence de l’insupportable Fernandel… »

    Tss, tss, ce qu’il ne faut pas entendre. N’est-ce pas la pose typique du bobo qui méprise le bas peuple et tout ce qui fait rire les gens ?

     
  4. walkfredjay

    2 juin 2017 at 16 h 18 min

    Bobo ? Bah ! Bah !

     
    • Marc Provencher

      2 juin 2017 at 16 h 53 min

      Faut pas m’en vouloir, j’essaie mon nouveau vocabulaire. Ce premier test n’est peut-être pas très concluant…

       
      • Kinskiklaus

        2 juin 2017 at 17 h 29 min

        Allo mon caribou ! Bobo? Tu m’niaises ? Je capote ! Tu vas crisser ton camp à grands coups dans les foufounnes ! Méchant brochet ! Non, je ne me pogne pas les nerfs ! Ti-cul ! Toton, va ! Va jouer dans l’trafic !

         
  5. Daniel

    2 juin 2017 at 16 h 28 min

    Et c est à ce moment que Fred , épuisé par les filmographies de Cruise ,de Gere ou de Cage, tomba sur un…Fernandel ! IL l a fait ..oui…il l a fait !! Personne n aurait parié un centime la dessus…et pourtant ! C est comme si on m imposait un des  » chef d œuvre » italien d un Van Cleef en fin de carrière …j imagine l a douleur . Mais c est fait ….j admire le courage ! Chapeau l artiste !

     
    • walkfredjay

      2 juin 2017 at 16 h 38 min

      Merci… Ce fut dur. Très dur… J’ai trouvé le courage d’aller jusqu’au bout pour Duvivier, mais franchement, j’en suis ressorti diminué ! 😀

       
  6. Daniel

    2 juin 2017 at 16 h 56 min

    Il y quelque chose qui me surprend beaucoup concernant Fernandel : autant on peut voir régulièrement des documentaires hommages ou pas sur Gabin , Bourvil ou De Funès autant il n y a rien , mais absolument rien sur Fernandel ( en dehors des redifs. de ‘ Don Camillo » , loin d être son meilleur rôle ) alors que le gaillard a des chiffres d entrées au cinéma phénoménaux sur quasiment toute sa carrière ( j y ai jeté un coup d œil , c est carrément hallucinant la popularité de cet acteur que je connais assez peu ). On sait que l homme était plutôt antipathique et sans pitié avec ses partenaires ( sauf les monstres sacrés de l époque , pas fou le Fernand par ailleurs grand ami de Jean Gabin ) mais ce n est certainement pas la raison de cet oubli.. Alors quoi ? Mystère !

     
    • walkfredjay

      2 juin 2017 at 17 h 45 min

      Sans doute parce que son style et sa manière de jouer correspondaient à une époque. Personnellement, je trouve qu’il a très mal passé l’épreuve du temps, à quelques exceptions près, alors que Bourvil, De funès ou Gabin se sont presque bonifiés avec les années. Et puis il a accumulé encore plus de navets que ses collègues, ne l’oublions pas.

       
      • Marc Provencher

        2 juin 2017 at 18 h 06 min

        N’empêche que ‘HEUREUX QUI COMME ULYSSE’ est un des mes films français préférés. Ainsi que ‘LA VACHE ET LE PRISONNIER’ et ‘L’AUBERGE ROUGE’, d’ailleurs.

         
      • Marc Provencher

        2 juin 2017 at 18 h 08 min

        Question navets, on a fait tourner au malheureux Bourvil un sacré paquet de niaiseries, quand même.

         
      • walkfredjay

        2 juin 2017 at 18 h 24 min

        Je ne vais pas me faire que des amis, mais… j’avoue ne pas être un fan inconditionnel de Bourvil non plus ! Même s’il a davantage de réussites incontestables à son palmarès que Fernandel.

         
  7. Kinskiklaus

    2 juin 2017 at 17 h 32 min

    Daniel, j’pense que la principale raison réside dans le fait que ses films vieillissent pour la plupart assez mal contrairement aux autres acteurs que tu cites.

     
  8. Kinskiklaus

    2 juin 2017 at 18 h 14 min

    Marc, les films que tu cites sont des classiques encore largement rediffusés, davantage l’après-midi que le soir, il est vrai. (T’as pas regardé mon message au dessus ? Fallait pas me traiter de bobo !)

     
    • Marc Provencher

      2 juin 2017 at 19 h 14 min

      « T’as pas regardé mon message au dessus ? Fallait pas me traiter de bobo ! »

      Comme je l’explique piteusement par la suite, je dois encore roder mon vocabulaire fraîchement acquis. Question de fine timing.

      Sur le front linguistique, je dois admettre que je suis favorablement impressionné. (Sauf pour l’histoire du brochet : il s’agit peut-être d’un régionalisme que je ne connais pas). Enfin un Français d’France qui fait pas son péteux d’broue pis qui parle pas avec la bouche en cul d’poule, câliboire !

       
      • Marc Provencher

        2 juin 2017 at 19 h 15 min

        Bon ! Ça ne s’arrange pas. Je voulais écrire « fine tuning » et c’est sorti « fine timing ». Ce fabricant de claviers, je vais te me le…

         
  9. Kinskiklaus

    2 juin 2017 at 18 h 41 min

    Bourvil possédait quelque chose que n’avait pas Fernandel: un immense capital sympathie, aussi bien auprès du public que des gens qu’il côtoyait ici ou là dans la vraie vie. Une crème d’homme apparemment. Pas fan de Bourvil non plus, même si je l’aimais beaucoup. Beaucoup soulignent sa performance d’acteur dans « Le cercle rouge », contrairement à eux, je ne l’ai jamais trouvé exceptionnel dans ce film. Idem pour Coluche dans « Tchao Pantin ». Mais j’adore les deux films, pourtant !

     
    • walkfredjay

      2 juin 2017 at 18 h 49 min

      Bourvil ne fait en effet rien d’exceptionnel dans « LE CERCLE ROUGE », à part rester complètement sobre et impassible et… récupérer son prénom au générique ! Mais il était vraiment bien – à quelques dérapages près – dans « LA TRAVERSÉE DE PARIS », « FORTUNAT », « LE MIROIR À DEUX FACES ».

       
  10. Val

    2 juin 2017 at 18 h 45 min

    C’est vrai que le jeu de Fernandel a très mal vieilli, tout comme la plupart de ses films.
    En ce qui me concerne, j’aimerai toujours la saga « Don Camillo » qui est pour moi une « madeleine de Proust ».
    J’aime aussi énormément « La Vache et le prisonnier », « La Cuisine au beurre » et « Heureux qui comme Ulysse », mais j’hésite à revoir « François 1er » par exemple…

    Petite anecdote : il parait que Bourvil était un grand admirateur de Fernandel et fut heureux de jouer avec lui dans « La Cuisine au beurre », mais le marseillais se comporta comme la seule star du film, snobant le pauvre Bourvil qui en retira une amère déception.

     
  11. Kinskiklaus

    2 juin 2017 at 19 h 03 min

    Coucou Val ! Yep, je confirme l’anecdote que tu nous contes sur la rencontre Fernandel / Bourvil. Et les exemples de son immodestie et de ses antipathies sont très nombreuses. Mais son caractère n’a rien à voir avec le fait que je ne l’ai jamais apprécié: je n’aime ni son jeu, ni son humour, ni son accent, ni sa tronche. Rédhibitoire chez moi, je vous dis. Terrible constat puisqu’il est né un 8 mai, comme moi et qu’il est en plus taureau (logique!) ascendant gémeaux (moins logique!). L’horoscope, c’est vraiment l’arnaque !

     
    • Zach

      2 juin 2017 at 19 h 59 min

      Les collaborations de Fernandel avec des réalisateurs à fortes personnalités semblaient difficiles, puisqu’il s’était brouillé avec Pagnol, n’avait visiblement pas apprécié son travail avec Autant-Lara et c’est visiblement lui qui a éjecté Max Ophüls de « Mam’zelle Nitouche ».

      Dans ‘l’homme à l’imperméable », la scène où Fernandel se trouve dans l’appartement de la sublime Judith Magre, et où elle lui fait fumer du « rêve » est tout de même assez iconoclaste.

       
      • Kinskiklaus

        2 juin 2017 at 22 h 41 min

        Merci Zach, je ne connaissais pas du tout ces anecdotes.

         
  12. Daniel

    2 juin 2017 at 20 h 06 min

    Bourvil dans  » Le cercle rouge » souffrait énormément physiquement et avait toutes les peines du monde a se tenir debout , ceci expliquant cela ! Alain Delon racontait que devant les souffrances de son collègue il lui arrivait de s enfermer dans sa loge pour pleurer. Sinon je le trouve formidable dans  » Fortunat » un de mes films préférés et dans  » Le miroir à deux faces » ou  » La traversée de Paris » ( ou la c est Gabin qui lui a mené la vie dure , il paraît que Bourvil avait une peur bleue de son partenaire que pourtant il admirait …pas de chance ) et encore excellent dans ‘ Les grandes gueules » …indéniablement un grand comédien. A quelques jours de son décès il est venu participer a une émission consacrée a un de ses amis suite a une ancienne promesse : voir ce grand costaud se forcer a sourire , ayant toutes les peines du monde a se tenir debout , a formuler des projets alors qu il se savait condamné ,pour finalement , la larme a l œil dire que son nom sera oublié bien rapidement devant l invité qui fait tout pour ne pas éclater en sanglots est déchirant …indéniablement un grand monsieur ! Quand a Fernandel , je crois que l explication de Kinskiklaus est la bonne : ses films ont certainement très mal vieilli et je suis aussi d accord avec toi concernant ‘ Tchao Pantin » et la composition de Coluche : bien mais vraiment pas de quoi sauter au plafond .

     
  13. Kinskiklaus

    2 juin 2017 at 22 h 45 min

    Je n’ai jamais vu « Le miroir à deux faces », tu es le deuxième ici à le citer, plutôt un bon signe. Si j’aime beaucoup « Fortunat » et « La traversée de Paris », c’est dans « Les grandes gueules » que Bourvil m’a le plus impressionné par son jeu d’acteur. J’aime infiniment cette bobine, probablement l’un de mes trois films français préférés de tous les temps.

     
  14. Dino Barran

    3 juin 2017 at 10 h 47 min

    Je viens de jeter un oeil à la filmo de Bourvil. À ma grande surprise, son dernier film n’est pas Le Mur de l’Atlantique ni Le Cercle rouge, mais apparemment un obscur nanar intitulé Clodo et les vicieuses, réalisé par un dénommé Georges Clair qui a fait une brève carrière dans le porno.
    J’ignorais totalement l’existence de cette oeuvre, qui fait un peu désordre chez cet acteur.

     
    • Daniel

      3 juin 2017 at 18 h 02 min

      Le fameux  » Clodo et les vicieuses » a été tourné la même année que  » Le mur de l Atlantique » . En fait le film s appelait tout simplement  » Clodo » mais aucun distributeur ne l a acheté alors des petits malins l ont récupéré et y ont inséré des scènes pornographiques et de nudité et l ont sorti en 1975 . L honneur de Bourvil est sauf , pas sûr qu il aurait apprécié , lui qui avait accepté ce film par amitié pour un des membres de l équipe .

       
  15. Val

    3 juin 2017 at 10 h 53 min

    Salut, Kinskiklaus !
    Fernandel a commencé sa carrière dans le genre « comique troupier », genre qui a très mal vieillit. Son visage très particulier l’a très vite limité également. Ajoutons le jeu très outré de ses débuts et dont il n’a jamais su vraiment se débarrasser et un caractère désagréable envers ses proches et ses collaborateurs, et voilà pourquoi il est devenu quasiment obsolète aujourd’hui.
    À l’opposée, Bourvil a toujours mis un peu de tristesse dans son jeu (enfin, c’est mon avis), ce qui me le rend infiniment sympathique pour le public. J’ai toujours plaisir à revoir « Fortunat », « Un drôle de paroissien » ou « L’arbre de Noël » alors que je peux me passer de la énième diffusion TV de « La Vache et le prisonnier ».
    Il y a longtemps que je n’ai pas revu « Les Grandes gueules » et je n’ai jamais vu « Le Miroir à deux faces » où, semble-t-il, il a un rôle absolument antipathyque.

    Sinon, Fred, te voilà avec 27 commentaires sur un post consacré à Fernandel. Tu sais ce qu’il te reste à faire…. Je plaisante ! 😀

     
  16. Corey

    3 juin 2017 at 11 h 29 min

    Certains films de Fernandel ont peut être vieilli, mais c’est pas de sa faute, plutôt celle du réalisateur, il faut dire qu’il a tourne un nombre incalculable de canars. Ils faut le voir avec Raimu dans les Rois du Sport ou la fille du puisatier , avec Gabin dans l’âge ingrat dans, ou avec Bourvil dans La cuisine au beurre pour constater qu’il est largement à la hauteur de ses prestigieux partenaires.
    Ca faut toujours un peu cliché, mais qui d’autre que lui pouvait passer du rire à l’émotion presque instantanément ? Le grand, l’immense Raimu… Son grand frère de cinéma, qui disait de lui : « avec Fernand, je ne joue pas, je parle…

     
  17. Corey

    3 juin 2017 at 11 h 54 min

    Concernant Bourvil dans Le cercle rouge, sa performance a été de changer complètement sa façon de jouer sur le demande de Melville. Bernard Stora, assistant réal sur le cercle, raconte que Melville avait été très surpris par la diction particulière de Bourvil. Il a passé de longues heures à lui apprendre à décomposer ses phrases, ne pas avaler ses mots, à se tenir droit pour justement acquérir cette fameuse sobriété. Pour un acteur qui a joué d’un certaine façon pendant trente ans, cela n’a pas du être évident… ce qui met en relief son talent et la valeur de la performance sur le film.

     
    • Marc Provencher

      11 novembre 2019 at 14 h 16 min

      « Concernant Bourvil dans Le cercle rouge, sa performance a été de changer complètement sa façon de jouer sur la demande de Melville. »

      Bref, à poursuivre avec ce que Robert Enrico lui avait demandé de faire pour ‘LES GRANDS GUEULES’.

       
      • Corey

        11 novembre 2019 at 16 h 40 min

        Un peu plus que ça. Melville lui a fait changer sa diction, sa gestuelle et l’a habillé sur mesure pour le rendre « beau », selon son souhait. Bourvil ne s’en sentait pas capable et en a été le premier étonné.Les deux rôles sont radicalement opposés d’ailleurs, autant sur le fond que sur la forme. Bourvil était de toute façon un acteur capable de tout jouer, il n’a pas attendu, ni Melville, ni Enrico pour jouer des rôles « sombres ». Mais n’a jamais été aussi loin qu’avec Melville.

         
  18. Daniel

    3 juin 2017 at 18 h 11 min

    Nul doute que Fernandel devait être un excellent acteur pour son époque voire un phénomène ( performer ‘s, dirait on ailleurs ) mais son jeu outrancier a tellement vieilli qu on ne pourrait même pas le citer comme exemple d un cinéma d avant guerre même si Pagnol disait de lui :  » Il est l égal d un Chaplin » ….le bruit des cigales ancré dans la tête ajouté à un liquide jaune un peu frelaté peut faire des dégâts l espace d un moment .

     

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