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Archives de Catégorie: LES FILMS DE SIGOURNEY WEAVER

« ALIEN, LA RÉSURRECTION » (1997)

Écrit par Joss Whedon, photographié par Darius Khondji maître des pénombres profondes, marquant le retour de Sigourney Weaver dans son rôle-fétiche, « ALIEN, LA RÉSURRECTION » a, sur le papier, tout pour plaire. Seul le nom du réalisateur, le Français Jean-Pierre Jeunet pouvait inquiéter. Pourtant, malgré cette étrange mixture, le film s’en sort très bien.

Ramenée à la vie par clonage, mais ses gènes fusionnés à ceux de l’alien qu’elle couvait dans le n°3, Ripley donne naissance à une « reine » qui se met à pondre et à investir le vaisseau spatial en route vers la terre. Décors et photo sont à la hauteur des deux premiers opus, mais on est légèrement perturbé par la direction d’acteurs volontiers « over the top » (Dan Hedaya, Ron Perlman) et la présence incongrue de Dominique Pinon. Les fréquents dérapages dans le gore quasi burlesque font craindre le pire. Mais non ! Le film a une belle tenue, il contient deux scènes absolument magistrales : la découverte du « musée des horreurs » où Ripley tombe sur des clones ratés, des versions d’elle-même abominables, dont une toujours vivante. À donner le frisson ! Et puis cette attaque d’aliens sous-marine assez incroyable. L’engrenage d’action, de violence, de suspense est maintenu jusqu’au dernier quart, où on finit par ressentir comme une lassitude, un sentiment de « trop c’est trop ». Weaver est magnifique, créant un avatar de Ripley en quête d’identité. Winona Ryder succède avec bonheur à Ian Holm et Lance Henriksen (n’en disons pas plus, pour ne pas spoiler) et on retrouve des « trognes » des années 90 telles que Leland Orser, Michael Wincott, Gary Dourdan ou l’inénarrable Brad Dourif. « ALIEN, LA RÉSURRECTION » traîne une mauvaise réputation chez les amoureux de la saga. Une re-vision laisserait à penser qu’elle est en partie imméritée et que ce N°4 mérite une petite réévaluation à la hausse.

À noter : le film sortit avec une durée de 109 minutes puis connut une version longue de 114 minutes, chroniquée ici, mais qui n’est pas un « director’s cut ».

WINONA RYDER ET SIGOURNEY WEAVER
 

« ALIEN 3 » (1992)

Produit six ans après « ALIENS », réalisé par David Fincher dont c’est le premier long-métrage, « ALIEN 3 » se traîne une réputation de navet pas totalement justifiée, même si sa version longue (28 minutes de plus) n’arrive pas à le réhabiliter totalement.

Le premier opus était un film d’horreur dans l’espace, le second un film de guerre, celui-ci est une sorte de « film de prison » confiné et étouffant, qui ne retrouve jamais le souffle des précédents. Sigourney Weaver, très investie, atterrit accidentellement sur une planète-bagne. Ses compagnons du n°2 sont morts et elle a, sans le savoir, transporté un alien avec elle. Si les décors sont réussis et si la photo d’Alex Thomson est imaginative, « ALIEN 3 » est excessivement déprimant par sa noirceur et son désespoir profonds. L’héroïque Ripley n’est plus qu’une bête traquée qui découvre (ATTENTION : SPOILER !) qu’elle est « enceinte » d’un monstre qui s’est servie d’elle comme mère-porteuse, les taulards sont des fanatiques religieux à moitié débiles. Le seul personnage à peu près digne est le médecin Charles Dance, qui disparaît hélas, trop vite. L’alien est différent des précédents : plus véloce, se déplaçant comme un dinosaure et bavant abondamment. On reconnaît quelques bons seconds rôles comme Charles S. Dutton, Pete Postlethwaite et un jeune Holt McCallany. Lance Henriksen fait un rapide caméo à la fin, en créateur de l’androïde Bishop. On sent que le montage du film a dû être chaotique. Il n’a aucun rythme interne, alterne les séquences de bavardages interminables et les moments d’action beaucoup trop brefs et pas très bien filmés. Il y a malgré tout de bons passages (le premier face à face entre Ripley et le monstre, le piège du plomb fondu), mais la mayonnaise ne prend pas et ce 3ème opus aura toujours quelque chose d’inachevé, de mal fichu. En version courte ou longue…

SIGOURNEY WEAVER, CHARLES S. DUTTON ET LANCE HENRIKSEN
 

« LA JEUNE FILLE ET LA MORT » (1994)

« LA JEUNE FILLE ET LA MORT » de Roman Polanski est un huis clos théâtral à trois personnages, tourné dans une maison isolée, dans un pays jamais nommé d’Amérique du sud, juste après la chute d’une terrible dictature.

Jeune femme torturée 20 ans plus tôt, mariée à un grand avocat (Stuart Wilson), Sigourney Weaver mène une vie de recluse et souffre de paranoïa aiguë. Une nuit, elle reconnaît la voix de Ben Kingsley, le bourreau qui l’a humiliée et violée jadis sans qu’elle ne voie jamais son visage. Elle le séquestre pendant cette nuit de tempête et fera tout pour le faire avouer. Mais est-il réellement coupable ? Les dilemmes sont apparemment simples, les enjeux très graves et le trio de comédiens a le champ libre (le scénario est entièrement focalisé sur l’affrontement, sans la moindre digression) pour nourrir leurs rôles, glisser dans les archétypes de l’humanité et de la complexité. C’est d’ailleurs l’occasion pour Weaver de donner la prestation de sa vie. Paulina est une femme détruite, à fleur de peau, vivant dans une terreur perpétuelle, mais capable d’extrême violence et d’une froideur inquiétante. Les longs plans où elle raconte en détails à son mari les tortures endurées, sont glaçants et l’actrice ne cède jamais à la facilité du pathos. Face à elle, Wilson tire tout le jus d’un rôle parfois contradictoire, tiraillé entre la vengeance et le sens de la justice. Quant à Kingsley, ligoté, bâillonné pendant les trois-quarts du film, il demeure en retrait jusqu’à la toute dernière séquence sur la falaise, où tout à coup éclate enfin la vérité. Son monologue à lui seul aurait mérité l’Oscar ! Intimiste, hyper-tendu, baignant dans la lumière du grand Tonino Delli Colli et la musique de Schubert qui donne son titre au film, « LA JEUNE FILLE ET LA MORT » vaut largement le détour et donne à méditer…

SIGOURNEY WEAVER ET BEN KINGSLEY
 

« LA CABANE DANS LES BOIS » (2011)

Vous qui pénétrez dans « LA CABANE DANS LES BOIS » de Drew Goddard (écrit par Joss Whedon), oubliez tous les clichés, toutes les certitudes, toutes les habitudes et même tout sens de la mesure.

Oui bien sûr, le film commence comme un énième ersatz de « EVIL DEAD » : cinq étudiants idiots qui partent en week-end dans une bicoque perdue dans la forêt et réveillent une malédiction zombie. Mais ce n’est que l’intro et la dernière demi-heure part dans un délire qui va tellement loin, qu’on n’est même plus sûr d’être complètement éveillé. Les auteurs ont bâti leur scénario comme un gros oignon cinéphilique qu’on pèle progressivement, révélant des couches sous les couches, comme une espèce de boule de neige monstrueuse qui finit dans un Armageddon lovecraftien. C’est indéniablement intrigant, parce qu’on ne sait jamais où on nous amène, ni jusqu’où cela peut aller, un brin systématique aussi, mais rares sont les films qui se jouent ainsi des genres et des idées toutes faites et avec une telle folie frisant l’hystérie. Le montage parallèle entre le film d’horreur basique et la salle de contrôle, fait d’abord penser qu’on assiste à une télé-réalité particulièrement tordue, mais alors que bien des films se seraient arrêtés à cette simple – mais amusante – idée, « LA CABANE DANS LES BOIS » ne s’y attarde même pas. Et la conclusion hallucinée, portée par une Sigourney Weaver sanglée dans son tailleur, en grande prêtresse castagneuse, pousse à se demander qui avait fumé la moquette. Le cast est d’ailleurs tout à fait compétent, avec en tête Chris Hemsworth en athlète chaud-lapin et le duo Richard Jenkins/Bradley Whitford en manipulateurs des enfers. C’est donc un film quasi-expérimental, qui va probablement trop loin dans ses propres codes, mais laisse la sensation d’être allé au bout de son exploration. À tenter donc, en laissant ses préjugés au vestiaire…

CHRIS HEMSWORTH ET SIGOURNEY WEAVER

 

« PAUL » (2011)

Écrit par ses deux vedettes Simon Pegg et Nick Frost (« SHAUN OF THE DEAD », « HOT FUZZ »), « PAUL » de Greg Mottola envoie deux « nerds » anglais aux U.S.A. pour une convention de comic-books. Vieux ados attardés, les compères croisent la route d’un alien en cavale.

Conçu en road movie et surtout en hommage à l’œuvre de Steven Spielberg (qui fait même un clin d’œil « vocal » dans un flash-back), « PAUL » est une comédie éminemment sympathique, truffée d’idées et se jouant finement des clichés hollywoodiens. Ainsi, la tradition veut que ce soit le traître qui dévoile son vrai visage à la fin d’un film. Eh bien ici, c’est le « good guy » ! C’est ce genre de détail qui rend le film délectable, constamment drôle et plaisant. Le personnage de l’extra-terrestre (doublé par Seth Rogen) est parfaitement réussi et s’intègre sans aucun problème parmi les acteurs de chair et d’os. Il a une grande gueule, un franc-parler, se montre parfois grivois, mais l’écriture est bien dosée et ne sombre jamais dans la vulgarité. L’amitié naissante entre les nerds, l’alien et une jeune femme (Kristen Wiig) obnubilée par la bible, est au cœur de l’action et la poursuite menée par des agents façon « Men in black » relance constamment l’intérêt. Le cast est pour beaucoup dans la réussite de « PAUL ». Outre les deux héros, qui ont bien rodé leur tandem dans leurs films précédents, Wiig est charmante, Jason Bateman parfait dans un personnage à facettes et on a le plaisir de voir débarquer à la fin rien moins que Sigourney Weaver en « big boss » digne de Cruella, à qui Blythe Danner mettra un crochet du droit en lâchant la plus célèbre réplique de « ALIENS » : « Get away from her, you bitch ! ». Le film est bourré de clins d’œil de cet acabit, qui n’alourdissent jamais l’action puisque faisant partie de l’ADN des protagonistes. À redécouvrir donc, ce « PAUL » hilarant, parfois… émouvant, qui se moque avec respect de ses glorieux aînés.

NICK FROST, KRISTEN WIIG, SIMON PEGG ET SIGOURNEY WEAVER

 

« ALIENS, LE RETOUR » (1986)

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SIGOURNEY WEAVER

Produit sept ans après l’œuvre fondatrice de Ridley Scott, « ALIENS, LE RETOUR » écrit et réalisé par James Cameron, est une des rares suites à exister par elle-même, en optant pour une tout autre tonalité.ALIENS2

Quel que soit le point de vue qu’on adopte (film de SF, film de guerre ou d’horreur), « ALIENS » a admirablement passé les décennies et se présente comme le film d’action ultime. Il n’a pas pris une ride, hormis quelques transparences et maquettes désuètes, et malgré ses 154 minutes (dans la version longue chroniquée ici) tient en haleine du début à la fin. Grâce à ce nouveau montage, on comprend mieux le personnage de Sigourney Weaver et ses relations avec la fillette. La fin prend un tout autre éclairage quand les deux « badass mamas » s’empoignent sauvagement. Tout est d’une perfection bluffante : de la photo au montage, en passant par la BO stressante de James Horner, on s’immerge dans l’action sans pouvoir quitter l’écran des yeux. La distribution est exceptionnelle : Weaver qui donne chair et émotion à son personnage de 1979, dans son rôle le plus mémorable. Paul Reiser irremplaçable en maître-étalon de la planche pourrie. Tous les marines sont excellemment caractérisés au point que les nombreuses séquences chaotiques de fusillade demeurent toujours lisibles et les comédiens identifiables d’un coup d’œil. Michael Biehn sort du lot en officier ultra-cool, Lance Henriksen crève l’écran en androïde droit dans ses bottes. Seuls Bill Paxton finit par agacer avec ses crises de nerfs à répétition, ainsi que la petite Carrie Henn dont les hurlements stridents vrillent les nerfs déjà mis à rude épreuve. « ALIENS » est vraiment un admirable accomplissement, un film quasiment dépourvu de points faibles et dont la dernière demi-heure pousse le suspense aux limites du soutenable. À voir, à revoir, sans la moindre crainte d’être déçu. Ce film est coulé dans le marbre !

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BILL PAXTON, CARRIE HENN, SIGOURNEY WEAVER, JENETTE GOLDSTEIN ET LANCE HENRIKSEN

 

« L’ŒIL DU TÉMOIN » (1981)

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SIGOURNEY WEAVER ET WILLIAM HURT

« L’ŒIL DU TÉMOIN » de Peter Yates est un thriller new-yorkais alambiqué et parfois confus, dont le scénario peine à trouver sa cohérence entre la toile de fond politique (une organisation aidant les Juifs russes à fuir leur pays pour Israël) et l’enquête sur le meurtre d’un business man vietnamien.EYEWITNESS

William Hurt, viet-vet devenu homme de ménage du building où a eu lieu le meurtre, laisse croire qu’il a été témoin, pour approcher la femme de ses rêves, la reporter Sigourney Weaver, elle-même liée sans le savoir, au véritable assassin. C’est bourré de gros « comme par hasard », de séquences trop dialoguées, mais si l’aspect polar n’est guère passionnant, les relations entre personnages, elles, le sont. Et le dialogue est souvent excellent. Outre le couple-vedette, bien assorti, dans l’éclat de sa jeunesse, les seconds rôles sont triés sur le volet : Christopher Plummer séduisant et dangereux dans un rôle à facettes de philanthrope n’hésitant pas à se salir les mains, James Woods survolté en copain loser agité et ringard, Morgan Freeman et Steven Hill en tandem de flics fatalistes « too old for this shit », la toujours savoureuse Pamela Reed, etc. C’est cette distribution qui sert d’ossature au film et le rend encore intéressant aujourd’hui, malgré ses déficiences scénaristiques. Yates, même si on est loin de « BULLITT », maîtrise les séquences d’action et de suspense, parvient à créer de jolis moments de trouille, comme l’attaque imprévisible du chien de Hurt devenu subitement fou, ou cette fusillade nocturne dans un haras plein de chevaux. De fait « L’ŒIL DU TÉMOIN » a une assez belle tenue visuelle et contient suffisamment de morceaux de bravoure pour maintenir l’intérêt jusqu’au bout. À voir donc, pour New York très bien filmée, pour quelques coups de théâtre bien amenés et surtout pour le cast qui vaut à lui seul le coup d’œil.

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JAMES WOODS, CHRISTOPHER PLUMMER, STEVEN HILL, MORGAN FREEMAN ET WILLIAM HURT

 

« S.O.S. FANTÔMES » (1984)

GBQuelle est longue la procession de films qui ont enchanté notre parcours cinéphile, ont marqué leur époque et auxquels on garde encore et toujours une place privilégiée dans nos souvenirs. Mais surtout, qu’on ne devrait jamais revoir !

« S.O.S. FANTÔMES » d’Ivan Reitman est de ceux-là et une re-vision après plusieurs décennies peut s’avérer fatale. Écrit par Dan Aykroyd et Harold Ramis, qui jouent également les faire-valoir de Bill Murray, cette comédie met en scène quatre « savants » fous (enfin trois plus un acolyte joué par Ernie Hudson) affrontant une invasion de fantômes et d’ectoplasmes à New York. Amusant concept, mais scénario flasque et relâché, tout au service des impros de Murray qui vampirise le film par ses mimiques à contretemps, ses répliques pince-sans-rire, qui finissent par lasser et même devenir franchement irritantes. Et que dire des F/X qui ont affreusement mal vieilli ? De la photo sinistre du pourtant excellent László Kovács ? Une redécouverte en HD est bien cruelle aujourd’hui, mettant en lumière les nombreuses imperfections.  Que reste-t-il alors, 40 ans après ? La chanson euphorisante de Ray Parker, Jr. (« If there’s something strange in your neighborhood, who you gonna call ? Ghostbusters ! ») qui elle, n’a pas pris une ride, les jambes de Sigourney Weaver qui joue, hélas, les utilités, le cabotinage amusant de Rick Moranis en voisin pot-de-colle ou d’Annie Potts en secrétaire mal embouchée. Et, à la rigueur, une séquence dans la bibliothèque, au début. Mais c’est à peu près tout. « S.O.S. FANTÔMES » appartient à une autre ère de l’Histoire d’Hollywood et le revoir aujourd’hui équivaut à visiter un musée au charme éventé et à s’y ennuyer à mourir.

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DAN AYKROYD, HAROLD RAMIS, BILL MURRAY ET SIGOURNEY WEAVER

 

« 1492 : CHRISTOPHE COLOMB » (1992)

1492.jpgQuand ça veut pas, ça veut pas. Ce vieil adage populaire s’adapte parfaitement à « 1492 : CHRISTOPHE COLOMB » de Ridley Scott, coproduction franco-hispano-américaine au budget pharaonique.

Quelque chose cloche dès le début de l’épopée de l’explorateur légendaire. Est-ce la présence de Gérard Depardieu ? Possible. Comment imaginer une seconde Colomb sous les traits si familiers de notre « Gégé national » ? Il n’a rien d’un Italien élevé en Espagne. D’autant moins que son bizarre accent zézayant en anglais n’arrange rien côté crédibilité. Mais il n’y a pas que cela. Le scénario, qui est la chronique d’un échec monumental, s’embourbe à chaque changement de décor ou d’année, ne parvient jamais à créer un mouvement général ou à donner une âme à cette tranche d’Histoire. Le mélange de nationalités des acteurs, le dialogue pompeux, la lourdeur des symboles font regretter les grandes années de Werner Herzog qui aurait su trouver le ton juste. Pourtant, la perfection de la direction artistique, la photo d’Adrian Biddle et surtout la BO lyrique de Vangelis sont à la hauteur. Mais malgré cela, « 1492 » n’en finit pas de finir, se répète et aucun personnage – et surtout pas Colomb lui-même – n’attire la moindre sympathie. Le film le décrit comme un arriviste naïf et roublard à la fois, capable de réduire à néant un peuple et sa culture pour de l’or et des titres. S’il n’était que cela, pourquoi lui consacrer un film se voulant « héroïque » et célébrant les 500 ans de l’Amérique ? Sigourney Weaver est un drôle de choix pour incarner la reine d’Espagne, Fernando Rey est gaspillé en moine pusillanime, seuls deux acteurs s’en tirent avec les honneurs : Armand Assante en noble méprisant, mais point sot et surtout Michael Wincott extraordinaire en rival aussi odieux qu’intelligent. Et quelle gueule, quelle voix ! Succession d’images d’Épinal, de tableaux magnifiques, mais dépourvus de vie, à la fois trop long et trop court, « 1492 » est probablement l’œuvre la moins convaincante de Ridley Scott, dont tout le savoir-faire n’a pas suffi à éviter le naufrage.

GÉRARD DEPARDIEU ET SIGOURNEY WEAVER
 

« ALIEN – LE HUITIÈME PASSAGER » (1979)

ALIEN« ALIEN – LE HUITIÈME PASSAGER » de Ridley Scott a 40 ans et fait partie de ces films-phares qu’on hésite à revoir de peur d’être déçu. Heureusement, on ne l’est pas, même si l’âge se fait sentir et que le rythme général semble parfois languissant.

Ce mélange de film d’horreur et de SF a marqué le cinéma par son esthétique tout d’abord, par l’extra-terrestre particulièrement effrayant qui décime l’équipage d’un vaisseau spatial et par le souci de « réalisme » de Scott, qui crée des personnages crédibles, quotidiens, parlant tous en même temps comme dans un film d’Altman. Les « héros » de « ALIEN » n’ont justement rien d’héroïque. On a un capitaine pas trop sûr de lui (Tom Skerritt), un scientifique désagréable (Ian Holm), un officier hystérique (Veronica Cartwright), deux ouvriers râleurs et pénibles (Yaphet Kotto et Harry Dean Stanton), et deux autres officiers (John Hurt et Sigourney Weaver) peut-être plus professionnels que les autres. Ayant fait monter à bord du Nostromo un alien potentiellement dangereux, l’équipe va connaître un sort peu enviable. Anecdote simple, sans surprise, mais traitement visuel somptueux et inventif (merci, Hans Giger !), photo noyée de pénombre et fulgurances de violence bien distillées. Dans son premier rôle principal, Weaver crée le personnage qui la suivra toute sa vie : loin de la tough girl qu’elle est devenue par la suite, Ripley est une « première de la classe » sérieuse et posée, qui semble taper sur les nerfs d’à peu près tout le monde. Elle émerge progressivement comme l’héroïne du film et achèvera son parcours dans un face à face avec le monstre. « ALIEN » a vieilli, c’est normal. Des écrans d’ordinateurs à certains plans de la créature, on ressent parfois trop l’année de tournage. Mais cela reste un beau morceau de cinéma, une pierre blanche dans le genre dont l’influence se fait encore ressentir aujourd’hui.

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SIGOURNEY WEAVER, JOHN HURT, TOM SKERRITT ET IAN HOLM

À noter que le film sortit dans une version de 117 minutes puis connut un « director’s cut » de 116 minutes sensiblement différent en 2003. C’est cette seconde version qui est chroniquée ici.