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« À CAUSE D’UN ASSASSINAT » (1974)

27 Mar

« À CAUSE D’UN ASSASSINAT » d’Alan J. Pakula est un des films les plus représentatifs de l’Amérique paranoïaque des années 70, un pays encore hanté par l’attentat de Dallas et ses séquelles et à peine sorti d’une guerre perdue.

Après le meurtre d’un sénateur, le journaliste Warren Beatty mène son enquête, motivé par la mort de son ex-femme (Paula Prentiss) qui faisait partie de l’entourage du politicien. Beatty se fait enrôler par une société secrète recrutant des assassins formés à éliminer des gêneurs, mais il réalise un peu tard qu’il est plutôt envisagé comme bouc-émissaire. Le scénario est tortueux, parfois trop elliptique, les personnages ne sont que des pions sur un échiquier machiavélique dont on ne devine jamais les contours. C’est pour cela que le choix de Beatty est plutôt ingénieux : acteur neutre, à moitié absent, arborant un brushing d’époque, il est un « héros » sans relief ni aspect attachant. Ce qui compte ici, c’est la mécanique, la sensation que le monde est dirigé par des sociétés occultes, anonymes, faisant et défaisant les arcanes politiques. Pakula retrouve Gordon Willis à la photo et Michael Small à la BO, ce qui donne au film des ambiances nocturnes et cauchemardesques assez proches de « KLUTE » qui les réunissait déjà. Aucun des excellents comédiens ne peut vraiment tirer son épingle du jeu, mais on reconnaît avec plaisir Hume Cronyn en rédac-chef réticent, Anthony Zerbe, Bill McKinney en hitman plus qu’inquiétant, Jim Davis en candidat éphémère et Prentiss qui disparaît hélas, trop vite. « À CAUSE D’UN ASSASSINAT » hypnotise et ennuie en même temps, fascine et agace parfois par ses cadrages trop maniérés, mais cela demeure une pierre blanche du cinéma politique U.S., le genre de film qu’aurait pu tourner un John Frankenheimer, la décennie précédente.

WARREN BEATTY, HUME CRONYN ET PAULA PRENTISS
 

3 réponses à “« À CAUSE D’UN ASSASSINAT » (1974)

  1. jicop

    27 mars 2024 at 9 h 35 min

     » The parallax view  » n’est pas un chef d’oeuvre , c’est évident , mais c’est une date importante pour  » le nouvel Hollywood  » et sa remise en question des fondamentaux démocratiques Américains (  » Conversation secrete  » la meme année ; d’autre suivront comme  » La fugue  » d’Arthur Penn ou  » la théorie des dominos  » de Stanley Kramer , tous trois avec Gene Hackman ) . Solidement ancré dans les 70’s , le film et le sujet trouvent malgré tout une résonnance étonnante pour l’histoire contemporaine Américaine ou entre politiciens caricaturaux , journalistes partiaux et état profond il vaut mieux parfois que la vérité ne triomphe pas . Pas plus fan de Pakula que cela , le film est pourtant riche de cadrages insolites , de clairs obscurs troublants et d’expérimentations visuelles et sonores stimulantes . Un film complexe , au rythme variable , mais riche à tous points de vue .

     
  2. Patrick

    27 mars 2024 at 11 h 35 min

    Dans son genre c’est un très bon film, je l’ai revu récemment et s’il m’a fait moins d’effet que la première fois ça reste tout de même un bon moment de paranoïa typique des années 70.

     
  3. Seb

    27 mars 2024 at 14 h 38 min

    Dans la mouvance des thrillers à complot des années 70, celui-ci reste un des meilleurs, ne serait-ce que pour l’ambiance et la photo de Willis.

     

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