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« LE RUFFIAN » (1983)

27 Nov

ruffianJosé Giovanni et Lino Ventura étaient amis et figurent ensemble au générique de neuf films. Parfois le premier n’était qu’auteur, parfois également réalisateur. « LE RUFFIAN » marque leur ultime collaboration et il ressemble déjà au testament d’un cinéma français révolu, à un post-scriptum.

Visiblement, on a voulu produire une sorte de remake des « AVENTURIERS », mâtiné d’échos des « GRANDES GUEULES » et du « RAPACE ». Mais quand la mayonnaise ne prend pas, il n’y a rien à faire. « LE RUFFIAN » ressemble à une photocopie de médiocre qualité. Malgré les paysages canadiens filmés en Scope, un scénario de film d’aventures westernien, la présence de Ventura, le film ne décolle jamais. À 64 ans, l’acteur est-il trop âgé pour jouer les baroudeurs rêveurs, les grands enfants refusant de vieillir ? Probablement. Et son duo avec Bernard Giraudeau (bien trop jeune, pour le coup) n’est pas crédible une seconde, ne génère aucune alchimie. Le personnage campé par le second n’est qu’un pâle ersatz du Delon des « AVENTURIERS » cloué dans un fauteuil roulant et Béatrix van Til ne fera pas oublier Joanna Shimkus. Même Claudia Cardinale n’écope que d’un rôle secondaire sans aucune épaisseur ou scène à défendre. L’irritant Pierre Frag reprend le rôle généralement dévolu à Charles Gérard aux côtés de Ventura ou Belmondo. Alourdi par un dialogue naïf, une sorte de truculence surjouée (on éclate de rire et on se tombe dans les bras à la moindre occasion), « LE RUFFIAN » est une œuvrette superficielle s’adressant aux nostalgiques du cinéma des années 60 et tout spécialement de celui de Robert Enrico. Giovanni n’a jamais eu la « patte » de celui-ci et s’avère incapable d’insuffler le moindre souffle d’aventure ou d’épopée. Même la BO d’Ennio Morricone fait plutôt penser aux spaghetti westerns des frères De Angelis ! À voir pour le complétiste du grand Lino éventuellement, qui trouve là son tout dernier rôle d’homme d’action.

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LINO VENTURA ET CLAUDIA CARDINALE

 

20 réponses à “« LE RUFFIAN » (1983)

  1. Kinskiklaus

    27 novembre 2016 at 11 h 41 min

    Pas revu depuis longtemps mais je me souviens d’une déception énorme. La sauce ne prend pas. Restent les décors et le plaisir de voir réunis tous ces acteurs de grand talent. Dis-donc Fred, t’as un problème avec les musiques des frères De Angelis (Oliver Onions pour les connaisseurs)? Certes on ne peut pas les mettre sur le même plan que le génie Morricone mais personnellement j’adore leur musique, leur style étant très reconnaissable. D’ailleurs je les trouve injustement méconnu dans notre pays. J’avais été ému de voir que leur musique « Dune Buggy » avait accompagné la sortie du cercueil de Bud Spencer à la sortie de l’église. Je dois avoir au moins une quinzaine de leurs morceaux que j’écoute régulièrement sur mon lecteur mp3. Pas touche aux frangins De Angelis. D’ailleurs je trouve qu’un petit post sur ce blog aurait tout à fait sa place…

     
    • walkfredjay

      27 novembre 2016 at 11 h 52 min

      J’aime bien les frères De Angelis ! Mais comme tu le dis, on ne peut pas les placer au même niveau que Morricone. Et dans « LE RUFFIAN », Ennio fait un peu du Angelis !

       
    • Marc Provencher

      27 novembre 2016 at 12 h 39 min

      Ce qu’il te faut, Kinskiklaus, si ce n’est déjà fait, c’est la B.O. de ‘LA GRANDE BAGARRE’ (IL SOLDATO DI VENTURA, 1975),

      Pour le reste, ce film (vu au cinéma à sa sortie) fut aussi pour moi une cuisante déconvenue. J’ai toujours aimé les films de Robert Enrico – que voulez-vous, l’attrait de l’exotisme. Eh bien non seulement José Giovanni est le Robert Enrico du pauvre, mais en plus il est en très petite forme. Gaspiller comme ça Lino Ventura, c’est une honte.

       
      • walkfredjay

        27 novembre 2016 at 12 h 56 min

        Une de leurs BO ne m’est jamais sortie de la tête : celle qu’ils avaient signé pour le très mauvais « DAGOBERT ». Je suis encore capable de la siffler de mémoire tant d’années après !

         
      • Kinskiklaus

        27 novembre 2016 at 13 h 43 min

        J’écouterai ça cet après-midi Marc. Tiens, pendant que je te tiens, tu habites au Canada n’est-ce pas? Par hasard, tu ne te rends jamais à Paris ? Je désespère de me procurer un livre sorti uniquement au Canada mais je ne peux pas le commander car les frais de port se révèlent exorbitants pour un envoi en France, sans compter les possibles frais de douane. (Désolé pour cet aparté !)

         
  2. Kinskiklaus

    27 novembre 2016 at 12 h 15 min

    Tu as raison, je viens d’en écouter quelques petits bouts sur YouTeub. Un mélange de De Angelis et de ses propres compositions pour « Mon nom est personne » !

     
    • Marc Provencher

      28 novembre 2016 at 2 h 15 min

      Eh oui, Kinskiklaus arrive même au prolifique Morricone d’être en petite forme… pas souvent, mais la B.O. de ‘UN JOUET DANGEREUX’ par exemple est une autoparodie involontaire de sa veine « marche grinçante ». Pourtant le contraire est plus courant : il est arrivé plusieurs fois au maestro de composer des B.O. formidables pour des films quelconques. ‘ORCA’, c’est magnifique ! ‘ESCALATION’ de Roberto Faenza, bien que réalisé en 1971, n’est vraiment pas le Pérou, mais tant que je ne l’avais pas vu et que je n’en connaissais que la mélodie, je me disais que ça devait forcément être tout un film !

      Pour ce qui est de ce mystérieux ouvrage (grimoire ? incunable ?) paru seulement au Canada, j’avoue que tu piques ma curiosité. Mais non, je n’ai pas de projet de voyage à Paris en vue… pour le moment. Une fois j’ai failli sauter dans un avion sans prendre le temps de me changer car un Français que nous connaissons bien avait osé critiquer Katharine Ross, mais je n’avais que 12 euros sur moi alors ils m’ont laissé sur le tarmac.

       
      • Kinskiklaus

        28 novembre 2016 at 2 h 22 min

        Morricone a composé tellement de BO qu’on peut excuser certaines facilités. Les français ont la critique facile, c’est bien connu mais ce n’est pas du tout mon cas…Diantre, un type a osé critiquer Katharine Ross ? Mais il fallait y aller à la nage bougre de feignant de caribou!

         
      • walkfredjay

        28 novembre 2016 at 8 h 55 min

        Je n’ai pas critiqué Katharine Ross… J’AI CRITIQUÉ SON FOND DE TEINT !!!!

         
      • walkfredjay

        28 novembre 2016 at 8 h 54 min

        Donc en fait, c’est grâce au manque de moyens financiers de l’un que l’autre peut continuer son blog du West en bonne santé… À méditer !

         
  3. Miguel

    27 novembre 2016 at 20 h 55 min

    C’était la mode à cette époque, le monstre sacré qui fait son come-back dans un film d’aventure. Delon et Belmondo on eu droit aussi à leur flop, c’est triste mais certainement pas de leur fautes.

     
    • walkfredjay

      27 novembre 2016 at 21 h 21 min

      Pas leur faute ? Quand on lit la bio de Ventura, on apprend qu’il avait une énorme influence sur le choix de ses projets, leur écriture, le dialogue, etc. Les deux autres cités étant également producteurs, on ne peut pas totalement les exonérer quand même !

       
      • Miguel

        28 novembre 2016 at 10 h 07 min

        Responsabilité en tant que producteur oui certes mais pas en tant qu’acteur, c’est là où je voulais en venir. Je pense que si Lino Ventura exerçait une énorme influence, c’est que, à cause de son talent qui était depuis longtemps reconnu, il était très conscient de son image auprès du public et je trouve ça normal. Il parait même qu’il parlait de lui à la troisième personne, c’est pour dire à quel point il était professionnelle.

         
  4. Corey

    28 novembre 2016 at 18 h 18 min

    Un des Lino que j’ai le moins vu. En effet, il avait tout pour plaire, mais… J’en sais rien en fait, il y a quelque chose qui ne va pas !

     
  5. Jicop

    16 juin 2020 at 13 h 10 min

    J’avais jamais vu ce film . Je l’ai vu hier soir . Oui , deception enorme .
    Le film commencait bien avec cete premiere partie a la mine d’or , le hold-up sanglant et la fuite de Lino dans des decors grandioses .
    La suite est longue et fastidieuse avec les flash-backs ringues sur la course automobile ( reminiscence maladroite des films d’Enrico deja cites ) , des scenes interminables de fete , de peche ou de billard .
    Quand a la partie finale qui englobe la course au tresor et surtout l’entree ridicule du bad guy qui ne fait peur a personne , c’est vraiment a pleurer.
    Les deux Indiens semblent sortir d’un Parc d’attraction , les scenes d’action deja peu nombreuses sont aussi vivaces qu’un episode de Derrick .
    Un Giovanni qui arrive trop tard , qui n’apporte rien au genre et qui n’a rien a dire . Dommage de voir Lino et Giraudeau, disparus tous les deux , dans ce mauvais film .

     
    • walkfredjay

      16 juin 2020 at 13 h 22 min

      Sûrement un de ces films qui ont mis trop longtemps à se monter et quand il est enfin en production, il est trop tard…

       
  6. Daniel

    16 juin 2020 at 16 h 30 min

    Le film étant plutôt lent , peut être que Giovanni testait une nouvelle technique qu’il a utilisé ( ou utilisera , je ne me souviens plus des dates ) pour tourner quelques épisodes de la série allemande « Le renard » , sorte de « Derrick » encore plus fatigué . L’ un de ses fameux épisodes est d’ ailleurs toujours censuré sur les grandes chaines allemandes pour des raisons que je ne connais pas.

     
  7. Jicop

    16 juin 2020 at 16 h 35 min

    Giovanni a tourne des episodes du  » renard  » !!!!! ????
    Dans ce cas effectivement il etait au point au niveau du rythme ….pas de doute 😅

     
  8. Corey

    17 juin 2020 at 1 h 05 min

    Je l’ai revu lors de son passage sur France 3 lors de la semaine Ventura, et contrairement à Dernier domicile connu que j’ai nettement réévalué, tout sonne faux dans ce Ruffian, en effet. Heureusement, avant de tirer sa révérence, Ventura a tourné derrière La 7e cible de Pinoteau, de bien meilleure facture.

     

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