« LES QUATRE MALFRATS » (1972)

Tourné entre ses deux chefs-d’œuvre (« BULLITT » et « LES COPAINS D’EDDIE COYLE »), « LES QUATRE MALFRATS » est pour le réalisateur Peter Yates – anglais exilé aux U.S.A. – l’occasion de mêler polar et comédie.

C’est l’adaptation d’un roman de Donald Westlake et l’occasion pour Robert Redford d’affiner son personnage de beau gosse cérébral dans le rôle du braqueur ‘Dortmunder’. Le scénario est ingénieux et se décompose en trois braquages successifs (le musée, la prison, le commissariat) pour récupérer le même diamant qui échappe sans cesse à la petite bande de voleurs. Le charme du film vient de ce quatuor de « bras-cassés », de branquignols pas très brillants mais sympathiques et finalement débrouillards et attachants. Le rythme général a un peu vieilli et l’accumulation de séquences nocturnes et peu dialoguées peut inciter parfois à la somnolence. Mais grâce aux numéros de George Segal en « beauf » susceptible mais jamais battu, de Zero Mostel en avocat totalement abject, de Moses Gunn en commanditaire africain imbu de lui-même (« I’m a criminal ! »), on reste tout de même en éveil avec un constant sourire aux lèvres. C’est Redford qui cimente ce curieux film à la tonalité fluctuante : il est irréprochable en chef de bande taciturne, entêté et affiche toujours la même expression constipée en avalant ses comprimés contre les ulcères. Il faut voir avec quelle présence il assure la toute fin dans la banque, longue séquence pratiquement muette où le suspense naît de ses expressions faciales et de son regard anxieux, jusqu’au réjouissant travelling final dans les rues de New York.

ROBERT REDFORD, GEORGE SEGAL, PAUL SAND, RON LEIBMAN ET MOSES GUNN.

« LES QUATRE MALFRATS » est un petit film récréatif, enjoué et très bien confectionné, émaillé de longueurs dommageables (les longs plans touristiques en hélico, l’interminable évasion de la prison), mais sauvé par son humour pince-sans-rire et par d’excellents moments de comédie comme l’intimidation de Zero Mostel, où nos quatre Pieds-Nickelés montent un numéro annonciateur de « L’ARNAQUE », futur succès de Redford.