« LE DAHLIA BLEU » (1946)

ALAN LADD

Écrit par Raymond Chandler, réalisé par George Marshall, « LE DAHLIA BLEU » (c’est le nom d’une boîte de nuit) est un film noir mâtiné de whodunit, situé en 1945, quand les soldats reviennent au pays.

Trois d’entre eux (Alan Ladd, William Bendix et Hugh Beaumont), inséparables potes de régiment, tentent de se réinsérer. Ladd découvre que sa femme (excellente Doris Dowling) a été infidèle et a même causé la mort de leur fils, Bendix lui, a une plaque métallique dans le crâne qui le rend confus, voire dangereux. Quand la femme de Ladd est retrouvée assassinée, celui-ci est le principal suspect. Aussi doit-il mener sa propre enquête, épaulé par l’ambiguë Veronica Lake, épouse d’un des amants de la défunte. Un scénario riche et assez compliqué, qui tient en haleine jusqu’à la résolution pas forcément prévisible. L’atout principal du film est sa galerie de personnages, tous incarnés par de grands comédiens : Will Wright formidable en détective d’hôtel de 57 ans, mais qui en paraît vingt de plus, Bendix exceptionnel, à la fois enfantin et stressant, Howard Da Silva suave à souhait en salopard, Don Costello inquiétant en factotum sans états d’âme. Tout le monde a quelque chose à défendre, ajoutant de la texture à l’ensemble du film. Alan Ladd est une bonne surprise, impeccable en héros taiseux et froid, bien déterminé à ne pas se laisser piéger. Et le charme de Lake est intoxicant, mêlant innocence et perversité sans avoir l’air d’y toucher. « LE DAHLIA BLEU » est un beau produit du vieil Hollywood, avec ses décors de studio, mais sans pathos inutile, ni naïveté dans les relations humaines ou amoureuses. Et puis quelques répliques signées Chandler valent vraiment le détour.

VERONICA LAKE, ALAN LADD ET WILLIAM BENDIX