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« DEUX FOIS TRAÎTRE » (1969)

08 Avr

2 FOIS« DEUX FOIS TRAÎTRE » est un ‘spaghetti western’ dans la bonne moyenne du bas-de-gamme du genre. Il offre un de ses rares rôles principaux à Klaus Kinski, qui se contentait généralement de jouer les ‘guest stars’ et fait une louable tentative de scénarisation relativement ambitieuse.

Maintenant, tempérons immédiatement les ardeurs ! Le dit-scénario, s’il cherche à changer un peu des sempiternelles histoires de chasseurs-de-primes, n’en est pas moins un amoncellement de « comme par hasard » énormes, d’impasses éhontées et de raccourcis consternants. Le héros, amnésique à la suite d’une balle qui l’a éraflé (conséquence connue des éraflures de balles, c’est de notoriété publique), revient dans sa ville natale après la guerre de sécession et retrouve son frérot (Klaus) qui a maille à partir avec la banque locale. Un dénommé ‘Dingus’ a massacré leur famille et il faudra attendre le flash-back final pour découvrir l’identité du salopiot. Même si son patronyme ne laisse pas grand suspense sur son interprète. Mais nous n’en dirons pas plus ! C’est plutôt correctement filmé et cadré, mais la photo est tristounette, les décors d’Almeria sont vraiment moches avec leurs éternelles collines pelées et leurs carrières de craie. Sans parler des costumes d’une propreté immaculée, sortant directement du pressing et les « showdowns » qui évoquent les spectacles western pour touristes : pas une goutte de sang et des figurants qui pirouettent élégamment avant de mordre la poussière. Mais le pire est encore Antonio Sabato, qui tient le rôle principal. La moue boudeuse à la Brando, l’œil vide, l’acteur n’a aucune présence, aucune profondeur et se contente d’aligner les mimiques réclamées par les situations (Antonio a la migraine, Antonio est en colère, Antonio a un gros chagrin, etc.). Face à lui donc, Kinski le cheveu châtain, l’air absent, ne daigne pas nous faire l’aumône d’un cabotinage en règle. Étonnamment sobre et distant, il déambule dans son beau gilet et ses chemises à jabot dans un rôle de métis rancunier. Il bénéficie tout de même de plusieurs gros-plans immortalisant son incroyable faciès torturé et hautain. Parmi les seconds rôles, on reconnaît José Nieto en toubib, lui qui fut le copain de Clint dans « POUR UNE POIGNÉE DE DOLLARS » cinq ans plus tôt. « DEUX FOIS TRAÎTRE » est à voir avec indulgence donc, sans en attendre des miracles. Mais bien prévenu, il est possible d’aller jusqu’au bout sans s’assoupir. Tous les ‘spaghetti westerns’ ne peuvent pas en dire autant. Loin de là !

ANTONIO SABATO, KLAUS KINSKI ET JOSÉ NIETO

ANTONIO SABATO, KLAUS KINSKI ET JOSÉ NIETO

 

2 réponses à “« DEUX FOIS TRAÎTRE » (1969)

  1. Seb

    8 avril 2015 at 15 h 51 min

    « les décors d’Almeria sont vraiment moches avec leurs éternelles collines pelées et leurs carrières de craie »

    Ça, c’est le décor par défaut des westerns spaghetti dont les metteurs en scène ne s’appellent pas Leone, Corbucci ou Sollima. J’ai dû voir tellement de fois cette satanée carrière en colimaçon (fort moche et peu cinématographique, il est vrai, surtout quand on a eu droit à du Monument Valley ou du Lone Pine) que je finis par confondre à peu près tous les films dans lesquels elle figure !

     
  2. Marc Provencher

    9 avril 2015 at 10 h 15 min

    «Bien prévenu, il est possible d’aller jusqu’au bout sans s’assoupir.»

    Voilà qui est enthousiasmant ! Lors de sa ressortie en salle, ils vont sûrement te citer dans la pub du film, juste en-dessous du ‘tagline’.

     

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